Rational (Durand de Mende)/Volume 5/Septième livre/Chapitre 47

Traduction par Charles Barthélemy.
Louis Vivès (volume 5p. 144-145).


CHAPITRE XLVII.
DES VIERGES.


I. L’office du matin, des vierges, est tiré en grande partie du psaume épithalamique Eructavit cor meum, où l’on traite des louanges de l’époux et de l’épouse. Car les vierges sont les épouses du Christ ; elles suivent l’Agneau partout où il va, en corps et en ame, à cause de l’intégrité de leur corps et de leur ame. Il faut remarquer que ce répons, qui se rapporte à l’époux, savoir Audivi vocem de cœlo, etc., que l’on dit dans quelques églises, est du premier ton, parce que le Christ est l’unique époux des âmes ; il est tiré de Mathieu (c. xxv). Cet autre, qui a trait au mépris du monde, savoir Regnum mundi et omnem ornatum sœculi contempsi, est du cinquième ton, parce que l’on y montre la mortification des cinq sens foulés aux pieds.

II. Or, pour les vierges, on chante Fulcite me floribus (Cantiq., ii), qui a été expliqué dans la cinquième partie, au chapitre de Sexte. Dans certaines églises, on dit ce petit verset pour les vierges : Elegit eam Deus et prœelegit eam. Mais d’autres, considérant, avec plus de raison, que la bienheureuse vierge Marie seule, a été préélue, ne disent ce verset qu’en son honneur ; et pour les autres vierges ils récitent Elegit eam Deus, et dilexit eam. Aux heures, on dit le capitule Qui gloriatur (Ire Corinth., cliap. ii et x) ; et celui-ci : Æmulor enim (Ire Corinth., chap. ii) ; et celui-là : Sapientia vincit (Sag., viii) ; et celui-ci : Memorati sunt, Domine, misericordiœ tuœ (Ecclés., chap. xv) ; et cet autre : Liberasti me a perditione (ibid.) ; et cet autre encore : Accinxit fortitudinem lumbos suos (Prov., chap. xxxi).

III. Dans l’office de la messe, si c’est une vierge et martyre, l’office propre est : Loquebar de testimoniis tuis in conspectu regum, etc. Le reste est commun, excepté l’introït, que l’on dit pour la bienheureuse Agathe :

IV. Gaudeamus omnes in Domino, pro eo quod ipsa excellenter lœtissima venit ad passioneni, sicut de ea scriptum est : Agatha lœtissime et glorianter ihat adcarcerem ; ideo ejus lœtitiœ nostram lœtitiam sociemns, et cum ea in Domino congaudeamus ; « Réjouissons-nous tous dans le Seigneur de ce que Agathe, remplie d’allégresse, est venue pour souffrir d’une manière excellente, comme il a été dit d’elle : Agathe allait à la prison avec la plus grande joie, et comme en triomphe. C’est pourquoi mêlons notre joie à sa joie, et réjouissons-nous avec elle dans le Seigneur. » Pour la bienheureuse Agnès, l’office de la messe est : Me expectaverunt peccatores, et on peut en voir la raison dans sa légende.

V. Et remarque que pour les vierges on dit quelquefois l’épître Confitebor tibi, Domine (Ecclés., c. li) ; quelquefois aussi : Qui gloriatur (IIe Cor., x) ; d’autres fois : Domine Deus meus, exaltasti (Eccl., ii) ; quelquefois : Sapientia laudabit animam (Sag., xxiv) ; ou bien : Sapientia vincit malitiam (Sag., viii) ; ou bien encore : De virginibus (Ire Cor., vii) ; quelquefois : Dominus possedit me ( Prov., c. viii) ; l’alleluia et la postcommunion sont : Quinque prudentes (Math., c. xxv) ; quelquefois on dit l’évangile Simile est regnum cœlorum thesauro abscondito in agro (Math., c. xxiii) ; d’autres fois : Simile est regnum cœlorum decem virginibus (Math., c. xxv).