aux dépens du bureau des écoles et chez André Olyer (p. Titre-96).

REGLEMENS
POUR
LES ECOLES
De la Ville & Diocese de Lyon.
dressez
PAR MESSIRE CHARLES DEMIA,
Prêtre, Promoteur general Substitué de l’Archevêché,
& Directeur general desdites Ecoles.
Par Autorité de Monseigneur l’Illustrissime & Reverendissime Camille de Neufville, Archevêque & Comte de Lyon, Primat de France, Commandeur des Ordres du Roi, & Lieutenant General pour sa Majesté aux Païs de Lionnois, Forêts & Beaujolois.



A LYON,
Aux dépens du Bureau des Ecoles.
Et se vendent chez André Olyer, ruë Tupin,
à la Providence.
A MONSEIGNEUR
MONSEIGNEUR
L’ILLUSTRISSIME ET REVERENDISSIME
CAMILLE
DE NEUFVILLE,
ARCHEVEQUE
ET COMTE DE LYON,
Primat de France, Commandeur des Ordres du Roi,
& Lieutenant General pour sa Majesté aux Païs
de Lionnois, Forêts & Beaujolois.

MONSEIGNEUR,

Il n’y a personne qui faisant reflexion sur l’établissement des Ecoles dans la Ville de Lyon, n’en benisse le Toutpuissant, & ne lui en raporte toute la gloire ; quand il saura la foiblesse, ou plusot l’insufisance du chetif instrument, dont sa divine Providence a daigné se servir, pour les commencer, les soutenir & les mettre en l’état dans lequel on les voit à present.

Il est vrai, MONSEIGNEUR, que Vôtre Grandeur, sans avoir égard au sujet qui s’emploioit dans une telle entreprise, n’a rien épargné pour en faciliter les heureux succez ; puisque non contente de nommer pour cette œuvre un Directeur general (dont Elle m’a fait l’honneur de me donner le Titre, quelque indigne que j’en fusse.) Elle a encore établi un Bureau perpetuel, auquel on raporte toutes les afaires qui concernent les Ecoles. Et ce qu’il y a de plus digne de son zele, Elle a bien voulu contribuer à cet établissement pas des liberalitez & des dons considerables.

Comme vous étes, MONSEIGNEUR, le Primat de l’Eglise de France, aussi vôtre pieté Vous a porté à vouloir étre le premier Fondateur des Ecoles pour les Pauvres, aprés en avoir reconnu la Necessité & l’Utilité, par les Remontrances que je pris la liberté d’en faire ; & par l’essai que j’en avois déja fait pendant plusieurs années.

C’est sans doute, MONSEIGNEUR, ce qui n’a pas peu contribué à inspirer à nôtre Monarque tres-chrétien la pensée de semblables établissemens dans tout son Roiaume ; puis que sa Majesté étant informée des fruis que produisoient dans vôtre Diocese ceux qui y sont, Elle écrivit en 1686 à plusieurs Prélats, pour leur recommander le soin des Ecoles ; & déclara par son Edit du mois de Fevrier 1688, qu’elle désiroit apliquer une partie des biens du Consistoire & des Huguenots fugitifs, à l’établissement de cet sortes d’Ecoles ; Ensorte, monseigneur, que par là il n’y aura personne qui ne se trouve redevable à vos charitables Soins. L’Eglise vous devra l’instruction & les bonnes mœurs de ses Enfans : le Roi l’éducation de ses Sujets & leur atache à son service : mais sur tout cette Ville & ce Diocese vous devront le veritable & solide bonheur de leurs Citoiens, par la fermeté & la perfection que vous donnerez à une œuvre si importante.

Mais afin d’en conserver le precieux soutenir, de procurer plus de gloire à Dieu qui en est l’Auteur les communiquer plus facilement, à ceux à qui ce même Seigneur donnera un semblable zele : j’ai crû qu’il seroit bon de faire un Recueil de tout ce qui s’est fait jusqu’à présent touchant cet établissement ; & je prens la liberté de l’ofrir à votre grandeur, comme un Ouvrage qui lui apartient par tant d’endroits, aussi bien les fruis qu’a produit la semence des Ecoles, qu’elle a bien voulu que j’aie jetté, pour parler le langage de l’Apôtre, qu’elle a ensuite arrosé avec tant de soins, & auquel Dieu a donné de si grans acroissemens : Ego plantavi, Apollo rigavit, Deus autem incrementum dedit. Mais quoique toutes les personnes qui travaillent à l’execution de cette œuvre si meritoire soient extremement obligez à votre grandeur, j’ose pourtant assurer qu’il n’y en a point, qui lui soit plus dévoûée & qui aie servi son Diocese avec plus de zele & de désinteressement, que celui qui est avec une entiere soumission & un profond respet,

MONSEIGNEUR,

De Vôtre Grandeur,

Le tres-humble &
tres-obeissant serviteur

CHARLES DEMIA.

AVIS AV LECTEVR

Sur le Commencement & Progrez, des Ecoles
du Diocese de Lyon.


EN l’année 1664, Monsieur l’Abé de Saint Just tres-digne Vicaire general de ce Diocese ; aiant par les soins de Monsieur Hurtevent Superieur du Seminaire de Saint Irenée, donné Commission extraordinaire à Messire Charles Demia Prêtre de Bourg en Bresse, pour faire la visite des Paroisses de Bresse, Bugey, &c. Il découvrit, en y procedant, une profonde ignorance ; & aiant remarqué d’ailleurs que la Jeunesse de Lyon, particulierement les Enfans du menu peuple, étoient dans le dernier libertinage faute d’instruction, il prit de là resolution d’apliquer tous ses soins à l’établissement des Catechismes, & de la discipline des Ecoles.

En 1666 il dressa des Remontrances particulieres à Messieurs les Prevôt & Echevins de Lyon, pour leur faire connoitre la Necessité & Utilité de l’Etablissement des Ecoles, pour l’instruction des Enfans du pauvre peuple. L’on commença d’en établir une par maniere d’essai, puis deux, & à la fin il y en eut en chaque quartier : sans avoir d’autre fond que celui de la somme de 200 livres, que les Messieurs de Ville donnerent, & de quelque secours que Sa Grandeur eụt la bonté de fournir pour cette même œuvre. Elle continua lontems à rouler sur le fond principal de la divine Providence, & sur les fournitures & avances d’un Prêtre, qui s’est souvent estimé indigne, que Dieu l’ait voulu emploier pour lui rendre par que une si belle ocasion, une partie des biens dont il l’avoit si liberalement pourvu. Ce qui a si bien reussi, que quelques-uns d’entre ceux qui s’étoient au commencement oposez à cette entreprise, voians les benedictions inopinées que Dieu versoit sur la jeunesse, qu’on élevoit dans ces Ecoles, lui ont rendu eux-mêmes dans la suite des services considerables.

Aussi Monseigneur l’Archevêque voians les grans fruis qu’operoit cet Etablissement, pour l’afermir à jamais, sur la requête qui lui fut presentée par celui qui avoit dressé les susdites Remontrances, Sa Grandeur eut la bonté par son Ordonnance du deuxiéme Decembre 1672, de commettre un Directeur pour l’Intendance, & Direction generale de toutes les Ecoles, avec pouvoir de subdeleguer d’autres personnes le soutien de cette même œuvre.

Ensuite le Directeur general aiant, par une seconde requête donnée en Février 1679, presenté à Sa Grandeur plusieurs personnes tant Eclesiastiques que Laiques, dont il avoit composé une espece de Bureau au mois de Decembre 1672, Elle agrea qu’ils s’assemblassent trois ou quatre fois l’année. Mais les afaises venans à croitre, l’on fut obligé de tenir ces Assemblées tous les mois.

Au reste comme l’on s’aperçu que cette œuvre ne pouroit être en assurance sans des Lettres Patentes du Roi pour l’établissement du Bureau, Messieurs les Prevôt des Marchans, & Echevins de la Ville de Lyon, (sur la Requête qui leur fut présentée par le Directeur general) solliciterent si éficacement qu’ils les obtinrent de Sa Majesté, avec d’autant plus de facilité, que Sa Grandeur n’oublia rien pour en faire obtenir le succez. Ces Lettres sont du mois de Mai 1680, & elles furent enregitrées le 19 Mars 1681.

L’an 1677 au mois d’Août, celui que Sa Grandeur avoit nommé pour Directeur étant aussi convaincu de l’Utilité des Ecoles des Filles, il établit sous le bon plaisir de Monseigneur l’Archevêque une Assemblée de Dames de pieté, pour veiller à la perfection des Ecoles de ce sexe.

Le 18 Janvier 1685, Monseigneur l’Archevêque qui a toujours le cœur ouvert pour toutes les bonnes œuvres, particulièrement pour celle-ci, sur la connoissance qu’il eût du danger où elle étoit faute de fond assuré, prit ocasión de faire part de ses liberalitez en faveur de ces Ecoles : designant expressément, que c’étoit à la charge qu’elles seroient toujours administrées par le Bureau, auquel elle a voulu tellement atacher leur Direction, qu’elle a declaré qu’elle en transportoit le fond ailleurs, au cas qu’on vienne à changer quelque chose en cet établissement.

Depuis cette œuvre étant connuë & aprouvée d’un chacun, on lui a fait quelques legs ; & comme tout cela est bien éloigné de sufire à la subsistance de ces Ecoles, & aux bonnes œuvres qui s’en ensuivent, il y a lieu d’esperer que Dieu donnera la pensée à d’autres personnes pieuses & charitables, d’y contribuer.

Les Visites que les Messieurs du Bureau & les Maitres d’Ecoles font chez les parens des Ecoliers, pour connoitre le profit qu’ils tirent des instructions qu’on leur donne : les prix & les dépenses publiques que l’on fait encore ; chaque année en certain tems, soit pour la dispute du Catechisme, de la Lecture, Ecriture, Civilité ; Ortografe, &c. ont déja produit de tres-grans fruis dans la jeunesse.

Les Reglemens que l’on a dressé pour les Ecoles tant des Pauvres que des Riches, ont été souvent demandez par beaucoup de Dioceses & de Villes du Roiaume, qui ont desiré d’en avoir des Copies pour s’en servir, & en établir de semblables sur leur modele.

C’est pour cela qu’aiant beaucoup diferé de les mettre sous la Presse, on s’y est enfin resolu, aprés avoir remarqué leur utilité par l’experience, & en consideration des grans besoins qu’en ont toutes les Ecoles de ce Diocese, & même celles de plusieurs autres endroits du Roiaume ; sur tout dans les lieux où l’on voudroit faire l’établisement d’une Communauté, pour la formation des Maitres d’Ecole, ainsi pour qu’on en a fait voir la necessité & l’utilité, dans un avis important qu’on a donné depuis peu au public sur cette matiere.

On a divisé ces Reglemens en deux Parties :

La première contient ce qui regarde les Ecoles des Pauvres.
La seconde : Ce qui est de commun à toutes les Ecoles, tant des Pauvres que des Riches.

Peut-être que les matieres dont ils traitent sembleront à quelques-uns de peu d’importance, mais la maniere dont ils sont digerez, la métode avec laquelle on les a disposé, l’aplication que l’on a donné à l’avancement de ces Ecoles, l’ordre qu’on a tâché d’y établir, & enfin l’exactitude qu’on a eu pour faire observer ces mêmes Reglemens, les convaincront du contraire : & tout le monde se trouvera persuadé, qu’il n’y a rien à négliger dans une œuvre si solide, & si necessaire à la gloire de Dieu, & au salut des Ames.

Enfin on peut assurer le public, que l’on n’a rien inseré dans tous ces Reglemens qui ne se pratique exactément dans les Ecoles, & dont l’experience de plus de vingt années n’ait fait voir l’utilité.

L’on prie le souverain Maitre de toutes les Ecoles, de vouloir continuer de verser l’abondance de ses graces, soit sur Monseigneur l’Archevéque qui en est le principal Fondateur, afin que Sa Grandeur aille toujours prosperant en merite & en santé : soit encore sur les Messieurs qui composent le Bureau : sur les Maitres & sur les Ecoliers, afin que ces premiers ne cherchans que la plus grande gloire de Dieu, dans une soigneuse vigilance pour la conservation du tresor inestimable de l’innocence batismale de ces derniers, les uns & les autres puissent joüir pour recompense de leurs travaux, de la gloire pendant toute l’éternité.



TABLE
DES MATIERES.

PREMIERE PARTIE.

CHAPITRE PREMIER.
Du Bureau des Ecoles, & de quelques Pratiques qui le concernent.

 
page 1

Des Fonctions de chaque Officier du Bureau.
1
Ordre pour l’Election des Oficiers & Recteurs.
3
Regle generale du Bureau.
4
Communauté des Maitres d’Ecoles de S. Charles.
4
Ordre & jours des Assemblées.
5
De la Reception des Enfans aux Ecoles.
5
De la Viste generale des parens des Ecoliers.
6
Pratiques pour les Recteurs du Bureau.
7
Formule de Protestation pour la reception des Recteurs.
8
Remarques sur les Assemblées du Bureau & reception des enfans.
8
Avis pour les aumônes, livres, & papiers.
9
Visite de l’Ecole par les Recteurs.
5, 9, 13
Visite des parens par les Recteurs.
10
Avis sur la sortie des Enfans de l’Ecole.
39, 10

CHAPITRE II.
Des Maitres, des Enfans des Ecoles des Pauvres en general.

 
11
§.   1. 
Dévoirs generaux des Maitres des Ecoles des Pauvres.
11
§.   2. 
Du Choix, Reception, & Sortie des Maitres.
11
§.   3. 
Quelques Dévoirs particuliers des Maitres envers les Enfans.
12
§.   4. 
Absence des Ecoliers.
12
§.   5. 
Remarques sur les Necessitez des Enfans.
13
§.   6. 
Quand on visite les Ecoles.
5, 9 & 13
§.   7. 
De la Sortie des Enfans des Ecoles.
13
§.   8. 
Des Dévoirs des Maitres envers le Bureau.
14
§.   9. 
Du Catechisme.
14
§. 10. 
Confession des Enfans.
15, 43
§. 11. 
Pratiques de pieté pour les Ecoliers.
16
§. 12. 
Correction des Enfans.
16
§. 13. 
Vacances.
17
§. 14. 
Moiens de se bien aquiter de tous ces Dévoirs.
18

CHAPITRE III.
Métode d’enseigner la Lecture du Latin, de François, l’Ecriture, l’Aritmetique, & l’Ortografe ; ensemble les Oficiers, & Meubles des Ecoles.

 
19
§.  1. 
Division de l’Ecole en Classes diferentes.
19
§.  2. 
Division des Classes en Bandes.
19
§.  2. 
De ceux qui sont à la Lettre, aux Silabes, Mots, Frases.
19, 20
§.  3. 
Remarques generales sur la Lecture.
20
§.  4. 
Maniere de faire lire.
21
§.  5. 
Remarques pour chaque Classe en particulier.
21
De l’Ecriture.
23
De l’Ortografe.
24
De la Lecture par Remarques.
25
Moien pour bien enseigner ces remarques.
26
§.  9. 
De l’Aritmetique.
26
§. 10. 
Des Oficiers des Ecoles.
27
§. 10. 
Ordre du saint Evangile.
28
§. 11. 
Des Meubles des Ecoles & des Livres.
29

CHAPITRE IV.
Exercices ordinaires qui se font pendant l’Ecole.

 
30
§.  1. 
De l’entrée à l’Ecole.
30
§.  2. 
Maniere de faire la Priere.
31
§.  3. 
Demandes de Catechisme.
31
§.  4. 
Déjeuné des enfans.
32
§.  5. 
Ordre pour l’Ecriture.
33
§.  6. 
Exercices qui se font à la fin de l’Ecole.
34
§.  7. 
Prieres, & sortie de l’Ecole.
34
§.  8. 
De la Messe.
34
§.  9. 
Pleinchant.
34
§. 10. 
Classe du soir.
35
§. 11. 
Abregé de l’ordre de la journée pour l’école.
35
§. 12. 
Du Silence, des Bains, du Travail, des Repas, &c.
36

CHAPITRE V.
Des Exercices particuliers qui se font dans les Ecoles pendant l’année, avec les Moiens pour les faire subsister, & pour y atirer les enfans.

 
37
§.  1. 
Pour les Dimanches & les Fêtes.
37
§.  1. 
Pour la Fête de Saint Charles, de Saint Nicolas, & de Sainte Catherine.
38, 39
§.  2. 
De la Visite generale des Ecoliers.
9, 10, 39
§.  3. 
De certains Exercices spirituels pour les Ecoliers.
40
§.  4. 
De la Dispute du Carnaval.
41
§.  5. 
De la Cene.
42
§.  6. 
De la Confession & premiere Communion des enfans.
15, 43
§.  7. 
De la Confirmation & Renovation des promesses faites au batême.
45
§.  8. 
Moiens de faire subsister les Ecoles des pauvres, & d’y atirer les Enfans.
46
§.  8. 
Métode de compter par les getons.
48
§.  8. 
Table pour les Visites, Inventaires, Catechismes, &c.
48

CHAPITRE VI.
Prieres pour les Ecoles.

 
49
Remarques generales sur les Prieres ordinaires & extraordinaires.
49
Prieres qu’on fait devant & aprés la leçon du matin.
50
Pendant l’Ecole.
51
Devant & aprés la leçon du soir.
51, 52
Prieres extraordinaires.
52
Avant les ordinations.
52
Pour l’Eglise en general, pour le Pape, & pour Monseigneur l’Archevêque.
53
Pour le Roi.
53
Pour les Bienfaiteurs des Ecoles.
53
Pour les Malades.
53
Au tems de Carême.
53
Des Calamitez publiques.
54
Pour les Défuns.
54
Litanies
du saint Nom de Jesus.
54
de la Passion.
55
des sains Patrons du Diocese & des Ecoles.
56

II. PARTIE.

Contenant un Recueil des Actes plus importans pour toutes les Ecoles du Diocese de Lyon, tant des Pauvres que des Riches.

 
57
§.  1. 
Remontrances sur la necessité & utilité d’un Etablissement des Ecoles pour les Pauvres.
59
§.  1. 
Acte consulaire de la Maison de Ville de Lyon portant Don de 200 l. pour les Ecoles.
66
§.  2. 
Acte concernant l’Etablissement des Ecoles des Pauvres.
67
§.  2. 
Requête de Monsieur Demia à Monseigneur l’Archevêque avec l’Ordonnance du premier établissement d’un Bureau pour les Ecoles du 2. Decembre 1672.
67
§.  2. 
Autre Ordonnance de mondit Seigneur portant confirmation du Bureau des Ecoles du premier Février 1679.
69
§.  2. 
Lettres patentes de sa Majesté pour l’Etablissement du Bureau des Ecoles & du Seminaire des Maitres d’Ecole de S. Charles.
71
N. 4. Enregitrement des susdites Lettres au Parlement de Paris en la Chambre des Comptes, & au Siege Presidial de Lyon en 1681.
73
N. 5. Principaux Contrats de Fondation fais au profit des Ecoles, contenans des clauses remarquables.
73, 76
N. 5. Note sur la Fondation des Eleves pour la Maitrise des Ecoles.
79
§.  3. Arrêts & Ordonnances concernans les Ecoles en general. 
79
§.  3. Etat des Ecoles du Diocese de Lyon en 1669.
79
N. 1. Arrêts du Conseil d’Etat portant défenses de tenir des Ecoles sans permission, du mois de Mai 1674.
80
N. 2. Enregitrement & Publication du susdit Arrêt dans tous les Presidiaux & Senéchaussées de Lyon.
81
N. 3. Diverses Ordonnances des Lieutenans generaux & Oficiers des lieux rendües en consequence du susdit Arrêt, portans peine contre ceux qui s’ingerent dans l’instruction de la jeunesse sans permission.
81
N. 4. Ordonnances des Intendans de Lyon, & de Bourgogne, portans aussi peine contre les Contrevenans, & injonction aux Administrateurs des Deniers des Coleges d’en rendre compte pardevant le Directeur préposé par Monseigneur l’Archevêque pour la conduite des Ecoles.
82
N. 5. Ordonnance du Lieutenant general de Lyon, contre les pretendus Maitres Ecrivains.
82
N. 5. Ordonnances de Monseigneur l’Archevêque contre lesdits Ecrivains.
83
N. 6. Lettre du Roi à Monseigneur l’Archevêque pour l’êtablissement d’un Directeur pour toutes les Ecoles de son Diocese.
83
§. 4. Reglemens & Status fais par Monsieur le Directeur des Ecoles, Ordre des Assemblées des Maitres.
84
N. 1. Reglemens generaux pour les Maitres d’Ecole du Diocese de Lyon, du mois de Juillet 1676.
84
N. 2. Ordre des Assemblées de chaque mois pour les Maitres & Maitresses de la Ville & des environs de Lyon en particulier.
88
N. 2. Fonctions des Courriers ou Sindics des Ecoles.
88
N. 3. Confrerie de Saint Charles pour les Maitres d’Ecole, établie au mois d’Avril 1683.
90
N. 4. Reglemens de cette Confrerie.
91
N. 5. Confrerie du Saint Enfant Jesus pour les Enfans des Ecoles, du 14. Janvier 1682.
94
Fin de la Table.

CHAPITRE PREMIER

DU BUREAU
DES ECOLES,
ET DE QUELQUES PRATIQUES,
qui le concernent.
I.


LEs Ecoles des Pauvres sont sous la Direction d’un Bureau établi par Monseigneur l’Archevêque ; ensuite de l’Arrêt du Conseil d’Etat de Sa Majesté en date du septiéme Mai mil six cens soixante & quatorze. Ce Bureau est composé du moins de seize Recteurs, tant Eclesiastiques que Laiques ; ensorte toutefois que le nombre des Eclesiastiques égalera toujours, s’il se peut, celui des Laiques qui seront indiferemment Gentilshommes, Gens de Justice, Bourgeois, Negocians, demeurans actuellement dans la Ville. Ledit nombre de seize pourra être augmenté, suivant le besoin & l’état desdites Ecoles.

II.

Il y aura dans le Bureau neuf Oficiers ; savoir le Directeur, un Assistant, trois Conseillers, un Tresorier, un Promoteur des œuvres du Bureau, un Garde-meuble, un Secretaire.

III.

Fondation
des oficiers
.
Le Directeur sera toujours Eclesiatique : & la nomination en apartiendra de plein droit à Monseigneur l’Archevêque, & à ses successeurs Archevêques ; sans que neanmoins ledit Directeur puisse être pris que du nombre des Eclesiastiques dudit Bureau. Il presidera aux Assemblées, en convoquera d’extraordinaires quand il le trouvera à propos, signera les billets de receptions des enfans, nommera de six en six mois les Soumaitres, Observateurs, & autres Oficiers particuliers pour les Ecoles, designez ci-aprés dans le troisiéme Chapitre, avec la participapation du Recteur préposé, & du Maitre de chaque Ecole, choisira lors qu’il conviendra en prendre de nouveaux ; & generalement aura soin de tout ce qui regarde l’avancement & perfection, tant des Ecoles que du petit Seminaire de S. Charles établi pour leur soutien.

IV.

L’Assistant sera aussi toujours Eclesiastique, présidera, & fera toutes les fonctions du Direteur en son absence, tiendra la main à ce que les Reglemens soient fidélement executez.

V.

Le Tresorier sera toujours Laïque, & jamais un Eclesiastique n’en pourra faire les fonctions, sous quelque pretexte que ce soit, il fera la Recepte de tout ce qui apartiendra aux Ecoles des Pauvres de l’un & de l’autre sexe, fera incessamment l’emploi des capitaux & legs de trois cent livres, & au dessus, de l’avis neanmoins des Oficiers & du Bureau, & suivant l’intention & destination de ceux qui en auront fait la liberalité ; sans faire confusion de ce qui regardera les Ecoles des garçons, avec ce qui sera destiné pour celles de filles. La distribution de ce qui regarde les Ecoles de filles sera remise & confiée à celle des Dames, qui sera préposé à cet éfet, laquelle en rendra compte annuellement dans l’assemblée desdites Dames. Le compte sera arrêté en presence du Directeur, du Tresorier, & de deux autres Recteurs députez pour assister dans lesdites assemblées ; & les deniers qui se trouveront restans seront remis au Tresorier, qui les emploiera dans son Compte.

VI.

On fera un état de la dépense ordinaire, que le Tresorier pourra payer sans mandat, mais il ne pourra rien débourser au delà dudit état, que de l’ordre du Bureau ; pourra neanmoins le Directeur seul disposer jusques à la somme de dix livres, & au dessous pour cause legitime & urgente.

VII.

Le Tresorier presentera son compte chaque année au Bureau du premier lundy de Fevrier, & l’on députera un des Recteurs de la Compagnie pour l’éxaminer & arrêter avec les Oficiers, duquel compte le Tresorier laissera un double, pour étre mis dans un cofre de dépôt ou archives ; & la destination & emploi des sommes qui se trouveront rester entre ses mains sera ensuite reglé par le Bureau.

VIII.

En l’absence du Directeur & de l’Assistant, le plus ancien Conseiller présidera, & sera leurs fonctions.

IX.

Le Directeur fera les afaires moins importantes pour lesquelles la deliberation du Bureau n’est pas necessaire, ou celles qui ne peuvent pas être retardées, en prenant l’avis de l’Assistant, des Conseillers & du Tresorier.

X.

Le Secretaire signera les Mandats ainsi que les delibérations du Bureau, lesquelles seront en outre signées par le Directeur ou par celuy qui aura présidé à l’assemblée : le Secretaire avertira de la maladie & decés des Confreres, du jour des assemblées, & des autres choses importantes. Il aura soin de retirer les expeditions des tîtres & contrats concernant lesdites Ecoles, rangera & fera transcrire dans un grand Livre ceux qui sont perpetuels, & renfemera le tout dans le susdit cofre de dépôt ou Archives, qui fermera à trois clefs, l’une desquelles sera entre les mains du Directeur, la seconde du Tresorier, & la troiséme du Secretaire, d’où n’en pourra estre tiré aucun titre ou papier, sans que celui qui les prendra ne s’en charge sur un livre ou cahier de récépissé, lequel demeurera toujours dans les Archives, où sera noté sa décharge, quand il les rendra.

XI.

Le Garde-Meuble recevra les meubles, hardes, livres, papiers, ancre, plumes, & autres choses necessaires qui seront données ausdites Ecoles, les distribuera avec la participation du Directeur, & en tiendra état.

XII.

Le promoteur, ou Procureur aura soin de l’execution des déliberations du Bureau, dont il en prendra note, pour avertir ceux qui en sont chargé, & les en faire souvenir en cas d’omission : il veillera à la conservation des droits desdites Ecoles, & en sollicitera les afaires.

XIII.

Outre les susdits neuf Oficiers on préposera de trois en trois années un des Recteurs en chacune desdites Ecoles pour en prendre un soin particulier, y faire des visites frequentes, & en rendre compte au Bureau, sauf à être continué & d’en préposer deux dans la suite, un Eclesiastique & un Laique s’il est jugé à propos.

XIV.

Ordre
pour
l’élection
des
Oficiers
& Recteurs
Les susdits Oficiers seront pris du nombre des Recteurs, & sera procedé à leur Nomination par billets de deux en deux années le premier lundi de Mars : en sorte neanmoins que lesdits Oficiers demeureront tous en charge du moins chacun quatre années, & pource on n’en nommera qu’une partie à chaque élection, afin qu’il en reste des anciens qui puissent instruire les nouveaux ; & pourront lesdits Oficiers être continuez.

XV.

Et d’autant que la premiere Election se doit faire le premier lundi de Mars 1689. on nommera un Assistant, un Secretaire, & un Garde-meuble, qui seront pour les quatre années suivantes, & ceux qui sortiront desdites charges seront Conseillers en place de ceux qui le sont presentement.

XVI.

Lors qu’il y aura une place vacante par le decés d’aucun des Recteurs, ou autrement, tous les autres Recteurs du Bureau seront avertis par les soins du Secteraire pour s’assembler extraordinairement au jour qui sera designé, où l’on proposera les personnes plus capables, qui seront reduits au nombre de trois, pour être procedé au Bureau suivant à l’élection de l’un des troiş par des billiets secrets de ceux qui seront presens à la pluralité des suffrages.

XVII.

L’on ne pourra choisir pour Recteurs que des personnes exemplaires, d’une pieté, prudence, & charité singuliere pour le salut & instruction des Pauvres.

XVIII.

Avant la nomination des Oficiers, le Directeur dira le Veni Creator, & les Oraisons ordinaires, & à leur reception ils feront la Protestation ci-aprés inserée.

XIX.

Regle
generale
du
Bureau
.

LIntention generale de tous ceux qui composent le Bureau sera de chercher la plus grande gloire de Dieu dans la bonne Education & Instruction des Pauvres, qui est la fin pour laquelle Jesus-Christ dit qu’il a été envoyé, & l’une des marques principales de sa Mission ; c’est pourquoy chacun des Recteurs tâchera de concevoir une haute estime & idée de sa Vocation, & de s’unir souvent à Jesus Evangelizant les Pauvres, pour travailler infatigablement à une œuvre si importante pour la gloire de Dieu, l’utilité & salut du prochain.

XX.

Communauté
de S. Charles.

LE petit Seminaire de Saint Charles étant établi pour y entretenir & élever des Maîtres d’Ecoles, & des pauvres Eclesiastiques destinez ausdits emplois, le Bureau veillera soigneusement au soutien, avancement & perfection de cette Communauté ; & à cet éfet il députera de deux en deux années un Eclesiastique, & un Laïque de la Compagnie, lesquels avec le Directeur prendront un soin tout particulier à ce que les Reglemens y soient exactement observez, & raporteront à l’assemblée du Bureau ce qu’ils auront remarqué de plus considerable dans la conduite dudit Semiņaire. Le Prefet de ladite Communauté sera aussi admis au Bureau pour y faire les propositions qu’il trouvera à propos, & aura voix déliberative : & ledit Prefet sera choisi par le Directeur general.

XXI.

Ordre,
& jours
des
assemblées.
Les Assemblées du Bureau se tiendront les premiers lundis de châque mois, à neuf heures précises du matin ; & s’il se rencontre une feste solennelle, on la renvoiera au lundi suivant. On convoquera aussi des assemblées extraordinaires quand besoin sera.

XXII.

Lors desdites assemblées l’un des premiers venus lira quelque livre choisi par le Directeur, jusques à ce qu’on commence le Veni Creator, qui sera dit par le Directeur, ou en son absence par l’un des Oficiers, ou plus ancien Eclesiastique.

XXIII.

On commencera pas la lecture des déliberations du precedent Bureau, & les députations pour la visite des Ecoles étans faites, le Directeur demandera à chacun des Recteurs s’il a quelque chose à proposer pour le bien des Ecoles, & si la proposition est importante, il prendra l’avis de la Compagnie pour être les resolutions prises & arrêtées à la pluralité.

XXIV.

Les Maitres seront apellez quand on le jugera à propos, pour rendre raison au Bureau de ce qui se passera dans leur Ecole, & en exposer les besoins, à quoy sera pourvu ainsi qu’il sera jugé convenable pour le bien & utilité des Ecoles. Quand les Maitres seront Eclesiastiques, ils seront assis & couverts dans les assemblées.

XXV.

Ceux qui voudront faire recevoir des enfans aux Ecoles les pourront presenter les jours du Bureau, & hors du susdit tems, le Directeur les recevra étant de la qualité requise.

XXVI.
De la
reception
des Enfans
aux Ecoles
.


POur être de la qualité il faut que les enfans soient reduits à la mandicité, ou que leurs Peres & Meres ayent le pain de l’aumône, ou soient dans une necessité notoire, & n’ayent le moyen de les faire instruire sans s’incomoder notablement, dont on s’informera exactement : & si l’enfant n’est reconnu de la qualité requise, il sera indispensablement renvoyé ; la reception des enfans des riches devant être considerée comme la ruine desdites Ecoles. Seront de même rejettez les enfans qui ont la Râche, les Ecroüelles ou autres maladies qui se communiquent, le bien general devant estre preferé à celuy des particuliers.

XXVII.

Les Recteurs préposez en châque Ecole pourront donner un billet aux Pauvres pour être reçû pour huit jours seulement, pendant lesquels les Parens en pourront aller prendre un du Directeur ; que s’ils ont negligé de le faire, le Maitre l’envoiera demander par le nouveau venu avec un des Ecoliers. Le Pauvre qui aura été reçû de cette maniere, ne pourra être congedié de l’Ecole qu’aprés qu’on aura conferé avec le Recteur qui lui avoit donné le billet.

XXVIII.

En recevant les Enfans on tâchera de faire promettre aux parens ; Premierement qu’ils leur feront faire la Priere soir & matin. 2. Qu’ils leur feront reciter le Catechisme. 3. Qu’ils empescheront qu’ils n’absentent sans nécessité, & enfin qu’ils auront un soin particulier de les détourner du vice, & de les porter à la vertu.

XXIX.

Quand on aura ocasion de parler aux parens, on pourra avec prudence les interroger du Catechisme, & savoir si les enfans l’ont repeté chez eux : les Ecoles étans instiuées non seulement pour les enfans, mais encore pour tâcher d’instruire par eux leurs parens.

XXX.

Le Direteur gardera note des enfans qu’il aura reçu, & il y aura un Regître dans lequel serone écrits, les noms, surnoms, & âge des Enfans & autres choses qu’on trouvera à propos de désigner.

XXXI.

Les Enfans ne feront reçû avant l’age auquel ils puissent profiter, & ne pourront demeurer dans les Ecoles que quatre ou cinq ans, afin de leur donner le moien de s’emploier dans les métiers & états, dont ils seront capables ; à la reserve des filles que les Dames tiennent en aprentissage pendant qu’elles frequentent les Ecoles, lesquelles y pourront être plus lontems suivant la prudence des Dames.

XXXII.
Visite generale des parens des Ecoliers

Toutes les années on députera quelques-uns de Messieurs les Recteurs du Bureau, au mois de May ou de Septembre, pour faire la Visite générale des parens des enfans, & reconnoâtre s’ils sont de la qualité, & s’ils profitent des instructions qu’on leur donne dans les Ecoles, & l’on fera des notes de ce qu’on aura observé de plus remarquable pour être raporté au prochain Bureau, comme l’on verra dans les Pratiques.

XXXIII.
Avis pour les Recteurs

Tous les Recteurs auront un grand zele pour l’avancement des Ecoles, & tâcheront de leur procurer tous les avantages qu’il leur sera possible, specialement pour celles ausquelles ils sont préposez, & pource ne manqueront de les visiter toutes les semaines une fois. Ils auront aussi un soin tout particulier des Biens, Titres, & Papiers apartenans aux Ecoles.

XXXIV.

Comme Monseigneur l’Archevêque en conséquence de l’Arrêt cy-dessus a remis le soin & la conduite des autres Ecoles de la Ville, Fauxbourgs & Diocese audit sieur Directeur, les Afaires importantes qui concernent ladite direction seront proposées au Bureau pour être mises en déliberation, & résoluës à la pluralité. Les Recteurs qui composent ledit Bureau pourront assister aux assemblées des Maîtres & Maitresses, lors qu’il sera trouvé à propos.

XXXV.

Ce qui est dit tant au sujet du Bureau que des Maitres, de l’ordre, & conduite des Ecoles des garçons, se doit aussi apliquer à l’assemblée des Dames, qui s’employent à celles des filles, à laquelle préside toûjours le Directeur general acompagné de quelques-uns des Recteurs députez dudit Bureau.

PRATIQUES
Pour les Recteurs du Bureau des Ecoles
.
XXXVI.

Pratiques
de pieté
.

ON exhortera ceux qui se disposent à être reçû dans le Bureau de faire auparavant une Retraite spirituelle, ou du moins une Neuvaine au saint Enfant, Jesus, pendant laquelle ils liront avec atention les Reglemens du Bureau des Ecoles, & s’instruiront de Monsieur le Directeur général, ou d’autres par lui désignez pour ce sujet, de ce qui concerne les moiens de se bien aquiter de cét emploi.

XXXVII.

Les Recteurs iront à Fourviere un jour de l’Octave de la Nativité de la Vierge, qui aura été désigné dans le precedent Bureau par le Directeur général, lequel y dira la Messe pour obtenir de Jesus-Christ pere des Pauvres, par l’intercession de sa sainte Mère, les graces nécessaires à chacun des Recteurs, pour s’aquiter avec zele & prudence de son emploi, renouvellant le propos de s’apliquer avec plus de perfection au bien & avancement des Ecoles. On ofrira dans cette Eglise quatre cierges pour être mis sur l’Autel pendant la celebration de la sainte Messe.

XXXIII.

Les Recteurs Eclesiastiques diront, s’ils peuvent, la sainte Messe à cette intention, & les Laïques sont exhortez de faire la communion à cette même fin : ensuite l’on se rendra dans une chambre voisine ou le Directeur général au nom de tout le Bureau prononcera à haute voix & à genoux la Formule du bon propos, devant ou aprés la lecture des Reglemens, sur lesquels, si le tems le permet, on pourra faire quelque reflexion.

Formule de Protestation que les Recteurs du Bureau des Ecoles des Pauvres doivent faire à leur reception, & lors que dans l’Octave de la Nativité de la sainte Vierge, ils vont en dévotion à N. Dame de Fourviere.
XXXIX.


JE N. N. prosterné aux piés du saint Enfant Jesus, en présence de sa tres-sainte mere, & de toute la Cour celestte, propose moiennant le secours du Ciel, de m’apliquer autant que je pourrai, au soutien, avancement, & perfection des Ecoles des Pauvres, sous la conduite du Directeur d’icelles, & suivant que la Compagnie ou Bureau le jugera nécessaire. J’ofre ce bon propos, & résolution à Jesus père des Pauvres, sous la protetion de la sainte Vierge leur bonne mère, & de toute la Cour celeste, afin qu’il lui plaise y donner sa Bénédiction. Ainsi soit-il.

XL.

Le Jeudi saint les Recteurs feront distribuez pour aller aux Ecoles laver les piés à douze Pauvres, aprés avoir diné à la Communauté de Saint Charles.

XLI.

Au decés des Recteurs, & des Dames de l’Assemblée des Ecoles des filles, chacun d’eux fera dire tout le plutôt qui se pourra trois Messes. Le Secretaire aura le soin d’en avertir les uns & les autres par des billets.

XLII.

Si quelqu’un des Rècteurs desiroit faire quelque proposition importante, Remarques
pour les
assemblées
du bureau.
qui ne regarda pas precisément les Ecoles, ou la subistance des pauvres Eclesiastiques, il en pourra communiquer auparavant à l’Assemblée avec Monsieur le Directeur general, lequel en fera ouverture au Bureau si le tems le permet, & qu’il le juge ainsi à propos.

XLIII.

Quand quelques Enfans se présenteront pour être reçû dans les Ecoles, il sera Remarques
sur la
reception
des Enfans.
expedient quelquefois de ne pas leur accorder si facilement leur reception, pour augmenter en eux le desir d’y être recû ; & pour ce sujet on pourroit leur dire, qu’on verra s’il y a place, qu’on craint qu’ils ne soient pas assez sages, qu’ils ne donnent mauvais exemple aux autres, & représentera aux parens des Enfans qu’on aprehende qu’ils ne contribuent pas assés aux soins de leur Education, ne les faisant prier Dieu, repeter le Catechisme, &c. On usera de cette maniere quand la prudence le dictera, & que cela ne detournera pas entierement les Enfans d’entrer dans les Ecoles ; lors que l’on verra les parens & les Enfans bien disposez on leur donnera un billet de Reception comme il est porté dans les Reglemens du Bureau.

XLVI.

Lors que ceux qui sont communément reputez pour Riches, veulent faire recevoir leurs enfans dans les Ecoles des pauvres, il est plus à propos que le Bureau contribuë secretement à leur instrution, en les envoiant chez quelque Maitre d’Ecole de la Ville, que de les admettre dans les Ecôles des Pauvres.

XLVII.

Avis pour
les Aumônes & Liv.

LE Directeur pourra faire quelque aumône aux Enfans, quand il les aura reconnu bien instruis, afin de les exciter à continuer, & même il sera bon de donner quelquefois aux Maitres des Ecoles quelque argent, pour distribuer aux parens des Enfans les plus pauvres, en joignant à cela quelque bonne instruction, & l’aumône spirituelle à la temporelle.

XLVIII.

Les Livres & Papiers qu’on trouvera à propos de donner aux enfans des Ecôles les plus nécessiteux, seront distribuez par celui qui en a le soin aux jours & heures convenuës sur les billets, qui seront baillez par les Recteurs préposez, ou le Maitre d’Ecole ; & quand les Enfans se présenteront pour avoir les susdites choses, on leur fera raporter celles qu’ils avoient eu, pour voir le bon ou mauvais usage, qu’ils en auront fait.

XLIX.

Visite de l’Ecôle.
DAns la Visite des Ecoles qui se fera par la deputation du Bureau, un des Officiers, ou le Recteur préposé à l’Ecole que l’on doit visiter, accompagnera celui que le Bureau pourra parfois deputer pour cette Visite ; à l’effet dequoi, il seroit bon que l’un & l’autte communiassent au paravant à l’intention de la Compagnie.

On observera dans cette visite des Ecôles, qui se peut faire chaque mois, ce qui suit :

1. Entrant à l’Ecole, ils diront à genoux le Veni sancte Spiritus, ou un Ave Maria.

2. Ils se feront apporter le Regître des Ecoliers pour connoître ceux qui sont assidus à l’Ecole, ceux qui s’en absentent, &c.

3. Ils examineront si les Ecoliers sont divisez pas classes, & bandes diffèrentes.

4. Quels sont les Officiers, & s’ils font leur devoir.

5. Ils choisiront quelques-uns des Ecoliers, sans attendre qu’ils soient présentez par le Maitre, lesquels ils feront lire, observans s’ils prononcent bien, & les interrogeront, & feront disputer du Catechisme, Civilité, Ortographe, & verront leurs Exemples.

6. Ils s’informeront du Maitre, & du Visiteur, quels sont les Ecoliers les plus exacts à repeter le Catechisme à leurs parens, & à faire la Priere dans leurs maisons, ils marqueront aussi ceux qui êtans suffisamment instruis doivent être congediez.

7. Ils recompenseront de quelque prix, ceux qui font le mieux, leurs faisant esperer une plus grande gratification du Bureau.

8. Ils feront aussi châtier, s’ils le trouvent à propos, quelqu’un des plus vicieux.

9. S’ils reconnoissoient quelque manquement dans le Maitre, ils ne le corrigeront pas en presence des Ecoliers, mais en feront une note pour en faire leur raport au Bureau.

10. Ils prendront garde si les Reglemens sont fidélement observez, c’est pourquoi il est important, que tous les Recteurs en soient bien instruis, & que chacun d’eux en salle souvent la lecture en son particulier.

11. Ils finiront le tout par une courte Priere ou Hymne de la sainte Vierge à genoux, dans l’Ecole avec tous les Ecoliers ; & si le Recteur deputé manque à faire cette visite, il est invité à donner quelque aumône pour y supleer.

L.

Visite
des
Parens
des
Ecoliers.

LEs Recteurs deputez pour la Visite generale des Parens des Ecoliers, y seront conduis par le Maitre ou les Visiteurs des Ecoles : Ils s’informeront avec prudence, si les Enfans sont sages, s’ils repetent chez eux le Catechisme, prenans de là occasiõ d’interroger les parens des Ecoliers des principaux Articles de la Foy, s’ils ont satisfait à leur devoir Pascal, s’ils font la Priere matin & soir, s’ils vivent en bonne union, & en cas de discorde ils prendront soin de les reconcilier, si les enfans de different sexe couchent ensemble, ou avec leurs peres & meres, afin d’y remedier autant qu’il se pourra ; s’ils sont pauvres, & de la qualité pour être admis aux Ecoles, & s’il y a quelque aumône à distribuer, on en fera part aux plus necessiteux, à cét effet on invitera ceux qui se trouveront au Bureau, à contribuer ausdites aumônes chacun selon sa devotion. Au reste ils pratiqueront selon les besoins spirituels ou temporels, ce que Dieu leur inspirera, commençans, & finissans cette Visite par la Priere.

LI.

Sortie
des
Enfans.

LOrs que les Ecoliers voudront quiter l’Ecole, le Maitre fera avertir leurs Parens de mener leurs enfans chez le Directeur aux jours & heures designez, pour prendre congé de lui, & pour recevoir les avis qu’il trouvera à propos de leur donner, qui seront d’éviter le vice, sur tout de fuir les mauvaises Compagnies, les Juremens, le Cabaret, le Jeu, l’Impureté, le Larcin ; & pour pratiquer la Pieté, de frequenter les Sacremẽs, les invitant même d’entrer dãs la Confrerie du saint Enfant Jesus, ou dans quelqu’autre Congregation, de faire la Priere soir & matin, celle de l’heure marquée dans le Catechisme, & quelque lecture d’un Livre spirituel dont il leur pourra faire present, ou de quelques Images, pour rapeller les idées des instructions qu’ils ont receu aux Ecoles, il fera note sur le Regître de leur congé, & il donnera les avis dressez pour les Valets à ceux, qui iront en service.

LII.

Quand on auroit reconnu dans le Bureau, ou dans les visites des Ecoles quelque Ecolier suffisamment instruit du Catechisme, ou de la lecture, & qui auroit disposition à s’avancer, l’on pourra procurer de lui faire aprendre quelque Profession, le mettre à Maitre, ou lui prêter quelque argent, pour lui faire une petite bale de Colporteur ou Mercerie. Les Recteurs considereront comme leurs enfans spirituels ceux qui aians bien fait dans les Ecoles, & pris congé, auroient été avancez, & mis à Maître de l’avis du Bureau.

CHAPITRE SECOND

CONCERNANT
LES MAITRES
ET LES ENFANS DES ECOLES
des Pauvres en general.
RÉGLEMENS.

§. I.
Devoirs
generaux
des
Maîtres.

LES MAITRES doivent être pieux, gens d’Oraison, frequenter souvent les Sacremens, étre modestes dans leur exterieur, sobres dans leur nourriture, prudens dans leur conduite, laborieux & énemis de l’oisiveté ; du jeu, & de tous autres divertissemens mondains, fuïans sur tout la frequentation & familiarité des femmes & filles, & de toutes les personnes qui ne passent pas pour vertueuses ; ils doivent de plus savoir la Métode d’enseigner à lire, écrire, chifrer, faire le Catechisme, &c.

Ils doivent, autant qu’ils pourront, faire une Retraite avant que d’entrer dans ce saint Emploi, & ensuite garder fidélement le Réglement, qu’ils se font prescrit dans cette retraite, sur tout ils doivent concevoir & toûjours conserver un grand zele pour le salut de leurs Ecoliers, avoir une charité égale pour tous, soufrir avec douceur, & sans impatience leurs imperfections, éviter toute aversion & inclination particuliere, ne leur disant jamais aucune injure, & ne leur parlant avec colere, chagrin, ni mépris, évitant même de les tutaier, ils s’abstiendront particulièrement de toute caresse sensuelle, & se conformeront au surplus pour leur conduite au contenu du Livre intitulé l’Ecole Paroissiale, dans les choses qui ne sont pas contraires aux présens Réglemens. §. II.
Du Choix
Recept.
& Sortie
des Maîtres.

Les maîtres demeureront & seront toûjours tirez de la Communauté de S. Charles, & s’il n’y en avoit pas, celui qui sera choisi y passera quelque tems, pour étre éprouvé & instruit de ses devoirs avant que d’en faire les fonctions.

Le choix des Maitres apartiendra au Directeur, qui aura été nommé & reconnu par le Bureau, lequel aura droit de veiller sur leur vie, mœurs, conduite & capacité, ausquels il donnera des lettres gratuitement, qui ne seront que pour une ou trois années, & ne pourront être continués que pour trois autres années seulement, sous quelque prerexte que ce soit, laquelle continuation ne se fera qu’apres avoir été résoluë en plein Bureau.

Lors que les Maitres voudront quiter l’emploi, ils prendront congé du Bureau, lequel autant qu’il le pourra, prendra Soin de leur établissement, à proportion de celui qu’ils auront eu pendant qu’ils auront été dans cet emploi.

Les Maitres sortans d’une Ecole revetiront l’Inventaire des meubles de leur Ecole, & en chargeront leur successeur, qu’ils feront signer audit Inventaire, desquels ils seront responsables.


§. III.
Quel.
Devoirs
particuliers
des
Maitres
env. les
Enfans
.
Les Maitres commenceront & finiront l’Ecole par la Priere, & feront pendant la classe les autres exercices de pieté designez tant dans la feuille dressée pour cét usage, que dans l’ordre de l’emploi du tems pour l’Ecole raporté au Chap. IV.

Si aprés que tous les Enfans ont dit leurs leçons il y avoit du tems de reste, on pourta l’emploier à faire faire des boutons, danteleş, bas, ou autre Travail manuel qu’il est bon de leur faire aprendre, ou bien on pourra emploier ce tems, à les faire disputer du Catechisme, Ortographe, & Chifre, leur faire chanter quelque Cantique spirituel, ou leur aprendre la Civilité, comme à saluer honnêtement, à bien faire un message, bien écrire une lettre, faire un paquet, servir la sainte Messe : Le Maitre pourra désigner quelques jours de la semaine pour faire successivement quelques-uns des susdis exercices, comme il sera dit au Chap. IV.

Les Maîtres ne prendront des Pensionnaires, ne feront des leçons ou repetitions en Ville, ne recevront aucun Ecolier d’une autre Classe sans la permission du Directeur, bien que le Maitre de l’Ecole dont il sortiroit y consentit ; ils ne pourront aussi congedier aucun de ceux qui auront été reçûs & enregîtrez pour quelque faute que se puisse être, sans la participation du Directeur ou du Receur préposé à leur Ecole.

Ils veilleront soigneusement à ce qu’aucun de leurs Ecoliers n’aient les Ecrouëlles, la Rache, ou autres maux qui se communiquent, & pour ce sujet ils les feront visiter avant qu’ils soient reçûs, s’il en est besoin, par celui qui sera désigné pour cela.

Ils ne recevront aucun présent, ni retribution des Ecoliers ou de leurs parens sans la participation du Directeur, ou du Recteur préposé.

§. IV.
Absence
des
Ecoliers
.

Quand un Enfant aura absenté sans cause pendant huit ou quinze jours, le Maitre en avertira le Directeur, ou le Recteur préposé à son Ecole, & ne le recevra sans un nouveau billet, & lorsque quelque Ecoliers, sera obligé de s’absenter, il fera en sorte que quelqu’un de ses parens lui en vienne demander la permission, ou que l’Ecolier en la Classe precedente, lui en expose en particulier les raisons, pour en être usé ainsi qu’il jugera à propos ; Que si le Maitre a sujet de douter de ce que lui dira l’Ecolier, il envoira les Visiteurs chez ses parens pour s’informer de la verité. §. V.
Remarques
sur les
necessitez
des
enfans.
Les enfans, sur tout des grandes Ecoles, prenans souvent pretexte de sortir pour aller à leurs necessitez, pour empêcher qu’ils n’en abusent, & que sous ce pretexte ils ne sortent ensemble & ne demeurent trop long-tems dehors, il y aura en chaque Ecole, dans un lieu exposé à la veüe, une petite Baguette en forme de Guidon, que celui qui aura cette permission prendra en sortant, & la remetera en entrant au même sent endroit où il l’avoit prise.

§. VI.
Quand
on
visite
l’Ecole.
Quand quelqu’un viendra visiter l’Ecole, le Maitre prendra garde que les Enfans ne perdent le tems, lequel il pourra pour lors emploier à les faire disputer du Catechisme, Ortographe, Civilité, &c. par raport au tems, & aux personnes qui font ces visites.

Pour éviter les friandises, il seroit bon de porter ceux qui feront ces visites de mettre leurs Aumônes dans le Tronc, plutôt que de les distribuer aux particuliers, à moins que ce ne fut aux plus sages & nécessiteux, & en ce cas il sera expedient que le Maitre envoie par fois les Visiteurs chez les Parens, pour s’informer si l’argent leur a été remis.

§. VII.
Sortie
des
Enfans
de l’Ecole.
Lors que quelqu’un demandera au Maitre un Esolier pour être Aprentis ou pour servir de Valet, il le renvoiera au Bureau, si l’on peut attendre, sinon au Directeur, auquel de tems en tems le Maitre présentera une liste des noms des Enfans qui en seront jugés les plus propres, & qui seront les mieux instruis du Catechisme.

Ceux qui prendront desdits Ecoliers, seront exhortez de les envoier tant que faire se pourra au Catechisme, les Samedis, & veilles de bonnes Fêtes, de leur faire faire la Priere du soir & du matin, & celle qu’on a coutume de faire dans l’Ecole, lorsque l’heure sonne, & de se conformer aux conseils qu’on leur donnera en particulier.

Quand les Parens voudront retirer leurs Enfans de l’Ecôle, ils prendront Congé du Bureau, ou du moins du Directeur, aux heures & jours designez, comme aux articles des Pratiques pour les Recteurs du Bureau.

Afin de mieux cultiver les graces que ces enfans qui sortent des Ecoles ont reçûs pendant qu’ils y ont été, on se servira des Moiens suivans :

1. Le Maitre pourra faire present à ses Ecoliers de quelques images, heures, ou chapelets, qui puissent rapeller en leur memoire les instructions qui leur ont été faites en l’Ecole.

2. Le Maitre ira quelque fois chez ceux, où les Ecoliers auront été placez, afin de les encourager à bien faire, quelquefois même il envoira des Visiteurs, suivant que le Recteur préposé à son Ecole le jugera plus à propos pour l’utilité de l’Ecolier.

3. Il les invitera aussi à se rendre assidus aux Catechismes qui se feront dans les Ecoles.

4. Aprés leur premiere communion, il les portera à se faire inscrire à la Confrerie du saint Enfant Jesus, établie pour les Enfans des Ecoles, & il leur fera promettre de reciter la Priere, qui sera désignée ci-aprés. Ainsi que le tout a été dit ci-devant.

§. VIII.
Devoirs
des
Maîtres
envers le
Bureau

Le Maitre aura une déferance particuliere pour chacun de ceux, qui composent le Bureau des Ecoles, & specialement pour le Directeur & le Recteur préposé à son Ecole, qui le doivent aider & assister dans ses besoins.

Les jours que se tiendra le Bureau avant les Visites, le Maitre aportera, s’il est besoin un Catalogue, ou Memoire.

1. Des Ecoliers qui auront étés plus sages & qui auront plus profitez depuis le precedent Bureau, des plus pauvres.

2. De ceux qui auront absentez frequemment sans permission, & sur tout aux jours de Catechisme.

3. De ceux qui ayant étés suffisamment instruis peuvent être congediez.

4. De ceux qui ayans fait quelque faute notable meritent d’étre corrigez en plein Bureau.

5. Il remettra au Secretaire son Regître des noms, surnoms, âge, profession des nouveaux reçûs depuis le dernier Bureau.

6. Et enfin le Maitre remettra les aumônes qu’il aura reçû.

§. IX.
Du
Catechisme.
Les Samedis & veilles de Fêtes le Maitre fera le Catechisme pour les grands sur les matieres, que le Prefet de la Communauté aura designé, & le Mecredy pour les petis sur les Prieres, & les premiers principes de nôtre Foy contenus dans la premiere partie du Catechisme ; il se servira pour cét éfet de celui, que le Directeur a fait imprimer pour les diferentes Classes des Ecoles de ce Diocese, & suivant la Métode prescrite dans le Livre de l’Ecole Paroissiale, 2. Partie, du Livre intitulé Méthode familiere pour faire le Catechisme, & sur tout du Tresor Clerical Partie 5. chap. 5. que le Maitre doit lire soigneusement, ainsi que tout ce qui est marqué pour les Ecoles, qu’il doit parfaitement savoir.

Lors qu’on fera ces Catechismes en l’Eglise ou autres lieux spatieux, on en avertia les autres Maitres des Ecoles voisines, afin que ceux qui voudroient y assister, le puissent commodément, & pour les y inviter davantage, le Bureau fournira les Images necessaires.

Le Samedi le Maitre pourra observer, 1. de faire ranger les Enfans par raport à la Classe du Catechisme, qu’ils savent, s’ils ne l’étoient déja. 2. Il leur fera marquer au Psautier les Psaumes qui se doivent chanter le lendemain à l’Office, mettant les signets où il faut, s’ils en sont capables. 3. Il nommera quelques Ecoliers, pour repeter toutes les demandes, qu’ils auront apris pendant la semaine, les faisant disputer les uns contre les autres, & il baillera quelquefois des images ou délivrances à ceux qui auront le mieux satisfait.

Le Maitre pourra encore faire aprendre par memoire chaque jour aux enfans qui savent lire, une des demandes & réponses de leur Catechisme, dont les Decurions feront la repetition, ainsi qu’il est marqué au Chapitre quatriéme.

Dans les Catechismes ordinaires, il insinuera beaucoup aux Enfans une grande horreur de la faineantise, mensonge, débauche, larcin, &c impureté, les exhortant particulierement à l’amour de Dieu, & du Prochain, à l’obeïssance à leurs Parens, fidelité à leurs Maitres, & aplication au travail, & sur tout il leur inculquera beaucoup cette Maxime, de « ne faire à autrui ce qu’ils ne voudroient raisonnablement leur étre fait à eux-mêmes, & de faire aux autres ce qu’ils voudroient qui leur fut fait. » La fin qu’on a eu dans l’établissement de ces Ecoles a été (en instruisant ces pauvres Enfans des principes de la Religion) d’en faire de bons Artisans, Valets, &c.

Le soin que le Maitre doit prendre de leur enseigner à lire & à écrire, n’est que comme un moien pour parvenir plus facilement à la fin principale, qu’on s’est proposé, qui est de conserver en eux l’Innocence du saint Batême, & de former de bons Ouvriers.

Il recommandera aux Enfans de repeter le Catechisme à leurs Parens en leur maison, de faire la Priere le soir & le matin, principalement celle de l’Heure d’étudier & s’apliquer au travail, dont les Visiteurs s’informeront en leurs Visites.

Pour mieux connoître si les Enfans satisfont à cesse repetition du Catechisme, les peres, & meres des enfans des Ecôles pourront être convoqués à certains jours de Fêtes, tels que seroit S. Louïs, &c. pour se rendre à heure & lieu designé. Le Directeur, ou tel autre qui sera par lui préposé, interrogera les enfans des Ecôles, puis leurs peres & meres, & l’on distribuera quelque aumône à ceux qui auront le mieux satisfait.

§. X. Confession
des enfans.
Le Maitre fera Confesser cinq ou six fois l’année les Enfans qui sont au dessus de dix ans, & pour ceux qui sont au dessous il suffira que ce soit à Pâques & à Noël, ou bien le premier Dimanche de l’Avent.

À l’égard des Enfans qui sont au dessus de l’âge de dix ans, le Maitre prendra, s’il se peut, pour les confessions quelques jours avant les bonnes Fêtes, & afin de leur donner plus d’estime de ce Sacrement, il les exhortera d’écrire au commencement, s’ils le savent, leur Confession, quelques jours auparavant.

Depuis le Dimanche de la Septuagesime jusques à Quasimodo ou Pentecôte, les Maitres des grandes Ecoles pourront recevoir au Catechisme les Pauvres externes, qui seroient en age de faire leur premiere Communion, à moins qu’on ne le fit dans une Chapelle, comme il a été dit, sans que pour cela le Maitre puisse aucunement cesser de faire dire la leçon à ses Ecoliers comme à l’acoûtumé ; & à l’égard de ces externes le Maitre les fera placer dans un banc séparé des autres, leur recommandant soigneusement le silence, la modestie, & s’il reconnoissoit qu’ils portassent préjudice aux Ecoliers, aprés les avoir admonestés charitablement, il les congediera s’ils ne s’amendoient ; que si pour lors le Maître se trouvoit surchargé d’Ecoliers, il en pourra envoier de ceux qui ont déja fait leur premiere Communion, & qui sont des mieux instruis, avec la participation du Directeur.

Pour la premiere Communion, & la renovation des promesses faites au Batême, qui se font les Fêtes de Pentecôte, le Maitre observera le Ceremonial pour ce dressé au Chap. 3.

§. XI. Pratiq. de Pieté. Les Maitres des grandes Ecoles pourront dresser quelques Ecoliers à bien servir la Messe, à faire l’Acolite dans les Processiõs, à porter de l’eau-benite les maisons, des torches aux enterremens & aux Confreries des gens de métier, afin qu’exerçant des actes de pieté ils puissent gagner par ce moien quelque chose pour leur subsistance.

Les Maîtres envoieront de tems en tems quelques Ecoliers à Messieurs les Curez de leur Paroisse, pour leur offrir leurs services, comme pour balayer l’Eglise aux jours qu’ils ordonneront, à quoi le Maitre les pourra instruire, ainsi qu’a la modestie & au silence, qu’ils doivent garder en cette ocasion. Au commencement de chaque année le Maitre avec quelques-uns des plus sages Ecoliers ira demander la benediction de Monsieur le Curé pour toute l’Ecole.

Le Maitre pourra faire assister quelques fois ses Ecoliers aux Processions des Paroisses, & les conduira entre la Banniere & la Croix, avec l’agrément de Messieurs les Curez.

Avant la sortie de l’Ecole le Maître pourra proposer aprés la Priere quelque Maxime de pieté, qui servira de Bouquet spirituel aux Enfans, qui l’ayant repeté tout haut une ou deux fois, la rediront aussi à leurs Parens avec la demande du Catechisme.

Il les conduira à la Messe deux à deux en l’Eglise la plus commode & la plus prochaine, tous les jours, même de Dimanche & de Fêtes, exceptés les jours de Noël, Circoncision, Epiphanie, Pâques, Pentecôte, Fête-Dieu, Assomption, Toussaints, le jour du Patron de la Paroisse, ausquels jours il recommandera aux enfans d’aller avec leurs Parens à la Paroisse, à laquelle les peres & meres doivent aller autant qu’il se pourra les Dimanches & les Fêtes.

§. II. Correction des Enfans. Quand un Enfant aura fait quelques bonnes ou mauvaises actions, le Maitre les marquera d’un bon ou mauvais Point dans un petit Regître, qu’il tiendra pour cét éfet, & aprés un certain nombre de Points, il châtiera ou recompensera à certain jour du mois, ceux qui l’auront merité.

Lorsque le Soûmaitre en l’absence du Maitre fera l’Ecole, il ne corrigera les Enfans, les foüetant ou batant, mais il se contentera de marquer un Point dans son petit Regître, lequel au jour designé il fera voir au Maitre, qui châtiera comme il avisera ceux qui le meriteront : pourront lesdits Soumaîtres punir les Enfans en leur faisant perdre leurs places, les faisant tenir à genoux, ou dire quelques prieres, & même donner quelques ferules avec la permission du Maitre de l’Ecole.

Pour la Correction des Enfans, le Maitre observera en general ce qui est dit dans l’Ecole Paroissiale chap.7.5.6. &c. sufisant ici de marquer en particulier, qu’il doit éviter autant qu’il se peut d’user de châtimens, au contraire il doit tâcher de rendre les recompenses plus frequentes que les peines, les paresseux étans plus incitez par le desir d’étre recompensez comme les diligens, que par la crainte des châtimens, c’est pourquoi il sera d’un tres-grand fruit, lors que le Maitre sera contraint d’user de Châtiment, de gaigner s’il peut le cœur de l’Enfant avant que de le lui faire recevoir, en lui représentant la grandeur de sa faute, la peine qu’elle merite, l’avantage qu’il a de faire penitence plutôt en ce monde qu’en l’autre, & choses semblables : il ne châtiera ainsi s’il se peut aucun Enfant qu’il ne l’ait disposé à recevoir le châtiment, ce que le Maitre pourra connoître quand l’Enfant recevra de bon cœur la punition sans ressentiment ou grande resistance ; la seule experience peut faire voir le fruit merveilleux de cette pratique. Il sera bon aussi de porter les Enfans de se présenter quelquefois à faire penitence les uns pour les autres, sur tout pour ceux qui se rendent rebelles à recevoir la punition de quelque faute ; le Maitre observera de plus en châtiant les Enfans, qu’ils ne paroissent à découvert, en sorte que la pudeur en soit tant soit peu blessée, ce qu’il doit soigneusement éviter.

Quoique le Maitre ne soit tenu en aucune maniere de rendre compte aux Parens, des châtimens qu’il aura fait à leurs Enfans, mais seulement au Directeur, ou Recteur préposé à son Ecole, ou au Bureau s’il l’exigeoit, il tâchera neanmoins dans un esprit de charité, de renvoier les Parens contens, s’il se peut.

§. XIII.
Vacances.
Le Maitre pourra bailler Vacances une apresdinée dans chaque semaine, depuis la saint Charles jusques à la Pentecôte, & depuis la Pentecôte jusques aux Vendanges une journée entiere, qui sera communément pour les garçons le Jeudy, & pour les filles le Mècredy, à moins qu’il ne se rencontrât dans la semaine une Fête qui laissât quatre jours de Ferie consécutifs, auquel cas le Maitre pourra bailler en la susdite semaine une apresdinée, & pour lors, ainsi que les jours de congé, qui sont depuis la S. Charles jusques à la Pentecôte, la Classe finira le matin, demi-heure plutôt qu’à l’ordinaire.

Le Mècredy des Cendres il baillera Vacances tout le jour au lieu du Lundi & Mardi-gras, qu’il fera entrer les Enfans à l’École de bonne heure, sur tout l’apresdînée, & les tiendra le plus long-tems qu’il pourra pendant ces trois jours, afin de leur oter par ce moien toute ocafion de dissipation & de débauche, l’on fera pendant ce tems les exercices désignez cy-aprés au Chap. V. Quant à ce qui regarde les autres jours ausquels on discontinuë les exercices ordinaires des Ecoles, comme sont les jours de S. Charles, sainte Catherine, S. Nicolas, &c. L’on pourra voir le Chapitre V.

Outre ces jours de Vacances, le Maitre pourra prendre de relâche deux ou trois semaines pendant les Vendanges, suivant ce qui aura été determiné par le Directeur & Officiers du Bureau ; & afin que pendant ces Feries les Ecoliers ne se dissipent, & ne perdent leur tems, le Maitre pourra substituer quelqu’un à sa place, de l’avis toutesfois du Directeur.

Hors le susdit tems le Maitre ne pourra prendre ou bailler aucune Vacance, sans la permission du Directeur, qui ne l’accordera facilement, excepté parfois quelques apresînées ou matinées sur la semaine depuis Noël jusques à la S. Jean.

Aux jours de congez le Maitre leur recommandera de fuir les mauvaises compagnies, de s’apliquer au travail, ou bien il les pourra conduire ou faire conduire par quelcun de ses Confreres de la Communauté de S. Charles, à la promenade hors la Ville, auquel cas il leur pourroit bailler à Goûter, en la maniere & suivant l’avis du Directeur, ou du Recteur préposé à son Ecole.

Les Maitres seront exacts de commencer, & finir l’Ecole à l’heure designée, & tant en allant qu’en retournant, ils seront fidéles à ne s’arrêter, ni parler sans necessité, & lors qu’ils y auroient manquez, il seroit bon d’en avertir le Prefet de la Communauté.

Le Maitre ne s’absentera jamais de son Ecole, ni ne la fera faire par d’autres, sans la permission du Directeur, il n’entreprendra non plus rien de public, outre ces Reglemens, sans sa participation.

§. XIV.
Moyens
de se biẽ
áquiter de
ces devoirs.
Pour se bien aquiter de tous ces devoirs, le Maitre aura soin d’adorer souvent Jesus evangelizant les pauvres ignorans, se donnant frequemment à lui, afin qu’il lui inspire une haute estime de la sainteté de cét Emploi, qu’il lui fasse part de son Esprit, & lui donne les graces necessaires tant pour lui que pour ses Ecoliers.

Il tâchera avant que d’entrer dans cet Emploi de faire un peu de retraite spirituelle comme il a été dit, s’il se peut, & chaque jour de s’apliquer à l’Oraison, où il doit puiser les graces necessaires dans les dégoûts, que la nature inspire souvent en cét Emploi.

Il aura une grande devotion à Jesus Pere des Pauvres, à la sainte Vierge, aux sains Anges Gardiens des Enfans, aux sains Apôtres, à S. Gregoire, S. Charles, S. Jerôme, & autres Saints qui se sont apliquez à ce saint Exercice, dont il fera dire de tems en tems les Litanies dressées pour cét éfet.

Il conferera souvent avec son Directeur touchant ce qui regarde son avancement spirituel, & une fois le mois s’il se peut avec le Directeur des Ecoles, lui rendant compte au jour qu’il lui designera, de ce qui s’est passé dans son Ecole.

Les dimanches qui precedent quelques solemnités ou exercices particuliers des Ecoles, tels que sont la dispute du Carnaval, la premiere Communion, &c. les Maitres d’Ecole tiendront une Assemblée à deux heures, en laquelle le Directeur, les Officiers & Recteurs préposez en chaque Ecole pourront assister. En ces Assemblées on lira les Resolutions de la precedente, ensuite le Directeur demandera à chacun les besoins de son Ecole, & ce qui y seroit à faire pour le mieux.

Lorsque dans ces petites Assemblées des Maitres il se fera quelque Proposition importante, ou qu’il y auroit quelque resolution extraordinaire, le Recteur en fera son raport au Bureau suivant.

Chaque Maitre sera soigneux d’observer les Reglemens de la petite Communauté de S. Charles, où il doit demeurer pour s’y maintenir de plus en plus en la perfection de son état.

Enfin les Maitres seront tres exacts d’observer les presens Réglemens ; & afin de s’y rendre plus fideles, ils les liront souvent, y faisans de serieuses reflexions, & il seroit bon par fois, qu’ils demandassent, ou qu’ils s’imposassent d’eux-mêmes Penitence, quand ils y auroient contrevenus.



CHAPITRE TROISIÉME.

Méthode d’enseigner la Lecture du Latin, & du
François, l’Ecriture, l’Arithmetiq ; & l’Ortographe.
ENSEMBLE
Des Officiers & Meubles des Ecoles.

§. I.
Divisiõ
de l’Ecole
en Classes.

AFin d’enseigner avec une Methode facile à lire aux Enfans, le Maitre divisera son Ecole en des Classes diferentes, par raport à la capacité des Ecoliers, dont les uns sont aux Lettres, les autres aux Silabes, ou aux Mots, ou aux Phrases, &c.

Ainsi il Rangera

Dans la I. Ceux qui aprenent à connoître les Lettres, que l’on peut montrer dans une grande Table, ou dans un petit Alphabet.

Dans la II. Ceux qui aprenent à Epeler, c’est-à-dire, à joindre les lettres pour en faire de Silabes.

Dans la III. Ceux qui aprennent à joindre des Silabes pour en faire des Mots.

Dans la IV. Ceux qui lisent le Latin par Phrases, ou de ponctuation en ponctuation.

Dans la V. Ceux qui commencent à lire le François.

Dans la VI. Les plus capables dans la Lecture.

Dans la VII. Ceux qui lisent les Manuscrits.

Dans la VIII. Ceux qui Ecrivent. §. II.
Divisiõ
des
Classes
en
Bandes.
Quand l’Ecole est nombreuse, on peut soûdiviser chacune de ces Classes en diverses Bandes savoir, la Premiere Classe en 4. Bandes.

La Premiere Bande, sera de ceux qui commencent à aprendre le nouvel Alphabet disposé par des Lettres simples, comme c, e, o, g, &c.

Bandes
des Let.
La 2me, de ceux qui aprennent les Lettres qu’on apele Mélées, comme a, b, c, d, e, &c.

La 3me, de ceux qui aprennent les Lettres abregées, comme, ã‚ ẽ‚ ĩ ‚ õ, ũ.

La 4me, de ceux qui lisent les Lettres doubles, comme &, ff, ∬, ſt, st, ſt, ct, &c.

Silab. La deuxiéme Classe, se soûdivise en 3. Bandes.
La 1. de ceux qui comptent chaque Lettre tout haut avant que d’épeler la Silabe, comme D, o, do, m, i, mi : n, e, ne : &c.
La 2. De ceux qui épelent sans compter, comme do, mi, ne :
La 3. De ceux qui épelent les silabes les plus dificiles de 3, 4, 5, & 6. lettres, connue est, bant, brant, spinx.

Mots. La troisième Classe, se soûdivise en deux Bandes, savoir,
La 1. De ceux qui sont aux mots faciles de deux ou trois silabes en gros caractêre.
La 2. De ceux qui lisent les mots dificiles de 4, 5, 6, & 7 silabes en petit caractere.

Phrases
Latin.
La quatriéme Classe, se soûdivise en deux Bandes, savoir,
La 1. De ceux qui lisent le Latin simple, & facile, comme sont les Psaumes imprimez chez Olier à Lion.
La 2. Le Latin moins facile, de menu caractêre, avec des abreviations, comme les Hymnes & Capitules, qui sont à la fin du Psautier.

Phrases
Franc.
La cinquieme Classe, se soûdivise en deux Bandes, savoir,
La 1. De ceux qui lisent le François par mots.
La 2. Par Phrases.

La sixiéme Classe, se soûdivise en deux Bandes,
La 1. Ceux qui lisent le François moins facile.
La 2. Ceux qui lisent la Civilité imprimée en caractêre de Manuscrits.

La septiéme Classe, se soûdivise en deux Bandes,
La 1. Ceux qui lisent par Remarques, des Ponctuations, Accens, &c.
La 2. Ceux qui lisent les Manuscrits.

Ecriture. Dans la huitiéme Classe, qui est des Écrivains, le Maitre la peut diviser en cinq Bandes,
La I. sera de ceux qui commencent à former les Lettres. La 2. de ceux qui sont aux silabes. La 3. aux mots. La 4. à la ligne. La 5. aux deux & trois lignes, & de ceux qui copient.

§. III
Remarques
generales
sur la
Lecture.
Le Maitre ayant ainsi divisé son Ecole, Observera ce qui suit :
1. Que les Enfans d’une même Bande doivent étre de la même capacité, rangés chacun dans sa place.
2. Avoir le même Livre, de la même impression, & la même leçon.
3. Chacun doit regarder & tenir le doigt ou la touche sur le mot que l’on lit.
4. Le chef de chaque Bande doit étre pris de la Bande superieure, pour étre capable de reprendre ceux qui manqueroient.
5. On ne doit faire passer aucun Enfant d’une Bande inferieure à une superieure, qu’il n’en soit bien capable.
6. Prendre garde qu’ils prononcent bien les finales des mots Latins, corrigeans les mauvais accens, & prononciations.
7. Qu’ils ne soient mis en la lecture du François sans étre bien versé en celle du Latin.
8. Qu’ils fassent un peu de pose aux Virgules, plus aux deux Points, &c encore plus aux Points.
9. Qu’ils gardent la Quantité, les Accens, &c.
10. Qu’ils ne lisent ce qu’ils savent par cœur, comme le Pater.

§.IV. Maniere de faire lire. Les Choses ainsi disposées, le Maitre, ou Soumaitre en sa place, aiant le Livre que les Enfans lisent à la main, se tenant derriere eux, donnera un petit coup de Cloche, ou touchera avec une Baguette l’un des Ecoliers qui doit être ordinairement le premier de la Bande, lequel doit lire jusques à ce qu’il donne un second coup de Cloche, ou qu’il touche le suivant, qui doit poursuivre la Lecture : il interrompra quelquefois cét ordre pour surprendre ceux qui seroient abstrais. Au cas que l’Ecolier manque, le Maitre ne le reprend pas d’abord, mais lui donne un tems pour se reprendre, & s’il ne se reprenoit, comme il faut, il en designera quelqu’autre jusques à ce qu’il en ait trouvé un qui le sache, le chef de Bande faisant toujours signe avec la Clochette, que l’on n’a pas bien dit : Que si aucun des Ecoliers ne savoit la Lettre ou le Mot, le Chef le dira, & au cas qu’il manquât lui-même, le Maitre le reprend le dernier, faisant repeter plusieurs fois aux Enfans ce qu’ils n’ont sçû dire, aprés la leçon dite, le Maitre pourra faire disputer un des derniers de la Bande contre un des premiers, pour gagner s’il peut la place : le Maitre ou chef de Bande marquant les fautes, &c. ce qui leur donnera beaucoup d’emulation. Le Maitre donnera de tems à autre, quelques recompenses aux premiers de la Bande, & marquera un mauvais Point aux derniers, il pourra aussi par fois faire dire toute la Leçon à un des Ecoliers, &c.

§.V. Remarques pour chaque classe en particulier. Pour ceux qui sont à la premiere, & seconde Classe, on peut se servir des grandes Tables, ou Cartes, ou du premier, & second livre du premier Alphabet, dont on peut coler les feuilles sur un petit ais propre à tenir à la main, ou à étre ataché contre le mur ; on peut aussi se servir des Carrés en forme de dez, où seront imprimées les lettres ou les silabes, dont il fera joüer les Enfans, leur donnant un Ecolier plus capable pour arbitre de leur differend, qui leur fera jetter le Carré l’un apres l’autre, & leur dira la lettre s’ils ne la savoient deviner ; celui qui devinera le mieux gagnera un bon Point, ou quelque chose qui aura été designé.

Le Maitre rangera les Enfans autour de la Carte, & ne donnera que tres-peu de lettres à aprendre à ceux qui commencent, & les leur fera dire bien haut, leur montrant comme il faut ouvrir la bouche : il indiquera les Lettres sur les Cartes avec la grande Baguette, touchant comme il a été dit avec la petite celui qui la doit dire : il prendra garde que tous les Enfans aient la vuë dessus ces Lettres, qu’il fera ensuite voir dans leur petit Alphabet.

Pour la deuxiéme Classe, la première Bande doit Compter & dire tout haut chaque Lettre, par exemple en épelant ce mot de Domine, il faut dire comme s’ensuit D, o ; do : m, i ; mi : n, e ; ne.

Ceux qui sont à la 2de Bande épelent, & disent la silabe sans compter ni apeler séparément chaque lettre, comme, Do, mi, ne.

On doit laisser long-tems les Enfans dans cette Pratique, avant que de leur faire dire les Mots tous entiers, ce qui s’observera comme il suit : En lisant par exemple, in nomine Patris, le premier de la Bande dira, in, le second, no, le 3. mi, le 4. ne, le 5. pa, le 6. tris, & comme ceux qui commencent à lire dans les livres ont peine à suivre la lecture qui se fait de cette sorte, le Maitre désignera un Ecolier des mieux stilez pour leur faire tenir les yeux & la touche sur ce qui se lit, & les faire lire à leur rang.

A l’égard de la Troisiéme & Quatriéme Classe, où sont ceux qui lisent le Latin, le Maitre observera : 1. Que les Enfans lisent correctement, & qu’ils prononcent bien la valeur de chaque Lettre, comme dans (Sanctificetur) il prendra garde qu’ils prononcent bien le C, du milieu du mot, & l’r finale, disans ur, & non pas eur, &c.

2. La liaison qui se fait d’une consonne qui finit un mot avec la voïelle, qui commence le suivant, comme dans ces deux mots, es in il faut lier l’s avec l’i, suivant.

3. La diferente prononcitation de certaines finales, comme an, am, en‚ em, un, um, on, oin, ur, eur, hac, ac, qui, cui ; &c.

Pour ceux de la Cinquiéme Classe, qui lisent le François, il observera :

1. De leur donner peu de leçon au commencement.

2. De leur faire remarquer la diferente prononcitation ou valeur des lettres, & silabes du Latin, & du François, comme um en François se doit prononcer clairement, comme un, u, & un, m. exemple, humble, & um en Latin presque comme, om exemple, templum, lisés plom en fermant un peu la bouche, & les Levres : Qui, en François se doit prononcer comme KI, au contraire en Latin on fait sonner doucement l’u, au milieu du q, & de l’i. Il y a plusieurs lettres muëtes dans le François, comme l’nt à la troisiéme personne du Pluriel, comme dans ces mots suivans ils alloient, & disoient : prononcez ils aloi, & disoi, l’s est muëtte aux pluriels des noms substantifs, & des adjectifs, comme les hommes sages, lisez les homme sage, &c. Voyez l’art. de l’Ortographe, & les autheurs qui en traitent.

3. Il fera lire au commencement par Mots, chaque Ecolier de la Bande, par exemple, le premier disant (pensée) le 2. (Chrétienne) le 3.(pour) le 4. (tous) le 5. (les) le 6. (jours) &c. ou bien le Maitre dira un mot, & l’Ecolier l’autre ; comme le Maitre, Pensées, l’Ecolier, Chrêtiennes, &c.

Pour ceux de la sixiéme & septiéme Classe, qui lisent le François plus difficile, la Civilité, & les Manuscris, on Observera :

1. Que les Ecoliers lisent correctement selon les remarques generales cy-devant, & qui sont plus amplement specifiées dans l’article de l’Ortographe ci-aprés.

2. On leur fera aprendre par cœur la valeur des Accens, des Points, & tout ce qui regarde l’Ortographe pour les faire lire ensuite par Remarques, comme on verra cy-aprés.

3. Lorsque les Ecoliers font capables dans la lecture du François, on leur fait lire au commencement la Civilité, ensuite quelques lettres de main faciles, comme les copies d’Ortographes des Ecoliers, puis des Contracts plus ou moins difficiles, par raport à leur capacité, designant par chifre les Leçons d’un chacun.

4. Pour faciliter la lecture des Manuscrits, on pourra faire un Alphabet des diferentes lettres de main sur une Table noire, & une autre Table des silabes, pour leur faire voir la liaison des lettres, des unes avec les autres, ainsi que des autres difficultez.

DE L’ÉCRITURE.

A l’égard de ceux qui Ecrivent, on Observera :

1. Que l’on ne peut pas déterminer l’age, auquel on doit commencer à faire écrire un Enfant, parce que cela dépend de ses dispositions, & qu’on peut quelquefois lui aprendre à écrire, quoiqu’il ne sçeut pas bien lire, sur tout quand il est agé, ou qu’il a de l’inclination.

2. Pour ceux qui commencent à écrire, le Maitre prendra garde à la posture, & situation de leur corps, à leur faire bien tenir la plume, & à bien faire le mouvement, leur faisant voir l’image où est dessinée la façon de la tenir : Qu’ils tiennent leurs Exemples drois dans une juste distance, &c.

3. Il fera observer aux Enfans, le Plain, Tranchant, & Demi-rond des lettres, les Proportions, & la distance de chacune, la Liaison des unes avec les autres ; savoir celles qui se lient de pié en tête, de pié à moitié corps, & de tête en tête, qui sont les principes dans lesquels consiste l’art de bien écrire : Pour mieux enseigner ces choses, il pourra se servir de deux Tables, dans l’une desquelles il marquera (dans une espece de Compartiment) la hauteur, largeur, distance, le plain, & tranchant des lettres ; & l’autre noire servira à l’Enfant, pour s’étudier à imiter ce que le Maitre aura mis dans la premiere.

4. Il conduira, ou fera conduire la main aux Ecrivains qui commencent, reglera les papiers, & quand ils seront plus avancés, il reglera seulement la premiere ligne, prenant garde qu’ils écrivent net & droit.

5. Pendant que les Ecoliers écriront, il prendra garde, que nul n’écrive sans regarder son Exemple, & sans s’étudier à l’imiter.

6. Les nouveaux seront exercés à bien former l’I, & l’O, en gros caractêre. On ne les mettra point aux Silabes, qu’ils ne sachent bien former les Léttres, non plas qu’aux Mots, qu’ils ne sachent bien les liaisons des Lettres les unes avec les autres, & quand ils seront à la ligne, il leur fera remarquer la distance des mots, &c.

7. Pour ceux qui sont plus avancés on les exercera à faire des lettres Majuscules, ou trais sur un Carton noir, dont les Exemples peuvent étre couverts.

8. Les plus capables seront exercés à copier quelques Livres ou Lettres bien correctes, pour aprendre l’Ortographe, les Accens, les Capitales, & de plus, à tailler la plume, &c.

9. Pour la Correction des Exemples, le Maitre observera ce qui suit :

1. Que les Ecrivains ne fassent aucune marge, mais qu’ils laissent au bas de leurs Exemples, l’espace de deux lignes en blanc.
2. Il tirera un trait sur quelques-unes des Lettres ou Mots que l’Enfant aura le plus mal fait, lesquels il formera au bas de la page, faisant observer à l’Écolier le défaût de son Ecriture.
3. L’Ecolier repassera avec la plume sur les lettres que le Maitre aura corrigé.
4. Il prendra garde dans l’exemple suivant si l’Ecolier a profité de la precedente correction.

10. Pour exciter de l’émulation entre les Enfans, le Maitre leur fera faire des Themes ou Copies, s’il se peut un jour chaque semaine, ou du moins chaque mois, dont il donnera les places, desquelles ils pourront disputer quelquefois sur semaine.

11. Le Maître aura soin que les enfans ne salissent leurs papiers ni le gatent mal à propos, à cet éfet il fera couvrir & coudre les exemples aux deux extremités, il les rompra proprement à mesure, qu’il faudra tourner le feuillet ; le Bureau fournira quelquefois aux plus sages, & aus plus pauvres, le papier & les plumes dont ils auront besoin pour écrire, les Soumaitres auront soin de distribuer, de retirer, & de ranger les caiers, plumes, ancre, & écritoires, comme il sera dit ci-aprés.

12. Lorsque les Enfans commencent à écrire, le Maitre pourra, se servir, s’il veut, des Exemples imprimés ou écris à la main, y en aiant deux dans une même feuille séparés, afin que ces Exemples étant mis au milieu de la Table sur une corde élevée, les Ecoliers les puissent voir commodément de part & d’autre pour les écrire, & imiter sur leurs papiers.

13. Enfin pour la perfection de l’Ecriture le Maitre se servira des Exemples gravés des meilleurs Ecrivains de ce tems, comme sont Dalez Senant, &c. pour en donner par ce moyen les principes à ses Ecoliers.

DE L’ORTOGRAPHE

Le Maitre gardera un milieu entre l’ancienne Ortographe, & celle de quelques Modernes, qui défigurent la Langue. Il ôtera les lettres, qui ne se prononcent point, & qui ne rendent pas les mots méconnoissables, comme le p dans Bapteme, & Ptisane, l’ſ qui se trouve aprés un é clair, au lieu de laquelle on met un accent au dessus de l’é, comme dédain, détruire. &c. on suprime de même l’ſ qui fait la silabe longue, à la place de laquelle on met un accent circonflexe comme Apôtre, jeûne, il faut excepter certains mots qui sont si nus, quand on en a oté quelque lettre, qu’on ne les reconnoit plus ; on retranche aussi les lettres doubles, & inutiles, comme l’f dans afaire au lieu d’affaire, l’on change presque toûjours l’y en i simple.

Le Maître fera aprendre aux Ecoliers les regles generales de l’Ortographe, par exemple qu’il y a 24 lettres dans l’Alphabet, y comprenant K & &, cinq desquelles sont voïelles, séze consonnes Latines, & trois lettres Grecques K, Y, Z : des voïelles il y en a deux qui sont quelquefois, consonnes, savoir quand elles commencent les mots & les silabes, & pour lors elles s’écrivent diferemment uU voïele, vV, consonne ; iI voïele, & jJ consonne.

De la lecture
par Remarq.

Il fera remarquer ce qu’il y a de particulier dans certaines lettres de l’Alphabet, comme l’e devant l’n, ou m, prend souvent la prononciation de l’a, par exemple, enfant, lisez anfant, le c, & le g, se prononcent doucement devant l’i & l’e, & durement devant l’a, l’o, & l’u ; l’h est muëtte dans les mots, qui dérivent du Latin, comme l’honneur, & aspirante devant les autres, qui n’en viennent pas, comme le hazard, l’r & l’s se prononcent doucement, quand elles sont au milieu des mots, & entre deux voïeles, par exemple, faire, faisons. Le t, prend la pronontation d’un c, lors qu’il est suivi d’un i, & d’une autre voïele au milieu d’un mot, par exemple, act in, à moins qu’il ne soit precedé d’un s.

Il aprendra aux Ecoliers ce qu’on apelle Diphtongue deux voïeles qu’on joint ensemble dans la prononciation, n’en faisant qu’une silabe, comme dans les mots suivans, Roi nous, &c. dans le Latin il n’y a point de Diphtongue, si les voïeles ne sont jointes ensemble, comme dans les mots suivans Cœtus, Cœlum, &c.

Le Maitre fera de plus remarquer les Mots, qui doivent commencer par des lettres Capitales, & encore ce que c’est qu’Apostrophe, Cedille, Abreviation, Division, &c. qu’il expliquera comme s’ensuit :

L’Apostrophe, se met au haut de la premiere ou deuxiéme lettre, pour remarquer le défaut d’une voïele, comme l’honneur, l’Eglise.

La Cédille se met sous le c, pour le faire prononcer comme un s, par exemple, façon.

L’abreviation marque le defaut d’un m, & d’un n, par exemple, deminũ.

La Division se met au bout de la ligne, quand le mot n’est pas achevé, par exemple à celui d’ache-vé.

La Subunion se met entre deux Mots pour les unir & lier ensemble, par exemple, dit-il.

Pour les accents, le Maitre fera observer qu’il y en a de trois sortes ; savoir l’accent Grave, l’Aigu, & le Circonflexe ; que le Grave vient de gauche à droit, exemple (ˋ) & se met souvent sur l’A, pour alonger les silabes, exemple, deçà, l’accent Aigu qui vient de droit à gauche (’) marque ordinairement la prononciation de l’É masculin, comme bonté, verité. L’accent Circonflexe qui est fait comme un, u, renversé (^) tient ordinairement la place de la lettre s, dans les Mots où elle n’est pas prononcée, comme dans Pâques, au lieu de Pasques.

Touchant les Ponctuations, il leur fera aussi remarquer qu’il y en a de sept sortes : le premier est la Virgule (,) où l’on s’arreste un peu en lisant : le second les deux points (:) où l’on s’arreste un peu plus : le troisiéme, est le Point & la Virgule (;) le quatriéme, le Point final (.) où l’on s’arrête beaucoup : le cinquiéme, le point interrogatif, le sixiéme,  le point admiratif (!) le septiéme, la parenteze ( )

Voicy un Exemple de la maniere, dont le Maitre peut faire lire par Remarques.

Les Maitres peuvent-ils faire profiter les Enfans à la Vertu, sans qu’ils fassent chaque jour des Considerations ?

L’Enfant qui doit lite par Remarques, dira : Les Maitres l’Z, est Capitale, parce qu’elle est au commencement de la Phrase, I’M, est aufi Capitale, parce qu’elle commence un mot considerable. Il y a un accent circonflexe sur 14, qui tiene la place d’une f, & qui rend la filabe longue : Peuvent-ils, le premier a est voïele, & l’autre consonne, ent, let, & si, il y a une subunion faire, la diphtongue ai se prononce comme une clair : profiter, il n’y a rien à remarquer, &c.

Moiens pour bien enseigner ces Remarques. Pour bien reüssir à enseigner toutes ces Remarques aux Enfans, il seroit bon que le Maitre les leur fit aprendre par cœur, les en interrogeât, & les en fit disputer les uns contre les autres pour la place, il pourroit ainsi leur dicter des Thémes sur les régles qu’ils auroient aprises, & qu’il leur auroit expliquées, & qu’ensuite il corrigera, leur faisant remarquer les fautes, qu’ils auroient faites ; il recompensera ceux qui auroient le mieux satisfaits. Mais le principal moien, est de leur faire copier des choses bien correctes.

DE LARITMETIQUE.

§.IX. Avant que d’enseigner les regles de l’Aritmétique, le Maitre doit aprendre, 1. A ses Ecoliers à bien compter avec les doigts dépuis un, jusques à cent tout de suite.

2. A bien compter encore jusques à cent, tantôt par deux, tantôt par trois, &c. par dix, & par vingt, &c. disant par exemple, s & 5 font dix, & 5 font quinze, & 5 font vingt, &c.

3. A bien connoître, & à bien former chaque caractère de toutes les trois fortes de chifre, qui font le Romain, comme I, II, III, IV, V, X, L. Le chifre de Finance, comme j. jj, v, x, l. L’Arabe, ou le Commun, comme 1, 2, 3, 4, &c.
On pourra aussi se servir des Carrez de bois, sur lesquels chaque figure seroit marquée, dont les Enfans pourroient jouer ensemble, comme il a été dit ci-devant en parlant des Lettres.

4. Il enseignera à bien suputer par nombre, dixaine, centaine, &c. jusques à milion.

5. Combien valent plusieurs figures ensemble, par ex. un 2 avec un 7 fait vint-sept, & au contraire un 7 avec un 2. fait septante-deux, &c.

6. Le Maitre leur enseignera les regles de l’Aritmétique, suivant ce qu’on en peut voir dans les meilleurs Autheurs, qui ont traité de cette matiere, comme….. montrant en même tems, à quoi telles Regles peuvent servir, comme l’Addition à un Orfévre, la Soustraction à un Menuisier, ainsi du reste.

7. Pour plus grande facilité, il marquera dans la Table noire, les regles, & questions d’Aritmetique, afin que les Ecoliers plus avancez les puissent copier dans leurs Caïers, & même en composer d’autres, s’ils en étoient capables.

TOUCHANT LE JET à la main, le Maitre en pourra instruire les Enfans, en leur expliquant le Modele qu’on verra à la fin.

DES OFICIERS DES ÉCOLES. §.X.

Le NOMBRE DES OFICIERS sera plus ou moins considerable, par raport à la quantité des Enfans, qui seront en chaque Ecole : un même Ecolier pouvant faire les fonctions de plusieurs dans les petites Ecoles.

LES OFICIERS seront :

I. DEUX SOUMAITRES, l’un pour l’Ecriture, qui prendra garde que les Ecoliers tiennent bien leurs Plumes, fassent bien leurs Exemples, remplissent chaque page ; il réglera le papier des nouveaux Ecrivains, leur tiendra par fois la main dans le commencement, coudra les Exemples aux deux extremitez, corrigera les Thémes de l’Ortographe, marquera les fautes quand on dispute, &c.

L’autre Soumaitre, sera pour la Lecture, qui fera reciter une partie des Ecoliers, lors que le Maitre ne les pourra tous faire lire, à quoi toutefois le Maitre ne se fiera entierement, les faisant lire de tems à autre, pour reconnoître le profit d’un chacun. De plus, ce Soumaitre fera les commandemens de la Lecture, comme l’on verra dans le Chap.IV. fera lire les Décurions, & exercera les fonctions du Maitre en son absence. &c.

II. INTENDANT ou Observateur, lequel veillera sur les autres Oficiers, s’ils font leur devoir, les avertira de leurs manquemens, ou bien les dira au Maitre, s’il est de besoin, marquera le nom de ceux qui font immodestes, soit dans l’Eglise, soit dans les rues, & dans l’Ecole, nommera tout haut ceux qui causent, ou qui n’étudient pas, il fera ranger les Ecoliers, tant en allant à la Messe, qu’aux Processions, ou autres Ocafions, portant à cet éfer une Baguette pour marque de sa Charge ; il aura foin de stiler les nouveaux venus aux exercices de l’Ecole. L’un des Soumaitres pourra en cas de besoin faire cette fonction. encore

III. Des DECURIONS, qui feront reciter à chaque Ecolier leurs Leçons, les autres feront repeter les demandes du Catechisme avant que le Maitre entre à l’Ecole, & marqueront sur leurs Décuries. faites à cet usage, ceux qui ne les savent pas : Le nombre des Enfans, que chaque Décurion peut avoir, est communément de dix. L’on peut voir sur cela la maniere prescrite au §.6. des Repetiteurs dans l’Ecole Paroissiale.

IV. Deux Aumôniers, on Recitateurs de Prieres, lesquels premierement reciteront tout haut & distinctément les Prieres au commencement, & à la fin de l’Ecole, & les ferõt reciter à ceux qui ne les savent pas, observant ce qui est dit dans le Chap. IV. ils présenteront aux Ecoliers de l’Eau-benite en entrant, & sortant de l’Eglise, & marqueront ceux qui n’ont ni Heures ni Chapelets, ausquels ils en présenteront, en aiant pour ce sujet de reserve ; ils porteront la Corbeille au déjeûner, & au goûter aux Ecoliers, qui en voudront faire part aux plus nécessiteux.

V. DES VISITEURS, qui doivent aller chez les Parens des Ecoliers 1 by. absens, qui viennent tard, aportent des excuses, & font des choses dont le Maitre desire savoit la verité. Ces Visiteurs s’informeront, si N. prie Dieu soit, & matin, repete le Catechisme, est obeissant, s’il n’est point faineant, gourmand, menteur, &c. où ils ne feront que quelques-unes de ces demandes, selon que le Maitre le leur aura ordonné, ils marqueront sur la Table désignée dans le Chap..V. od rons ces Chefs feront écrits, les plainces qu’ils auront recenës des Parens, faisant un point à chaque Article, où ils auroient manqué ; ils acompagneront le Maitre dans la Visite générale, qu’ils feront toutes les années chez les Parens de chaque Ecolier, dont ils doivent savoir la demeure, & en avoir un Catalogue. On peut voir la maniere de faire ces Visites dans le susdit Chapitre, & dans l’Ecole Paroissiale.

VI. UN BALAIeUR, qui balaiera la Classe, nettéiera à certains jours les Bans, & les Images, &c.

VII. UN PORTIER, qui fermera & ouvrira la porte, marquera au Catalogue les Ecoliers qui entrent, écrira à la fin de l’Ecole les absens, & les remettra au Maitre, & l’avertira tout bas, quand il y aura quelcun à la porte.

L’on pourra y adjouter un Préfet de Modestie, pour servir d’exemple, & de modéle aux Ecoliers pendant la Priere ; un Maitre de Novice, pour stiler les nouveaux, des Chantres, qui doivent entonner ce qui se chante dans l’Ecole, des Enrôleurs, pour atirer à l’Ecole les Orphelins, Libertins, & plus miserables, qui n’one personne pour les présenter ; des Vinteniers, & Dizeniers, qui auront foin de ranger ceux, qui font d’un même quartier pour les conduire par ordre chez eux, & aussi de les faire tenir modestes par les rues, rendans compte au Maitre de leur conduice, ayans pour cela en leur Catalogue de bons, & mauvais points, pour y marquer les fautes de ceux qu’ils conduisent ; ils porteront une petite Baguette marquée de leur Charge.

Le Maitre instruira, & interrogera quelquefois les Oficiers sur leurs fonctions, afin de voir s’ils les savent bien. La Nomination de ces Offciers se pourra faire de six en six mois, ou plus souvent s’il est nécessaire, & le Maitre leur fera faire auparavant quelques Prieres, tant afin de leur insinuer une plus grande estime de ces Oficiers, que pour exciter en eur une plus grande émulation, qui les portera à bien faire leur devoir. L’on mettra pendant quelque tems les pretendans à ces Ofices dans une espece de Probation.

Ordre du saint Evangile. L’ON POURRA ETABLIR en chaque Ecole un certain nombre de Chevaliers, que l’on apellera de l’Ordre du S. Evangile, qui pourront porter sur eux pour marque de leurs dignitez, l’Evangile de S. Jean.

La Régle de ces Chevaliers sera 1. de faire la Priere le soir dans la Famille. 2. Repeter chez eux le Catechisme chaque fois, qu’on l’a fait dans l’Ecole. 3. De le repeter les Dimanches & les Fêtes aux Voisins, ou s’ils savent lire leur faire quelque lecture spirituelle, & pour cet éfet on leur donnera, ou prétera quelque Livre. 4. De chanter quelques Cantiques de pieté par les rues, & dans les maisons, & sur tout quand ils entendront chanter des chansons deshonnêtes. 5. Faire quelques petites mortifications, & soufrir quelque chose pour Dieu. 6. Dite tous les matins en se levant, Et Verbum caro, &c. « Et mon Dieu, je vous adore, & vous aime de tout mon cœur, je vous ofre ce que je vais faire, donnez-y vôtre bénédiction, faites-moi la grace de plutôt mourir que de vous ofenser. » Et repetant encore & Verbum caro, &c.

L’on ne recevra point d’Ecoliers dans cet Ordre, sans avoir été éprouvé, & fait un’espèce de Novitiat.

Les Oficiers & les dignitez de cet Ordre pourroient estre, 1. un General de l’Ordre, 2. un ou deux Inquisiteurs, qui s’informeront des susdis chefs, 3. un Maitre de Ceremonies, qui observera en quelque façon ce qui se pratique dans les autres Ordres.

La Nomination de ces Oficiers se pourra faire deux fois l’année, savoir aprés la Fête de Noël, & environ l’Ascension ; & la Collation de l’Ordre se pourra faire environ la veille des Rois, & de la Pentecôte.

Les Privileges de ces Chevaliers seront, 1. pour le General, de délivrer une fois du foüet, & de trois ferules ; & des autres Chevaliers, de délivrer un de leurs Compagnons de quelques ferules, 2. de marcher dans les rangs les plus honorables, quand on ira en Procession ou en revüe.

DES MEUBLES DES ÉCOLES.

§.XI.Livres des Maîtres & des Ecoliers Pour les Livres des Ecoles, les uns regardent l’usage des Enfans, les autres celui du Maître. Les Enfans ne se serviront, 1. que du petit Livres Alphabet, 2. du grand Alphabet, 3. du Psautier, 4. des Pensées Chrétiennes, 5. de l’Introduction à la Vie Devote, 6. du Pedagogue, ou Trompetes, 7. du Catechisme des Ecoles, 8. de la Civilité, & autres des livres qui seront désignez.

Pour l’usage du Maitre, outre les susdis Livres, qu’il doit avoir en son particulier, il aura de plus l’Ecole Paroissiale, le Millionnaire Paroissial, ou le Catechisme de Gambart, d’Agen, d’Abelly, le Trezor Clerical, l’Instruction de la Jeunesse de Gobinet, l’Abregé des Vies des Sains de Bonne-fond, l’Imitation de Jasus, &c.

lesMeubles. Les Meubles de l’Ecole, seront un Crucifix, un Enfant Jesus en Image, ou en Boffe, les Images de N. D. du Patron de la Paroisse, S. Nicolas, de S. Charles, des Images où font l’explication du Credo, diserens Etats de l’ame représentés par des Cœurs, un Ange Gardien, un Dieu te Regarde, les quatre fins de l’Homme, l’Ecole de Jesus & celle du Diable, un petit Carton ou Cadre pour mettre l’image du Catechisme, que l’on change à chaque Fêre, une feuille des Prieres du soit & du matin, un petit Oratoire ou Chapelle, des Decuries au le nom des Enfans soient marquez, un Benerier, une Eponge, un Sablier, une Baguette, un petit Guidon, que les Enfans prennent quand ils vont à leurs nécess tez, des Bancs suivant le nombre des Ecoliers, une Armoire, deux Chai— D 3 zes, by zes, dont l’une doit étre à bras, avec un petit ais, que le Maitre met devant pour écrire, un Marche-pié élevé, une Corbeïlle, des Peignes, des Balets, une Boîte ou Tronc pour les Pauvres de l’Ecole, une Ferule, un Foüet de parchemin, une grande Cloche pour l’entrée & sortie de l’Ecole, une mediocre pour en commander les Exercices, & une petite pour avertir ceux qui manquent dans la Lecture, comme il est dit au Chap. 3. & 4. un Regître où l’on écrira le nom, surnom, age, Profession, demeure, capacité de chaque Ecolier, l’année & le mois de leur Reception, & de leur Sortie, les Sacremens qu’ils ont receu, l’état de vie qu’ils ont embrassé, leurs Mœurs, &c.

Dans les grandes Ecoles, il sera bon qu’il y ait une ou plusieurs Tables, suivant le nombre des Ecrivains, avec des Cornets ou Ecritoires, deux grandes Tables noires, l’une pour s’exercer à faire des lettres Majuscules, & l’autre pour enseigner l’Ecriture, le Chifre, un Catalogue dans lequel sera marqué le nom des Ecoliers, un Livre de bons & mauvais points, où le Maitre marque par un point les bonnes actions à côté du nom de chaque Ecolier, & de l’autre côté les mauvaises.

Il y pourra avoir dans chaque Ecole plus ou moins de Meubles, par raport au besoin de chacune.

Dans les petites Ecoles, outre les Meubles dont il est parlé ci-dessus, il y aura, 1. des grandes feuilles, ou tables, ausquelles seront désigné l’Alphabet pour l’aprendre aux Enfans par Bande, 2. des petits Globes de bois en forme de Déz, dans lesquels seront marquez les Lettres & Chifres, 3. un Seau avec quelques Tasses pour bailler à boire en Eté, 4. une Caisse pour recueillir les balliûres. Il y a d’autres Meubles moins importans, dont on ne fait point icy mention.

CHAPITRE QUATRIÉME.

Exercices ordinaires qui se font pendant l’Ecole.

§. I. Entrée de l’Ecole.
A Sept heures du Matin, l’on sonnera l’Entrée de la Classe, chaque Ecolier en entrant prendra de l’Eau-benite, se mettra à genoux, & dira tout bas l’Oraison du saint Enfant Jesus, ou l’Ave Maria, & après avoir fait une inclination profonde à la Croix, & une mediocre au Maitre, & au premier Officier de l’Ecole, il s’en ira à sa place.

Depuis la S. Charles jusques à l’Anonciation, l’on retardera l’entrée de l’Ecole de demi-heure, matin, & soir. Pendant la premiere demi-heure, le Soumaitre fera reciter la Leçon, & les demandes du Catechisme aux Décurions, qui feront ensuite reciter chaque Ecolier de leur Bande, marquans sur leur Décurie, ceux qui ne savent pas la Leçon, ou le Catechisme, ce qui se fera tout bas : l’Intendant de l’Ecole veillera cependant à ce que chacun salle son devoir, sans faire du bruit.

§. II. Maniere de faire la Priere.

A sept heures et demi, on sonnera le second coup, auquel le Maitre doit s’être rendu à l’Ecole, pour faire commencer la Priere, en la maniere qui suit : Pendant que l’on sonnera, les Ecoliers se mettront à de genoux en leur place, s’il se peut, ou bien ils en sortiront en Ordre pour le mettre au milieu de la chambre, se rangeans sur cinq ou six lignes, cous étans à genoux, les mains jointes, les yeux baissés ; l’on baillera le signal pour la Priere, que les deux Recitateurs commenceront d’un sont élevé, & que les autres repeteront tout bas, ou bien alternativement, les Aumôniers reprenans les fautes, qui se feront, & le Maitre tourné du côté des Ecoliers, veillera sur eux, aussi-bien que les Intendans, qui avertiront avec leurs Baguettes, ceux qui manqueroient à leurs devoirs. Dans les grandes Ecoles le Maitre changera les Recitateurs chaque semaine, afin que les Ecoliers puissent aprendre la Priere par cœur ; ce changement ne sera pas necessaire dans les prieres.

Le Maitre fera mettre en un lieu plus élevé le Prefet de Modestie, qui doit être des mieux stilés, lequel tiendra les yeux, les mains, & le reste du corps, de la maniere que toute l’Ecole les doit tenir : Il doit avoir le visage tourné devant les autres pour leur servir de modéle, & une petite clochette pour avertir quand les Enfans doivent changer de posture. La Priere se doit faire diseremment dans les petites Ecoles, les Enfans repetent ce que les Aumôniers disent ; & dans les grandes les Ecoliers la disent alternativement avec les Aumôniers, ceux-ci disans jusques à la première Virgule on Ponctuation, & les autres jusques à la suivante, &c. On peut se servir dans une même Ecole alternativement de ces deux manieres de faire dire la Priere.

§. III. Demande du Catechime

La Priere étant faite le Maitre, ou à son defaut le Soumaitre donnera le signal pour faire lever les Enfans, qui feront tous ensemble l’inclination à la Croix, & se tiendront debout, pour écouter la Demande du Catechisme, qui se fera en cette même maniere : Les Aumôniers montés sur un banc, ou marche-piè, pour être vûs de tous les Ecoliers, s’interrogeront l’un l’autre des Demandes que le Maitre leur aura baillées, en la precedente Ecole, pour aprendre par cœur ; puis l’un des Aumôniers interrogera son Compagnon, qui repetera la Demande, s’arrétant à chaque Virgule, ou Ponctuation, l’Ecole repetera à haute voix ce qu’il aura dit ; ensuite pour savoir si un chacun fait bien ces Demandes, les Aumôniers en interrogeront quelques-uns des plus foibles, ou qui auroient étés moins attentifs, qui seront quelquefois punis, s’ils ne répondent bien, parce qu’ils les ont dû étudier à la maison.

Aux Ecoles où il y a diferentes Classes des plus ou moins savans, le Maitre assignera deux ou trois Demandes diferentes, par raport à la capacité des Enfans, prenant par exemple pour les plus ignorans, ce qui est dans la 1. 2. & 3. Classe du Catechisme, qui comprend l’Abregé de la foy, les Prieres, & l’Exercice du Chrétien, & pour les Mediocres ce qui est dans la 4. 5. & 6. Classe, qui comprend l’explication du Pater, les Commandemens, les Sacremens, & le Credo ; & pour les plus Savans ce qui est au reste du Catechisme.

Quand il y auroit quelque Ecolier, qui auroit besoin de plus particuliere instruction pour le Catechisme, le Maitre pourra lui donner quelcun des plus savans, pour le lui aprendre en particulier.

Ces demandes du Catechisme étans faites, le Maitre ou les Aumôniers en designeront d’autres pour la Classe suivante, ou les mêmes, si on ne les avoit pas là, & si les premieres ont été dificiles, il les repeteront pendant le Déjeûné, en place de la Lecture, & en interrogeront quelques-uns de leurs Compagnons.

Les demandes des Fêtes principales de l’année, se feront quelques jours avant chaque Fête, afin que la veille on puisse faire le Catechisme sur ce que les Enfans en auroient apris ; par exemple, on pourroit commencer les Demandes de la Toussains le 25. ou 26 d’Octobre, & pour lors on mettra l’image du Mistere dans le petit Cartouche, qui doit étre dans chaque Ecole, ainsi que toutes les images des Mysteres, & des Saints dont il est fait mention dans le Catechisme ; ces Images doivent être colées sur un petit Carton, & doivent toûjours demeurer dans l’Ecole. Le Maitre en pourra donner d’autres pour prix aux Enfans, qui auroient mieux satisfait pour le Catechisme.

§. IV. Déjeûné
des Enfans.
La Repetition des Demandes aprés la Priere du matin étant faite, les Aumôniers diront le Benedicite, auquel toute l’Ecole répondra, ensuite le Maitre distribuera le pain aux Enfans suivant leur necessité, (dont il doit être informé par la Visite qu’il aura faite chez les Parens) pendant cette distribution, deux Aumôniers, diront sur un des Tons de l’Eglise (qu’on pourra chanter chaque semaine) Edent pauperes & saturabuntur ; & tous continueront, & laudabunt Dominum, qui requirunt eum, Vivent corda eorum in sæculum sæculi. Les Chantres Gloria Patri, &c. ℟. Sicut erat, &c. S’il n’y avoit pas du pain à distribuer, les Aumôniers chanteront, Non in solo pane vivit homo : ℟. Sed in omni Verbo quod procedit de ore Dei. ℣. Fidelium animæ per misericordiam Dei, requiescant in pace. ℟. Amen. Aprés quoi le Maitre donnera le signal pour faire l’inclination à la Croix, & se mettre à sa place.

Pendant le Déjeûné, ou Gouté, les Aumôniers presenteront la Corbeille aux Ecoliers pour recevoir ce qu’ils voudroient donner pour les plus necessiteux ; & un des Ecoliers fera la Lecture, qui sera de la Vie des Saints du Jour, de l’Ecole Paroissiale, ou quelques autres Livres propres aux Enfans ; & cependant le Maitre recevra les Excuses, taillera les Plumes, & disposera les choses necessaires pour faire l’Ecole, & le Soumaitre rangera les Caiers, distribuera les Livres, &c.

Aprés le Déjeûné, ou Gouté, le signal donné, les Chantres entonneront Dispersit dedit pauperibus, & toute l’Ecole répond, Justitia ejus manet in sæculum sæculi, Gloria Patri, & Filio, &c. Pendant que l’on chantera les Aumôniers sortans de leur place iront dire Graces au milieu de la Classe, faisant devant & aprés les inclinations convenables.

Ensuite l’on tintera la cloche pour le silence, & le Soûmaître de Lecture dira tout haut. 1 Lecteurs prenez garde à vous. 2 Prenez vos livres, 3 Montrez lés, 4 Cherchez la Leçon au feüillet…. 5 Etudiez. Quelque tems aprés le Maître donnera le signal, & tous étans debout, les Aumôniers ou Chantres diront à haute voix, In nomine Patris, &c. ℟. Amen ; puis Domine labia mea aperies. ℟. Et os meum annuntiabit laudem tuam. Ensuite tous s’affeïeront, & la bande des plus savans commencera à lire, chacun demeurant en sa place, ou venant vers le Maître. L’on observera du surplus ce qui est dit au Chap. 3. pour la Lecture.

Pendant qu’une Bande lit, le Chef de la suivante fait le tour de la Classe, ayant une baquette, ou espece de peut guidon à la main, tant pour avertir sa bande de se tenir prête pour lire, que pour avertir ceux qui n’etudieroient pas, &c.

Cette Bande ayant leüe, le Maistre ou à son défaut le Soumaître, donnera une Leçon pour l’Ecole suivante, qui sera la même, si on ne l’avoit pas bien dite, recommandant aux Enfans de la bien étudier ; il leur proposera par fois quelque recompense, pour les animer, ou les menacera de châtiment, s’il étoit de besoin.

§. V. Ordre
pour l’Ecriture.
Environ les 9. heures du matin, & les trois heures du soir, ou autre tems destiné pour l’Ecriture, selon le nombre des Ecrivains, le Maître ou le Soumaître commandera tout haut les Exercices suivans : 1 Ecrivains preparez vous. Pour lors les Ecrivains quitteront leurs livres, & se disposeront à écrire : 2 Priez Dieu : & les Aumôniers diront la Priere de l’heure, à moins que peu auparavant on ne l’eût dit, aprés quoi les Chantres entonneront : Deus in adjutorium meum intende, l’Ecole repondra : Domine ad adjuvandum me festina. Puis le Soumaître continuant, dira, 3 Remettez-vous : 4 Prenez vos plumes : 5 montrez-lés : 6 faites le mouvement de la plume : 7 prenez de l’ancre : 8 disposez vous : 9 écrivez. Le Maître, ou le Soumaître veillera à ce que tous executent ces commandemens. Pendant que ceux cy écrivent, le Maître ou Soumaître continuera de faire lire les autres, & visitera de tems en tems les Ecrivains ; pour voir s’ils font bien.

Quand les Enfans auront écrit environ une heure, le Soumaître fera cesser l’écriture. Disant : 1 Ecrivains cessez : 2 nettoïez vos plumes : 3 fermez vos exemples : 4 priez Dieu, pour lors les Aumôniers diront la Priere de l’heure, & entonneront : Gloria Patri, &c. 5 remettez-vous, ensuite le Maître corrige les exemples, comme il a êté dit cy-devant, & le Soumaître recueille les plumes, range les exemples, &c.

§. VI. Exercices
qui se
font à la
fin de
l’Ecole.
Dans les grandes Ecoles aprés l’écriture on emploïera, si le tems le permet, le matin ou le soir, un quart d’heure aux Exercices suivans.

Pour le Lundi, on fera la dispute de l’Aritmetique.

Le Mardi, de l’Ecriture, & de la Lecture par Remarque.

Le Mercredi, de la Civilité.

Le Jeudi matin, de la maniere de servir la Messe.

Le Vendredi, il sera bon de voir les livres des bons & mauvais points, pour châtier ou recompenser ceux qui l’auront meritez pendant la Semaine, & faire copier un téme de places aux Ecrivains l’aprés-diné.

Le Samedi matin, on pourra disputer de l’ortographe, & le soir le Maître fera disputer certain nombre d’Ecoliers les uns contre les autres, de toutes les demandes qui auront êté faites pendant la semaine, & aprés une courte priere, le Maître fera le Catechisme expliquant ces demandes, ou quelque autre matiere qu’il aura entreprise, ainsi qu’il est marqué au Chap. II. Parage. IX.

§. VII. Priere &
sortie
de l’Ecole.
A dix heures et demi en Hiver, & dix heures en autre tems, on sonnera la fin de l’Ecole, & on fera la priere désignée en la feuille des Exercices, en la maniere cy-dessus, aprés laquelle un des Oficiers dira tout haut ; Il faut mes chers Confreres, aller à la sainte Messe, modestemẽt, comme si on alloit au Calvaire, l’entendre avec attention & dévotion, l’ofrir à Dieu pour le soulagemẽt des Ames du Purgatoire, & lui demander les graces necessaires pour nous & pour notre prochain. Ensuite le Maître donne le signal pour faire lever les Ecoliers, lesquels étans debout saluëront profondement le Crucifix, aprés quoi ils se rangeront par Quartiers, ainsi qu’il sera dit cy-aprés, & sortiront deux à deux. Ils pourront faire quelques tours, si le lieu le permet, chantans quelque Cantique, Himne, ou autre chose selon le tems, & à la fin les Chantres diront, Procedamus in pace, & toute l’Ecole répondra, In nomine Domini, Amen.

§. VIII. De la
sainte Messe.
Les Ecoliers iront à la sainte Messe en cet ordre : les Aumôniers marcheront les premiers, portans les chapelets sur une petite baquette en évidence, & les Intendans prendront garde, que chacun tienne son rang, & observe la modestie. Le Maître pourra détacher un des Enfans pour aller à la Sacristie s’informer de l’Autel où l’on doit dire la Messe, afin d’y faire ranger les Enfans.

Les Ecoliers entrans à l’Eglise prendront de l’eau benite, que le Préfet de modestie leur présentera avec une éponge ; s’ils passent devant le saint Sacrement, ils feront genuflexion, & s’étans mis à genoux au premier signal, au second les Aumoniers distribueront ses chapelets, ou heures. On donne aussi le signal pour les faire lever & mettre à genoux aux Evangiles, &c. A la fin de la Messe les Aumôniers cueilleront les chapelets, & on ne sortira pas incontinant, mais les Ecoliers s’étans remis à genoux, pour demander pardon à Dieu des fautes qu’ils auront commises pendant la sainte Messe, ils se leveront au signal. En sortans ils se saluëront reciproquement avant que de se quitter, & s’en iront en ordre sous leurs Oficiers de Quartiers.

§. IX. Plain-chant. Demi-heure avant la Classe du soir, l’on sonnera pour faire en la grande Ecole une leçon de Plain-chant, s’il se peut, que si les Enfans ont de diferente portée, on enseignera ceux qui sont à la Note pendant un quart d’heure, & ceux qui chantent la lettre pendant un autre.

§. X. Classe
du soir.
L’on sonnera l’entrée de l’Ecole à une heure & demi en Hiver, & à deux heures en Eté, en laquelle on observera à peu prés le même ordre que le matin, excepté que ceux qui lisent le matin au François, doivent lire le soir au Latin ; ceux qui n’auroient un Psautier, viendront au milieu de la classe, pour lire au grand Psautier, avec quelques Chantres, dont l’un entonnera un verset du Pseaume qui aura été dit pour leçon, sur le ton qui est désigné pour la Semaine.

A quatre heures on finira la classe du soir, & l’on fera la priere dans l’Eglise, tant que faire se pourra, aprés laquelle tous êtans à genoux, les Aumôniers diront à haute voix : Saint Enfant Jésus benissez s’il vous,, plait tous les Messieurs du Bureau des Ecoles, nos Bienfaicteurs, & ceux qui font roy présens, prosternez devant vous, faites nous la grace de passer si saintement cette journée, & route nôtre vie, que nous vous, voions un jour tous ensemble dans le Ciel, pour vous y glorifier à ja ;, mais. B. Ainsi soit-il. Ensuite le Maître êtant debout dira, en faisant le signe de la croix sur foi, Benedictio omnipotentis Dei Patris, & Filii, & Spiritus sancti, descendat super nos, & maneat semper : s’il êtoit Prêtre, il dira Super vos.

Aprés quoi l’un des Intendans dira, tout haut, « l’on vous recommande, mes chers Confreres, pour l’amour de Jésus, de sortit modestement de l’Ecole, de vous retirer promtement en vos maisons, sans faire du bruit par les rues, ni sans vous y arrêter, que pour salüer le S. Sacrement, de bien étudier vos leçons, repeter le Catechisme à vos parens, & venir demain de bonne heure à l’Ecole, ou à la sainte Messe, » (si c’est la veille d’une Fête.)

Ceux

Ensuite les Enfans sortiront en ordre faisant un tour, comme le matin, & un des Soumaîtres fait les commandemens suivans, si tant est qu’on le juge à propos, ou qu’on ne les eût pas fait avant que d’aller · faire la Priere. Oficiers d’un tel Quartier prenez vos places. d’un tel Quartier, rangez-vous fous vos Oficiers. 3 Quartier d’un tel endroit marchez en silence. L’on fait la même chose aux autres Quartiers, faisant partir les plus éloignez les premiers. Que si le lieu étoit assez grand, pour que tous les Quartiers se rangeaffent en divers endrois, il fufiroit de faire ces commandemens une fois pour tous ces Quartiers-là. La prudence du Maître les pourra quelquefois omettre en certain tems.


Abregé de L’ORDRE de la journée pour l’Ecole. §. XI.

A 7. heures. L’Entrée de l’Ecole. Les Decurions de la Lecture & du Catechisme font reciter.

A 7. heures & 1/2. Priere en commun. Demandes du Catechisme. Déjeuné. ― Lecture.

Ecriture, & Correction des Exemples. Page:Démia - Reglemens pour les ecoles De la Ville & Diocese de Lyon. - Suivi des Remonstrances à MM. du clergé - Avis important touchant l'établissement d'une espèce de séminaire.pdf/52 Page:Démia - Reglemens pour les ecoles De la Ville & Diocese de Lyon. - Suivi des Remonstrances à MM. du clergé - Avis important touchant l'établissement d'une espèce de séminaire.pdf/53 Page:Démia - Reglemens pour les ecoles De la Ville & Diocese de Lyon. - Suivi des Remonstrances à MM. du clergé - Avis important touchant l'établissement d'une espèce de séminaire.pdf/54 Page:Démia - Reglemens pour les ecoles De la Ville & Diocese de Lyon. - Suivi des Remonstrances à MM. du clergé - Avis important touchant l'établissement d'une espèce de séminaire.pdf/55 Page:Démia - Reglemens pour les ecoles De la Ville & Diocese de Lyon. - Suivi des Remonstrances à MM. du clergé - Avis important touchant l'établissement d'une espèce de séminaire.pdf/56 Page:Démia - Reglemens pour les ecoles De la Ville & Diocese de Lyon. - Suivi des Remonstrances à MM. du clergé - Avis important touchant l'établissement d'une espèce de séminaire.pdf/57 Page:Démia - Reglemens pour les ecoles De la Ville & Diocese de Lyon. - Suivi des Remonstrances à MM. du clergé - Avis important touchant l'établissement d'une espèce de séminaire.pdf/58 Page:Démia - Reglemens pour les ecoles De la Ville & Diocese de Lyon. - Suivi des Remonstrances à MM. du clergé - Avis important touchant l'établissement d'une espèce de séminaire.pdf/59 Page:Démia - Reglemens pour les ecoles De la Ville & Diocese de Lyon. - Suivi des Remonstrances à MM. du clergé - Avis important touchant l'établissement d'une espèce de séminaire.pdf/60 Page:Démia - Reglemens pour les ecoles De la Ville & Diocese de Lyon. - Suivi des Remonstrances à MM. du clergé - Avis important touchant l'établissement d'une espèce de séminaire.pdf/61 Page:Démia - Reglemens pour les ecoles De la Ville & Diocese de Lyon. - Suivi des Remonstrances à MM. du clergé - Avis important touchant l'établissement d'une espèce de séminaire.pdf/62 Page:Démia - Reglemens pour les ecoles De la Ville & Diocese de Lyon. - Suivi des Remonstrances à MM. du clergé - Avis important touchant l'établissement d'une espèce de séminaire.pdf/63
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Litanies pour demander à
Dieu des bons Maîtres &
Maîtresses d’Ecole.
Par l’intercession des Sains du Diocese de Lyon, des Sains Patrons des Ecoles, des Sains qui se sont apliquez, à l’Instruction de la jeunesse.


KYrie eleison, Kyrie eleyson.

Christe eleison, Christe eleison

Christe audi nos, Christe exaudi nos.

Pater de cœlis Deus, Miserere nobis.

Fili Redemptor mundi Deus, miser.

Spiritus sancte Deus, miserere nob.

Sancta Trinitas unus Deus, misere.

Sancta Maria, ora pro nobis.

Sancte Joseph, ora pro nobis.

Sancte Joannes Baptista, ora.

Sancti Petre & Paule, orate.

Sancti Irenæe cum fociis, orate.

Sancti Epipodi & Alexander, orat.

Sancti Phocine & Ennemúde, orat.

Sancti Pontice & Desideri, orate.

Sancti Minerve & Eleazare, orate.

Sancti Fœlix & Juliane. orate.

Sancti Elpidi & Stephane, orate.

Sandi Lupe & Lupicine, orate.

Sancti Juste & Albine. orate.

Sancti Sacerdos & Niceti, orate.

Sancti Eucheri & patiens, orate.

Sancti Vivétiole & Lamberte, orat.

Sancti Verane & Romane. orate.

Sancti Baldomere & Antioche. orat.

Sancti Viator & Peregrine. orate.

Sancti Bonaventura & Francisce Salezi, orate pro nobis.

Sancti Gregori & Basili, orate.

Sancti Ambrosi & Augustine, orat.

Sancti Hieronime & Nicolae, orat.

Sancti Carole & Ignati, orate.

Sancti Babila & Cassiane, orate.

Sancti Patrocle & Luciane. orate.

Sancti Arceni & Prote. orate.

Sancti Anteri & Agobarde. orate.

Sancte Lauteuil à Novara, ora.

Sancta Catharina, ora pro nobis.

Sancta Ursula, ora pro nobis.

Santa Blandina, ora pro nobis.

Sancta Benedicta, ora pro nobis.

Omnes Sancti Angeli & Archangeli, orate pro nobis.

Omnes SS. Apostoli & Evangelistæ, orate pro nobis.

Omnes Sancti, Innocentes, orate.

Omnes Sancti Magistri & Magistræ Scholarum, orate pro nob.

Omnes Sancti & Sanctæ Dei, orat.

Jesus, Maria, Joseph.

Succurrite nobis. On le repete trois fois.

ORAISON.


SEigneur qui nous avez instruit à vous demander des bons Ouvriers pour vôtre Eglise, nous vous suplions tres humblement, de jeter les yeux de vôtre misericorde, sur cette multitude d’Enfans dont est rempli ce Diocese, qui vous connoissent par la Foi, mais qui ne vous glorifient pas comme ils devroient par leurs œuvres : Donnez-leur des Maîtres & Maîtresses d’Ecole si capables, si zelez, & si Sains qu’ils leurs enseignent soigneusement la veritable voie de vous servir ; afin que nous vous puissions loüer tous ensemble pendant l’éternité. Ainsi soit-il.

FIN.

RECUEIL

DES REMONTRANCES,

REGLEMENS, ORDONNANCES,

Arréts, Lettres d’Etablissement, & autres

PAPIERS IMPORTANS.

CONCERNANS

LES ECOLES DU DIOCESE DE LYON.

SUIVANT

L’ORDRE DES TEMS QU’ILS ONT été faits, par la Cour, ou par Monseigneur l’Archevéque de Lyon, ou par le Directeur General des Ecoles de son Diocese, &c.

REMONSTRANCES

FAITES A MESSIEURS

LES PREVOST DES MARCHANS,

Echevins, & Principaux Habitans

de la Ville de Lyon :

Touchant la Necessité & Vtilité des Ecoles Chrétiennes,
pour l’instruction des Enfans
pauvres.

Par Mre Charles Démia, Pre. Comissaire deputé, pour
la visite des Eglises de Bresse, Bugey, Dombes, &c.

1668.


LES marques illustres que Messieurs les Prevost des Marchans, & Echevins de la Ville de Lyon ont donné de tout tems, du zele qu’ils ont eu de la rendre une des mieux policées du Royaume, et la pieté de ses principaux Habitans ; ont fait naître la pensée à quelque personne de remontrer à Messieurs du Consulat, & plus Notables qui resident dans Lyon, que le principal moyen d’achever la splendeur & magnificence de cette grande Ville, est d’y établir des Ecoles Chrétiennes, où les pauvres de l’un & l’autre sexe, soient enseignez gratuitement dans leur bas âges.

Cet Etablissement est de telle Importance, et d’une si grande utilité, qu’il n’est rien dans la Police, qui soit plus digne des soins et de la vigilance des Magistrats ; puis que de là dépend le bonheur & la tranquilité publique, qui ne peuvent subsister, à moins que les Particuliers ne s’acquittent de leurs devoirs envers Dieu, envers leur Patrie, & leur Famille.

Or il est impossible de s’en bien aquitter, si les jeunes gens n’en sont instruis de bonne heure, en des lieux où l’on fasse profession particuliere d’enseigner ces Devoirs, dont ils ne peuvent avoir d’eux-méme connoissance, puisqu’ils n’apportent en ce monde que l’ignorance, le peché, & une grande pente au mal.

Il est vray que les enfans d’honneste famille reçoivent l’instruction de ces Devoirs dans leurs Maisons, par leurs parens, dans les Ecoles par les Maîtres qu’ils payent, dans les Colleges par les Regens que la Ville entretient.

Mais les Pauvres n’ayans pas le moyen d’élever ainsi leurs enfans ; ils les laissent dans l’ignorance de leurs obligations : le soin qu’ils ont de vivre, fait qu’ils oublient celui de leur faire apprendre à bien vivre, & eux-mêmes ayant été mal élevez, ils ne peuvent communiquer une bonne éducation qu’ils n’ont jamais euë ; Outre que le desordre dans lesquels la pluspart de ces Peres ont vécu pendant leur jeunesse, fait qu’ils se soucient fort peu, que leurs enfans aprennent les bonnes mœurs, & les Devoirs du Christianisme qu’ils ignorent.

Les Parrains qui devroient supléer à ce manquement, ne connoissans pas leurs obligations, n’en tiennent pas plus conte que leurs peres : ainsi l’on voit avec un sensible deplaisir que cette éducation des enfans, du pauvre peuple est totalement negligée, quoy qu’elle soit la plus importante de l’État, dont ils sont le plus grand nombre, & qu’il soit autant & méme plus Necessaire, d’entretenir pour eux des Ecoles publiques, que des Collèges pour les enfans d’honnête famille.

De ce peu de soin qu’on a d’élever les jeunes gens, s’ensuit la prodigieuse ignorance de Dieu, qu’ils sont neanmoins obligez de connoître, d’aimer & de servir, s’ils veulent avoir part en son Royaume. Mais comment le connoîtront-ils ? S’ils n’ont des Maîtres qui les instruisent. Comment les Maîtres les instruiront-ils ? si quelqu’un ne les entretient. Qui les entretiendra ? si le corps de Ville, les Curez & Marguilliers de chaque Parroisse n’entreprennent cette dépence ?

Peut-être que quelqu’un voudroit dire que les jeunes gens pourroient recevoir cette connoissance par les Sermons & Catechismes qui se font dans les Parroisses : Mais comme plusieurs ne les frequentent point, & que ceux qui y assistent n’en profitent aucunement, soit parce que la pluspart des instructions qui s’y font, sont au dessus de leur portée, soit à cause que la semence Divine qui s’y jette, est souvent étoufée par la corruption de la nature, & les mauvaises compagnies qu’ils frequentent dés qu’ils en sont dehors ; ainsi les pauvres ne peuvent par cette voye quitter l’ignorance où ils croupissent, & satisfaire à cette obligation d’aimer & servir Dieu, dont le Fils a cheri si tendrement l’État d’enfance, & par lequel il a bien voulu commencer le Mystere de nôtre Redemption.

Si bien qu’aprés tant de bienfaits que les hommes ont receus, & qu’ils reçoivent encore en leurs bas âge, aprés le commandement exprés d’un Dieu, qui exige qu’on lui offre les premices des années aussi bien que des fruits, il ne faut pas s’étonner s’il châtie si severement ceux qui manquent à ce devoir ; Si l’on voit la perte de tant de belles esperances dans les uns, la mort précipitée dans les autres ; tous ces malheurs n’ont autre source, sinon la mauvaise instruction de la jeunesse ; Qui est encore cause du peu de sentiment de la vertu dans le bas âge, de l’estime du vice dans l’âge viril, de l’endurcissement et impenitence finale dans la vieillesse.

Si ce defaut de bonne instruction est cause que l’on peche contre les Devoirs que l’on doit rendre à Dieu, il prejudicie encore beaucoup au public et particulier qui le composent.

Car les jeunes gens mal élevez, tombent ordinairement dans la feneantise ; de là vient qu’ils ne font que ribler[1] & battre le pavé, qu’on les voit attroupez par les carrefours, où ils ne s’entretiennent le plus souvent, que de discours dissolus, qu’ils deviennent indociles, libertins[2], joüeurs, blasphemateurs, querelleux ; s’adonnent à l’yvrognerie, à l’impureté, au larcin & brigandage, qu’ils deviennent enfin les plus depravez & factieux de l’État, duquel étant les membres corrompus, ils gâteroient le reste du corps, si le foüet des bourreaux, les galeres des Princes, les gibets de la Justice, n’enlevoient de terre ces serpens venimeux, qui infecteroient le monde par leurs venins & leurs dissolutions. Adeo à teneris assuescere malum est ?

C’est encore de ce défaut de bonne éducatiő que naît la difficulté qu’on a de trouver des serviteurs fideles, & des bons Ouvriers ; Que l’on voit tăt de feneans & vagabons par les rues, qui ne sçachans que boire & manger & mettre au monde des miserables, causent dans la Ville une fourmilliere de gueux, qui pourroient non seulement faire apprehender des desordres publics (telle sorte de gens étant ordinairement porté à la sedition, & capables de toutes les mauvaises entreprises) mais encore donner juste sujet de craindre, que le fond destiné pour la subsistance de l’Aumône generale de l’Hôtel-Dieu ne fût à la fin épuisé, Ce qui retomberoit à la Charge du Consulat, notamment pour l’Hôtel-Dieu, dont les Prevos des Marchans & Echevins sont les Recteurs primitifs.

Si la bonne instruction est si necessaire dans les pauvres garçons, elle ne l’est pas moins pour la gloire de Dieu & le bien public dans les Pauvres Filles ; Ce sexe ayant d’autant plus besoin d’être soûtenu par la vertu, que la foiblesse est grande, & que de leur bon commencement dépend leur fin heureuse. D’où croit on que viennent les desordres, & la jalousie dans les maisons, tant de lieux infames dans la Ville, tant d’enfans exposez dans l’Hôpital, tant de dissolutions publiques, si ce n’est qu’on n’a pas eu assez de soin de l’éducation des jeunes filles, qu’on les a laissées dans l’ignorance, & qu’ensuite elles sont tombées dans l’oisiveté, & puis dans le mensonge, l’indocilité, l’inconstance, & enfin dans la misere, qui est l’écueil le plus commun, où la pudeur de ce sexe fait ordinairement naufrage : Haec fuit iniquitas sodomæ, otium filiarum, ejus mendacium, furtum, adulterium inundaverunt, dit un Prophete.

On a trouvé le moyen de regler le Clergé, & les Cloîtres en établissant des Ecoles, qu’on appelle Seminaires & Noviciats : Il n’y a point aussi d’autre moyen de tarir la source de tant de desordres, & reformer Chrétiennement les Villes & les Provinces, qu’en établissant des petites Ecoles, pour l’instruction des enfans du Pauvre peuple, dans lesquelles, avec la crainte de Dieu, & les bonnes mœurs, on leur apprendroit à lire, écrire & chiffrer, par des Maîtres capables de leur enseigner ces choses, qui les mettroient heureusement en état de travailler en la pluspart des Arts & des Professions ; n’y en ayant aucune, où ces premieres connoissances ne servent d’un grand secours, & d’acheminement pour s’avancer dans les emplois les plus considerables.

PAR CE MOYEN les Fabriques et Manufactures se rempliroient peu a peu de bons Aprentis, qui pourroient ensuite devenir d’excellens Maitres [ de metiers], puisque dans ces Ecoles on leur enseigneroit, l’obligation, qu’ils ont de travailler fidelement et fortement, et les moyens dont it faudroit qu’ils se servissent pour sanctifier et faire fructifier leur travail, en leur insinuant une grande horreur de la chicane et de la feneantise : Il n’y auroit pas tant de peine de purger la Ville de lieux infames, puisque l’oisivete et la pauvrete qui sont les deux sources de la prostitution du sexe, en seroient bannies, vu que l’on remedieroit a l’une en les occupant a la lecture et ecriture, et qu’on surviendroit a[3] l’autre en ouvrant leur esprit par des saintes connoissances, qui les rendroient industrieuses pour gagner leur vie, et mieux disposées aux emplois qu’on leur voudroit bailler.

CES PETITES ECOLES SEROIENT, comme autant de Pepinieres, dans lesquelles ces jeunes plantes étant élevées soigneusement, seroient ensuite dans tous les emplois en odeur de benediction. La semence que les Pasteurs jetteroient dans ces petits chams seroit cultivee, par ces bons Maitres, lesquels, foilissans ces terres qu’on laisse en friche, pourroient parfois decouvrir des tresors d’autant plus utiles au public, que souvent il se rencontre de l’Or dans cette Bouë, et parmi ces Rochers des Pierres precieuses, c’est à dire des Sujets autant et quelquefois mieux disposez pour les Arts, les sciences et la vertu, que parmi le reste des hommes ; ce que grand nombre d’exemples confirment assez clairement. Ces Ecoles publiques seroient encore comme des Academies de la perfection des pauvres enfans, on les fougueuses passions de la jeunesse seroient domtées et soumises a la raison, leur entendement eclaire des vertus qu’on leur enseigneroit, leur memoire remplie de bonnes choses qu’ils y entendroient, et leur volonte echaufee par les exemples de vertu qu’ils y verroient pratiquer.

Elles seroient encore, si vous voulez, comme des Bureaux d’adresse, et des lieux de Marche sa parler au langage de l’Ecriture)10 dans lesquels les personnes les plus commodes[4]pourroient aller prendre, les uns pour se servir dans leurs Maisons, les autres pour emploier dans le Negoce, quelques-uns mêmes pour avancer dans les Sciences ; Enfin on pourroit envoier ces petits Ouvriers dans la vigne, et les emploier chacun selon leurs dispositions et talens, lesquels aians été perfectionnez dans cette Academie de vertu, formeroient des personnes sages pour leur conduite, industrieux pour les Arts, adroits pour le Negoce, et généralement des gens propres a tout ce a quoi on voudroit les emploier.

EN ELEVANT de cette façon les jeunes gens, l’on banniroit les débauches, l’on versoir le vice diminuer, parce qu’on leur en donneroit de l’aversion et de l’horreur pendant l’enfance, l’experience ne faisant que trop voir, que les crimes ne sont ordinairement commis que par ceux qui ont été mal élevez : Comme au contraire, il est tres-certain que les bonnes habitudes contractées dans la jeunesse, ne se perdent que rarement, et que la semence qu'on a jettée de bonne heure dans leur esprit, germeroit tot ou tard, en telle sorte, que si parfois on en voit quelques-uns qui s'ecartent de leur devoir en certain tems, ils en reviennent d'autant plus facilement en d'autres, que l'on peut dire qu'ils ont ete sanctifiez par le joug du Seigneur qu'on leur a fait porter des leur enfance, et qu'etans des vaisseaux imbibez d'une liqueur salutaire dans leur commencement, ils en conservent long-tems une si suave odeur, qu'elle attire sur eux tant de benediction, qu'ils en deviennent, a ce que dit un saint Pere, plus savans par leur age, plus assurez par leur experience, plus sage par la longueur du tems, et moissonnent agreablement dans leur vieillesse les fruits du bon grain, qu'on a jette en eux dans leur bas âge.

La sainte Ecriture, et les Saints Peres sont remplis de Passages, qui confirment la necessite de la bonne education. Il suffit ici d'en indiquer quelques endroits, qui sont cottez a la marge. Job au Chapitre 2. Thern. c. 3. tout l'Ecclesiaste. Saint Chrysostome en a fait un traité particulier. Saint Jerome en a ecrit un Epitre ad Letam, et plusieurs autres Sains Peres, raportez par un pieux et savant Docteur de Sorbonne de ce tems 12dans le traite particulier qu'il a fait pour l'instruction de la jeunesse: et dans une Instruction Chretienne, sur les obligations des parens, à l'egard des enfans, compose[e] par Messieurs du Seminaire Saint Nicolas du Chardonnet. Le grand Gerson, quoique Chancelier de la premiere Universite du monde, avoit tant d'estime de ces petites Ecoles, qu'il ne dedaigna pas de s'y apliquer dans cette Ville; i1 dit meme, qu'il ne sait rien qui soft plus utile, ni plus necessaire dans la Republique Chretienne que cela. Nescio prorsus si quidquam majus esse potest, quam animas ab ipsis inferni portis eripere; et tales parvulorum animas, quasi plan tare, aut rigare.

Le Saint Concile de Trente, dit ces paroles qui sont tres-remarquables. Cum Adolescentium aetas, nisi recte instituatur prona sit ad mundi voluptates sequentas, et nisi a teneris annis ad pietatem injormetur, ante quam vitiorum habitus totos possideat; numquam perfecte ac SINE MAXIMO DEI OMNIPOTENTIS A UXILIO, in disciplina Christiana perseveres. C'est pourquoi ce saint Concile dans ce meme entroit, veut qu'on etablisse des lieux que l'on apelle pour les Ecclesiastiques Seminaires, et pour le reste des Fideles, [qu']elle qualifie d'ECOLES. Sancta Synodus statuit certum puerorum numerum in Collegio religiose educare, &c.

Enfin les Decrets des Souverains Pontifes, les Ordonnances de nos Rois, les Arrets des Parlemens s'acordent tous en faveur de l'etablissement de cette sainte Œuvre.

L'ON POURROIT PEUT ETRE DIRE, que ces Ecoles ne seroient si utile que l'on a proposé, parce qu'il semble qu'elles porteroient plutot ) la feneantise, et a la Chicane qu'au Travail.

Quoi qu'on aie sufisamment satisfait à cet[te] Objection, par ce qui est dit en diferens endrois de ces Remontrances; on ajoutera seulement ici, 1. Que les Maitres auroient soin d'inspirer à la Jeunesse de l'aversion de l’oisiveté, des procez et de la chicane : La vertu qui ne gâte jamais rien, qu’on leur enseigneroit, rectifiant leurs Esprits, en les rendant plus judicieux, les eloigneroit plutot de ces vices que de les y porter. 2. Qu’on ne pretendroit pas de les pousser dans la perfection de l’ecriture, et beaucoup moins au Latin ; Mais plutot de leur inspirer l’amour du travail et les moiens de se sanctifier, a quoi on commenceroit de les former, les faisant travailler dans ces Eccles a certaines heures aux boutons, tricotages, dantelles, etc. 3. On ne retiendroit ces enfans a l’Ecole, que jusques a ce qu’ils fussent en etat d’aprendre quelque profession, qu’on tacheroit de leur procurer par raport a leurs dispositions. 4. On espère enfin que les fruits que l’experience fera tirer dans la suite, détruiront plus que sufisamment cet Objection, et toute celles que l’on pourra faire contre une si Sainte entreprise.

MAIS POUR L’EXECUTION de cette œuvre, a qui peut-on avoir recours si ce n’est a la charite et au zele de Messieurs les Sacristains, Curez, et Marguilliers de chaque Paroisse. Qu’a ceux qui &sans dans les charges de Magistrature, sont apellez communement les Pères du Peuple ; Certainement par l’établissement de ces Ecoles Chrétiennes, ils le deviendront par un nouveau titre, et d’une maniere bien plus excellente que les Pères naturels, puisque ceux-ci leur aians bailie l’être, ne leur laissent que la misere, et le vice, pour apanage, pendant une vie qui se termine souvent a une mort eternelle ; Au lieu que ceuxta supleent au defaut, et a l’impuissance des autres, leur procurant une instruction qui leur donne une seconde vie plus precieuse que la première, dont la fin ne peut être que tres-heureuse.

L’on ne doute pas que le bon menage des deniers publics, auquel Messieurs les Prevost des Marchans et Echevins de Lyon, s’apliquent soigneusement, ne fust un obstacle pour l’exécution de ce dessein, s’il s’agissoit d’une dépense superflue ou peu profitable ; Mais tant s’en faut, que cet établissement des petites Ecoles, et le gage des Maitres qui en auroient le soin tilt a charge au public, qu’au contraire elle seroit un moien d’epargner d’autres dépenses plus considerables a la Charite et a l’Hôtel-Dieu, qu’on dechargeroit peu a peu de ces enfans trouvez, dont le libertinage du peuple le remplit : La prodigieuse multitude d’Aumones de pain que l’on distribue par les quartiers, seroit aussi notablement diminuee, parce que la nécessite du menu peuple, qui ne procede ordinairement que de l’oisivite, et de leur debauche, se finiroit en peu de tems, et l’on pourroit même faire une plus juste distribution de ces Aumones, parce que les plus nécessiteux, et plus dignes de secours seroient mieux connus.

Outre que l’Aumône d’une bonne éducation seroit plus profitable, et plus solide que toutes les autres qu’on leur pourroit faire, parce que celle-ci ne regarde pas seulement le soutien du corps, mais aussi la nourriture et perfection de l’ame : Quand on fournit aux Pauvres des vivres contre la faim, et des vêtemens contre la rigueur des saisons, ce sont la des bienfaits passagers, dont les uns se consomment par la chaleur natuselle, et les autres par l’usage ; Mais la bonne education est une aumone permanente ; et la culture des esprits des jeunes gens est un avantage en eux, qu’ils possedent pour toujours, et dont ils tirent des fruits tout le tems de leur vie.

En éfet, en procurant la première teinture pour la Piet&, et pour les Arts, a une foule inombrable de pauvres peuples, ne sera-ce pas leur donner du pain, les loger, meubler, habiller, et leur fournir les choses nécessaires pour cette vie, et pour l’autre ? puisque par le moien de leur industrie, ils seront en etat de se pourvoir, non seulement de toutes ces choses, et exemter des miseres de la vie ; mais encore par Ia lecture des bons Livres, et la pratique des Commandemens de Dieu, les porter estoacement a la fin pour laquelle ils ont été mis au monde. De maniere que ce sera un excellent moien de santifier la jeunesse, et de pourvoir originellement a toutes les nécessitez, que de commencer a leur ouvrir l’esprit, par les premiers documens de la vertu.

APRES DES CONSIDERATIONS si pressantes, et l’exemple de plusieurs autres Villes du Royaume, notamment de celle de Paris, on ces établissemens ont été faits avec tant de succez, et un si bel ordre : Apres que Messieurs les Magistrats se sont apliquez si heureusement à procurer le bien temporel des Habitans de Lyon, a rendre cette Ville une des plus considerables dans le Negoce, des plus regulieres dans les Batimens, des mieux policees dans les Reglemens, leur vigilance s’etant même etendue jusqu’au pave des rues, et aux boues des carrefours ; I1, a grand sujet d’esperer, qu’ils ne negligeront pas une occasion si favorable, pour rendre leur memoire illustre a la posterite, en s’apliquant au bien spirituel de cette Ville, par la bonne education des pauvres enfans de leurs Citoiens, qui courans les rues et les carrefours deviennent des clouaques infects de toutes sorter de vices.

LES AVANTAGES infaillibles qui proviendront de cet établissement, les bénédictions de Dieu et du Peuple, dont il sera suivi, recompenseront la dépense que l’on fera pour cet efet, par tant d’honeur et de profit, que dans peu d’annees l’on reconnoitra, que c’est l’un des plus pieux, l’un des plus utiles, et des plus glorieux emplois que Messieurs les Sacristains, Curez, Magistrats, et autres aient faits, et qu’ils puissent jamais faire de leurs deniers. Puisque par ce moien ils contribueront à former des bons Serviteurs de Dieu, de fideles Sujets de Sa Majeste, des sages Citoiens de leur Ville, et qu’enfin ils assureront leur salut par celui des autres.

MAIS comme cet établissement regarde de plus près le salut des amen du pauvre peuple, que l’avantage qu’ils en pourroient tirer pour les nécessitez de leur vie, et que la Direction des petites Ecoles est de la competence[5]des Evêques, qui sont apelez par les sains Docteurs, les Pères des Pauvres : On espère aussi que

MONSEIGNEUR L’ARCHEVEQUE, aussi zelé pour le salut de ses Oüailles, qu’afectioné au bien de les Arrests du Conseil, donnez en faveur des Ecoles, raportez dans les Memoires du Clergé.

cette Ville, qu’il procure avec tant de bonté & d’assiduité, ne laissers pas échaper cette occasion, de donner des marques Paternelles de sa pieté & de son zele, à l’égard de tant de Pauvres Enfans, qui implorent par ce grossier écrit son autorité pour l’acomplissement de cet ouvrage si important pour la gloire de Dieu, le bien de l’Etat, l’utilité des particuliers & l’avantage de la Ville, laquelle aiant receu par cet établissement le dernier trait de beauté, qui sembloit lui manquer pour la rendre parfaite, pourra ensuite servir de modele acompli aux autres Villes du Roiaume ; étant non moins chrétienne que policée ; non moins reglée dans les mœurs de ses Habitans, que reguliere dans ses Bâtimens ; autant illustre en Pieté, que florissante en Commerce ; Enfin autant obéïssante à Dieu, que soumise à son Roi, & à ses Magistrats.

Ces Remontrances aiant été envoiées en divers lieux, Monsieur Feret, Curé de S. Nicolas du Chardonnet, les aiant fait lire en plusieurs Communautez, de Paris, écrivit du depuis, qu’elles avoient fait un tel fruit, que Monsieur Roland, Theologal de Rheims, avoit prit resolution d’en établir dans Rheims ; & qu’une autre personne de merite, se disposoit d’emploier pour cette fin, uns somme tres-considerable.

Messieurs de la Ville de Lyon, firent la Deliberation suivante. N..


No 2.

EXTRAIT DES REGITRES CONSULAIRES
de la Ville de Lyon, portant Don, en faveur des
Ecoles, de la somme de deux cens livres,
annuellement.

Du Mardi trentiéme Decembre mil six cens septante, aprés
midi en l’Hôtel Commun de la Ville de Lyon.


IL a été arrêté, qu’il sera paié à l’avenir des Deniers communs, annuellement la somme de deux cens livres, en deux paiemens, savoir la moitié à la Saint Jean, & l’autre à Noël : dont le premier commencera à la Saint Jean-Baptiste prochain, pour être emploié à l’établissement & entretien d’une Ecole publique, pour instruire les Pauvres aux Principes de la Religion Chrétienne ; & même à lire & écrire, & que le fond en sera mis és mains du Sieur *** Bourgeois de ladite Ville, ou de telle autre personne de probité & pieté connuë, qui sera choisi & préposé à cet éfet. Et pour le paiement de ladite somme de deux cens livres, seront expediez de Mandemens Consulaires sur le Receveur des deniers communs, dons, & octrois de ladite Ville à l’écheance des termes. Signé par Extrait. DEGLAREINS, Secretaire. Page:Démia - Reglemens pour les ecoles De la Ville & Diocese de Lyon. - Suivi des Remonstrances à MM. du clergé - Avis important touchant l'établissement d'une espèce de séminaire.pdf/83 Page:Démia - Reglemens pour les ecoles De la Ville & Diocese de Lyon. - Suivi des Remonstrances à MM. du clergé - Avis important touchant l'établissement d'une espèce de séminaire.pdf/84 Page:Démia - Reglemens pour les ecoles De la Ville & Diocese de Lyon. - Suivi des Remonstrances à MM. du clergé - Avis important touchant l'établissement d'une espèce de séminaire.pdf/85 Page:Démia - Reglemens pour les ecoles De la Ville & Diocese de Lyon. - Suivi des Remonstrances à MM. du clergé - Avis important touchant l'établissement d'une espèce de séminaire.pdf/86 Page:Démia - Reglemens pour les ecoles De la Ville & Diocese de Lyon. - Suivi des Remonstrances à MM. du clergé - Avis important touchant l'établissement d'une espèce de séminaire.pdf/87 Page:Démia - Reglemens pour les ecoles De la Ville & Diocese de Lyon. - Suivi des Remonstrances à MM. du clergé - Avis important touchant l'établissement d'une espèce de séminaire.pdf/88 Page:Démia - Reglemens pour les ecoles De la Ville & Diocese de Lyon. - Suivi des Remonstrances à MM. du clergé - Avis important touchant l'établissement d'une espèce de séminaire.pdf/89 Page:Démia - Reglemens pour les ecoles De la Ville & Diocese de Lyon. - Suivi des Remonstrances à MM. du clergé - Avis important touchant l'établissement d'une espèce de séminaire.pdf/90 Page:Démia - Reglemens pour les ecoles De la Ville & Diocese de Lyon. - Suivi des Remonstrances à MM. du clergé - Avis important touchant l'établissement d'une espèce de séminaire.pdf/91 Page:Démia - Reglemens pour les ecoles De la Ville & Diocese de Lyon. - Suivi des Remonstrances à MM. du clergé - Avis important touchant l'établissement d'une espèce de séminaire.pdf/92 Page:Démia - Reglemens pour les ecoles De la Ville & Diocese de Lyon. - Suivi des Remonstrances à MM. du clergé - Avis important touchant l'établissement d'une espèce de séminaire.pdf/93 nommez, ou autres personnes puissent pretendre quoique ce soit, directement, ou indirectement, pour l’instruction desdits Enfans ; soit pour ancre, plumes, papiers, loüages de maisons on autrement. En second lieu que les deniers qui proviendront de ladite Rente ne pourront être divertis, ni emploiez à aucun usage, que pour l’entretien des Ecoles, instruction desdits pauvres, sans que ladite Rente puisse jamais être convertie à la fondation, dotation & établissement d’une ou plusieurs Prebendes ou Benefices ; ni à autres usages, pour quelques causes & sous quelque pretexte que ce soit. Et au cas qu’il arrive changement à ce que dessus, & que lesdites Ecoles ne fussent pas regies conformément audit Etablissement, & Letres Paeentes de sa Majesté du mois de Mai 1680. Mondit Seigneur veut que ladite Rente demeure dés-lors aquise, purement & simplement, aux Pauvres du grand Hôtel-Dieu du Pont du Rône de Lyon, ausquels en ce cas & non autrement, mondit Seigneur en fait Donation par ces presentes, qui ont été faites en la présence dudit Maitre Poyraud, lequel a declaré que lesdites rentes composans la susdite de mil cinquante livres ont été par lui aquises, de l’ordre & des deniers de mondit Seigneur, auquel de consequence elles apartienent.

Et dautant que ledit Sieur Demia est celui qui a donné la pensée à mondit Seigneur dudit Etablissement, qu’il s’y est emploié du depuis, comme il fait encore à present, avec tous les soins possibles. Mondit Seigneur veut que s’il vient à mourir avant ledit Sieur Demia qu’il soit paié par le Tresorier dudit Bureau, audit Sieur Demia pendant sa vie, quatre cent livres par an, provenans desdites mil deux livres dix sols ; sans qu’aprés le decés dudit Sieur Demia, ladite somme puisse être emploiée à autre usage, qu’à celui de la susdite Institution, sous aucun pretexte. Faute dequoi mondit Seigneur entend que l’Hotel-Dieu joüisse de ladite Donation ; ce qui a été accepté par led. Sieur Demia, & les autres Sieurs Directeurs, qui ont promis pour eux & leurs Successeurs, l’execution de ce que dessus. Aux Presentes sont intervenus Lambert de Pont Saint Pierre Ecuyer Seigneur du Peron Prevôt des Marchans de cette Ville, noble Claude de Bely, noble Jean Terrasson, Avocat en Parlement, Juge du Comté de Lyon, & noble Jaques Messier, Echevins de ladite Ville, lesquels pour eux, & leurs Successeurs ausdites Charges, ont reconnu devoir ausdits Sieurs Directeurs des Ecoles des Pauvres de cette Ville, ladite rente annuelle & perpetuelle de mil deux livres dix sols, audit capital de vingt mil cinquante livres ; laquelle rente ils promettent faire paier par le Receveur des deniers communs, dons & octrois de cette Ville ; chacune année, à deux termes, moitié tous les six mois. Le premier paiement se fera à la Saint Jean-Baptiste prochain, le second à Noël suivant, & ainsi continuer de six en six mois, à perpetuité ; sans qu’elle puisse être diminuée à l’avenir, ni divertie pour quelque cause que ce soit. Et à l’éfet de la susdite Page:Démia - Reglemens pour les ecoles De la Ville & Diocese de Lyon. - Suivi des Remonstrances à MM. du clergé - Avis important touchant l'établissement d'une espèce de séminaire.pdf/95 quoient à cette Fonction, ignoroient non seulement la métode de bien lire, & écrire ; mais encore les principes de la Religion ; Que parmi ceux-ci, il y en avoit d’hereriques, d’impies, & qui avoient fait des professions infames, sous la conduite desquels la jeunesse étoit dans un danger évident de se perdre. C’est ce qui obligea ledit Promoteur d’en faire des Remontrances à sa Grandeur, sur lesquelles elle obtint l’Arrét du Conseil suivant.


DE PAR LE ROI.

N. I.

ARRET DU CONSEIL D’ETAT
portant Défenses de tenir Ecole sans permission.


SUR ce qui a été representé au Roi, étant en son Conseil, par le Sieur Archevêque de Lyon, que bien que l’instruction des Enfans aie par toutes les loix été particulierement commise aux soins des Evêques ; & qu’il ne soit permis à qui que ce soit de s’en ingerer, ni de tenir des Ecoles sans la Permission & l’Aprobation de l’Evêque Diocesain ; Neanmoins, au prejudice d’un si juste établissement, plusieurs Regens ou Regentes s’immiscent à enseigner la Jeunesse dans les Villes & Parroisses du Diocese de Lyon, sans avoir auparavant été aprouvez dudit Sieur Archevêque, & sans observer aucuns Reglemens que ceux que bon leur semble pour la direction de leurs Ecoles, d’où il arrive beaucoup d’inconveniens, s’en trouvant parmi eux de mauvaises mœurs, ignorans, de foi suspecte ; & qui recevant des Filles parmi les Garçons, y causent des desordres tres considerables, ce que ledit Sieur Archevêque de Lyon a reconnu dans le cours de ses Visites ; Et étant important d’y remedier SA MAJESTÉ ETANT EN SON CONSEIL, a Ordonné & Ordonne que ceux qui voudront tenir des petites Ecoles pour l’instruction de la Jeunesse de l’un & de l’autre sexe, dans l’étenduë du Diocese de Lyon, seront tenus de prendre la Permission & l’Aprobation expresse par écrit dudit Sieur Archevêque de Lyon, & d’observer exactement les Reglemens qu’il leur donnera pour cet éfet, sans qu’aucuns autres que ceux qui auront ladite Permission le puissent entreprendre en quelque maniere & sous quelque pretexte que ce soit. Et a Sa Majesté fait, & fait inhibitions & défenses aux Oficiers de Justice de troubler ceux qui auront ladite Aprobation en la direction des petites Ecoles ; & à la Cour de Parlement de Paris, & autres, de prendre connoissance des Ordonnances dudit Sieur Archevêque sur le fait desdites petites Ecoles, si ce n’est par les voies de droit, à peine de nullité : Et sera le present Arrêt publié és Bailliages & Senéchaussées dudit Diocese de Lyon l’Audiance tenant, & regitré és Regitres d’icelles à la diligence Page:Démia - Reglemens pour les ecoles De la Ville & Diocese de Lyon. - Suivi des Remonstrances à MM. du clergé - Avis important touchant l'établissement d'une espèce de séminaire.pdf/97 Page:Démia - Reglemens pour les ecoles De la Ville & Diocese de Lyon. - Suivi des Remonstrances à MM. du clergé - Avis important touchant l'établissement d'une espèce de séminaire.pdf/98 Page:Démia - Reglemens pour les ecoles De la Ville & Diocese de Lyon. - Suivi des Remonstrances à MM. du clergé - Avis important touchant l'établissement d'une espèce de séminaire.pdf/99 Page:Démia - Reglemens pour les ecoles De la Ville & Diocese de Lyon. - Suivi des Remonstrances à MM. du clergé - Avis important touchant l'établissement d'une espèce de séminaire.pdf/100 residence pendant une année, & outre ce, les personnes mariées aporteront leur Contrat de mariage.

III. Ils feront profession de foi, & prometteront d’exercer fidelement leur emploi, enseignant bien & loialement leurs Ecoliers, à la pieté, science, & bonnes mœurs, chacun selon son pouvoir.

IV. Ils commenceront & finiront leur Ecole, à heure reglée, & tant en entrant, qu’en sortant, ils feront la priere dressée pour l’usage des Ecoles.

V. Ils feront le Cathechisme au moins deux fois la semaine, savoir le Mécredi, & Samedi au soir, aians soin de bien instruire leurs Ecoliers de ce qui est porté en la feüille, intitulé, l’Exercice du Chrétien ; Ils ne recevront dans leurs Ecoles pour faire lesdits Catechismes, que ceux qui auront Aprobation pour cet éfet.

VI. Ils auront en chaque Ecole un Crucifix, en image ou en relief, avec l’image de la sainte Vierge, de leurs Patrons, & telles autres ausquelles la devotion les portera ; n’y tenans aucun tableau, ni images, qui ne soient devotes & honestes. Outre ce il y aura dans chacune desdites Ecoles, un Catalogue, dans lequel seront écrits les noms de chaque Ecolier, dés lors qu’ils auront été deux ou trois fois en leurs Ecoles.

VII. Ils ne se serviront que de bons livres, & duement aprouvez, & ne permettront que les Ecoliers aportent pour lire de Contrats de procedures en matiere criminelle, &c.

VIII. Ils prendront garde d’observer l’Ordornnance de Monseigneur l’Archevêque, qui défend aux Maitres d’Ecole d’y admettre des filles, & aux Maitresses, des garçons, sans permission expresse.

IX. L’Article XIII. de l’Edit de Nantes, & le 32. des Articles particuliers sur le même Edit. Comme aussi les Arréts du Conseil, faisans expresses défences, à ceux de la Religion Pretendue Reformêe, de tenir des Ecoles publiques ; Afin neanmoins que les Enfans de ladite Religion ne soient privez des instructions necessaires, lesdis enfans seront reçus dans lesdites Ecoles des Maitres & Maitresses, qui en auront obtenu de Nous la Permission, à la charge de n’aporter aucun mauvais livre, ni suspect d’heresie.

X. Ne pourront lesdis Maitres & Maitresses introduire, s’associer, ni substituer en leurs places pour l’instruction de la Jeunesse, autres que eux que seront par Nous aprouvez.

XI. Pour éviter les Contestations, qui pourroient naitre entre les Maitres & Maitresses, pour raison de leur demeure & proximité des uns aux autres, Dans les Villes où il pourroit avoir plus que d’un Maitre, ou Maitresse, ils ne pourront s’y établir, ni changer de maison, sans qu’au prealable, ils ne nous aient designé l’endroit, où ils pretendent établir leur Ecole, afin d’y être pourvû ainsi que nous verrons bon être, & ils observeront en se plaçans de ne pas s’incommoder.

XII. Ils ne recevront dans leurs Ecoles, les Enfans qui seront sortis Page:Démia - Reglemens pour les ecoles De la Ville & Diocese de Lyon. - Suivi des Remonstrances à MM. du clergé - Avis important touchant l'établissement d'une espèce de séminaire.pdf/102 Page:Démia - Reglemens pour les ecoles De la Ville & Diocese de Lyon. - Suivi des Remonstrances à MM. du clergé - Avis important touchant l'établissement d'une espèce de séminaire.pdf/103


Ordre pour les Assemblées des Maitres, & Maitresses
d’Ecole de la ville et des environs de Lyon.


LEs Besoins des Ecoles s’étans manifestez de plus en plus par les Assemblées, qui ne se tenoient au commencement qu’à certains jours, suivant le precedent Reglement ; Mr le Directeur fut obligé en 1678. de les multiplier en les faisant tenir tous les mois ; afin que les Exercices qu’on y pratiquoit leur servans comme d’Ecole, ils fussent ensuite plus disposez pour répandre sur les autres, les eaux salutaires dont ces dociles Ecoliers de l’Esprit de Dieu, se seroient rempli. Voici l’ordre qu’on doit observer dans ces Assemblées.

1. A l’issüe des Vêpres de la Communauté, l’on commence la lecture du Nouveau Testament latin, d’un Livre de pieté françois, designé par Monsieur le Directeur ; & ce, afin de perfectionner les Maitres dans la lecture. Lorsque le Lecteur fait quelque faute, le Preposé lui dit charitablement, prenez garde Monsieur. En place de ces lectures l’on exerce parfois le Catechisme que les Maitres doivent faire pendant le mois ; ou bien l’on fait quelques-uns des exercices de l’Ecole que le Directeur determine suivant les besoins.

2. L’on fait la Priere marquée à la fin des Status de la Confrerie de Saint Charles.

3. A l’heure determinée on lit le Catalogue des Maitres & Maitresses pour marquer les absens.

4. On fait les Deputations. 1. pour faire la susdite lecture. 2. pour faire dire chaque dimanche du mois une Messe, afin qu’il plaise à Dieu verser sa sainte Benediction sur les Ecoles du Roiaume, & en particulier sur celles du Diocese de Lyon, en baillant des sains Maitres & Maitresses, & des Ecoliers dociles. 3. L’on depute un Maitre & une Maitresse pour communier à cette Messe, suivant la même intention, pour laquelle ils doivent dire à la fin les Litanies des sains Maitres & Patrons des Ecoles.

5. Le Secrétaire lit les Deliberations de la precedente Assemblée. Lorsque quelqu’un des Maitres a été chargé de l’execution d’un article & qu’il n’y a pas satisfait, il met une aumône au Tronc des Pauvres, si le Préposé le trouve à propos.

6. Les Courriers ou Sindics des Ecoles font ensuite les Propositions qui regardent l’établissement de quelque bien, ou la correction de quelque desordre ou difficultés survenuës entre les Maitres, que Monsieur le Directeur regle sommairement ; les Courriers rendent aussi compte des Visites qu’ils ont fait dans les Ecoles. Ceux qui auroient quelques propositions à faire les doivent auparavant communiquer aux Courriers ; personne ne devant parler en cette assemblée que par leur organe.

7. Lorsqu’il y a des Maitres ou Maitresses qui demandent Aprobation, ou quelque changement de Quartiers, les Courriers en font aussi ouverture ; aprés en avoir communiqué avec Monsieur le Directeur, ainsi que des choses les plus importantes.

8. L’on baille la matiere du Catechisme, la métode de l’expliquer, & de s’en servir pendant le mois ; dont les Courriers doivent examiner les Enfans dans les visites des Ecoles qu’ils font sur semaine, afin de connoitre les soins que le Maitre a pris de leur enseigner.

9. Quelquefois l’on explique la maniere de bien lire le latin & le françois, ou la methode pour bien enseigner l’ortografe, l’écriture, le chifre, le compte aux jettons. Ou bien l’on fait la lecture des Conduites pour la Civilité dont on tâche de metre en pratique les preceptes.

10. Aprés les Propositions faites par les Courriers, & les Resolutions prises, que le Secretaire écrit sur le Regitre de l’Assemblée ; l’on conclut le tout par une briéve instruction touchant quelques-uns des devoirs des Maitres. Ou bien l’on fait une lecture, un examen, ou une meditation sur laquelle l’on fait quelques momens de reflexion. Quelquefois Monsieur le Directeur change cet ordre suivant le besoin.

11. Ces Exercices ne durent qu’environ deux heures & demi : & l’on finit le tout par la Priere qui est designée ci-aprés.

12. En place du premier Dimanche d’Octobre, l’Assemblée des Maitres se tiendra le jour de Saint Simon & Saint Jude ; on y lit les Reglemens, sur lesquels le Directeur donne les avis convenables, & les moiens de bien commencer & finir l’année scolastique.

13. Les livres qu’on lit en cette Assemblée sont le nouveau Testament, qu’on lira à genoux ; l’Instruction de la Jeunesse, l’Ecole parroissiale, la Vie des Sains de Bonnefons, les Conduites à la Pieté, Civilité, Eternité, & autres semblables que le Directeur designera.

14. Les Officiers de cette assemblée sont 1. un Prefet qui preside en l’absence du Directeur. 2. Les Courriers ou Sindics. 3. Un Maitre qui a le soin de former les pretendans à la Maitrise. 4. Un Secretaire qui écrit dans les Regitres les Deliberations des Assemblées. 5. Un Portier qui prend garde que personne n’entre qui ne soit de l’assemblée.

15. Les fonctions des Courriers sont en general de procurer tout le bien & de détourner tout le mal des Ecoles, autant qu’ils pourront, & en particulier ils doivent avoir soin de la Chapelle, faire les visites chez les Maitres & Maitresses de la Ville, veiller sur l’execution des Reglemens, marquer les noms, surnoms, lieu de naissance, âge, demeure &c. de châque Maitre & Maitresse dont ils tiennent regitre.

16. Les derniers Dimanches du mois l’on fera encore une autre Assemblée des Maitres & Maitresses d’Ecole des Pauvres, quand elle sera indiquée, où l’on traite de tout ce qui regarde le soutien, avancement & perfection tant des Maitres que des Enfans, & des Ecoles des Pauvres en particulier : l’on y observe à peu prés les Reglemens que dessus. On y doit lire les Reglemens des Ecoles des Pauvres pour reconnoitre s’ils sont observez. Il y a un Recteur deputé par le Bureau, pour assister à ces Assemblées.

17. Les Prieres que l’on doit dire au commencement des Assemblées, sont le Veni Creator, le Verset, avec les Oraisons Deus qui corda fidelium, &c. Actiones nostras quæsumus, &c. Parfois les Litanies des sains Maitres & Protecteurs des Ecoles, avec l’oraison qui est au bas.

18. A la fin de l’Assemblée l’on doit dire l’Ave maria stella. Les Oraison 1. Visita quæsumus Domine habitationem, &c. 2. Ecclesiam tuam Domine sancti Caroli. 3. Ecclesia tua quæsumus preces, &c. 4. Excita quæsumus Domine in Ecclesia spiritum cui sancti Magistri & Magistra Scolarum tibi olim servierant, &c. 5. Quæsumus omnipotens Deus ut famulus. 6. Fidelium Deus, &c. Quelquefois on dira seulement le De profundis pour les Défuns avec l’oraison, ainsi que le tout est marqué dans le livre des Prieres des Ecoles.



ETABLISSEMENT DE LA CONFRERIE
de Saint Charles, pour les Maitres & Maitresses
des Ecoles de Lyon.


SUR la Requête presentée par Messieurs Rousselet, & Differnel Courriers des Ecoles, contenant que Monsieur le Directeur pour la perfection des Maitres & Maitresses tant de cette ville que des environs avoit établi des Assemblées tous les premiers Dimanches de chaque mois, afin que Dieu y versât davantage sa sainte Benediction ; ils recouroient à ce qu’il fut établi une Confrerie sous la protection de Saint Charles Borromée, leur Patron, & les Reglemens qui seroient dressez dans la suite : Si bien que le 10 Avril 1683, Monsieur Manis Official & Vicaire general substitué, aïant ordonné la communication de ladite Requête au Promoteur & Directeur general des Ecoles, le 26 du susdit mois, il erigea conformément aux Conclusions, ladite Confrerie sous le vocable de Saint Charles, sous les clauses ordinaires, qu’elle seroit soumise à Monseigneur l’Archevêque.

Ensuite du susdit Etablissement de la Confrerie, Monsieur le Directeur dressa les Reglemens suivans.


REGLEMENS DE LA CONFRERIE
de Saint Charles.

I. Cette Confrerie sera composée des Maîtres & Maîtresses d’Ecole de la Ville & Fauxbours de Lyon, qui auront des lettres de maitrise de Monseigneur l’Archevêque, ou de Monsieur le Directeur des Ecoles.

II. Elle sera entierement soumise à Monseigneur l’Archevêque, ou à celui qui sera par lui préposé pour la Direction des Ecoles.

III. Les Confreres s’assembleront dans la Chapelle, les premiers Dimanches de chaque mois, à deux heures & demi de relevée.

IV. Ceux qui s’absenteront sans cause legitime seront privez pour chaque absence, d’une des Messes, que la Confrerie doit faire dire pour le repos de leur ame, aprés leur decez : & outre ce aumoneront pour la premiere fois un sol, & pour la seconde consecutive deux sols. Et les Maîtresses donneront la moitié moins. Le Receveur de ladite Confrerie en exigera le paiement.

V. Les excuses valables d’absences, seront principalement les voiages, & les maladies, pour lesquelles on sera alité, & la Permission donnée par Monsieur le Directeur des Ecoles avant l’assemblée.

VI. Il y aura quatre Courriers ou Sindics dans la dite Confrerie, dont deux seront Eclesiastiques, tant que faire se pourra, & les deux autres Laiques, qui demeureront en charge chacun deux années : en sorte qu’il en sortira toutes les années un Eclesiastique, & un Laic.

VII. Le Dimanche aprés la fête de S. Charles, lesd. deux Officiers, ou Courriers qui devront sortir, proposeront chacun deux Confreres à Mr le Directeur des Ecoles, qui choisira ceux que bon lui semblera, pour être mis en leur place.

VIII. Les deux nouveaux Officiers auront soin de la decoration de la Chapelle, Luminaire, Sacristie ; & les deux anciens auront soin de recevoir les droits de ladite Confrerie & les peines des contreventions.

IX. Lesdis Couriers feront la Visite chez les Maitres & Maitresses d’Ecole, pour reconnoitre s’ils observent les Reglemens : Visiteront les malades : Avertiront les Maitres & Maitresses de la mort de leurs Confreres, & des ordres qui surviendront ; & generalement veilleront à l’avancement & perfection des Ecoles, & de ladite Confrerie.

X. On fera dire une Messe, les jours d’assemblée dans la Chapelle, où se tiendra la Confrerie.

XI. On nommera à l’assemblée de chaque mois, un Maitre & une Maitresse, pour faire une Communion chaque semaine, pour demander à Dieu, qu’il lui plaise de donner de bons Maitres & de bonnes Maîtresses d’Ecole dans ce Diocese. La Communion se fera s’il se peut en la Chapelle de l’assemblée. Page:Démia - Reglemens pour les ecoles De la Ville & Diocese de Lyon. - Suivi des Remonstrances à MM. du clergé - Avis important touchant l'établissement d'une espèce de séminaire.pdf/108 Page:Démia - Reglemens pour les ecoles De la Ville & Diocese de Lyon. - Suivi des Remonstrances à MM. du clergé - Avis important touchant l'établissement d'une espèce de séminaire.pdf/109 Page:Démia - Reglemens pour les ecoles De la Ville & Diocese de Lyon. - Suivi des Remonstrances à MM. du clergé - Avis important touchant l'établissement d'une espèce de séminaire.pdf/110 Page:Démia - Reglemens pour les ecoles De la Ville & Diocese de Lyon. - Suivi des Remonstrances à MM. du clergé - Avis important touchant l'établissement d'une espèce de séminaire.pdf/111 Page:Démia - Reglemens pour les ecoles De la Ville & Diocese de Lyon. - Suivi des Remonstrances à MM. du clergé - Avis important touchant l'établissement d'une espèce de séminaire.pdf/112

ABREGÉ DES REGLEMENS de la petite Communauté de S. Charles

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  1. ribler : courir la nuit comme font les filous, cf. Furetière
  2. refusant de « s’assujettir aux loix » cf. Furetière
  3. au sens de « avant »
  4. commodes= obligeantes
  5. Voiez les Ordonnances etc., les Arrests du Conseil, donnez en faveur des Ecoles, raporte_ dons les Mémoires du Clergé. Démia a pu disposer de l’éd. de 1646. L’Assemblée du clergé de 1660 décida une nouvelle édition, plus complète, laquelle sortit de presse en 1674. Elle fut distribuée en 1675. C’est donc à l’éd. de 1646 que les Remontrances de 1668 font allusion, sans négliger toutefois le supplément paru en 1652. Il est évident que Démia usa ensuite de l’éd. de 1674-75].