Revue Musicale de Lyon 1904-01-12/Nouvelles diverses

Nouvelles Diverses

On ignore généralement que l’abbé Liszt fut, à une certaine époque, quelque peu révolutionnaire : Il écrivit en effet, en Juillet 1830 une Symphonie révolutionnaire et, détail très curieux, en 1834, lors des troubles ouvriers de notre ville, un morceau pour piano intitulé Lyon.

À l’Opéra. — Les répétitions du Fils de l’Étoile, la nouvelle œuvre de MM. Camille Erlanger et Catulle Mendès, sont commencées.

Cette œuvre très importante passera probablement vers la fin du mois de mars.

Voici la distribution des rôles : Bar-Krokeba, M. Alvarez ; Akiba, M. Delmas ; Séphora, Mlle Bréval ; Lilith, Mlle Héglon ; Beltis M. Demougeot ou Fèart.

L’action se passe à Jérusalem, l’an 135 après Jésus-Christ.

Dans le Mercure de France de 1737, nous retrouvons l’annonce d’un cours de composition proposé par Rameau en ces termes :

« École de composition dramatique. — M. Rameau donne avis aux amateurs de musique qu’il va établir une école de composition trois fois la semaine, depuis trois heures jusqu’à cinq, pour douze écoliers seulement, à un louis d’or chacun par mois, pouvant les enseigner tous ensemble et même davantage s’il en étoit besoin ; il sera libre d’ailleurs à un moindre nombre de s’associer pour la totalité.

Il assure que six mois au plus suffiront pour se mettre au fait de la science de l’harmonie et de sa pratique dans tous les cas où on voudra l’employer, quand même on ne sçaurait qu’à peine lire la musique ; à plus forte raison encore si on étoit plus avancé.

C’est pour satisfaire à l’empressement de quelques personnes qui se sont déjà aggrégées dans cette classe que M. Rameau a crû devoir en faire part au public, espérant que par ce moyen le nombre en seroit plutôt (sic) rempli ; ainsi ceux qui souhaiteront s’y joindre auront la bonté de lui envoyer leur nom et leur demande par écrit, à l’hôtel d’Effiat, rue des Bons Enfans, pour qu’il puisse les avertir du jour auquel on commencera ».

Ajoutons qu’à cette époque (1737) Rameau avait déjà fait représenter à l’Opéra Hippolyte et Aricie (1733) dont la Schola Cantorum de Lyon nous a fait entendre l’an dernier d’importants fragments, les Indes Galantes (1735) et Castor et Pollus (Octobre 1737).

On lit dans Le Figaro :

témoignage d’un grand maître

« Après avoir donné les témoignages des grands artistes et des compositeurs comme Léoncavallo, Puccini, Augusta Holmès, Grieg, nous sommes heureux et fiers de pouvoir reproduire ici une lettre écrite par le grand Maître Massenet à un de ses plus chers interprètes en Italie.

Le Maître était à Milan, convoqué comme juge au concours Segonzo (sic). Il sut que son ami Sériel, (?) le grand (???) baryton italien, allait chanter au Gramophone. Aussitôt, profitant de sa présence à Milan, il lui écrivait :

 « Cher ami,

Puisque vous avez l’occasion de chanter pour le Gramophone qui m’a tellement ravi, n’oubliez pas d’y faire entendre quelques mesures de votre ami Massenet.

Massenet

Quels termes plus précis que ceux-ci démontreraient la considération en laquelle Monsieur Massenet tient le Gramophone : Désirer être immortalisé par lui ! »

N’est-ce pas délicieux ?

Jusqu’ici certains fabricants de produits plus ou moins pharmaceutiques ou de biscuits de luxe avaient demandé aux célébrités con- temporaires leurs portraits ornées de dédicaces et celles-ci tournaient souvent en une bonne réclame non pour la personnalité illustre, mais pour le produit, Monsieur Massenet a trouvé mieux. Il veut bien faire une réclame au gramophone mais, en même temps il entend que cette réclame lui serve et c’est ainsi que nous le voyons implorer du grand baryton Bériel la grâce de quelques mesures devant l’embouchure du gramophone !!!.

(L’Ouest Artiste)
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Le théâtre lyrique de la Gaîté va bientôt terminer Hérodiade, la Juive, la Flamenca et Messaline. Les frères Isola, s’il faut en croire une lettre parue dans l’Écho de Paris’’, reprendront l’hiver prochain leur essai musical. Espérons qu’ils choisiront leurs œuvres avec plus de discernement et qu’ils se garderont avec soin du ridicule des musiques d’amateurs.

Dès à présent, ils ont fait une perte sensible en la personne de M. Luigini qui rentre à l’Opéra-Comique, avec sa femme, Mme Marie Thiéry-Luigini.

Opinion de Berlioz sur plusieurs de ses ouvrages, d’après une lettre autographe qui vient d’être publiée en fac simile, par l’Allgemeine Musik-Zeitung :

….. à mon retour d’Italie, je commence ma guerre de trente ans contre les routiniers, les professeurs et les sourds.

Mon œuvre complète se compose de :

Ouverture de Waverley. Couleur mélodique écossaise.

Ouverture des Francs Juges. Chevaleresque, terrible.

Ouverture du Roi Lear’’. Dramatique, passionnée.

Messe de Requiem… Genre colossal.

Le Cinq mai… Grave et triste.

Ouverture du Carnaval romain. Fougue entraînante, joie délirante.

Sarah la Baigneuse. — La Captive. Ces deux morceaux appartiennent au genre gracieux et même voluptueux.

Fleurs des Landes, mélodies… naïves, agrestes gaies.

Symphonie fantastique. Genre passionné, violent, expressif.

Lelio… Suite et complément de l’œuvre précédente.

Symphonie funèbre et triomphale… le morceau d’apothéose appartient au genre colossal, il est populaire à Paris.

Harold en Italie… où se retrouvent mes impressions de voyages dans les Abruzzes et le souvenir des belles nuits sereines d’Italie.

Roméo et Juliette… cet ouvrage est, je crois, l’un des meilleurs que j’aie produits.

Te Deum… Œuvre plus grande de forme et de style qu’aucune des précédentes, dont le Judex crederis produit un effet terrible.

Benvenuto Cellini… Jamais je ne retrouverai la verve et le brio qu’il y a là-dedans.

L’Impériale, cantate à deux chœurs et à deux orchestres, en style énorme, exécutée aux trois derniers concerts donnés au palais de l’Exposition et le jour de la distribution des récompenses par l’Empereur. La péroraison de cette cantate, où toutes les voix reprennent le thème à l’unisson sous un immense trémolo des instruments à cordes, pendant que les tambours battent aux champs, est l’un des effets les plus saisissants que j’aie trouvés.

Berlioz ajoute, en vue de sa biographie :

Citer l’influence sur moi des poètes tels que Shakespeare, Byron, Moore, Hugo, Gœthe, et celle, plus grande encore, des spectacles de la nature, dont le reflet se retrouve dans l’adagio de Roméo et Juliette et dans la Scène aux champs de la Symphonie fantastique, dans la Sérénade et dans la Marche des pélerins de Harold.