Le Canadien traître à sa foi
Aurait-il la manie,
D’oublier les mœurs et la loi,
De sa belle patrie ?
Non que la gaité
Et l’urbanité
Règnent sur nos rivages :
Que chanson d’amour,
En ce joyeux jour,
Rappellent nos usages.
Parlerais-je de ces écrits,
Qui remplissent la presse,
Et ne font qu’aigrir les esprits,
Dans ces jours d’allégresse ?
Que nos marguilliers,
Ou nos tenanciers
Gouvernent les fabriques ;
Cela m’ennui’ fort,
Et souvent m’endort ;
La peste des rubriques !
Qu’un autre vante les attraits
Des filles d’Hybernie ;
Ou que l’anglaise, de ses traits,
Le mène à la folie ;
Pour moi le maintien,
Le doux entretien
De ma concitoyenne ;
Ses yeux, sa douceur,
Enchaînent mon cœur :
Vive la Canadienne !…
Le sol a produit ses héros,
Il est peuplé de braves :
Il n’est sur terre aucuns drapeaux
Pour nous tenir esclaves.
Dans plus d’un endroit,
Plus de maint exploit
En est preuve brillante ;
Et de Chateaugay
Le jour signalé
Le souvenir m’enchante.
Honneur à nos législateurs !
Que de travaux utiles…
Enfin nous voilà donc vainqueurs
De tous ces imbéciles,
Dont le fiel malin,
Et l’orgueil hautain,
Voulaient sous leur domaine,
Et nous asservir,
Et nous abrutir :
Leur espérance est vaine.
Ô mon pays ! sois florissant,
Que tes jours soient prospères…
Ne pli’ jamais ton front naissant,
Sous les mœurs étrangères…
Sans soins, sans soucis,
Les jeux et les ris,
Feront notre partage ;
Et que nos neveux
Soient toujours joyeux,
Jusqu’à leur dernier âge.
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