LE VOYAGEUR SENTIMENTAL, ou ma promenade à Yverdun, in-8, 1786. — Le style de cet ouvrage rappelle, à s’y méprendre, la manière de Sterne ; l’épître dédicatoire, l’histoire du mouton, celle de Rose, du petit écu, du béquillard, de Henri et de l’aveugle sont dignes de la plume de l’auteur de Tristram, ainsi que la double inscription sur la porte du cimetière. Quarante ans après sa première promenade, l’auteur eut occasion de faire une seconde fois le même voyage, et de mettre en quelque sorte l’adolescent aux prises avec l’homme de soixante ans. Ce début promettait, et l’on devait s’attendre à trouver dans le second voyage des passages présentant des contrastes piquants avec les scènes du premier ; mais le lecteur est trompé dans son attente : à la place de sensations qu’il se préparait à partager, il ne trouve que de longues réflexions et de froids raisonnements, triste fruit peut-être d’une disposition naturelle à la vieillesse, qui calcule tout, jusqu’au plaisir.
ADÉLAÏDE DE CLARENCÉ, ou les Malheurs et les délices du sentiment, 2 vol. in-8, 1796. — Adélaïde est fille d’un des premiers citoyens de Genève, entiché d’aristocratie, qui refuse de consentir à l’union de sa fille avec le chef d’un parti opposé au sien. Tout l’ouvrage roule sur les combats de l’amour avec la piété filiale. M. de Clarencé aime beaucoup sa fille ; mais il tient invariablement à ses opinions. Adélaïde respecte et chérit son père, mais elle aime avec passion. Elle résiste cependant aux séductions de l’amour, ainsi qu’à la force de l’autorité paternelle ; elle reste fille vertueuse et refuse constamment l’époux qu’on veut lui donner. Enfin, réduite au désespoir, elle se précipite dans l’Arve et y périt.
MATHILDE AU MONT CARMEL, 2 vol. in-12, 1821. — Le succès prodigieux de Mathilde, l’un des meilleurs romans de Mme Cottin, a engagé l’auteur à en donner une suite : il n’a pu, sans doute, supporter l’idée de voir l’amante de Maleck-Adhel veuve à vingt ans d’un héros qu’elle n’a épousé qu’au lit de la mort, et qui n’a pu lui apporter en mariage que son dernier soupir. Mais en homme qui connaît les convenances et qui sait à quoi engage une fidélité de roman, il a donné pour successeur à Maleck-Adhel, son frère, Sélim-Adhel qui lui ressemble trait pour trait. Mathilde, trompée d’abord par cette ressemblance, aime par souvenir, et n’ayant pu donner un fils à son cher Maleck, elle lui donne un neveu. Tout cela ne se fait pas cependant sans que l’héroïne n’éprouve de fréquentes tribulations, et ne soit prise et reprise par plusieurs nobles chevaliers qui l’enferment dans une prison pour s’en faire aimer, qui la condamnent à mort pour parvenir à lui plaire.
Nous connaissons encore de cet auteur : Voyage sentimental en France sous Robespierre, 2 vol. in-12, 1799. — *Odisko et Félicie, 2 vol. in-12, 1803. — *Almed, ou le Sage dans l’adversité, 3 vol. in-12, 1817. — Idamore, 3 vol. in-12. — L’homme religieux et moral, in-8, 1829.