Revue des Romans/Louis de Maynard de Queilhe

Revue des romans.
Recueil d’analyses raisonnées des productions remarquables des plus célèbres romanciers français et étrangers.
Contenant 1100 analyses raisonnées, faisant connaître avec assez d’étendue pour en donner une idée exacte, le sujet, les personnages, l’intrigue et le dénoûment de chaque roman.
1839
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MAYNARD DE QUEILHE (Louise de).


OUTRE MER, 2 vol. in-8, 1835. — La scène de ce roman sanguinaire se passe aux colonies. Le mulâtre Marius a fait un voyage en France et en Angleterre, et est revenu vivre parmi les siens avec des lumières de plus et des illusions de moins. À son retour, il repousse la femme de couleur qu’il a aimée ; il épouse une négresse, qu’il affranchit par cette alliance, et qu’il croit élever jusqu’à lui ; il est trahi par cette esclave, se venge d’elle par le mépris et l’indifférence, et la fait expirer par ce supplice dans une lente agonie. Insulté par un jeune créole blanc, le comte de Longuefort, le mulâtre Marius le tue, enferme son cadavre dans un sac, l’attache sur le cheval que montait le comte, et qui rapporte le jeune blanc, sanglant et inanimé, à l’habitation de son vieux père. Dans le naufrage d’un brick sur les côtes de la Martinique, Marius se dévoue avec courage pour porter assistance aux naufragés, et il sauve, au péril de ses jours, la fille du marquis de Longecourt, nouvellement arrivée d’Europe, où elle a oublié toutes les distinctions de couleur, si puissantes dans les colonies. D’un regard ce mulâtre et cette jeune fille se sont compris, ils s’aiment ; mais Marius sachant bien qu’il ne la possédera jamais, s’il la possède, que comme une maîtresse avilie aux yeux des blancs, conclut un pacte abominable avec une bande de noirs marrons, pour se défaire de tous les prétendants à la main de celle qu’il aime. Un créole se présente, et il est empoisonné ! un second prétendant, lord Camsay, se met sur les rangs, et il meurt par le poison au moment où il vient de donner son nom à Julie de Longuefort ! Enfin, au moment où un troisième prétendant allait sans doute subir le sort des premiers, arrive à la Martinique la nouvelle de la révolution de juillet ; une insurrection de noirs éclate, et Marius, pour des raisons trop longues à déduire ici, égorge de sa main la femme qu’il a tant aimée. — Telle est l’analyse succincte de cette sombre et fabuleuse histoire d’outre mer, qui se fait lire avec intérêt, mais qu’on ne sera jamais tenté de relire.