Résignation (Gilkin)

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La NuitLibrairie Fischbacher (Collection des poètes français de l’étranger) (p. 67).




RÉSIGNATION



J’implore de ton cœur la pitié d’un mensonge,
Auroral et suave ange de trahison,
Sourire de ma vie, adorable poison
Qui parfumas mes chairs du doux mal qui les ronge.

Toi que, jour et nuit, mon douloureux désir songe,
Rentre encore un instant dans ma sombre maison.
— Hélas ! le néant seul répond à ma raison
Et quel vide éternel est l’enfer où je plonge !

— Et pourtant, ô mon âme, ils croyaient te chérir,
— Plus ils t’aimeront, plus ils te feront souffrir,
Ces volages enfants que nul amour n’arrête.

Les yeux clos à leur brève et cruelle beauté,
Cloître-toi dans ton rêve et sa divinité :
Va, pour se faire aimer, il faut faire la bête.