Recherches statistiques sur l’aliénation mentale faites à l’hospice de Bicêtre/II/B

B.Monomaniaques.
97.
État civil.
Célibataires, 71
Mariés, 24
Veufs, 2
Total. 97
Âge.
Avant 20 ans, 0
De 21 à 30, 11
De 31 à 40, 29
De 41 à 50, 34
De 51 à 60, 10
De 61 à 70, 9
De 71 à 80, 4
Total. 97
Durée de séjour.
Depuis 28 ans.
1
Depuis 9 ans.
2
Depuis 26 ans.
1
Depuis 8 ans.
1
Depuis 21 ans.
2
Depuis 7 ans.
3
Depuis 18 ans.
1
Depuis 6 ans.
1
Depuis 16 ans.
1
Depuis 5 ans.
1
Depuis 15 ans.
3
Depuis 4 ans.
2
Depuis 14 ans.
1
Depuis 3 ans.
3
Depuis 13 ans.
1
Depuis 2 ans.
8
Depuis 12 ans.
3
Depuis 1 an.
14
Depuis 11 ans.
8
De l’année.
38
Depuis 10 ans.
2
Total.
97
Causes.
Peines morales.
4
Perte d’argent.
2
Éducation mal dirigée.
4
Hérédité.
1
Misère.
4
Religion.
1
Politique.
2
Onanisme.
1
Excès de boisson.
2
Total.
21

Les monomanies, au nombre de 97, sont dans une proportion bien minime relativement aux autres formes de la folie. Ce résultat, qui est si peu en harmonie avec les statistiques de plusieurs auteurs, et celle de M. Esquirol en particulier, se trouve d’accord avec les relevés que nous avons faits sur plusieurs années, et dont nous avons eu l’occasion de parler dans un autre endroit.

L’état civil nous offre, comme pour les maniaques, une prédominance très marquée en faveur des célibataires ; elle est de trois quarts à peu près sur le chiffre total des monomanies.

Pour l’âge, le plus grand nombre se trouve aussi entre 31 et 50 ans ; la moitié, à peu près, est comprise dans cette période de 20 années ; le reste est réparti presque également dans les autres âges de la vie, à l’exception toutefois de la première jeunesse, car avant 20 ans nous n’en avons point observé un seul cas. Nous avons déjà vu que les manies étaient rares à cet âge ; les monomanies doivent l’être davantage, en raison du caractère du délire qui les constitue.

La plupart de ces malades sont entrés depuis peu à l’hôpital ; 14 d’entre eux appartiennent à l’année dernière ; le plus ancien n’a que 28 ans de séjour, tandis que pour les maniaques nous en avons trouvé un qui comptait déjà 36 ans. Nous ne conclurons point de cela que le monomane vit moins longtemps que le maniaque ; le contraire arrive nécessairement à cause du trouble des diverses fonctions de l’économie ordinairement plus marqué dans la manie que dans les délires partiels. Peut-être cela tient-il à ce que la monomanie offre généralement peu de chances de guérison, ou à ce que les malades dont le délire est isolé peuvent quelquefois rentrer dans la société, tout en conservant les fausses idées qui constituent leur affection.

Les causes que nous avons rencontrées sont presque toutes morales ; elles doivent avoir plus d’influence que les causes physiques qui, à leur tour, produisent plus souvent la manie. Il y a dans la monomanie une fausse idée dans l’esprit, et rien d’essentiellement matériel ne paraît avoir présidé à sa formation, mais dans la manie c’est un trouble général, et dans la manifestation de ce délire, on semble saisir une modification organique qui aurait concouru à son développement.