Recueil des lettres missives de Henri IV/1578/Vers le 26 mars ― À mon cousin monsieur de Dampville



[1578. — vers le 26 mars[1].]

Orig. autographe. – B. R. Fonds Béthune, Ms. 8834, fol. 1 recto.

Copie. – B. R. Suppl. fr. no 1009-4.


À MON COUSIN MONSR DE DAMPVILLE,

MARESCHAL DE FRANCE, GOUVERNEUR ET LIEUCTENANT GENERAL POUR LE ROY EN LANGUEDOC.

Mon Cousin, J’ay receu la lettre que m’avés escripte par le comte d’Azillan, present porteur, et ay veu les instructions que luy avés baillées. Sur lesquelles il y auroit beaucoup à respondre. Mais d’autant que je ne vois meilleur moyen pour terminer tels differens et parvenir à l’entiere execution de l’edict, que d’envoyer et depputer personnes dignes et bien affectionnées au repos public, qui d’une part et d’aultre s’employent pour oster les empeschemens qu’on donne et establir la paix, j’ay prié mon cousin monsieur de Turenne de vous aller trouver[2] et avec vous travailler à un si bon œuvre avec toute sincerité, comme je l’ay chargé de faire de sa part, ce qu’il m’a promis et asseuré ; ayant resolu de le faire partir pour cest effect dedans six jours, comme aussy il en a bonne envye, pour le desir qu’il a, tant de faire quelque grand bien à tout ce Royaume que de vous voir. Et espere qu’il reussira quelque grand fruict et utilité de ce voyage de mon dict cousin, pour la bonne correspondance qu’il aura avec vous, pour parvenir à ce que tous les gens de bien desirent, et à quoy je m’asseure que vous tendés. Soubz cette asseurance et confiance de vostre bonne volonté envers moy, je vous prieray faire tousjours entier estat de moy et de mon amityé, et me tenir pour celuy qui est et desire demeurer pour jamais

Vostre bien affectionné cousin et parfaict amy,
HENRY.


  1. Cette date est fournie par la note de réception mise au dos de la lettre : « Reçue le 29 mars 1578. »
  2. Dom Vaissète nous apprend que l’assemblée des états de Béziers « députa, le 15 d’avril, au roi de Navarre, pour le prier d’envoyer le vicomte de Turenne en Languedoc, afin d’y faire poser les armes aux religonnaires, faire vuider les garnisons des places qu’ils occupoient, et exécuter l’édit de pacification. » Cette lettre montre que la démarche des états dut être faite à l’instigation du maréchal de Damville, comme conforme aux intentions du roi de Navarre lui-même.