Quelques documents relatifs à la discipline établie par M. Darby et d’autres frères en Angleterre vis-à-vis de l’assemblée de Béthesda/document 5


Quelques documents relatifs à la discipline établie par M. Darby et d’autres frères en Angleterre vis-à-vis de l’assemblée de Béthesda
James Attinger (p. 33-37).

M. Berger, à qui j’avais communiqué la réponse de M. Darby, quoique douloureusement affecté par de telles accusations, eut néanmoins la débonnaireté de lui répondre, et je renfermai sa lettre dans une réponse de ma part. Il n’y a pas lieu à la publication de ma réponse à M. Darby, j’en ai toutefois la copie ; mais je tiens à faire remarquer ici, encore une fois, que je suis prêt à produire dans une conférence ce qui serait jugé nécessaire pour éclairer les questions particulières. La réponse de M. Berger me parait au contraire d’une importance générale, c’est pourquoi je vous en donne ici une traduction fidèle. J’en possède une copie en anglais, signée par M. Berger lui-même.


Cannes (Var), France, le 15 Mars 1857.

Cher frère en Jésus-Christ,

Chercher à vous cacher que votre lettre de la semaine dernière à frère Espenett m’a profondément blessé, serait de l’affectation de ma part ; mais persuadé comme je le suis que d’autres chers enfants de Dieu souffrent de l’état actuel des choses, j’espère par la grâce de Dieu pouvoir m’arrêter aussi peu que possible sur mes propres blessures. Je chercherai seulement à vous donner tous les renseignements nécessaires, pour que vous puissiez avoir un jugement sain dans cette affaire, dans l’espoir que vous changerez et votre manière de penser et vos voies actuelles.

C’est joyeusement que je reconnais la grâce de Dieu en vous, comme aussi vos longues années de dévoûment et de service envers notre Seigneur. Mais il est plus qu’évident pour ceux qui ont eu l’occasion de former leur jugement à cet égard, que vous êtes mal informé sur plusieurs choses.

Dans la crainte de Dieu, je veux dire quelques mots de ce qui me concerne.

Je puis solennellement affirmer que je n’ai jamais été, que je ne suis pas maintenant un agent de M. Newton. Il est vrai qu’il m’adressa et la lettre de refus d’assister aux réunions de Londres, et son livre de défense. Mais sir A. Campbell, Percy Hall, vous même et plusieurs autres frères bien connus, vous me fîtes parvenir vos réponses concernant ces réunions. Toutes ces lettres, avec celle de M. Newton et son livre, furent remis aux deux frères Howard et à E. Cronin, avec lesquels j’agissais de concert, afin de pourvoir à l’arrangement de ces réunions. J’agissais comme secrétaire, et c’est ainsi, je le suppose, que vous m’adressâtes vos réponses de préférence aux trois autres, dont les noms furent attachés aussi bien que le mien à la dite invitation, quoique mon nom fût placé plus en relief que les leurs. Si M. Newton avait un but quelconque en m’envoyant son livre et sa lettre, je l’ignore ; mais j’ai agi avec la plus grande franchise et je n’ai rien gardé pour moi.

Pour ce qui concerne les doctrines renfermées dans les traités de Newton, je crois pouvoir dire que je les ai examinées à fond pendant un séjour de cinq mois et demi que je faisais à Torquay pour ma santé, pendant l’hiver de 1847 (je crois). Je fis des extraits des portions essentiellement mauvaises, qu’aucun contexte possible ne peut autoriser. Ces extraits, avec mes notes, je les possède encore, et ainsi muni je fis une visite à M. Newton, et en amour fidèle, je remplis mon devoir, Dieu le sait ; j’en ai la conscience tranquille comme devant Lui. J’espère que le jour viendra où je pourrais vous raconter mon entrevue et ce qui se passa à cette occasion. Qu’il suffise de dire que je crois que ces doctrines ôtent à Christ sa qualité de Sauveur, et puisqu’elles sont telles, j’espère, par la grâce de Dieu, que je ne manquerai jamais d’énergie ou de fermeté en cherchant à les bannir de tout cœur chrétien, comme aussi de toute assemblée chrétienne, autant que cela dépendra de moi. Je puis aussi dire, en toute vérité, que je n’ai jamais eu la moindre tendance pour ses doctrines avant cette visite.

Si, après cette déclaration, cher frère, vous continuez à juger que je suis un de ses plus actifs agents, il faut de toute nécessité que je vous en demande les preuves. Depuis ce temps-là, je ne l’ai jamais vu, si j’excepte ce qu’un voyageur de chemin de fer peut voir de quelqu’un dans une gare, tandis que ce voyageur passe en wagon ; et même il ne me vit pas à cette occasion. Je ne lui ai jamais écrit, je n’ai reçu aucune lettre de lui ou de ses amis que je sache non plus, depuis la susdite visite.

Que mon jugement fut différent du jugement de plusieurs autres frères sur la manière d’agir envers Newton, à l’occasion de ces affaires de Londres, je l’admets sans difficulté. Et je crois encore qu’il y a eu bien des paroles, aussi bien des actes, qu’on ne pouvait pas approuver, et je n’étais pas seul de cette opinion. Je pense que c’est ce qui vous a fait croire que j’étais un des agents de Newton. Je prie Dieu qu’il n’y ait personne de plus actif que moi en répandant ou en approuvant les doctrines de Newton ; dans ce cas elles seront bientôt éteintes.

Et maintenant, quelques mots quant à la doctrine de Craik. Il serait difficile de définir les sentiments d’un autre, mais je vous dirai franchement les miens, et je crois que Craik y souscrirait, et bien d’autres que je connais et que j’aime. Ne me faites pas pécheur pour une parole, et si je suis dans l’erreur, ayez la bonté de me montrer le droit chemin, et j’espère que j’y marcherai. Je serai aussi bref que possible.

Je conçois donc que dès le moment où Jésus, ou plutôt la Parole fut faite chair, née d’une femme, Lui (parlant de sa nature humaine) reçut la capacité de mourir. Mais il n’était pas sous l’obligation de mourir, ni à cause de sa relation avec nous, ni à cause d’aucune sentence de mort qui reposât sur lui, ni d’aucune autre cause, et qui plus est, il était impossible qu’il mourût, excepté à l’heure fixée par le Père, et comme Agneau de Dieu. Sous un autre point de vue, Il laissa sa vie, afin de la reprendre.

Si je saisis bien les pensées du capitaine Hall, il croit que cette capacité de mourir n’existait pas avant la croix. Je ne m’arrêterai pas plus longtemps ici. Je désire plutôt adorer et apprendre en ces choses, et ne pas être trouvé combattant contre Dieu, dans la sagesse de l’homme.

Les expressions de Craik[1] ne furent jamais approuvées par aucun de nous à Hackney, et certainement on n’a jamais enseigné ces choses ; mais depuis que le sujet a été placé devant nous, j’ai cherché, de concert avec mes frères, à avoir un jugement clair, et je crois que nous y sommes parvenus, selon ce que j’en ai dit plus haut ; mais je dis encore : « aidez-nous. »

Il y a d’autres inexactitudes dans votre lettre, mais elles sont peu importantes, comparées à celles dont je viens de parler. Cependant je veux en signaler une ou deux. Je ne me souviens pas que vous ayez jamais refusé des rapports avec moi, et dans l’affaire du Dr Lazeron, c’est vous qui l’avez désiré, et c’est moi qui m’y suis refusé, à moins que les accusations que vous aviez faites contre moi par écrit ne fussent prouvées par écrit. Vous répondites que nous avions peur de vous rencontrer. Mais si vous consultez la correspondance, elle parlera par elle-même.

Vous parlez de sept mois pendant lesquels j’aurais prié au sujet de quelque chose. Ni Espenett, ni moi, ne pouvons comprendre de quoi il s’agit. Pour ce qui concerne les vues de Craik ou de Captain Hall, je ne crois pas avoir eu besoin d’y penser sept jours, ou même sept heures. Je ne sais pas à quoi vous faites allusion.

Pour conclure, je suis heureux devant Dieu ; j’ai une conscience nette et éclairée, je l’espère, par sa Parole. C’est à Christ que je répondrai comme à mon Maître. Il agit fidèlement et ne se trompe pas. Que je sois mal jugé, c’est bien douloureux, mais notre Seigneur l’a aussi été. Le jour approche où les choses secrètes seront manifestées, et ma justice à l’égard de Newton sera rendue manifeste en ce jour-là, si cela n’a pas lieu auparavant. Mais Dieu soit béni, un grand nombre de mes frères savent maintenant ce qu’il en est concernant ces choses.

Je voudrais ajouter que je suis tout disposé, même désireux que tout ce dont vous m’accusez maintenant, comme aussi tout ce dont vous m’avez accusé dans l’affaire du Dr Lazeron, soit solennellement placé devant quelques chrétiens impartiaux, ou devant une assemblée chrétienne quelconque, qui serait impartiale, et je prie Dieu de donner son verdict solennel dans toute l’affaire. Un mot de plus et je m’en remettrai ainsi que cette affaire à la garde de Dieu. Je ne puis m’empêcher de penser qu’avant que l’un ou l’autre de nous soit enlevé de ce monde pour être auprès du Seigneur, il sera rendu manifeste ici-bas, ou que je suis un des trois agents les plus actifs de M. Newton, ou que J. N. Darby a avancé des accusations solennelles et fausses. Je prie Dieu qu’il en soit ainsi ; ma confiance est : « Rien n’est trop difficile pour le Seigneur. » Si nous combattons contre Lui, malheur à nous !

Cher frère, malgré les choses dures que vous avez dites de moi, j’ai des pensées d’amour à votre égard, et un mot exprimant votre regret suffira pour guérir les blessures que vous m’avez faites.

Je vous supplie, au nom du Seigneur, considérez vos voies. Je vous demande, non pas de vous relâcher en exposant, en résistant, et en bannissant toute mauvaise doctrine parmi nous, mais de mettre un frein sur vos lèvres, afin qu’elles ne profèrent pas des choses perverses et fausses, et qu’ainsi vous ne tombiez pas dans la condamnation.

En toute sincérité et avec ferveur je demande votre bénédiction et je suis votre frère en Christ.

(Signé) William Thomas Berger.

M. J. N. Darby.


  1. M. Berger croyait alors comme moi que les expressions imputées à M. Craik avaient été en effet employées par lui. Lire ce que j’en ai dit p. 29 de cet écrit.