Revue Musicale de Lyon 1903-11-10/Nos Anciens Artistes

Nos Anciens Artistes

Nantes (Ouest artiste). — « M. Azéma, dans Lakmé, nous a dessiné une belle silhouette de brahmine. Il compose ses rôles avec un soin et une entente du caractère des personnages qu’il représente, qu’on ne saurait trop louer. Il a bien dit les stances du second acte. »

Bordeaux (Revue et Gazette des Théâtres). — « Reprise d’HérodiadeM. Séveillac s’est taillé un superbe triomphe. La voix admirable de M. Séveilhac se joue des difficultés vocales de son terrible rôle…

« Le personnage de Hérodiade était tenu par Mme Nady Blancard qui effectuait sa rentrée. Dès son apparition, cette charmante artiste fut l’objet d’une sympathique ovation et sa magnifique voix lui a valu un succès bien personnel.

« Une petite cabale s’est déchaînée à la rentrée de M. Gibert, notre fort ténor. Elle est d’autant plus injustifiée que ce valeureux artiste fut remarquable et obtint un brillant succès durant le mois qu’il passa parmi nous la saison dernière.

« Malgré quelques intonations douteuses, dues certainement à une fatigue passagère, l’indulgence devait s’imposer, et cette houle de partis pris a dû reconnaître après le 4e acte des Huguenots, donnés vendredi, qu’elle en était pour ses frais, car M. Gibert a très bien chanté l’air du fameux duo et a obtenu de chaleureux rappels.

« M. Dufriche est aussi parfait chanteur qu’acteur et a obtenu un grand succès dans Faust.

Marseille (Le Bavard). — « Si M. Ghasne parvient à dissimuler avec adresse les défaillances d’une voix déjà fléchissante, il ne saurait donner le change dans les passages de force ; il s’essouffle et les exigences de sa respiration l’obligent à ralentir les mouvements, de telle façon que, parmi les habitués du parterre, on l’appelle communément le baryton forcés pas. »

« Mlle Charbonnel vient de faire l’expérience qu’il ne faut jamais forcer, je ne dirai pas son talent, mais ses moyens. Elle l’a fait pourtant avec une telle bonne grâce qu’il nous est pénible de constater que, vocalement, elle a été au-dessous d’un rôle trop lourd pour elle. Si la beauté du visage et le charme du sourire suffisaient à Dalila, elle aurait certainement gagné la partie, mais l’ampleur et l’endurance de la voix sont aussi quelque peu nécessaires. Mlle Charbonnel a pour elle la jeunesse, chose appréciable, et le temps lui permettra d’acquérir sur d’autres scènes les qualités requises pour pouvoir aborder la nôtre. »

Anvers — De la Semaine : « On attendait M. Lucas, triomphateur étincelant, tonitruant et mirobolant des Huguenots, M. Lucas, vain et morne, déplorable et ridicule dans Hérodiade, sous la barbe d’Eléazar. À la barbe des abonnés et des habitués il a failli triompher à cause de l’inintelligent enthousiasme de quelques amis et parents de figurants qui peuplaient les galeries supérieures. M. Lucas a paru, M. Lucas a magistralement chanté faux, M. Lucas est parti, M. Lucas a chanté avec une majesté identique. Et ainsi de suite, chaque fois que M. Lucas-Eléazar a paru et disparu pour à nouveau paraître et disparaître. Ce n’est qu’au quatrième acte quand il met à s’en aller quarante minutes d’horloge ce qui équivaut à ne plus s’en aller du tout, que M. Lucas a retrouvé avec une vigueur peu commune quelques notes exactes qui l’ont fait rappeler. M. Lucas était malade. Nous ne nous permettrons pas d’en douter un instant. »

Bruxelles. — Mardi dernier a eu lieu au théâtre de la Monnaie la première représentation de Sapho. Mme Bréjean-Silver, dans le rôle qu’elle a créé l’an dernier à Lyon, a obtenu un magnifique succès.