CHAPITRE X

derniers combats

Niniotan courait dans les bois avec la rapidité d’un chevreuil, suivi de près par son père. Rien n’arrêtait leur marche rapide, et ils glissaient au travers des plus épais fourrés comme d’agiles bêtes fauves.

Le jeune homme balançait un rifle dans sa main droite avec la force et l’aisance d’un guerrier : sa démarche se soutenait aussi ferme et prompte qu’au départ, comme s’il eut été insensible à la fatigue. Ses yeux noirs, dilatés par la douleur et l’effroi, sondaient d’un regard brûlant le lointain horizon.

Aucune parole ne fut prononcée entre eux ; le bruit seul de leur respiration haletante se faisait entendre.

Le visage d’Oonomoo n’avait point quitté son expression habituelle de tristesse grave et résignée, et il aurait été difficile de découvrir dans sa physionomie quelques vestiges des sentiments déchirants qui bouleversaient son âme. Seulement une sorte de nuage sombre voilait ses yeux ; ses lèvres étaient serrées ; ses doigts nerveux s’imprimaient dans le bois de sa carabine.

En moins d’une heure, les deux Indiens eurent dévoré l’espace qui les séparait de la hutte. Mais, arrivé là, au lieu de prendre la route ordinaire, Niniotan se détourna à gauche, jusqu’à un creek (ruisseau) dont le courant était moins rapide. Après en avoir suivi le bord quelques instants, il retira un canot de dessous les herbes, le mit à flot et sauta dedans avec son père. Aussitôt la légère embarcation vola sur les flots, enlevée par les avirons que les deux Indiens manœuvraient avec une frénétique vigueur.

Un demi-mille plus loin, ils s’engagèrent dans un autre ruisseau, puis gagnèrent une nappe d’eau dormante dont la profondeur diminuait jusqu’à la rive, si bien que le canot lancé comme une flèche vint glisser sur la plage jusques hors de l’eau.

Alors Niniotan s’élança hors du canot, et, avec son père, s’enfonça dans un impénétrable fourré. Là ils s’arrêtèrent.

— Flwellina est restée ici, dit le jeune homme en cherchant des yeux autour de lui.

Oonomoo fit entendre le signal habituel, un sifflement doux et tremblant : il ne reçut pas de réponse. Une seconde fois, il le renouvela après avoir longtemps attendu : puis, il passa un temps considérable dans le silence. Enfin, après avoir fait un troisième appel infructueux, il allait s’enfoncer dans les broussailles pour continuer ses recherches, lorsque son oreille exercée entendit comme un frisson dans les feuilles ; l’instant d’après, sa femme était auprès de lui.

Ni l’un ni l’autre ne prononça une parole ; ils s’embrassèrent tendrement ; ensuite Flwellina recula d’un pas, et dit :

— Les Shawnees sont sur ma trace.

Oonomoo songea aussitôt aux diverses chances de salut. Avec son instinct de guerrier sauvage, il comprit que l’ennemi était en force considérable, et qu’une lutte serait tout-à-fait inégale, impossible même. Le meilleur plan à suivre était donc de battre en retraite du côté par où devait arriver le capitaine Prescott avec ses hommes.

Ce fut le parti que prit Oonomoo. En venant, il avait laissé sur sa route des traces très-apparentes de son passage : ses amis blancs ne pouvaient manquer de les reconnaître ; leur arrivée était proche.

Il regagna donc le canot, y déposa soigneusement Flwellina ; Niniotan et lui s’installèrent auprès d’elle ; puis ils lancèrent leur embarcation avec une vitesse effrayante. Peu d’instants après, ils avaient regagné le lieu d’embarquement ; Oonomoo enleva Flwellina dans ses bras, sauta à terre suivi de Niniotan, et tous trois s’élancèrent à travers le bois.

Au même instant, un bruit suspect frappa les vigilantes oreilles du Huron. Il sonda les environs du regard, mais il ne put rien voir ; il n’en resta pas moins convaincu que l’ennemi était proche.

Sans s’arrêter une seconde, il continua sa marche tenant Flwellina serrée derrière lui, Niniotan protégeant la retraite.

Mais à peine eurent-ils fait vingt pas que le hurlement des Shawnees s’éleva ; une nuée de démons rouges sembla surgir de terre pour s’élancer sur les fugitifs.

Plusieurs coups de feu résonnèrent : Oonomoo, qui s’était aussitôt jeté au-devant de sa femme, sentit les balles lui sillonner les chairs, et son sang coula par plusieurs blessures.

Fuir devenait impossible ; Oonomoo accepta la bataille en brave.

Abritant rapidement sa femme derrière un arbre et se plaçant près d’elle, il fit signe à Niniotan de chercher aussi un abri :

— Niniotan, lui dit-il, prouvez que vous êtes un guerrier, le digne fils d’Oonomoo le Huron !

Prompt comme la pensée, le jeune homme se blottit derrière un tronc renversé, et fit feu en même temps que son père. Un double hurlement d’agonie s’élevant du milieu des Shawnees attesta que les messagers de mort n’avaient point manqué leur but. Tous deux rechargèrent leurs armes et attendirent.

De leur côté, les assaillants, sachant à qui ils avaient affaire, et redoutant un pareil ennemi aux abois, firent un temps d’arrêt pour concerter leur attaque, sûrs de l’écraser par le nombre.

Oonomoo, économisant sagement sa poudre, fit ses dispositions pour vendre chèrement sa vie, et surtout prolonger la lutte le plus longtemps possible en attendant l’arrivée des blancs.

Le brave Huron ne connaissait point la peur ; mais ses préoccupations pour Flwellina étaient pleines d’angoisses. Il lui vint à l’esprit que peut-être les hommes du capitaine Prescott seraient à portée d’entendre sa voix et de hâter le pas au moindre signal : dans cette pensée, il poussa son cri de guerre d’une voix éclatante qui alla se répercuter au loin parmi les échos.

Ce moyen de salut devait avoir un résultat funeste : en entendant cette clameur désespérée, qui si souvent les avait fait trembler, les Shawnees comprirent qu’Oonomoo se voyait perdu et faisait un signal pour accélérer l’arrivée d’un secours. Ils précipitèrent leur attaque.

Les deux premiers guerriers qui s’avancèrent tombèrent lourdement sous le feu des deux fugitifs : l’un avait la poitrine trouée par la balle de Niniotan ; l’autre, la tête fracassée par celle d’Oonomoo. Alors, laissant tomber son fusil inutile, le Huron se redressa devant sa femme, tenant d’une main le tomahawk, de l’autre, le couteau.

C’était un spectacle terrible : tout autour, la meute hurlante des Shawnees dont le cercle se rétrécissait ; au milieu, le brave fugitif ferme comme un rocher, les pieds dans le sang répandu par ses blessures, mais toujours redoutable. Dans ses yeux s’était allumée une flamme terrible ; sa noble tête redressée se rejetait en arrière avec son corps pour se préparer à prendre élan. La main droite levée, prête à frapper, la main gauche étendue pour protéger sa femme, Oonomoo se présentait à la bataille dans une attitude héroïque et redoutable.

À ses pieds, Flwellina agenouillée, priait, la pauvre femme, moins pour elle que pour ceux qu’elle aimait et qui s’exposaient les premiers à la mort.

Un peu en arrière, Niniotan, toujours caché, faisait feu sans relâche, et à chaque coup abattait un Shawnee.

Mais c’était surtout à Oonomoo que s’attaquaient ces derniers : néanmoins ils ne s’avançaient qu’avec un frisson de terreur.

Un Shawnee de taille gigantesque bondit en avant avec un hurlement de rage : Oonomoo balança son tomahawk et le lança. La lame brillante étincela en tournoyant dans l’air, le Shawnee tomba comme une masse ; l’arme meurtrière l’avait atteint au milieu du visage et lui avait littéralement fendu la tête. Des clameurs terribles accueillirent cette chute : tous les assaillants fondirent sur le Huron comme une avalanche.

Oonomoo les reçut à la pointe de son couteau avec lequel il décrivit un cercle sanglant : quatre Shawnees tombèrent, fauchés comme des roseaux ; le reste recula. Cet adversaire, semblait jouer avec la mort et lancer la foudre autour de lui. Pour l’aborder, il fallait trébucher sur les cadavres dont il s’était fait un rempart.

Un second assaut fut tenté : trois Shawnees tombèrent encore : l’un d’eux avait la tête presque entièrement séparée du corps ; l’autre la poitrine ouverte jusqu’au cœur ; le troisième avait les nerfs des jambes tranchés.

Alors on vit les vingt-cinq ou trente lâches qui survivaient, se retirer à quinze pas, se mettre en ligne et fusiller de là celui dont ils n’osaient plus approcher.

Quand la fumée des rifles fut dissipée, ils regardèrent avec effroi le redoutable Huron ; il était encore debout, mais chancelant. Un voile de sang ruisselait sur ses yeux ; à ses pieds, Flwellina atteinte aussi de plusieurs balles, était étendue sur le sol rouge et humide.

Les Shawnees restèrent immobiles, effarés, attendant en silence le moment où tomberait le guerrier assassiné mais non vaincu.

Oonomoo passa une main sur son visage et essuya ses paupières déjà appesanties par l’agonie. Dès que ses yeux purent distinguer quelque chose, ils cherchèrent sa femme et la virent gisante.

Alors une expression surhumaine illumina ce visage foudroyé ; les regards du mourant se levèrent au ciel comme pour répondre à un appel chéri, ou pour donner un rendez-vous suprême.

Ensuite il s’affaissa lentement, sans tomber ; d’abord sur les genoux, ensuite sur les mains ; puis, par un dernier effort, il s’étendit doucement auprès de Flwellina ; et ses bras s’enlacèrent autour d’elle afin de la protéger jusqu’au delà de la mort.

Son fier visage toujours noble et calme, souriait de ce dernier sourire que Dieu donne aux justes et aux forts.

En le voyant immobile, les Shawnees respirèrent ; un grondement de loup sortit de leurs poitrines, et le plus hardi d’entre eux s’approcha du Huron pour le scalper.

À peine avait-il fait deux pas qu’une balle siffla et le coucha par terre : c’était Niniotan qui venait de faire feu.

La meute sanguinaire se rua sur lui avec rage : mais l’enfant bondit sur le corps de son père, ramassa son couteau tout fumant, et se redressa en poussant de sa voix grêle le cri de guerre, le redoutable cri de guerre paternel.

Il y eut un moment d’hésitation parmi les Shawnees : à cet instant, la moitié d’entre eux tomba se tordant dans les convulsions de l’agonie ; un redoutable feu de peloton venait d’éclater dans le bois, et une voix forte s’écriait :

— Par ici ! enfants ! je vois ces masques-rouges à travers les arbres. En avant ! feu ! pas de quartier ! — Dieu me bénisse ! ils ont serré la détente avant d’avoir reçu l’ordre !

Suivant de près leurs balles, les Riflemen bondirent hors du fourré, le couteau à la main : deux ou trois d’entre eux, le capitaine en tête, avaient des pistolets avec lesquels ils abattirent encore quelques Shawnees.

Les sauvages survivants prirent la fuite avec une rapidité telle qu’il fut impossible d’en faire aucun prisonnier : mais ils laissaient sur le champ de bataille les quatre cinquièmes de leur troupe : ils avaient combattu quarante contre deux, et encore ils avaient été vaincus ! ce fut une journée néfaste dont on se souvint longtemps au village des Shawnees.

Le capitaine Prescott, Canfield et leurs hommes entourèrent aussitôt Oonomoo et Flwellina. Parmi eux se trouvait le Révérend Eckman, missionnaire Morave qui s’était joint à eux dans leur trajet : c’était lui qui avait donné à Flwellina sa première éducation chrétienne, lui qui avait béni son mariage avec le Huron : il portait à ce digne couple une affection toute paternelle.

Les yeux pleins de grosses larmes, le vieillard s’agenouilla auprès des deux victimes et fit ses efforts pour relever leurs têtes, leur donner quelque soulagement s’il était temps encore.

Niniotan n’était pas blessé ; il se tenait debout, froid et rigide comme une statue de marbre, s’efforçant d’imiter la fermeté stoïque des guerriers de sa race, et d’enfermer sous un visage d’airain les cruelles angoisses qui déchiraient son cœur. Mais le pauvre enfant ne pouvait suffire à cette cruelle tâche ; de douloureuses convulsions soulevaient sa poitrine, une rosée brûlante jaillissait de ses yeux demi-fermés, et ses lèvres tremblaient, retenant à peine les sanglots qui lui gonflaient le cœur.

Oonomoo, étendu sur le flanc, respirait avec peine ; sur son visage erraient déjà les teintes livides de l’agonie : Flwellina haletait, la bouche entrouverte, comme si l’air lui eût manqué. Tous deux étaient baignés du sang qui avait coulé de leurs blessures.

Canfield, couvert de la sueur froide du désespoir, avait pris Oonomoo dans ses bras, et cherchait à le soulager par des ablutions d’eau pure et fraiche.

Le missionnaire avait relevé Flwellina et, aidé du capitaine Prescott, lui prodiguait les mêmes soins. La jeune femme ouvrit les yeux :

— Père ! murmura-t-elle en reconnaissant l’homme de Dieu, je suis heureuse de vous voir. Oonomoo et moi nous allons mourir, vous nous montrerez le chemin des Terres Brillantes.

— Elle vous est ouverte, la voie du ciel, mon enfant, vos pieds la suivent depuis longtemps. Puis-je faire quelque chose pour vous consoler ?

— Non, mon corps souffre, mais mon esprit est dans un feu de joie ; soignez Oonomoo, dit la jeune femme en tournant ses regards vers son mari.

Les bras du Huron étaient déjà raidis autour du corps de Flwellina ; il fallut les soulever tous deux pour leur donner quelques soins. Les Riflemen silencieux, la douleur peinte sur le visage, s’empressaient d’apporter leur aide, d’amonceler des feuilles sèches, des bruyères, sous la tête de leurs amis mourants.

Oonomoo avait repris ses sens ; le missionnaire écarta doucement ses longs cheveux agglutinés par le sang qui lui voilaient la face.

— Oonomoo, mon cher fils, lui demanda-t-il, que désirez-vous ?

— Où est Niniotan ? murmura le Huron.

— Ici, père ! dit l’enfant d’une voix étouffée, en s’approchant.

— Reste là, et regarde mourir un guerrier chrétien, lui dit Oonomoo dans sa langue natale.

— Où est la main de Flwellina ? ajouta-t-il.

Sa bien aimée et fidèle compagne l’entendit et aussitôt plaça sa main dans la sienne : le mourant la porta à ses lèvres.

Bientôt le corps du Huron se refroidit : les derniers efforts que tous deux avaient faits pour réunir leurs mains avaient rouvert leurs blessures ; un filet de sang vermeil ruissela sur le bras de Flwellina et alla se mêler à celui d’Oonomoo qui coulait jusques dans la rivière.

Le moment suprême approchait : au travers de leur sourire céleste les traits nobles et calmes des agonisants exprimaient une vive souffrance.

Le missionnaire remarqua un léger mouvement sur les lèvres d’Oonomoo : pensant que celui-ci voulait lui adresser quelque demande, il se pencha vers lui et prêta une oreille attentive.

Le guerrier, dont l’âme entrevoyait déjà quelques-unes des lueurs éternelles, s’adressait au Grand Esprit, non avec les sentiments désolés d’un mourant, mais avec la pieuse confiance du juste qui espère.

Avec une simplicité touchante, il faisait une sorte d’examen de sa vie ; il rappelait que dans son cœur il y avait pardon pour les Shawnees, qu’il ne désirait point leurs chevelures, qu’il n’en avait point scalpées depuis longtemps, depuis que la lumière du Grand Esprit était venue luire à ses yeux.

Il resta immobile et muet quelques instants ; ensuite il prononça le nom de Niniotan.

— Je suis toujours devant vous, Père, répondit l’enfant.

— Mon fils, sois un guerrier Huron, comme Oonomoo l’a été. N’enlève jamais le scalp à un ennemi, ne tue que dans un combat honorable : vis et meurs en chrétien.

Suivant son usage lorsqu’il parlait à sa femme ou à son fils, Oonomoo s’était exprimé en idiome Huron : le missionnaire seul pouvait le comprendre.

— Lisez-nous le Bon Livre, ajouta Oonomoo en essayant d’entr’ouvrir les yeux.

Le missionnaire chercha hâtivement sa Bible ; mais dans la précipitation de sa course il l’avait perdue.

— Voilà la mienne, dit Flwellina, prenez-la sur ma poitrine.

Le capitaine Prescott la remit au missionnaire ; chacun put remarquer que le livre était troué par une balle, et plein de sang.

L’homme de Dieu l’ouvrit d’une main tremblante et lut le passage de l’épître aux Corinthiens par l’apôtre saint Paul, où il est parlé en termes sublimes de la résurrection triomphante des justes au dernier jour.

Quand la voix émue du missionnaire prononça ces dernières paroles ; « ô mort ! où est ton dard ? ô tombe ! où est ta victoire ? »

Les mains, jusques là unies, d’Oonomoo et de Flwellina, se séparèrent ; soutenus comme par une force surnaturelle tous deux se redressèrent assis, ouvrant les yeux d’une manière étrange et regardant le ciel.

Puis les deux corps retombèrent… Tout était fini.

Après un long et solennel silence, le missionnaire se pencha sur les dépouilles inanimées de ses deux plus chers disciples, et leur donna un baiser d’adieu ; ensuite il étendit une couverture sur les corps et y déposa une croix rustique faite de roseaux.

Niniotan était toujours là, immobile et muet, les bras croisés sur sa poitrine comme pour y comprimer la douleur prête à éclater, les yeux fixés sur ce qui était ses parents.

Le bon vieillard posa paternellement sa main sur sa tête et lui dit :

— Niniotan se souviendra des dernières paroles d’Oonomoo : il restera un guerrier chrétien, et lorsque son esprit quittera la terre, il ira rejoindre son père et sa mère aux heureuses Terres-de-chasse dans le ciel. — Niniotan, mon enfant, je t’offre un asile dans notre demeure ; tu y resteras aussi longtemps que tu voudras. Ta mère y a passé sa jeune enfance, et je lui avais appris la crainte et l’amour de Dieu. Veux-tu venir avec moi ?

— Niniotan n’oubliera jamais les paroles d’Oonomoo, répondit l’enfant en dialecte Huron ; son cœur reste chaud pour le bon Père de Flwellina, il s’en souviendra toujours. Mais les bois sont la maison de Niniotan, le gazon vert est son lit, le ciel bleu sa couverture. Niniotan veut y rester.

À ces mots, l’enfant se détourna vers la forêt et disparut dans ses profondeurs solitaires.

Par les soins du capitaine Prescott, les corps d’Oonomoo et de Flwellina furent déposés dans une sépulture honorable.

Après son mariage avec miss Mary Prescott, Canfield devint officier supérieur dans l’armée fédérale, et plus tard acquit une grande fortune.

Devenu possesseur de vastes territoire sur les rives de l’Ohio, il consacra à la mémoire de ses amis Indiens le lieu même où la mort les avait surpris, et leur fit élever un monument superbe en marbre blanc.

Il y a quelques années, le voyageur pouvait encore lire sur une face de l’édifice tumulaire ces mots gravés en lettres primitivement dorées :

OONOMOO
l’ami des blancs.



FIN