Recueil de contes populaires slaves (traduction Léger)/XXXIII
XXXIII
LA RECETTE DU SOLDAT
n soldat vint, un jour, loger chez une
bonne femme.
— Eh ! bonjour, la vieille ! y a-t-il quelque chose à manger ?
— Oui, tu peux prendre tes affaires au clou, répond la vieille
— As-tu donc les oreilles bouchées ?
― Oui, tu peux aller te coucher.
— Attends, vieille sorcière, je te guérirai de ta surdité. Et, montrant les poings : — Allons, sers la table.
— Je n’ai rien, mon fils !
— Fais-moi de la bouillie.
— Avec quoi, mon fils ?
— Donne-moi une hache, je ferai de la bouillie avec.
— C’est étrange ! se dit la vieille ; voyons un peu comment il fait de la bouillie avec une hache.
Elle lui apporta une hache ; le soldat la prit, la mit dans le pot, versa de l’eau, et voilà la hache qui bout.
Il la fait cuire, cuire, et goûte :
La bouillie serait excellente, dit-il, si l’on y ajoutait seulement un peu d’orge.
La vieille apporte de l’orge.
Il fait cuire, cuire, et goûte :
— C’est parfait ; il ne manque plus qu’un peu de beurre.
La vieille apporte du beurre. Le soldat fait cuire la bouillie.
— Maintenant, la vieille, apporte du pain et du sel, et prends ta cuiller ; nous allons manger la bouillie.
Ils avalèrent le tout.
— Mais quand donc, demanda la bonne femme, mangerons-nous la hache ?
— Elle n’est pas encore tout à fait cuite. Je finirai de la faire cuire en route. Elle me servira pour mon déjeuner de demain.
Et il fourra la hache dans son sac, dit adieu à la vieille, et le voilà parti pour un autre village[1].
- ↑ Nous avons, en France, un conte populaire semblable, la Soupe au caillou.