Revue Musicale de Lyon 1903-11-03/À travers la Presse

À travers la Presse

Lyon Républicain (Raoul Cinoh). — À propos des coupures dans les opéras.

« … Si l’on veut conserver certaines œuvres du vieux répertoire, on sera obligé tôt ou tard — et j’espère que ce sera tôt — d’y pratiquer des coupes sombres. Luigini, à qui je parlais récemment de cette question, est tout à fait de cet avis — et pour le répertoire du temps jadis, comme en beaucoup d’autres matières, notre ancien chef d’orchestre fait autorité.

Vous avez dans La Juive, dans l’Africaine, dans Robert le Diable — et même dans Les Huguenots — des remplissages qu’il faut avoir la hardiesse de sacrifier ; que dis-je ? il ne faudrait pas chercher longtemps pour trouver des actes entiers — oui, des actes entiers — à supprimer sans que l’œuvre ainsi amputée y perde quelque chose. Bien au contraire, j’estime qu’à tous les points de vue elle ne pourrait qu’y gagner. »

L’Express (L.) — À propos de « Faust »

« De tout l’opéra de Gounod, il n’y a plus guère de vraiment intéressant, pour les habitués du théâtre, que le tableau de la prison, l’acte du jardin et le ballet. Je connais même des amateurs fort estimables et très considérés dans leur quartier, qui s’en tiennent au ballet exclusivement. Et il ne faut pas se hâter de leur donner tort… »

Tous nos confrères se plaignent avec raison de la défectuosité des jeux de lumière au Grand-Théâtre. Le régisseur général devrait réfréner la fantaisie de l’électricien qui, comme on l’a fait remarquer, nous a fait assister, au 2e acte de Lakmé, aux plus effrayants phénomènes cosmiques.

De plus, remarque justement Le Spectacle :

Les lentilles sont mal dissimulées, le mécanisme se voit par trop et rien n’est ridicule comme ce rayon baladeur de lumière qui s’acharne après les allées et venues du ténor. Cela ressemble fort à la méchanceté du potache qui, dans la cour du collège, cherche, à l’aide d’un miroir de deux sous, à projeter le rayon de soleil dans les yeux du pion.

Plusieurs de nos confrères s’élèvent également en termes excellents contre la détestable institution de la claque rétablie cette année.