Rational (Durand de Mende)/Volume 5/Septième livre/Chapitre 15

Traduction par Charles Barthélemy.
Louis Vivès (volume 5p. 64-67).


CHAPITRE XV.
DE SAINTS PIERRE ET PAUL.


I. La question qui se présente touchant ces deux saints, c’est s’ils souffrirent le même jour. Henri le Solitaire semble vouloir que saint Paul ait souffert le même jour, mais un an après. Les papes Pélage et Nicolas, saint Ambroise et les autres saints Pères veulent qu’ils aient souffert le même jour et à la même heure, sous l’empereur Néron, savoir la quatorzième année de son règne ; autrement, les histoires écrites sur ces deux apôtres seraient fausses. Toutefois, ils ne souffrirent ni dans le même endroit de Rome, ni ne subirent le même supplice. Saint Pierre fut crucifié dans la ville même ; mais saint Paul, qui était citoyen romain, comme on le lit dans les Actes des apôtres, bien qu’il fût de Tharse, fut décapité hors des murs de la ville, supplice qui paraissait plus honorable. Et on lit que de son corps s’échappa du lait au lieu de sang. Plus tard, l’empereur Constantin ayant élevé des églises en l’honneur des deux apôtres, le pontife romain voulut séparer leurs corps ; et comme on était dans le doute sur l’identité de leurs reliques, une voix céleste se fit entendre qui dit : « Les plus grands ossements appartiennent au prédicateur et les plus petits au pêcheur. » C’est ainsi que l’on distingua leurs reliques, que l’on plaça dans les églises qui leur étaient respectivement dédiées. Ensuite le pape Sylvestre, voulant consacrer ces églises, pesa également et avec un grand respect les os petits et grands, en plaça la moitié dans l’une, et l’autre moitié dans l’autre église. C’est pourquoi il en est qui font la fête de cette division aux nones et au huitième jour avant les ides de juillet, parce que c’est en ce jour que cette division eut lieu. D’autres la célèbrent le quinzième ou le seizième jour du même mois. D’autres disent que la fête de la division de saint Pierre et de saint Paul se fait en ce jour, à cause de leur séparation qui eut lieu à Jérusalem après douze ans, ou douze ans après l’Ascension, quand ils se séparèrent pour aller prêcher les Gentils ; en cette fête ils chantent la grande séquence Cœli enarrant gloriam, et l’évangile de l’Ascension : Recumbentibus, etc., commençant à la fin : Dominus quidem Jesus, postquam, etc.

II. Encore bien que les fêtes des deux apôtres tombent le même jour, cependant le bienheureux Grégoire a décrété que l’on ne dirait en ce jour que l’office du bienheureux Pierre, tant parce que c’est en ce jour que l’église du bienheureux Pierre fut dédiée, et parce qu’il se convertit le premier, que parce qu’il fut plus élevé en dignité, ayant obtenu le pontificat dans l’Église romaine ; et l’on dit à la messe l’introït Nunc scio (Act., xii). La collecte est commune aux deux apôtres, Deus qui hodierna die ; c’est pourquoi on ne fait pas mémoire TOMK V. 5 de saint Paul. L’épître est : Misit Herodes (ibid.) ; l’alleluia est : Tu es Petrus (Math., xvi) ; l’évangile, de saint Mathieu également, est : Venit Jésus in partes, où on lit ces paroles : Quem dicunt, etc. ? « Qui dit-on que soit le Fils de l’homme ? » D’après Jérémie, dans le texte hébreu, on lit : Filius Adœ, « Le fils d’Adam. » Pendant les heures on dit le capitule Misit Herodes, rex magnus, etc. (Act., c. xii) ; et celui-ci : Angelus Domini ; et celui-là : Et Petrus ad se reversus, ducmême chapitre des Actes des apôtres. Le jour suivant, on célèbre la fête de saint Paul, et l’on dit à la messe l’introït Scio cui, (II ad. Timoth., c. ii) ; la collecte Deus qui multitudinem, et le graduel Qui operatus est Petro (Galat., chap. i). Le verset est : Gratia Dei (aux Corinth., chap. xv) ; l’épître, Notum vobis facio (aux Galat., chap. i) ; l’alleluia est : Tu es vas electionis (Act., chap. ix) ; l’évangile, Dixit Simon Petrus (Math., chap. xix). Dans d’autres églises on dit : Hoc est prœceptum (Jean, chap. xv). La communion est : Amen dico vobis (Math., chap. xix). De même, à l’office de nuit du bienheureux Paul, on fait précéder de certains petits versets les antiennes de laudes, comme il a été dit dans la sixième partie, au chapitre de la Trinité, et on dit le capitule Bonum certamen (II ad Timoth., chap. iv).

III. A l’octave de ces apôtres, on dit celui-ci : Confitebor tibi, Domine, rex Ecclesiœ (cap. ult.) ; mais dans la vigile on dit l’introït Dicit Dominus (Jean, dernier chapitre), et l’épître Petrus et Joannes (Act., iii). L’évangile est : Dixit Jesus Simoni Petro (Jean, dernier chapitre). Cette fête renferme trois choses : le jeûne, la solennité et une octave. Le jeûne, parce que si nous voulons régner avec ces apôtres, il nous faut souffrir avec eux. Le jour de la fête, nous nous réjouissons de leur glorification. Dans l’octave, déjà certains de la béatitude de leur ame, nous nous réjouissons de la béatitude future de leur corps, et nous attendons le mérite de la glorification éternelle. On a parlé de cette octave dans la préface de cette partie. Et remarque que le pape Léon II, priant pour les citoyens de Naples, qui combattaient sur mer contre les Sarrasins, composa la collecte Deus cujus dextera beatum Petrum, etc. Après avoir achevé de fortifier la ville Léonine, en plaçant des serrures aux portes, il pria et fit cette collecte : Deus qui beato Petro, collatis clavibus, etc. A la fête de sainte Madeleine, on dit l’épître Mulierem fortem quis inveniet (Paraboles, dernier chapitre) ? L’évangile est : Rogabat Jesum (Luc, chap. vii).