Rational (Durand de Mende)/Volume 2/Sixième livre/Chapitre 004

Traduction par Charles Barthélemy.
Louis Vivès (volume 3p. 178-181).


CHAPITRE IV.
DU SECOND DIMANCHE DE L’AVENT DU SEIGNEUR.


I. Dans ce second dimanche de l’Avent du Seigneur, comme nous l’avons dit ci-dessus, il s’agit du second avènement. Mais comme il est plus doux de se réjouir que de pleurer, et que l’amour est préférable à la crainte, c’est pourquoi certaines choses concernent le second avènement, certaines autres concernent le premier et le second.

II. En effet, voici le premier répons de matines : Jerusalem, cito veniet salus tua, tunc omnes plorabunt, « Jérusalem, ton salut va bientôt venir, alors tous gémiront, dont une partie se rapporte au temps de la joie, et l’autre au premier et au second avènements. En outre, il y a deux versets, suivant certaines églises, pour exprimer la même chose ; on y voit aussi deux alleluia, comme on le dira bientôt. Le premier est : Jerusalem, si me audieris, etc. ; et le Seigneur emprunte les paroles de Moïse, pour qu’il soit bien entendu que c’est lui qui parlait à Moïse. Quelquefois aussi il se sert des paroles de Salomon, afin que nous sachions que c’est lui qui est la sagesse dont a parlé Salomon. Ce répons est tiré de Michée, ainsi que celui qui suit, c’est-à-dire Bethléem ; cependant certaines églises le disent le dimanche suivant, et il appartient au premier avènement, et parle de la génération temporelle et éternelle du Christ. Touchant sa génération temporelle il dit : « Bethléem est la cité du grand Dieu, » parce que c’est à Bethléem qu’il est né. Touchant la génération éternelle, il dit : « Sa génération est dès le commencement de jours, dès l’éternité. » Pour ce qui est des autres répons, leur sens est clair,

III. A laudes, la première antienne se rapporte au second avènement. Elle commence ainsi : Ecce in nubibus cœli, etc. Mais, à la messe, l’introït se rapporte évidemment à l’un et l’autre avènements. Le voici : Populus Sion, ecce Dominus veniet ad salvandas gentes : « Peuple de Sion, voici que le Seigneur viendra pour sauver les nations » (Isaïe, c. xxx) ; car il sauve dans l’un et l’autre avènements. Suivent ces mots : et auditam faciet Dominus vocem laudis suæ, « et le Seigneur fera entendre la voix de ses louanges, car il est la tourterelle dont la voix a été entendue sur notre terre, et il a apporté avec lui un temps tout nouveau. » Sa voix, au second avènement, fera entendre ces paroles : « Venez, les bénis de mon Père, etc. » Mais au second avènement appartient le verset Qui regis Israël, intende, qui deducis Joseph, « Toi qui régis Israël et qui conduis Joseph, révèle-toi ; » qui conduis Joseph, c’est-à-dire qui le conduis hors de ce monde, c’est-à-dire qui diriges nos progrès, c’est-à-dire dans le bien, comme une brebis, c’est-à-dire simple comme une brebis.

IV. Comme à matines le premier répons est Hierusalem, etc., et qu’à la messe l’introït est Populus Sion, c’est pourquoi, ce dimanche-là, on fait une station dans l’église, qui est appelée Jérusalem. Sait l’oraison Excita, Domine, corda nostra ad præparandas Unigeniti tui vias, « Seigneur, excite nos cœurs, et prépare-les à recevoir dignement ton Fils unique, » qui a trait seulement au premier avènement ; mais l’épître Quæcumque scripta sunt, etc. (ad Rom., c. xv), a trait au second, afin que par la patience et la consolation des Écritures nous conservions l’espérance, et ainsi nous sommes invités à l’espérance pour adoucir nos souffrances. Le répons appartient aux deux avènements : au premier, par ces paroles : Ex Sion species decoris ejus, « C’est Sion qui a donné sa beauté ; » au second, par celles-ci : Deus noster manifeste veniet, « Notre Dieu viendra et manifestera sa présence ; » mais le verset ne se rapporte qu’au premier avènement. Le voici : Congregate, « Rassemblez ; » c’est-à-dire, vous qui êtes ses anges, rassemblez sanctos ejus, ses saints, c’est-à-dire les bons prédicateurs, qui ordinant Testamentum ejus, qui placent son Testament, c’est-à-dire le Nouveau, super sacrificia, au-dessus des sacrifices, c’est-à-dire au-dessus de l’Ancien-Testament ; car, comme dit l’Apôtre, on doit d’abord commencer par ce qui a rapport au corps animal, et ensuite on arrive à ce qui est ou ce qu’il appelle spirituel ou qui se rapporte à l’esprit. Ce congregate fut surtout nécessaire dans la primitive Église : congregate, rassemblez, c’est-à-dire rassemblez, ô vous qui êtes les bons prédicateurs, comme le bienheureux Paul et les autres. Ensuite vient Alleluia, qui, ordinairement, comprend deux versets, suivant certaines églises ; et il en est ainsi, parce qu’en cet endroit il s’agit des deux avènements. Le premier verset, Lœtatus sum, etc., appartient au premier avènement ; car, avant le premier avènement du Christ, les hommes désespéraient de leur salut. Mais ils se réjouirent aussitôt qu’ils connurent que le Fils de Dieu s’était fait homme. Le second verset appartient au second avènement : Stantes erant pedes nostri in atriis, etc., « Nos pieds, c’est-à-dire les affections de notre cœur, sont restés dans tes parvis, ô Jérusalem ! etc. » Car nous y sommes déjà en espérance et par les désirs de notre cœur. L’évangile est de saint Luc (chap. xxi), c’est-à-dire Erunt signa in sole et luna, etc., « Il y aura des signes dans le soleil et dans la lune, » appartient au second avènement. On y indique les signes qui précéderont le jour du jugement, parce que le monde tout entier, par son trouble, annoncera le jugement du Seigneur. Suivent encore ces mots du même évangile : His autem fieri incipientibus, respicite et levate capita vestra, « Or, au commencement de ces prodiges, regardez et levez vos têtes, parce que votre rédemption approche. » Voilà pour l’espérance. Certaines églises lisent l’évangile Cum audisset Joannes in vinculis, etc., qui, également, a trait au second avènement, parce que Jean fait cette question : « Est-ce toi qui doit venir, ou si nous devons en attendre un autre ? » Le Seigneur lui répond : Voici que je viens pour racheter, etc., et je viendrai de nouveau pour sauver, comme vous pouvez le conjecturer par mes miracles ; car les aveugles voient, etc. L’offertoire a trait au premier avènement. La postcommunion Hierusalem, etc., qui est de Baruch (c. iv et v), appartient à l’un et à l’autre avènements. Le mardi, le mercredi et le samedi, on lit les évangiles qui rendent témoignage du Christ, c’est-à-dire de Jean, et ceux qui renferment les témoignages de Jean-Baptiste touchant le Christ et sa venue. L’épitre Patientes estote, qui se dit alors, traite du même sujet.