Revue Musicale de Lyon 1904-01-12/Chronique lyonnaise

Chronique Lyonnaise

GRAND-THÉÂTRE

Demain, la représentation du Crépuscule doit commencer à 7 h. 3/4 ; il sera difficile, dans ces conditions, de terminer le spectacle avant une heure du matin, étant donné la longueur de l’œuvre. Voici du reste ce que propose, à ce sujet, notre excellent confrère, L…, de l’Express :

« Le Crépuscule des Dieux est un drame lyrique de proportions considérables et d’une durée qui dépasse celle de la plupart de tous nos opéras, ou du moins de nos opéras tels que l’on nous les donne actuellement.

D’après ce que j’ai noté aux représentations de Paris-Château-d’Eau, 1902 — et de Bruxelles en 1903 — voici la durée de chacune de ses parties :

1er  acte (y compris me prologue). 
 1 h. 55 m.
2e  acte 
 1 h. 07 m.
3e  acte 
 1 h. 15 m.

Au total 4 h. 17 minutes de musique, auxquelles il convient d’ajouter 1 heure pour 2 entr’actes de 30 minutes chacun environ, plus de 10 minutes de retard à peu près inévitables. Soit 5 h. 27 minutes.

De ce chiffre, déduisez 25 minutes, au maximum, pour les coupures pratiquées dans quelques parties de la partition, notamment aux deuxième acte, et il vous restera le total déjà suffisamment coquet de cinq heures et deux minutes de spectacle.

Par conséquent, si l’on veut terminer la représentation à une heure convenable, autrement dit vers minuit, de manière à permettre au public des travailleurs et des gens d’affaires de se rendre sans fatigue, le lendemain matin à leurs occupations obligatoires, si l’on ne veut pas les obliger surtout, à quitter le spectacle au milieu du troisième acte, c’est-à-dire au moment le plus émouvant du drame, il faudra commencer la représentation à 7 heures ou 7 h. 1/4 au plus tard.

À Bruxelles, le spectacle commençait à 6 heures et l’on dînait à 8 heures, pendant le premier entr’acte qui durait une heure. À Paris, le public n’avait pas hésité à sacrifier ses chères habitudes de dîner tard pour se rendre aux représentations du Crépuscule chez Cortot ou de Tristan et Isolde chez Lamoureux, lesquelles, lesquelles, les unes et les autres, commençaient à 7 heures précises. Les snobs se rattrapaient en croquant des sandwichs pendant les entr’actes.

À Lyon, nous ne voyons pas pourquoi les amateurs de grande et belle musique ne s’imposeraient pas un pareil effort. Il n’y a pas si longtemps, d’ailleurs, — quinze ou seize ans, — que le rideau se levait à 7 h. 1/2 pour les Huguenots et à 7 h. 1/4 pour Guillaume Tell et l’Africaine.

Il serait donc très naturel et très logique de commencer à 7 h. 1/4 précises de manière à terminer à minuit et quart. Les retardataires du début auraient toujours la ressource du buffet pendant les entr’actes. Quant aux personnes pour lesquelles la beauté et l’intérêt de l’œuvre représentée sont une préoccupation secondaire, et celles qui tiennent surtout à voir la salle et à se faire voir, il leur suffira largement d’arriver à 9 h. 1/2 pour le premier entr’acte. »

Les répétitions de l’Étranger, de Vincent d’Indy, sont suspendues au Grand-Théâtre et le bruit court que cette œuvre ne serait pas représentée cette année. Nous espérons que c’est là une fausse nouvelle. Nous ne voulons pas croire que la régie songe à renvoyer encore à une saison prochaine la création de cette œuvre déjà annoncée la saison dernière par M. Mondaud.

LES CONCERTS

Dimanche prochain, 17 janvier, Salle Philharmonique, deuxième concert Marteau donné par le quatuor Henri Marteau. Au programme : Quatuor de Jacques-Dalcroze ; Quatuor en mi bémol, 12, op. 127 de Beethoven ; Chaconne pour violon de Bach.

Location chez MM. Janin, éditeurs, 10, rue Président-Carnot.

Vendredi, 22 janvier, salle de Musique Classique, 2, rue Stella, première séance de sonates par MM. Rinuccini et Geloso.

Au programme : les quatre premières sonates pour piano et violon de Beethoven.

Mercredi, 20 janvier, aux Folies-Bergères, concert donné par la Schola Cantorum lyonnaise avec le concours de Mme Georges Marty, soliste des Concerts du Conservatoire de Paris, Mlle Éléonore Blanc, des Concerts Lamoureux et Colonne, et de M. Jean David, ténor de la Schola. Orchestre et chœurs de la Schola, 250 exécutants sous la direction de M. Georges Marty, chef d’orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire de Paris.

Principales œuvres portées au programme : Fragments d’Idoménée, de Mozart ; Samson, oratorio de Händel.

La location est ouverte chez M. Dulieux, éditeur de musique, 98, rue de l’Hôtel-de-Ville.