Quo vadis/Chapitre XXII

Quo vadis (s. d. (avant 1936))
Traduction par Ely Halpérine-Kaminski.
Flammarion (p. 160-167).

Chapitre XXII.

Une fois dans le vestibule, Vinicius se rendit compte de toute la difficulté de l’entreprise. C’était là une de ces grandes maisons, à plusieurs étages, comme on en construisait par milliers à Rome en vue de les louer, bâties à la hâte et si mal qu’il ne se passait pas une année sans que quelques-unes d’entre elles tombassent sur la tête des locataires. On eût dit de vraies ruches, trop hautes, trop étroites, pleines de cellules et de recoins, où s’entassait la population indigente. Dans la ville, où beaucoup de rues n’étaient pas dénommées, ces maisons ne portaient pas de numéros ; les propriétaires chargeaient de la perception des loyers des esclaves qui, dispensés de déclarer aux autorités municipales les noms des habitants, souvent les ignoraient eux-mêmes.

Aussi était-il fort difficile d’y découvrir un locataire, quand surtout il n’y avait pas de portier.

Vinicius s’engagea avec Croton dans un vestibule, long et étroit comme un couloir et ils parvinrent ainsi à une petite cour entourée de bâtiments ; elle formait une sorte d’atrium commun à toute la maison et, au centre, l’eau d’une fontaine tombait dans un bassin grossièrement maçonné. Au long des murs grimpaient des escaliers extérieurs, certains en pierre, d’autres en bois, menant à des galeries qui donnaient accès dans les logements. Le bas se composait aussi de logements, d’aucuns munis de portes en bois, les autres séparés seulement de la cour par des rideaux de laine, pour la plupart effilochés, déchirés ou rapiécés.

L’heure était matinale et dans la cour pas une âme. Sans nul doute, tout le monde dormait encore, sauf ceux qui étaient revenus de l’Ostrianum.

— Qu’allons-nous faire, seigneur ? — demanda Croton en s’arrêtant.

— Attendons ici, — répondit Vinicius. — Quelqu’un va peut-être se montrer. Il ne faut pas qu’on nous voie dans la cour.

En même temps, il songeait que le système de Chilon eût été pratique. Avec cinquante esclaves sous la main, on eût pu faire garder la porte qui semblait être l’unique issue, et fouiller tous les logements ; au lieu que maintenant, il fallait tomber juste sur celui de Lygie ; autrement les chrétiens, sans doute nombreux dans cette maison, donneraient l’alerte. Et, à ce point de vue, il était dangereux de questionner quelqu’un.

Vinicius se demandait s’il n’était pas préférable d’aller quérir des esclaves, quand sortit, de derrière un des rideaux qui fermaient les logements les plus éloignés, un homme qui, une passoire à la main, vint vers la fontaine.

Le jeune homme reconnut aussitôt Ursus.

— C’est le Lygien ! — murmura-t-il.

— Faut-il lui broyer immédiatement les os ?

— Attends.

Ursus ne les aperçut pas, cachés qu’ils étaient dans l’ombre du vestibule, et il se mit tranquillement à laver les légumes contenus dans sa passoire. Après toute la nuit passée au cimetière, il allait sans doute préparer le déjeuner. Sa besogne achevée, il disparut avec son ustensile derrière le rideau.

Croton et Vinicius le suivirent, persuadés qu’ils tomberaient aussitôt sur le logement de Lygie.

Mais quel ne fut pas leur étonnement lorsqu’ils constatèrent que le rideau ne séparait pas de la cour le logement même, mais qu’il existait un second corridor sombre, au bout duquel on apercevait un petit jardin, où poussaient quelques cyprès et des buissons de myrtes, puis une maisonnette adossée à la muraille de la maison voisine.

Ils comprirent que c’était là, pour eux, une circonstance propice. Dans la première cour tous les habitants auraient pu se rassembler ; mais ici l’isolement de la maisonnette faciliterait l’entreprise. Ils auraient vite raison des défenseurs de la jeune fille, ou plus exactement d’Ursus ; puis, après s’être emparés de Lygie, ils gagneraient vivement la rue, où il leur serait déjà plus facile de mener à bien la tentative. D’ailleurs, il était probable que personne ne les arrêterait, et même dans ce cas, ils pourraient déclarer qu’il s’agissait d’une otage fugitive de César ; au besoin, Vinicius se ferait reconnaître des vigiles et demanderait leur appui.

Ursus allait rentrer quand le bruit des pas attira son attention ; il s’arrêta et, voyant les deux hommes, il déposa sa passoire sur la balustrade et se tourna vers eux :

— Que cherchez-vous ? — demanda-t-il.

— Toi ! — répondit Vinicius.

Et, se tournant vers Croton, il lui glissa d’une voix brève :

— Tue !

Croton bondit comme un tigre, et, en rien de temps, avant que le Lygien pût se remettre ou reconnaître ses ennemis, il l’enferma dans ses bras d’acier.

Vinicius était trop certain de la force surhumaine de Croton pour attendre l’issue de la lutte ; il les dépassa donc, s’élança vers la maisonnette, poussa la porte et se trouva dans une chambre assez sombre, mais éclairée par le feu qui flambait dans l’âtre. La lueur de la flamme tombait en plein sur le visage de Lygie. Quelqu’un était également assis près du foyer : le vieillard qui avait accompagné la jeune fille et Ursus au retour de l’Ostrianum.

Vinicius entra si précipitamment que Lygie n’eut pas le temps de le reconnaître avant qu’il l’eût saisie à bras-le-corps et se fût élancé vers la porte. Le vieillard essaya de lui barrer le chemin ; mais Vinicius, serrant d’un bras la jeune fille sur sa poitrine, le repoussa violemment de sa main libre.

Dans ce mouvement, son capuchon glissa, et Lygie, en voyant ce visage qu’elle connaissait bien, et d’un aspect si terrible en ce moment, sentit dans ses veines le sang se glacer et sa voix s’éteindre dans sa gorge. Elle voulut appeler au secours, et elle ne put. Elle voulut s’accrocher à la porte, et ses doigts glissèrent sur la pierre. Elle eût perdu connaissance, si un affreux spectacle n’eut frappé ses regards quand Vinicius se retrouva dans le jardin avec elle.

Ursus tenait dans ses bras un homme complètement reployé en arrière, la tête renversée et la bouche sanglante. Dès qu’il les aperçut, il assena sur cette tête un dernier coup de poing et, prompt comme l’éclair, tel un fauve déchaîné, il fondit sur Vinicius.

— La mort ! — pensa le jeune patricien.

Puis, comme en un rêve, il entendit le cri de Lygie : « Ne tue pas ! » et il lui sembla que quelque chose comme la foudre avait dégagé de ses bras le corps de la jeune fille ; tout se mit à tourner devant lui et la lumière du jour s’éteignit à ses yeux.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Chilon, embusqué derrière l’angle du mur, attendait les événements ; chez lui, il y avait lutte entre la curiosité et la peur. Il songeait que si l’enlèvement de Lygie réussissait, il ferait bon se trouver auprès de Vinicius. Ursus ne lui inspirait déjà plus de terreur, puisque Croton le tuerait à coup sûr. En même temps, il comptait que si un rassemblement se faisait dans les rues encore désertes, si des chrétiens osaient s’opposer à Vinicius, il leur adresserait la parole, se ferait passer pour un représentant de l’autorité, mandataire de la volonté de César et, en cas de nécessité, il réclamerait, en faveur du jeune patricien, l’aide des vigiles contre la racaille de la rue : de la sorte, il se gagnerait de nouvelles faveurs.

Au fond, il tenait pour insensé l’acte de Vinicius ; mais étant donnée la force extraordinaire de Croton, il admettait que le succès fût possible. Si un danger survenait, le tribun se chargerait d’emporter la jeune fille et Croton lui fraierait le chemin. N’empêche que le temps lui semblait long ; il s’inquiétait du silence qui régnait dans ce vestibule qu’il observait à bonne distance.

« S’ils ne trouvent pas sa cachette et s’ils font du bruit, elle s’envolera. »

Cette alternative ne lui était pourtant pas désagréable, car, en ce cas, il redeviendrait nécessaire à Vinicius et lui soutirerait encore force sesterces.

« Quoi qu’ils fassent, — se disait-il, — c’est pour moi qu’ils travaillent à leur insu… Dieux ! dieux ! permettez-moi seulement… »

Il se tut. Quelque chose s’était penché hors du vestibule. Il se colla contre le mur et, retenant son souffle, il regarda.

Il ne se trompait pas : du corridor, une tête, émergeant à moitié, avait exploré les alentours.

« C’est Vinicius ou Croton, — pensa Chilon ; — mais, s’ils tiennent la jeune fille, pourquoi ne crie-t-elle pas ? Et qu’ont-ils besoin d’inspecter la rue ? Ils rencontreront quand même du monde, d’ici aux Carines, car, avant qu’ils y soient, la ville sera éveillée. Qu’est-ce donc ? Par tous les dieux immortels !… »

Soudain, ses cheveux clairsemés se dressèrent.

Sur la porte, Ursus venait d’apparaître, les épaules chargées du corps inerte de Croton ; après avoir encore une fois observé de tous côtés, il prit sa course vers le fleuve.

Chilon se plaqua comme une truellée de plâtre contre la muraille.

« S’il m’aperçoit, je suis un homme mort ! » — pensa-t-il.

Mais Ursus le dépassa en courant et disparut derrière la maison suivante.

Chilon, sans plus tergiverser et claquant des dents, s’esquiva par une ruelle voisine, avec une vélocité qui eût étonné, même de la part d’un jeune homme.

« S’il me voit à son retour, il me rattrapera et me tuera, — se disait-il. — Viens à mon secours, Zeus ! Au secours, Apollon ! Au secours, Hermès ! Au secours, Dieu des chrétiens ! Je quitterai Rome, je m’en irai en Mésembrie, mais délivrez-moi seulement des mains de ce démon ! »

Ce Lygien qui avait tué Croton lui semblait vraiment, à cette heure, un être surnaturel. Tout en courant, il pensait que c’était sans doute un dieu qui avait pris la figure d’un barbare. Il croyait à présent à toutes les divinités du monde, à tous les mythes qu’il raillait d’ordinaire. Il lui passait aussi par la tête que Croton avait pu être tué par le Dieu des chrétiens, et ses cheveux se hérissaient de nouveau sur son crâne à la pensée qu’il avait eu l’audace de se mettre en travers d’une pareille puissance.

Il ne se rassura qu’après avoir traversé plusieurs ruelles et vu des ouvriers marcher dans sa direction. Il en avait perdu le souffle et, s’asseyant sur le seuil d’une maison, il essuya, avec le pan de son manteau, son front ruisselant de sueur.

« Je suis vieux et j’ai besoin de calme », — fit-il.

Les gens qui venaient vers lui avaient tourné dans une ruelle adjacente et de nouveau il était seul. La ville sommeillait encore. Le matin, le mouvement commençait de bonne heure dans les quartiers riches, où les esclaves des grandes maisons étaient obligés de se lever avant le jour, tandis que dans les quartiers où demeuraient les gens libres, nourris aux frais de l’État, et fainéants en conséquence, on ne s’éveillait qu’assez tard, surtout l’hiver.

Chilon, après avoir passé quelque temps sur le seuil, sentit la fraîcheur le gagner ; il se leva, s’assura qu’il n’avait pas perdu la bourse donnée par Vinicius et, d’un pas déjà plus lent, se dirigea vers le fleuve.

« Peut-être y apercevrai-je quelque part le corps de Croton, — se disait-il. — Grands dieux ! Si ce Lygien est un homme, il pourrait, en une seule année, gagner des millions de sesterces, car, s’il a étouffé Croton comme un jeune chien, qui donc lui résisterait ? Chaque fois qu’il paraîtrait dans l’arène, on lui donnerait son pesant d’or. Il garde mieux cette jeune fille que Cerbère ne garde l’enfer. Mais aussi que l’enfer l’engloutisse ! Je ne veux pas avoir affaire à lui. Il a les os trop durs ! Que faire maintenant ? C’est une effroyable aventure. S’il a brisé les os d’ un homme tel que Croton, il est à croire que l’âme de Vinicius geint là-bas, au-dessus de cette maison de malheur, en attendant les funérailles. Par Castor ! c’est pourtant un patricien, un ami de César, un parent de Pétrone, un homme connu dans Rome entière, et un tribun militaire ! Sa mort ne restera pas impunie… Si je me rendais au camp des prétoriens, ou auprès des vigiles ?… »

Après quelque réflexion, il poursuivit :

« Malheur à moi ! Qui donc l’a conduit dans cette maison, sinon moi-même ? Ses affranchis et ses esclaves n’ignorent pas que je venais, chez lui, certains même savent dans quel but. Qu’adviendra-t-il, s’ils me soupçonnent de lui avoir indiqué la maison où il a trouvé la mort ? Si, plus tard, devant les juges, on apprenait que c’est sans le vouloir, on n’en dirait pas moins que j’ai été la cause de tout. Car c’est un patricien. N’importe comment, je n’éviterai pas le châtiment. Et, si je quittais furtivement Rome pour m’en aller quelque part au loin, ma fuite ne ferait que confirmer les soupçons. »

D’un côté comme de l’autre, cela se présentait mal. Il s’agissait seulement de choisir le mal le moins grand. Si étendue que fût Rome, Chilon comprit pourtant qu’il pourrait s’y trouver à l’étroit. Un autre eût pu se présenter chez le préfet des vigiles pour lui raconter ce qui était arrivé et, en dépit des soupçons, attendre tranquillement les résultats de l’enquête ; mais le passé de Chilon était tel que toute connaissance intime avec le préfet de la ville ou celui des vigiles pouvait lui créer pas mal de soucis, et en même temps n’aboutir qu’à augmenter les soupçons qui pourraient naître dans l’esprit de ces magistrats.

D’autre part, fuir, c’était confirmer Pétrone dans la supposition que Vinicius avait pu périr dans un guet-apens. Or, Pétrone était un personnage d’importance, qui pouvait disposer de la police de tout l’empire et ne manquerait pas de traquer les coupables jusqu’aux confins du monde. Chilon se demanda pourtant s’il ne valait pas mieux aller directement le trouver et tout lui raconter. Oui ! c’était là le meilleur parti. Pétrone était un homme calme et Chilon pouvait être sûr qu’il l’écouterait jusqu’au bout. Bien au courant de l’affaire depuis le début, il croirait, plus aisément que les magistrats, à son innocence.

Mais, avant de rejoindre Pétrone, il fallait savoir exactement ce qu’était devenu Vinicius, et Chilon l’ignorait. Il avait vu, il est vrai, le Lygien emporter vers le fleuve le corps de Croton ; mais c’était tout. Il était possible que Vinicius fût tué, mais aussi qu’il ne fût que blessé ou captif. Et Chilon réfléchit alors que les chrétiens n’oseraient sans doute pas tuer un personnage aussi puissant, un augustan, haut personnage militaire, de crainte qu’ un tel forfait attirât sur eux une persécution générale. Il était plutôt à croire qu’ils l’avaient retenu de force, afin de donner à Lygie le temps de se cacher ailleurs.

Cette pensée rendit le courage à Chilon.

« Si le dragon lygien ne l’a pas réduit en miettes dès le premier emportement, il vit, et, s’il vit, il témoignera lui-même que je ne l’ai pas trahi, et alors, non seulement je n’ai rien à craindre, mais (ô Hermès ! tu peux de nouveau compter sur deux génisses)… un champ nouveau s’ouvre devant moi. Je puis avertir un des affranchis de l’endroit où est son maître ; et, qu’il aille ou non trouver le préfet, c’est son affaire, pourvu que je n’y aille pas moi-même. Mais, en allant chez Pétrone, je puis y récolter une récompense… J’ai cherché Lygie, à présent je vais chercher Vinicius, puis je chercherai de nouveau Lygie… Mais, avant tout, il me faut savoir s’il est vivant ou mort. »

Il songea bien à aller de nuit chez le boulanger Demas pour se renseigner auprès d’Ursus. Mais il abandonna vite cette idée. Il préférait ne rien avoir à faire avec Ursus. Si Ursus n’avait pas tué Glaucos, c’est que quelqu’un de ses supérieurs chrétiens, auquel il aurait avoué son projet, lui avait démontré que c’était une affaire louche, machinée par quelque traître. De plus, rien que de penser à Ursus, Chilon sentait un frisson lui courir par tous les membres. Il se proposa d’envoyer le soir Euricius aux nouvelles dans la maison même où les événements s’étaient passés. En attendant, il avait besoin de se restaurer, de prendre un bain et surtout du repos. Cette nuit sans sommeil, le voyage à l’Ostrianum et sa fuite du Transtévère l’avaient complètement éreinté.

Somme toute, une chose le réjouissait, c’est qu’il avait sur lui les deux bourses : celle que Vinicius lui avait donnée avant leur départ, et une autre qu’il lui avait lancée en revenant du cimetière. Étant donnée cette circonstance favorable et aussi toutes les émotions qu’il avait subies, il résolut de manger plus copieusement que de coutume et surtout de boire de meilleur vin.

Aussi, dès que les cabarets s’ouvrirent, il réalisa si consciencieusement son projet qu’il en oublia son bain.

Il avait principalement besoin de dormir et le manque de sommeil l’avait tant affaibli qu’il titubait en regagnant son logis de Suburre, où l’attendait l’esclave achetée avec l’argent de Vinicius.

Aussitôt entré dans son cubicule, noir comme le terrier d’un renard, il se jeta sur sa couche et s’endormit sur-le-champ. Il ne se réveilla que le soir, ou, plus exactement, il fut réveillé par son esclave qui l’engageait à se lever, quelqu’un le demandant pour une affaire urgente.

Le vigilant Chilon fut instantanément dégrisé. Il jeta à la hâte un manteau à capuchon sur ses épaules et, ordonnant à son esclave de s’écarter, il regarda avec précaution au-dehors.

La terreur le pétrifia : sur la porte du cubicule se dressait la silhouette gigantesque d’Ursus.

À cette vue, il sentit ses jambes, puis sa tête, devenir froides comme glace, son cœur cesser de battre et des milliers de fourmis lui courir sur le dos… Pendant quelques instants, il ne put articuler un mot. Enfin, claquant des dents, il dit, ou plutôt il gémit :

— Syra ! je n’y suis pas… je ne connais pas… ce… ce brave homme.

— Je lui ai déjà dit que tu étais là et que tu dormais, seigneur, — répondit la fille, — et il a exigé qu’on te réveillât…

— Oh ! dieux !… Je te ferai…

Mais Ursus, impatienté sans doute de tous ces atermoiements, s’approcha de la porte du cubicule et, se penchant, avança sa tête à l’intérieur.

— Chilon Chilonidès ! — appela-t-il.

Pax tecum ! pax ! pax ! — répondit Chilon. — Ô le meilleur des chrétiens ! Oui ! je suis Chilon, mais il y a erreur… Je ne te connais pas !

— Chilon Chilonidès, — répéta Ursus, — ton maître Vinicius te réclame et t’ordonne de me suivre auprès de lui.