Répertoire national/Vol 1/Ode à la Patrie

Collectif
Texte établi par J. Huston, Imprimerie de Lovell et Gibson (Volume 1p. 207).

1832.

ODE À LA PATRIE.

Ô vaisseau fortuné, qu’ont battu les tempêtes,
Rassure-toi, les vents, enchaînés sur nos têtes,
A tes marins tremblants n’annoncent plus la mort :
Instruit par le péril, éprouvé par l’orage,
Au gré d’un vent plus doux, vogue vers le rivage,
Où l’agréable paix t’ouvre son heureux port.

De tes flancs affermis la chiourme nombreuse,
Ayant bravé du nord la fougue impétueuse,
Ne craint plus sur les eaux l’Aquilon furieux :
Déjà deux fois vainqueur des vagues mugissantes,
Déroulant dans les airs tes voiles gémissantes,
Tu peux braver encor les flots impérieux.

Au milieu des horreurs d’une horrible tempête,
Quand la foudre grondait au-dessus de leur tête,
Les cris des matelots jusqu’au ciel sont montés :
Par les ordres des cieux, au doux vent d’Hybernie,
Les brouillards ténébreux de l’Écosse ennemie
Ont cédé ces climats, par leur fougue agités.

Chêne, orgueilleux enfant des forêts de France,
O vaisseau fortuné, qu’a formé sa puissance,
Pour ta noble origine en tout temps respecté,
Que crains-tu ? quand Neptune, auguste roi des ondes,
Te guide en souverain, sur ses plaines profondes,
Et dans Londres, en ce jour, veille à ta sûreté.

Nous avons vu jadis, sous un chef sanguinaire,
Pour tes marins trahis par un vent mercenaire,
Et le temps des combats et le temps de l’honneur.
Aujourd’hui qu’asservis sous un joug moins pénible,
L’un d’eux calme des vents le monarque paisible,
C’est le temps de la paix, c’est le temps du bonheur.

melthène.