Revue des Romans/Thomas Holcroft

Revue des romans.
Recueil d’analyses raisonnées des productions remarquables des plus célèbres romanciers français et étrangers.
Contenant 1100 analyses raisonnées, faisant connaître avec assez d’étendue pour en donner une idée exacte, le sujet, les personnages, l’intrigue et le dénoûment de chaque roman.
1839
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HOLCROFT (Thomas), romancier anglais du XVIIIe siècle.


LE FILS PERVERTI PAR SON PÈRE, trad. par Bertin, 4 vol. in-12, 1810. — Dans ce roman, un père, espèce de chevalier d’industrie, apprend à son fils à fixer par son adresse l’inconstance de la fortune et à corriger les incertitudes du sort. À ce père, l’auteur oppose une mère vertueuse et sensible, dont les vertus touchantes, la résignation parfaite, servent, dans l’âme du jeune homme, de contre-poids aux mauvais exemples et aux mauvais conseils du père. Ce père est tué en duel, la mère meurt de chagrin, et le jeune homme reste livré à lui-même. On conçoit ce qu’il peut résulter de dramatique d’un pareille situation. Milfort, le héros du roman, est tour à tour sous la double influence des bons exemples et des mauvais conseils qu’il a reçus dans sa première jeunesse. Livré à lui-même, né avec des passions vives, il ne peut manquer de commettre de grandes fautes ; cependant quelque honteux que soient les moyens dont il se sert pour fournir à ses dépenses, il y a dans ses manières quelque chose de grand, de généreux, de libéral, qui l’ennoblit et le relève aux yeux du lecteur. On voit que ses fautes proviennent plutôt de l’irréflexion que d’un mauvais naturel. Nous ne décriront point toutes les situations par lesquelles il passe successivement ; il nous suffira de dire qu’entraîné par des dépenses excessives pour fournir aux caprices d’une courtisane, il s’approprie, en commettant un faux, une somme de cinq mille livres sterling. Il est mis en prison, son procès s’instruit, et il est sur le point d’être condamné à mort. Cette scène est tout à fait touchante et pathétique ; l’auteur a eu l’art de la bien ménager, et de faire passer successivement le lecteur par toutes les alternatives de la crainte et de l’espérance. — En dernière analyse la curiosité est vivement excitée dans ce roman, qui mérite d’être distingué de la plupart des productions du même genre.

Nous connaissons encore d’Holcroft : Aventures de H. Trévor, 4 vol. in-12, 1798.