Répertoire national/Vol 1/Actions de Grâces

Collectif
Texte établi par J. Huston, Imprimerie de Lovell et Gibson (Volume 1p. 217-219).

1833.

ACTIONS DE GRÂCES.

Sainte Sion, d’où vient ton allégresse ?
Dis, qui t’inspire aujourd’hui ces transports ?
Naguère encor, ta lyre avec tristesse
Ne répétait que de sombres accords.

        Ton peuple dans les larmes,
        Du bruit de ses alarmes,
Faisait gémir les échos et les airs…
Qui te fait donc renaître à tes concerts ?

N’en doutons plus, c’est ton Dieu qui t’inspire ;
Il vient finir nos tribulations,
Il est calmé… son long courroux expire,
Il fait sa paix avec les nations.
        Tressaillons d’allégresse,
        Célébrons sa tendresse,
Et répétons dans ce jour solennel :
Gloire et louange au Sauveur d’Israël !

Las des forfaits dont se souillait la terre,
De toutes parts infidèle à ses lois,
Ce Dieu tardif à lancer son tonnerre,
Voudrait venger et sa gloire et ses droits.
        Quand sa justice insiste,
        Sa clémence résiste ;
Inexorable enfin dans son courroux,
À sa justice il cède contre nous.

Oui ! c’en est fait, il devient notre juge,
Et la sentence échappe de ses mains…
Il ne veut point par un second déluge
Anéantir les coupables humains,
        Ou les réduire en poudre
        Sous les feux de sa foudre…
Par un fléau qu’il a créé pour nous,
Il saura bien contenter son courroux.

Fatal arrêt ! il faut que tout succombe…
L’air infecté de son souffle vengeur
Doit par milliers entraîner dans la tombe
Un peuple ingrat et prévaricateur.
        Du couchant à l’aurore,
        Jour et nuit on implore
Ce Dieu longtemps outragé… mais en vain !
Le fléau marche et le ciel est d’airain.

Enfin touché de nos longues misères,
De sa colère il arrête les flots ;
Et devenu sensible à nos prières,
Il vint fermer l’abîme de nos maux.

 
        Son souffle purifie
        Les sources de la vie,
Et n’ayant plus à punir des forfaits,
Sa foudre dort dans le sein de la paix.

De notre Dieu pour chanter la clémence,
Unissons donc et nos voix et nos cœurs ;
C’est lui qui fait notre réjouissance,
En sa présence oublions nos malheurs…
        Ne soyons plus rebelles,
        Demeurons-lui fidèles ;
Et pénétrés de ses bienfaits pour nous,
Que nos forfaits n’arment plus son courroux !