Répertoire national/Vol 1/Le Nouvel An

Collectif
Texte établi par J. Huston, Imprimerie de Lovell et Gibson (Volume 1p. 173-174).

1828.

LE NOUVEL AN.

CHANSON.


Air : Jeunes amants, cueillez des fleurs.


    Par mille baisers fraternels,
Le jour de l’an est remarquable ;
Cette affection des mortels
Est-elle fausse ou véritable ?…
Mais à quoi bon, sensés lecteurs,
Nous donner cette inquiétude ;
Il faudrait lire au fond des cœurs,
Pour en avoir la certitude.

L’un vous souhaite la santé,
Et l’autre un très long cours de vie ;
Celui-ci la prospérité
D’aucun revers jamais suivie.
Pour nous, sans vouloir censurer
Cette antique et charmante mode,
Qu’on nous permette de tracer,
Et de suivre une autre méthode.


Dans ce jour célèbre à jamais,
Malgré que l’un ou l’autre dise,
Voici donc quels sont nos souhaits :
Nous souhaitons avec franchise,
Aux magistrats, l’intégrité ;
Aux foux plaideurs, la patience ;
Aux huissiers, de l’honnêteté,
Et aux notaires, la science.

Aux greffiers, plus d’humanité ;
Aux auteurs, plus de modestie ;
Aux marchands, plus de vérité ;
Aux prudes, moins d’afféterie ;
Aux ignorants, l’instruction ;
Aux gazetiers, moins de mensonges ;
Aux savants, moins de prétention ;
Aux lunatiques, moins de songes.

Aux grands, beaucoup moins de fierté ;
Aux avocats, plus de franchise ;
Aux docteurs, plus d’aménité ;
Aux maris, moins de convoitise ;
Aux femmes, la fidélité ;
Aux jeunes filles, l’innocence ;
Aux vieilles, la tranquillité ;
Aux jeunes gens, la tempérance.

Aux débiteurs, un doux repos ;
Aux créanciers, moins de rudesse,
Aux libertins, le corps dispos ;
Aux avares, plus de largesse ;
Enfin, aux ministres de paix,
La tolérance, sans rancune.
Voilà quels sont tous nos souhaits,
Ah ! puissent-ils faire fortune !