Revue du Pays de Caux N°4 septembre 1902/V

DU BASSIN DE L’EURE À BOWLING GREEN



Le Havre, 29 août.

Mon médecin qui est un peu Américain d’origine et tout à fait yankee de procédés, m’a dit « mon cher monsieur, je ne connais qu’un moyen de faire disparaître les traces de votre influenza, il vous faut de l’air de mer. Vous allez mettre 1.000 francs dans votre poche et courir à la Compagnie Transatlantique : là, vous prendrez un billet d’aller et retour pour New-York ; vous partirez samedi prochain par la Bretagne ; huit jours après, vous débarquerez aux États-Unis ; vous aurez juste le temps d’aller voir le Niagara et vous reprendrez le paquebot du samedi suivant ; cela fera un peu plus de trois semaines ; 5 jours à terre et 18 jours en mer… Allez ! Vous serez guéri ». Subjugué par son éloquence, j’ai obéi… et je pars demain.


À bord, samedi 30 août.

Ma cabine est intérieure : c’est tout ce qui restait. Il me semble que je vais étouffer dans ce logis lilliputien que je partage avec un inconnu. C’est un Italien ; il vient d’arriver, suivi d’une petite valise et de douze cartons à chapeaux qu’on a amarrés dans le corridor. Il porte une chemise de foulard écru à cordelière rouge qui me parait d’un effet charmant.

Le temps est radieux : le bassin de l’Eure est sillonné d’embarcations ; les bouées rouges se reflètent dans l’eau bleue. Une jolie brume transparente flotte sur la côte d’Ingouville. Nous aurons un départ superbe.

En attendant il arrive toujours du monde et des paquets et des fauteuils pliants et de grands Anglais qui ne disent rien et des Français bavards qui s’embrassent. Le capitaine n’a pas paru. Je lui ai fait porter une lettre de recommandation que j’avais pour lui. On le dit aimable, mais très froid et peu loquace.

Mon Italien a arboré un costume de flanelle à rayures jaunes et roses qui ne manquera pas ultérieurement de produire une grande sensation. Mais pour l’instant, personne ne le remarque dans l’ahurissement du départ. Enfin, on a fait évacuer le navire et la communication est coupée avec le quai. La Bretagne évolue lentement, aidée par un tout petit remorqueur qui semble se donner beaucoup de mal. La voici dans l’avant-port. Sur la jetée, la foule se presse, agitant des mouchoirs ; on y répond du bord. Un coup de canon retentit et le pavillon national s’abaisse pour saluer la terre de France. On reste encore un instant sur le pont à regarder les côtes, la plage couverte de baigneurs avec la grande masse carrée de l’hôtel Frascati, les phares de la Hève, Sainte Adresse noyée dans la verdure, puis de l’autre côté de la Seine, Honfleur, Trouville, Villers… Des bateaux de pêche parsèment l’horizon ; un grand trois-mâts portant le pavillon Norvégien se dirige vers les jetées et tout près de la Bretagne passe un vapeur de plaisance, astiqué avec un soin méticuleux. Tout cela est ravissant, mais la cloche du déjeuner vient de sonner et comme il n’est pas question d’être malade par ce beau temps, chacun se précipite vers l’escalier ; la grande salle à manger se trouve envahie en un clin d’œil.


Lundi, 1er septembre.

J’ai déjà pris mes habitudes et le roulis qui est très fort depuis hier soir ne parvient pas à m’en faire changer. Toute autre est l’attitude de mon Italien, plus jaune maintenant que les rayures de son fameux costume. Le matin à 7 heures, on vient frapper à ma porte. C’est l’heure du bain. Je le prends dans une grande baignoire de marbre blanc dont les bords sont très hauts. L’eau qui ne la remplit qu’à moitié se porte d’un côté, puis de l’autre, me laissant à sec périodiquement tandis que mes vêtements accrochés à la cloison exécutent des révérences sans fin. C’est l’un des effets les plus curieux du roulis. De la salle de bain, je me rends à la salle à manger où l’on me sert du chocolat et des petites brioches exquises. Il paraît que ces brioches constituent l’un des atouts de la Compagnie. Un honorable Anglo-Saxon avec qui j’ai lié connaissance m’a déclaré qu’il prendrait plus volontiers « le ligne onglaise parcé qué les capitaines onglais avaient le tête plus froide dans lé danger, mais qu’il prénait le ligne fronçaise parcé qué les brioches étaient bons ». Le motif n’est peut-être pas d’un ordre très élevé, mais qu’importe ! Après les brioches, je monte sur le pont. Sa toilette est faite ; il est propre et luisant et généralement assez désert. Quelques personnes accomplissent leur promenade de santé et trouvent moyen de faire plusieurs kilomètres sur les planches en zigzagant un peu par exemple, car ces planches prennent des inclinaisons gênantes sous l’action de ces houles énormes de l’Atlantique dont rien sur nos côtes ne peut donner l’idée. À côté de moi passe un petit ouragan, vêtu d’une vareuse et coiffé d’une casquette de yachtman. « C’d’ morning, Sir » ! marmotte-t-il entre ses dents. C’est un Américain mince, sec, nerveux qui a toujours l’air de posséder un brasero intérieur. Peu à peu, les fauteuils pliants font leur apparition. Les pères de famille en installent une ribambelle qu’ils attachent tant bien que mal les uns aux autres. Ces fauteuils sont un grand sujet à dispute ; chacun veut les meilleures places et, si vous quittez le vôtre des yeux pendant 10 minutes, vous avez grande chance de le retrouver sous le canot du commandant où l’aura poussé quelque âme charitable désireuse de s’approprier la place qu’il occupait. On est si bien dans ces fauteuils, à faire la sieste, enfoui sous de bonnes couvertures chaudes.

Avant le déjeuner qui est à 10 heures 1/2, je fais visite au coiffeur. C’est un personnage important. Il réside dans une cabine qu’il a habilement transformée. Des armoires contiennent les cosmétiques les plus variés, des flacons de toutes les dimensions, des peignes « magnétiques » et mille petits instruments baroques qu’il coule aux yankees et aux lourds teutons à l’aide de ses artifices d’ancien gamin de Paris. Il s’arc-boute solidement et nul paquet de mer ne saurait faire dévier sa main. Vous sortez de là aussi bien rasé que par le meilleur figaro ; et il est permis d’ajouter, aussi bien renseigné. Tout ce que le capitaine ignore, le coiffeur le sait. Il peut vous dire d’où viendra le vent demain, quel jour et à quelle heure on arrivera, quels bateaux on rencontrera, etc.

Le déjeuner dure près d’une heure. Le commandant m’a placé à sa gauche réservant la droite à une passagère qui lui était aussi recommandée et qui n’a fait qu’une courte apparition le premier jour. Elle dîne là-haut sur le pont ; beaucoup d’autres l’imitent, disant que c’est le seul moyen pour elles d’éviter le mal de mer. La table, cela va sans dire, est agrémentée de baguettes de roulis qui retiennent les carafes, les bouteilles et tant bien que mal les assiettes. Mon Italien ayant cette fois une chemise de soie lilas à cordelière verte !!! a consenti à absorber une omelette pour voir comment elle passerait. Il s’est assis en face d’un Mexicain qui a une moustache terrible et des épingles de diamants sur tout le corps.

Midi ! La sirène fait entendre son bizarre et rauque gémissement tandis qu’on prend le point là-haut. Les passagers remettent leur montre à l’heure et attendent qu’on affiche la distance parcourue depuis la veille. C’est un moment solennel. Un matelot accroche enfin la carte maritime sur laquelle la position du navire est indiquée par un petit drapeau de carton. 380 miles ! désillusion. On comptait sur 400 et plus. Les passagers se retirent en maugréant. Pourquoi va-t-on si au nord ! Pourquoi descendre si au sud, etc… C’est alors le moment de la sieste, interrompue vers 2 heures par le lunch qui consiste en une tasse de bouillon, de la viande froide et de la confiture ou de la compote de pruneaux. Les pruneaux ont beaucoup de succès. Je pense à Tartarin !

Quand le jour décroît, les lampes électriques du bord s’allument toutes à la fois. On voit d’abord au centre des globes de cristal une lueur rougeâtre très faible qui se change bientôt en un point lumineux, lequel à son tour devient un fil incandescent. Et alors les dorures resplendissent et on a presque une impression de comfort et de home en rentrant du dehors où la mer fait son grand bruit dans l’obscurité. J’aimerais à voir d’un peu loin passer la Bretagne ainsi illuminée. Cela doit être une impression rare ; je me demande ce qu’en pensent les poissons !

Le dîner a lieu à 6 heures et il y a encore le thé à 9 heures. Tous ces repas donnent satisfaction moins à l’appétit des passagers qu’à leur besoin de distraction.


Mardi 2 septembre.

Nous avons été suivis toute la journée par des marsouins qui sautaient élégamment. C’était charmant de les voir sortir de l’eau par groupes, décrire un demi-cercle et plonger de nouveau. Les matelots se sont aussi emparés d’un magnifique goëland. Plusieurs volaient à l’arrière du bateau dans l’espoir d’attraper quelques épaves bonnes à manger. On leur a tendu un simple fil dans lequel l’un d’eux s’est bientôt embarrassé et sa capture a été aisée. Croiriez-vous qu’à peine sur le pont, l’animal a eu le mal de mer ? Si on me l’avait dit, je ne l’aurais pas cru. Ça a été l’événement du jour bien entendu ; à table on ne parlait que de cela et toute l’après-midi, on a défilé devant la baignoire où le goëland avait été installé ! Mais il ne veut prendre aucune nourriture, paraît tantôt abattu, tantôt furieux et, sans doute, il ne tardera pas à mourir.


Mercredi 3 septembre.

Le goëland est mort : cela fait un passager de moins, mais par contre il y a une passagère de plus. Une petite fille est née cette nuit. Ses parents sont de pauvres émigrés Alsaciens qui s’en vont chercher dans le nouveau monde les ressources qu’ils ne peuvent trouver dans la vieille Europe. Le commandant, en qualité de « maire » de sa commune flottante, a dressé l’acte de naissance. Il n’a pas été très difficile de trouver un parrain et une marraine parmi les « premières classes » et d’ailleurs une collecte a produit près de 400 francs que j’ai porté au père de l’enfant. Ce brave homme était ravi. Il est tout plein d’illusion sur l’Amérique et s’imagine qu’on y trouve autant d’or que de cailloux. Les émigrés sont bien mal installés à l’arrière. Beaucoup souffrent du mal de mer et cet entassement doit être bien pénible.

Vers 3 heures de l’après-midi, la mer est devenue grosse. Les lames sont énormes et livides. Leur masse grise couronnée d’écume jaunâtre emplit cet horizon sans fin derrière lequel on ne pressent que le vide. Toute l’immense carcasse de la Bretagne tressaille sous les coups de l’Océan. Dans les couloirs, on oscille désespérément et les rencontres menacent d’être périlleuses : on se fait vis-à-vis en une sorte de quadrille interminable. Quelques chutes sur le pont. Le spectacle est grandiose assurément mais beaucoup de gens sont privés de le contempler et… pensent à autre chose. Un panache de fumée a été signalé au nord-ouest. C’est un vapeur d’assez petite dimension qui disparaît par instants derrière les lames. Puis le crépuscule vient amenant l’ennui et le désœuvrement. J’ai la tête serrée et j’essaie en vain de lire. Du reste, j’ai remarqué que, les premières heures, on dévorait les romans, puis que ce beau zèle se ralentissait très vite et qu’à la fin les coupe-papiers demeuraient stationnaires : impossible en effet de travailler et de réfléchir. On se laisse vivre d’une vie toute animale qui doit être très reposante pour l’esprit. Le spectacle de ces étendues liquides endort la pensée…


Vendredi 5 septembre.

Hier, toute la journée, nous avons été ballottés d’une manière terrible. J’ai passé la nuit de mercredi à jeudi à caramboler entre la cloison de ma couchette et la planche à roulis qu’on avait dû ajuster. Ma valise a dansé de tout son cœur et mes chaussures se sont livrées à un violent assaut de boxe. Comment dormir avec tout ce vacarme ? Il semblait de plus que la machine eût des arrêts ; soudain, on ne la « sentait » plus, puis son mouvement reprenait avec une trépidation qui secouait le navire d’un bout à l’autre. Tout grinçait, criait, tapait.

Ce matin, le calme est revenu. Les victimes de l’ouragan, reprennent leurs places sur le pont et tous les fauteuils pliants sont de nouveau rangés en face de l’océan. On entend le piano qui résonne en bas sous les doigts de fer d’une vigoureuse Allemande, et la silhouette du commandant sur la dunette a repris toute son élégance. Hier il était recouvert d’un caoutchouc à capuchon qui lui donnait l’aspect d’une guérite roulante.

Vers 10 heures, on a signalé un ice-berg qui apparaissait au loin comme un triangle d’un blanc mat. On en rencontre encore à cette époque, mais ils deviennent de plus en plus rares. Celui-ci doit être assez grand ; il paraît voguer à une dizaine de milles. Nous l’abandonnons pour aller déjeuner et, quand nous remontons, l’ice-berg est remplacé par une longue suite de cônes qui ont les mêmes formes et le même éclat. Aussitôt les commentaires vont leur train. Une jeune fille entreprenante court aux renseignements pendant que les lunettes sont braquées sur le phénomène. Elle revient bientôt rapportant les détails les plus curieux : c’est un immense morceau de banquise détaché des régions polaires et dont la marche a été arrêtée parce que sa partie inférieure touche le fonds de l’océan ! Quelques hommes éclatent de rire, les autres ouvrent des yeux étonnés et les femmes se répètent les unes aux autres l’explication qu’elles trouvent poétique et logique tout à la fois.

Une heure plus tard, la banquise s’envolait dans le ciel sous la forme de nuages. On en a ri toute la journée, et la pauvre jeune fille mystifiée n’a pas reparu à dîner.


Samedi, 6 septembre.

Nous avons passé Terre-Neuve ; on n’a d’ailleurs rien aperçu et rien entendu non plus : « les chiens » n’aboyaient pas. C’est la grande plaisanterie à bord ; on la fait à tout le monde, et parfois, paraît-il, on rencontre des gens assez bêtes pour tendre l’oreille. Les brouillards en revanche sont plus faciles à rencontrer que les chiens ; dans ces parages ils sont très dangereux ; on les traverse par bancs et lorsque le navire en sort, on aperçoit la masse brumeuse qui flotte sur la mer. Toute la journée, la sirène a marché ; son bruit rauque et désagréable, et ses longs hurlements désespérés nous donnent le spleen. Heureusement que la terre n’est pas loin. Le commandant nous montre la direction d’Halifax. Demain soir, peut-être, nous serons à New-York. La question est de savoir s’il faudra attendre au lundi matin pour débarquer. Pour charmer mes loisirs, je visite le bâtiment, les chaudières où vivent de malheureux êtres privés d’air, noircis de charbon, dévorés de chaleur… une chose très curieuse, c’est l’hélice ; par l’endroit où l’arbre pénètre dans la mer, il entre une grande quantité d’eau que l’on pompe incessamment. Ce n’est pas du tout rassurant à voir. J’aimerais mieux être boulanger que mécanicien. Les boulangers ont une gentille petite installation qui sent le pain frais et la brise salée tout ensemble.


Dimanche, 7 septembre.

Hier soir a eu lieu le concert pour les veuves des marins naufragés. Tous les talents du bord avaient été réquisitionnés. Deux passagers ont joué du piano, fort bien, ma foi ! Le commissaire a chanté de sa plus belle voix, et le docteur a joué de la flûte. Un monsieur a dit quelques monologues idiots et l’on a fini par le duo des Contes d’Hoffmann savamment écorché. La quête a été faite par une belle dame tout de rouge habillée et même un peu décolletée. Le rastaquouère Mexicain, orné de ses multiples épingles de diamants, lui donnait le bras. Pendant le concert, je me suis échappé quelques instants pour aller respirer l’air frais de la nuit. Il faisait clair du lune et là-bas, à l’arrière, les pauvres émigrés chantaient des chœurs de leurs pays, avec bien plus de conviction et de sentiment que nos artistes improvisés. Quelle nuit magnifique ! on ne pouvait se lasser de contempler ce spectacle de féerie.

J’ai oublié, je crois, de mentionner que mon Italien est devenu depuis plusieurs jours déjà, une véritable marmotte. Il ne se lève plus, ne mange plus, ne remue plus. C’est un compagnon de route idéal ! je me prends parfois à oublier sa présence et à jeter sur lui mon paletot et mon plaid ; mais cela ne le réveille pas. Il est plus immobile qu’un trépassé. Quant à mes autres compagnons, je ne me suis lié avec aucun ; je me borne à échanger par ci, par là, quelques paroles banales, très banales !


Fifth Avenue Hotel — New-York, lundi, 8 septembre.

Hier, nous avons dîné très gaiement. Le dernier soir, la Compagnie Transatlantique a continué de donner un grand festin à ses passagers. Les desserts sont très compliqués ; il y a même des pétards contenant des coiffures en papier dont chacun s’affuble. Le tout est arrosé d’un petit champagne inoffensif mais qu’on trouve délicieux, tant on est content de toucher au but du voyage. Le pilote, dans l’après-midi, avait apporté des journaux ; il semblait qu’on fut ainsi rentré dans le monde civilisé.

Ce matin, nous nous sommes réveillés en rade de New-York. Derrière nous se trouvait Sandy Hook ; sur les rives toutes vertes, des villas s’étageaient. À l’horizon, on voyait le port de Brooklyn et la grande statue de Bartholdi, la Liberté éclairant le monde. Le paysage est plus plat mais non moins grandiose que je me le figurais. De grands navires allaient et venaient. Bientôt nous avons aperçu Bowling Green, l’extrémité de New-York, entourée de hautes maisons. C’est un peu plus haut, dans l’Hudson, que se trouve le wharf de la Compagnie Transatlantique. Il était bondé de monde. On agitait des mouchoirs et de petits drapeaux Français. Sur le pont, les passagers habillés, rasés, pommadés, avaient l’air radieux. Et puis tout ce paysage étrange, ce mouvement, ces fils télégraphiques, ces annonces géantes, c’est bien un monde nouveau !

La douane a été odieuse, comme toujours. Notez bien que ses employés commencent par monter à bord et vous faire jurer à chacun que vous n’avez rien à déclarer. Mais cela ne vous dispense pas d’être fouillés, c’est simplement un moyen de pouvoir tripler l’amende si l’on vous pince. Un jeune Américain qui rapportait de Paris moult costumes très élégants les avait arborés l’un après l’autre sur le bateau, changeant de tenue plusieurs fois par jour. Sa coquetterie m’étonnait. Je comprends maintenant. La douane n’aime pas le neuf.

Enfin me voici installé dans un immense hôtel qui a l’air très confortable. New-York m’a un peu désillusionné à première vue ; mais la première impression ne compte pas. J’irai après-demain voir le Niagara…


Le Havre, dimanche 21 septembre.

J’arrive à l’instant après avoir exécuté de point en point le programme de mon médecin. J’ai passé cinq jours à terre et dix-huit jours en mer. J’ai vu le Niagara… et positivement, je suis guéri.


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