Recherches statistiques sur l’aliénation mentale faites à l’hospice de Bicêtre/II/A

A.Maniaques.
274.
État civil.
Célibataires, 193
Mariés, 66
Veufs, 12
État civil non indiqué, 3
Total. 274
Âge.
Avant 20 ans, 3
De 21 à 30, 41
De 31 à 40, 80
De 41 à 50, 88
De 51 à 60, 44
De 61 à 70, 14
De 71 à 80, 4
Total. 274
Durée de séjour.
Depuis 36 ans.
1
Depuis 11 ans.
3
Depuis 33 ans.
1
Depuis 10 ans.
17
Depuis 25 ans.
3
Depuis 19 ans.
5
Depuis 22 ans.
1
Depuis 18 ans.
14
Depuis 21 ans.
2
Depuis 17 ans.
10
Depuis 19 ans.
1
Depuis 16 ans.
15
Depuis 18 ans.
2
Depuis 15 ans.
16
Depuis 17 ans.
2
Depuis 14 ans.
27
Depuis 16 ans.
1
Depuis 13 ans.
12
Depuis 15 ans.
4
Depuis 12 ans.
30
Depuis 14 ans.
3
Depuis 11 an.
33
Depuis 13 ans.
3
De l’année.
63
Depuis 12 ans.
5
Total.
274
Causes.
Abus des alcooliques.
14
Mauvais traitements.
2
Misère.
9
Masturbation.
1
Hérédité.
8
Ambition.
1
Chagrin.
7
Malheurs domestiques.
1
Excès vénériens.
4
Mauvaise éducation.
1
Revers de fortune.
3
Apoplexie.
1
Amour contrarié.
2
Total.
54

Parmi les maniaques, le plus grand nombre n’est pas marié ; cela s’accorde assez avec ce que les auteurs ont établi au sujet de l’influence du célibat sur la folie, et avec ce que nous avons pu observer nous-mêmes.

L’âge des maniaques nous a donné un maximum que l’on retrouve dans presque toutes les statistiques ; c’est la période de 31 à 50 ans qui en offre le plus, elle renferme à elle seule près des deux tiers des malades. Le nombre diminue de moitié pour la période décennale qui suit 50 ans, et celle qui précède 30 ans. Il diminue de plus en plus en avançant vers la vieillesse ; mais la diminution est encore plus rapide au-dessous de 20  ans.

Le temps depuis lequel ces maniaques sont renfermés dans l’hospice comprend une échelle de 36 ans. On a dit que les aliénés vivaient peu de temps, qu’ils arrivaient rarement à un âge fort avancé. Cette proposition nous paraît juste ; nous n’avons, en effet, que 4 maniaques sur 274 qui aient passé l’âge de 70 ans, et la table de la durée de séjour nous prouve que leur existence n’est pas très longue, puisque près de la moitié de la population est toute récente, et n’a été admise dans l’hospice que depuis 2 ou 3 ans ; ceux qui comptent plus de 15 ans de séjour ne forment qu’une très petite partie de la division. Cela nous donne une idée du mouvement qui s’opère dans l’hospice par suite de la mortalité ; mais ce que l’on a dit sur la brièveté de la vie chez les fous est plus rigoureusement applicable à une autre forme d’aliénation, à la démence paralytique, dont nous nous occuperons bientôt. Du reste, parmi les causes de mort chez les aliénés, il ne faudrait pas tout attribuer à la maladie, et il est juste de tenir compte de conditions fâcheuses où les place le séjour de l’hôpital ; elles n’ont pas moins d’influence que l’affection mentale elle-même pour hâter une funeste terminaison.

On ne s’étonnera point de trouver le chapitre des causes si incomplet, si l’on fait attention à la difficulté que nous avons dû avoir à les rechercher chez une foule de malades incapables de donner le moindre renseignement. Nous avons été réduits, la plupart du temps, à consulter les notes qui étaient consignées dans les registres d’entrées, et nous avons trouvé seulement 54 malades pour lesquels les causes aient été signalées. Nous voyons les boissons alcooliques occuper un chiffre élevé. Les causes morales viennent après, puis la misère, dont l’influence est aussi physique que morale, et enfin l’hérédité.