Racine et Shakespeare (édition Martineau, 1928)/Appendice IV/V

Texte établi par Henri MartineauLe Divan (p. 312-326).
V. — De la moralité de Molière.

Quoique je trouve assez peu digne d’attention tout ce que des gens à petites vues ont dit sur la moralité du théâtre, il est facile de voir que Molière n’est pas plus moral qu’un autre. Il faut reléguer cet argument en sa faveur avec cette autre vieillerie : « la beauté de la morale des religions. » L’essentiel, dont on ne parle pas, est de créer des intérêts qui portent à suivre, jusqu’à tel ou tel degré d’héroïsme, telle bonne morale.

Molière a peint avec plus de profondeur que les autres poëtes ; partant il a été plus moral : rien de plus simple. La moralité est dans le fond des choses. Plus on sera philosophe, plus on verra que la vertu est le chemin le plus probable du bonheur ; que dans les palais, comme sous le toit domestique, il n’y a guère de bonheur sans justice. Tout père tyran se dit quelquefois que, quinze jours après sa mort, sa famille se trouvera plus heureuse. Mais ces grandes questions font grimacer Thalie.

Dès que vous dogmatisez au théâtre, dès que vous injuriez un parti, dès que vous argumentez sur un point douteux, ceux de vos auditeurs qui ont de l’esprit s’imaginent que vous portez un défi à leur vanité. Au lieu de rire des ridicules de vos personnages, ou de sympathiser avec leurs malheurs, ils se mettent à chercher des arguments contraires aux vôtres. C’est ainsi que tout mélange de politique tue les ouvrages littéraires.

Molière est immoral. À ce mot, je vois les pédants me sourire. Non, messieurs, Molière n’est pas immoral, parce qu’il prononce le mot de mari trompé ou de lavement[1] ; on disait ces mots-là de son temps, comme du temps de Shakspeare l’on croyait aux sorcières. Les effets que ces détails peuvent produire aujourd’hui sont indépendants de la volonté de ces grands artistes.

Encore moins Molière est-il immoral, parce que le fils d’Harpagon manque de respect à son père, et lui dit :

Je n’ai que faire de vos dons.

Un tel père méritait un tel mot, et la crainte de ce mot est la seule chose qui puisse arrêter un vieillard dans son amour immodéré pour l’or.

L’immoralité de Molière vient de plus haut. Du temps de madame d’Épinay et de madame Campan, il y avait la manière approuvée et de bon goût de mourir, de se marier, de faire banqueroute, de tuer un rival, etc. Les lettres de madame du Deffand en font foi. Il n’y avait pas d’action de la vie, sérieuse ou futile, qui ne fût comme emprisonnée d’avance dans l’imitation d’un modèle, et quiconque s’écartait du modèle excitait le rire, comme se dégradant, comme donnant une marque de sottise. On appelait cela « être de mauvais goût » Le supplice du général Lally fut de bon goût[2].

C’est par l’absence du modèle et le recours au raisonnable qu’un homme d’esprit, Espagnol ou Anglais, qui arrive en France, peut être ridicule ; et j’approuve qu’on l’affuble de ce ridicule. C’est peut-être par supériorité d’esprit que ce nouveau venu s’écarte des usages reçus ; mais, jusqu’à plus ample informé, la société a raison de croire que c’est par ignorance ; et prenez garde, l’ignorance des petits usages prouve à l’instant infériorité de rang, chose abhorrée dans l’aristocratie ; ou bien encore c’est par sottise. Dans tous les cas, si le nouveau venu mérite une exception par son esprit, qu’il fasse preuve d’esprit en se défendant contre nos critiques, cela nous amusera.

En 1780, lorsqu’un mousquetaire allait, à six heures du matin, frapper à la porte d’un conseiller aux enquêtes et l’enlever dans un fiacre, l’on disait le soir, en racontant les détails de cette expédition : « Les démarches du mousquetaire ont été fort bien, » ou : « Il a été de la dernière inconvenance. » D’après cet arrêt de la société, le mousquetaire était fait capitaine de cavalerie deux mois après, ou attendait une autre promotion.

Fidélité au patron convenu, mais fidélité libre pouvant, dans l’occasion, montrer quelque esprit : telle fut la manière d’éviter les ridicules dans une cour, et ce que nos pères appelaient l’usage du monde. De là les phrases : « Cela se fait, Cela ne se fait pas, Cela ne ressemble à rien, » si fréquentes dans la langue française.

En se donnant des ridicules, on perd la considération. Or, à la cour de Louis XV (où le mérite réel ne comptait guère), perdre de sa considération, c’était perdre sa fortune. Lorsqu’il se présentait un mois après une vacance, une place importante à donner, l’opinion publique de la cour déclarait qu’il était ridicule ou convenable pour monsieur un tel d’y prétendre.

C’est justement cette horreur de n’être pas comme tout le monde qu’inspire Molière, et voilà pourquoi il est immoral.

Résister à l’oppression, n’avoir pas horreur d’un péril, parce qu’il est obscur, voilà ce qui peut s’appeler n’être pas comme tout le monde, et voilà pourtant comme il faut être de nos jours pour vivre heureux ou inattaqué par le sous-préfet du coin. Tout homme timide qui a horreur du péril, parce qu’il est obscur, trouvera toujours un sous-préfet pour le vexer ou un grand-vicaire pour le dénoncer. En France, ces sortes de caractères n’ont d’autre refuge que Paris, où ils viennent peupler la moitié des nouvelles rues.

Sous un roi, la mode n’admet qu’un modèle, et, si l’on me permet de traiter la mode comme un habit, qu’un patron ; sous un gouvernement comme celui de Washington, dans cent ans d’ici, lorsque l’oisiveté, la vanité et le luxe auront remplacé la tristesse presbytérienne, la mode admettra cinq ou six patrons convenus, au lieu d’un seul. En d’autres termes, elle tolérera beaucoup plus d’originalité parmi les hommes, et cela dans la tragédie comme dans le choix du boguey, dans le poëme épique comme dans l’art de nouer la cravate, car tout se tient dans les têtes humaines. Le même penchant à la pédanterie, qui nous fait priser, avant tout, en peinture, le dessin, qui n’est presque qu’une science exacte, nous fait tenir à l’alexandrin et aux règles précises dans le genre dramatique, ou à la symphonie instrumentale durement raclée et sans âme dans la musique.

Molière inspire l’horreur de n’être pas comme tout le monde. Voyez, dans l’École des maris, Ariste, le frère raisonneur, parler de la mode des vêtements à Sganarelle, le frère original. Voyez Philinte prêchant le misanthrope Alceste sur l’art de vivre heureux. Le principe est toujours le même : être comme tout le monde[3].

Cette tendance de Molière fut probablement le motif politique qui lui valut la faveur du grand roi. Louis XIV n’oublia jamais que, jeune encore, la Fronde l’avait forcé à sortir de Paris. C’est depuis César que les gens du pouvoir haïssent les originaux qui, tels que Cassius, fuient les plaisirs vulgaires et s’en font à leur guise. Le despote se dit : Ces gens-là pourraient bien avoir du courage ; d’ailleurs, ils attirent les regards et pourraient bien, en un besoin, être chefs de parti. Toute notabilité qu’il ne consacre pas est odieuse au pouvoir.

Sterne avait trop raison : nous ne sommes que des pièces de monnaie effacées ; mais ce n’est pas le temps qui nous a usés, c’est la terreur du ridicule. Voilà le vrai nom de ce que les moralistes appellent souvent l’excès de civilisation, la corruption, etc. Voilà la faute de Molière ; voilà ce qui tue le courage civil chez un peuple si brave l’épée à la main. L’on a horreur d’un péril qui peut être ridicule. L’homme le plus intrépide n’ose se livrer à la chaleur du sang qu’autant qu’il est sûr de marcher dans une route approuvée. Mais aussi quand la chaleur du sang, l’opposé de la vanité (passion dominante), produit ses effets, on voit les incroyables et sublimes folies des attaques de redoute, et ce qui est la terreur des soldats étrangers sous le nom de furia francese.

Éteindre le courage civil fut évidemment la grande affaire de Richelieu et de Louis XIV[4].

Une femme aimable me disait, ce soir, dans son salon : « Voyez comme on nous abandonne ; nous voici sept femmes seules ; tous ces messieurs sont là-bas autour de la table d’écarté, ou contre la cheminée à parler politique. » Je me suis dit tout bas : Molière réclame sa part de cette sottise ; n’est-ce pas là un des effets des Femmes savantes ?

Les femmes, craignant mortellement le ridicule que Molière jette à pleines mains sur la pédante Armande, au lieu d’apprendre des idées, apprennent des notes de musique ; les mères ne redoutent point du tout le ridicule de faire chanter à leurs filles :

Di placer mi balzo il cor,
........................
E l’amico che farà ?

(Gazza ladra.)
car Molière ne l’a pas nommé en public dans les Femmes savantes.

D’après cette belle manière de raisonner, depuis la chute du genre frivole (1788), les femmes ne peuvent plus qu’aimer ou que haïr ; elles ne sauraient le plus souvent discuter et comprendre les raisons d’aimer et de haïr.

Si du temps de madame Campan ou de madame la duchesse de Polignac les femmes n’était pas délaissées, c’est qu’elles comprenaient fort bien et mieux que personne les ridicules de la cour ; c’est tout simple puisqu’elles le faisaient, et l’opinion de la cour, c’était la fortune[5]. La finesse d’esprit des femmes, la délicatesse de leur tact, leur ardeur passionnée pour faire la fortune de leurs amis[6], les ont rendues admirables pour tenir une cour comme pour la peindre[7]. Malheureusement les objets de l’attention publique ont changé, et les femmes qui n’ont pas couru assez vite à la suite des événements sont hors d’état de comprendre les raisons qui rendent une protestation ridicule ou admirable. Elles ne peuvent que répéter, d’après l’homme qu’elles aiment : C’est exécrable, ou : C’est sublime. Or l’approbation portée à ce point, au lieu d’être flatteuse, n’est qu’ennuyeuse.

Beaucoup de femmes de Paris trouvent un bonheur suffisant à s’habiller chaque soir avec beaucoup de soins, à monter en voiture, et à aller paraître une demi-heure dans un salon où les hommes parlent entre eux d’un côté, tandis que les femmes se regardent d’un œil critique entre elles. Au milieu d’une société ainsi arrangée, une femme qui n’aurait pas une vanité assez robuste pour vivre uriquement de jouissances de cette espèce serait fort malheureuse ; elle ne trouverait que du vide dans tout ce qui fait les plaisirs des autres femmes ; elle passerait pour singulière ; la société qu’elle offenserait à son insu, par sa manière particulière de sentir, serait juge et partie contre elle, et la condamnerait tout d’une voix. Je vois au bout de trois ans cette femme perdue de réputation, et, en même temps, la seule digne d’être aimée. Il est vrai qu’on peut rompre le cours de cette méchante sollise du public par un séjour de six mois à la campagne.

La manie raisonnante et l’amour des chartes s’étant, par malheur, emparé des peuples, l’esprit de charte en faisant son tour d’Europe, apercevra un jour à ses pieds les vieilles convenances, et les brisera d’un coup d’aile. Alors tombera cette maxime célèbre, le palladium du savoir-vivre de nos grands pères : Il faut être comme un autre ; alors aussi paraîtra la décrépitude de Molière.

L’amour, le grand amour passionné, et, à son défaut, les sentiments de famille, fondés sur la tendresse sentie en commun pour les enfants, voilà les liens puissants qui nous attachent aux femmes, dès notre début dans la vie. Plus tard, notre bonheur serait encore de vivre auprès d’elles ; un peu froissés par l’égoïsme et les tromperies des hommes, que nous connaissons trop bien, nous désirons achever doucement notre vie auprès de celles qui firent le charme de ses premiers moments, et dort l’imagination toujours vive et brillante nous rappelle encore la plus belle moitié de l’amour.

Telle est la manière de passer les dernières journées de l’automne, en ces pays fortunés où le despotisme du ridicule, plus qu’on ne pense le soutien et l’ami d’un autre despotisme, est resté inconnu ; dans ces contrées où l’aimable monarchie à la Philippe II, non déguisée par les menteries des gens de cour jouant le bonheur, n’a pu tromper les peuples et est restée, avec sa face hideuse et son regard affreux, exposée à tous les yeux. L’instruction publique n’étant qu’une moquerie, toutes les idées s’acquièrent par la conversation, et les femmes ont autant de génie, pour le moins, que les hommes. Comme il n’y a point eu de cour toute-puissante sur l’opinion, tenue par un despote jaloux de toutes les supériorités, il est resté permis à tout le monde de chercher le bonheur à sa manière.

Une femme, supérieure par son esprit, à Rome ou à Venise, est admirée, redoutée, adorée ; mais personne ne songe à la perdre par le ridicule. L’entreprise serait absurde, et l’on ne comprendrait pas même, en ces pays haureux, la phrase dont je me sers. Comme son salon est, en dernière analyse, celui où on s’amuse le plus, la société s’accoutume à quelques erreurs un peu vives si elle a à se les reprocher, et finit toujours par lui revenir. Le bégueulisme est laissé dans un coin à bâiller et à maudire. Voyez les princesses romaines du dernier siècle, celle, par exemple, qui disposa de la tiare en faveur de Pie VI[8]. Les grands de leurs temps, qu’ils s’appellent Querini[9], Consalvi ou Canova, ont trouvé chez elles des confidentes pour toutes leurs idées, des conseillères pour tous leurs projets, et, enfin, jamais cette infériorité morale si affreuse à découvrir dans ce qu’on aime.

Je ne crains point de paraître un jour suranné, en parlant d’un trait de courage récent et qui occupe tous les esprits en France[10]. Eh bien ! la femme que j’aime, vous dirait un jeune homme, a l’âme qu’il faut pour l’admirer et avec enthousiasme ; ce qui lui manque, c’est l’habitude d’un peu d’attention et de la logique nécessaire pour comprendre toute la beauté de ce trait magnanime et toutes ses conséquences.

Nul doute que Molière n’ait bien mérité de Louis XIV, en disant aux femmes, représentées par Bélise : « Gardez-vous d’acquérir des idées. »

… Une femme en sait toujours assez
Quand la capacité de son esprit se hausse
À connaître un pourpoint d’avec un haut-de-chausse.

(Les Femmes savantes, acte II, scène vii.)

Ce n’est point Louis XIV que je blâme ; il faisait son métier de roi. Quand ferons-nous le nôtre, nous hommes nés avec six mille francs de rente ? La preuve que Louis XIV voyait juste, c’est qu’une petite bourgeoise de Paris, la fille d’un simple graveur, trop pauvre pour aller au spectacle, et qui peut-être n’avait jamais vu les Femmes savantes, madame Roland, a fait manquer par un esprit pénétrant plusieurs grands projets savamment combinés par les conseillers secrets de Louis XVI. Il est vrai qu’elle avait eu la sottise de lire dans sa jeunesse ; et je viens de voir gronder à fond une jeune fille charmante, quoiqu’elle n’ait que douze ans, parce qu’elle avait osé ouvrir un livre que lit sa mère, le livre le plus honnête du monde. Là-dessus est arrivé le maître de musique, qui lui a fait chanter, en ma présence, le duetto de l’Italiana in Algeri :

Ai capricci della sorte,
........................
Sarà quel che sarà

(Acte Ier.)

Mère aimable et d’un esprit supérieur, les livres sont comme la lance d’Achille, qui seule pouvait guérir les blessures qu’elle faisait ; enseignez à votre fille l’art d’éviter l’erreur, si vous voulez qu’elle puisse résister un jour aux séductions de l’amour, ou à celles de l’hypocrisie à quarante ans. En politique, comme dans l’éducation la plus privée, une baïonnette ne peut rien contre une doctrine. Tout au plus, elle peut faire redoubler d’attention pour la saisir. Les livres se multiplient si rapidement que votre aimable fille rencontrera celui que vous redoutez, fût-ce dans l’armoire d’une auberge de campagne. Et alors, voyez comme ce prétendu mauvais livre se vengera de vos gronderies passées ; ce sera à lui à jouer le beau rôle, et à vous à avoir la laide mine d’une police attrapée. Un jour, peut-être, vous ne serez plus pour votre fille qu’une femme envieuse qui a cherché à la tromper. Quelle image affreuse pour une mère !

Molière a voulu rendre impossible, par le succès des Femmes savantes, l’existence de femmes dignes d’entendre et d’aimer le misanthrope Alceste ; madame Roland l’eût aimé[11]. Et un tel homme, soutenu par un cœur digne de l’entendre, eût pu devenir un héros citoyen, un Hampden. Voyez le danger, et souvenez-vous qu’un despote a toujours peur.

Mais, me dit-on, Molière n’a pas songé à toutes ces profondeurs machiavéliques, il n’a voulu que faire rire. En ce cas, pourquoi dire que Regnard est immoral et que Molière ne l’est pas ?

La comédie des Femmes savantes est un chef-d’œuvre, mais un chef d’œuvre immoral et qui ne ressemble à rien. L’homme de lettres dans la société n’est plus un bouffon nourri par les grands seigneurs, c’est un homme qui s’amuse à penser au lieu de travailler, et qui est conséquemment peu riche ; ou bien c’est un homme de la police payé par la trésorerie pour faire des pamphlets. Est-ce là Trissotin ou Vadius ?

  1. Voir, dans madame Campan, la réponse de Louis XVI.
  2. Lettres d’Horace Walpole à madame du Deffand sur le général Lally. Dans sa lettre du 11 janvier 1769 (tome I, pages 31 et 32) à Horace Walpole, madame du Deffand s’exprimait sur la mort de Lally et sur les instants qui l’avaient précédée avec une légèreté vraiment atroce. Walpole laissa éclater une vive indignation dans sa réponse. On y lit ces phrases :

    « Ah ! madame, madame, quelles horreurs me racontez-vous là ! Qu’on ne dise jamais que les Anglais sont durs et féroces. — Véritablement, ce sont les Français qui le sont. Oui, oui, vous êtes des sauvages, des Iroquois, vous autres. On a bien massacré des gens chez nous ; mais a-t-on jamais vu battre des mains pendant qu’on mettait à mort un pauvre malheureux, un officier général qui avait langui deux ans en prison ?… Mon Dieu ! que je suis aise d’avoir quitté Paris avant cette horrible scène ! Je me serais fait déchirer ou mettre à la Bastille. » — Cf. Mémoires de madame de Genlis.

  3. Une dame de ma connaissance, pour s’occuper à la campagne, a essayé d’établir un petit cours de morale d’après le rôle du raisonneur de Molière. Ce petit travail lève tous les doutes ; je ne le place pas ici, il ferait longueur, et je crains déjà d’être bien long pour un pamphlet littéraire.
  4. Les confessions d’Agrippa d’Aubigné ressemblent à un roman de Walter Scott ; on y voit combien les périls obscurs étaient encore bienvenus en France vers l’an 1600,
  5. Lettres de madame du Deffand à Horace Walpole.
  6. Mémoires de Marmontel.
  7. C’est dans les lettres de madame de Sévigné, de madame de Caylus, de mademoiselle Aïssé, etc., qu’il faut chercher le Siècle de Louis XIV. Celui de Voltaire est puéril, à peu près comme la Révolution de madame de Staël. On sent trop que Voltaire eût donné tout son génie pour avoir de la naissance. Entraîné par l’élégance de ses mœurs Voltaire n’a vu le Siècle de Louis XIV que dans les embellissements de Paris et dans les arts. Il est singulier qu’un homme d’honneur, attaqué impunément par la canne d’un grand seigneur, s’obstine à adorer le régime politique qui l’expose à ce petit désagrément.
  8. Madame Falconieri, grande dame fort intrigante, et qui passait pour avoir beaucoup de crédit ; elle était mère de la jeune personne qui est devenue, dans la suite, duchesse de Braschi, par son mariage avec l’un des neveux de Pie VI. Ce pontife lui fut redevable de ses premiers succès dans la carrière ecclésiastique ; mais madame Falconieri, très-précieuse à ménager comme protectrice, n’avait rien de ce qui pouvait la faire aimer comme maîtresse. Braschi ne la fréquenta que peu de temps, s’en éloigna dès qu’il en eut obtenu la seule faveur qu’il en attendait ; et c’est seulement dans ces derniers temps que l’humeur qu’il avait excitée à beaucoup d’égards, et sa tendresse aveugle pour mademoiselle Falconieri, devenue sa nièce, ont fait dire qu’il en était le père.

    (Mémoires historiques et philosophiques sur Pie VI, t. I, p. 119.)

  9. Le dernier grand homme de Venise.
  10. Résistance de M. Manuel, le 4 mars 1823, à la décision de la veille, qui l’excluait de la Chambre des députés.
  11. Sous le nom de madame Roland, je m’indique à moi-même le nom de femmes d’un génie supérieur qui vivent encore.