Revue des Romans,
recueil d’analyses raisonnées des productions remarquables des plus célèbres romanciers français et étrangers.
contenant 1100 analyses raisonnées, faisant connaître avec assez d’étendue pour en donner une idée exacte, le sujet, les personnages, l’intrigue et le dénoûment de chaque roman.
1839
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ARIOSTE (l’),
poëte italien, né à Reggio de Modène, en 1474, mort le 6 juin 1553.


ORLANDO FURIOSO, un vol. in-4, Ferrare, 1516 ; édition fort rare, regardée comme la première de ce poëme. Roland furieux, trad. par Panckoucke et Framery, avec le texte de 10 vol. in-18, 1787, traduction excellente et recherchée. – Le Roland furieux, de l’Arioste, est une imitation du Roland amoureux du Boïardo. Cet ouvrage célèbre n’est pas moins un roman qu’un poëme héroïque du plus grand poëte que l’Italie ait produit. L’Arioste y décrit les fureurs de Roland, l’un des généraux de Charlemagne : c’est l’Homère de l’Italie. La pureté et l’élégance du style, l’heureux choix des termes, les grâces de l’imagination, une gaieté inépuisable, des tirades sublimes ; voilà ce qui a fait fermer les yeux sur les imperfections de l’Arioste. Mais lorsqu’on le lit de sang-froid, on ne saurait se dissimuler que son poëme, à le prendre à la rigueur, n’a ni commencement, ni milieu, ni fin : on ne sait quel est le héros principal. Aucun épisode n’y semble naître du fond du sujet ; le comique, et souvent un comique bas et obscène, s’y trouve confondu avec le tragique et l’héroïque. Cet ouvrage d’ailleurs est plein de descriptions chimériques, d’exagérations outrées, qui interrompent continuellement le cours de la narration.

Mirabeau a donné une traduction du poëme de l’Arioste dans laquelle il a rendu le sens de l’auteur, mais rarement ses grâces. La traduction du comte de Tressan est trop ornée et trop fleurie ; il ne s’est pas toujours souvenu que l’Arioste est extrêmement simple et naturel. MM. Panckoucke et Framery ont donné, en 10 vol. in-18, la meilleure traduction que nous ayons de l’Arioste en français, et celle qui approche le plus des grâces de l’original.