Revue des Romans/Ferdinand Jean Denis

Revue des Romans.
Recueil d’analyses raisonnées des productions remarquables des plus célèbres romanciers français et étrangers.
Contenant 1100 analyses raisonnées, faisant connaître avec assez d’étendue pour en donner une idée exacte, le sujet, les personnages, l’intrigue et le dénoûment de chaque roman.
1839
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DENIS (Jean-Ferdinand), né à Paris, en 1798.


HISTOIRE D’UN MARIN, in-18, 1829. (Réimpression d’André le voyageur, in-18, 1827). — André, le héros de cette nouvelle, épris d’amour pour la vie de marin, sacrifie à cette passion le bonheur que la nature lui réservait sous le toit paternel, et que l’hymen lui promettait dans les bras de la douce Marie. Après une destinée longtemps troublée et agitée comme les mers qu’il a parcourues, il rentre dans sa patrie où il ne trouve que l’isolement : de toute sa famille il ne lui reste plus qu’un souvenir. — La fable de ce petit roman est très-simple, mais pleine d’un doux intérêt ; rien de mieux senti, de mieux exprimé, que le double penchant qui tantôt pousse André vers de lointains voyages, et tantôt le ramène vers les lieux où il espère retrouver les objets de sa tendresse.

LUIZ DE SOUZA, 2 vol. in-8, 1837. — La principale idée de ce livre, c’est la maladie d’une âme à qui ne suffisent ni la terre, ni l’homme, ni Dieu, et qui veut savoir ce que n’enseigne ni la science ni la religion. Le marquis de Kleist est un seigneur allemand au service de Sébastien, roi de Portugal. Sa fortune est immense, mais sa science est plus grande encore, et sa curiosité n’a pas de bornes. Cet homme a tout lu, il a été partout, il a tout fait ; apostasiant pour surprendre les dogmes d’un autre culte ; macérant son corps pour communiquer avec les génies, égorgeant des enfants pour interroger le silence de la mort, et concentrant dans l’amour d’une femme ces effrayants désirs, dans l’espoir de faire sur cette âme des expériences cabalistiques. Kleist aime dona Magdelena, épouse de don Juan, qui a donné son cœur à Luiz de Souza, embarqué dans une expédition avec le roi Sébastien, expédition où ce monarque perd la vie et où don Luiz est fait prisonnier. Kleist, par son or et par ses intrigues, s’efforce en vain d’acheter Luiz comme esclave ; Luiz est sauvé par Leïla, esclave africaine, revoit Magdelena, devenue veuve de don Juan, et l’épouse. Cependant, quelques années après, on apprend que don Juan n’est pas mort, qu’il est prisonnier à Jérusalem ; dona Magdelena prend le voile, et Luiz entre dans les ordres. Plus tard, le marquis de Kleist reparaît ; la fureur de tout connaître, qui l’a dévoré, n’est plus qu’un désespoir. Dans cet état, l’inquisition s’en empare, le bat de verges dans un auto-da-fé, et le renvoie vivant s’humilier aux pieds du prêtre Luiz.

On a encore de cet auteur : Ismaël-Ben-Kaïzar, 5 vol. in-12, 1829. — Le Brahme voyageur, in-18, 1834.