La Maison de la bonne presse (p. 13-15).


PRO PATRIA




Frères, mesurons bien nos tailles
À la hauteur de nos aïeux,
Et sur le champ de leurs batailles,
Sachons toujours fixer les yeux.

L’orangiste, hélas ! se réveille,
Aussi terrible qu’autrefois !
Entendez-vous, prêtez l’oreille !
Frères, entendez-vous sa voix ?

Insultant au fond de leur tombe,
Nos pères qu’il a bien connus,
Il dit que leur gloire succombe
Dans leurs descendants méconnus.


Il sait pourtant que dans nos veines
Coule le sang de ces héros,
Que tant qu’elles en seront pleines,
Nous survivrons à leurs bourreaux.

La secte injuste et fanatique,
S’épuisera, sans que jamais,
On puisse dire en Amérique :
« Ci-git le dernier français ! »

Aux jours sombres de la tourmente,
Qui vit tomber notre drapeau,
On crût notre race expirante,
Et sur le bord de son tombeau.

L’oppression, la tyrannie,
Unirent en vain leurs efforts,
Ceux qu’on a dit à l’agonie,
Sont devenus nombreux et forts.


Frères, mesurons bien nos tailles,
Montrons-nous dignes des aieux,
Et s’il nous vient d’autres batailles,
Sachons nous distinguer comme eux.


Juin 1891.