Quelques documents relatifs à la discipline établie par M. Darby et d’autres frères en Angleterre vis-à-vis de l’assemblée de Béthesda/document 2


Quelques documents relatifs à la discipline établie par M. Darby et d’autres frères en Angleterre vis-à-vis de l’assemblée de Béthesda
James Attinger (p. 18-22).

Je continue par la traduction de la circulaire de M. Darby, qui établit la discipline telle que vous la pratiquez aujourd’hui. Cette circulaire trouve sa place ici, dans l’ordre chronologique des faits.


« Bien aimés frères !

» Je me crois obligé de vous présenter le cas de Béthesda. Selon moi, ce qui s’y passe renferme toute la question d’association entre frères, pour cette raison bien simple que s’ils sont incapables de se garder de ce qui a été reconnu comme l’œuvre et comme la puissance de Satan, et d’en garder les brebis bien aimées du Seigneur ; si les frères, dis-je, sont incapables de ce service pour Christ, dans ce cas il ne faudrait nullement les reconnaître comme constituant un corps auquel ce service aurait été confié. Si cela était, leurs rassemblements seraient un piége pour séduire les brebis. Mais je ne veux pas supposer cela, mon cœur s’y refuse. Je ne veux pas supposer non plus que l’influence ou que la réputation de certains frères les induirait à faire dans un cas donné ce qu’ils ne feraient pas dans un autre cas. Je place donc la position de Béthesda sur la conscience des frères. Cette assemblée agit dans ce moment comme le soutien de M. Newton et du mal qui lui est associé de la manière la plus positive et décidée, et la forme que prend son activité est celle qui convient le plus à l’ennemi des âmes. Le but de M. Newton et de ses amis n’est plus de faire connaître sa doctrine sous cette forme grossière qui a réveillé toute conscience chrétienne jalouse de la gloire de la personne de notre adorable Seigneur. On cherche maintenant à atténuer et à affaiblir la doctrine et à trouver une position chrétienne pour ceux qui retiennent la doctrine, afin de pouvoir la répandre en s’efforçant d’ôter à des âmes sincères tout sujet de crainte. De cette manière Béthesda vient précisément à leur aide de tout son pouvoir. Voici comment. Ils ont reçu des personnes venant d’Ebrington Street, après avoir positivement refusé d’examiner les erreurs enseignées à Plymouth. Dans ce moment-ci, les agents les plus actifs de M. Newton sont très-assidûment occupés à Béthesda parmi les membres de l’assemblée, niant que M. Newton retienne des erreurs de doctrine, atténuant et expliquant ses vues de manière à ôter les craintes des saints à cet égard. Et ils s’y sont employés avec succès. M. Müller a déclaré que M. Harris faisait une œuvre de ténèbres dans les démarches qu’il fit pour exposer la doctrine de M. Newton, quoique M. Müller ne se soit pas donné la peine de prendre des renseignements auprès de ceux qui avaient connaissance de ces démarches, concernant les circonstances qui les avaient motivées.

M. Müller déclara aux saints que M. Newton s’était rétracté publiquement devant Dieu et devant le monde, de la manière la plus complète, ce que tous ceux qui ont connaissance des faits savent être tout à fait contraire à la vérité des choses ; et je dois ajouter que M. Müller a agi évidemment avec beaucoup de partialité, tout en conduisant les saints dans une fausse voie, en justifiant M. Newton sans vouloir lire ses traités ou la réponse faite à sa rétractation. Il n’a pas cherché non plus des renseignements auprès de ceux qui étaient mécontents de cette rétractation. Pour donner une idée de cet état de choses, je puis citer le fait suivant qui est frappant. Pendant que M. Müller faisait la déclaration de l’innocence de M. Newton, dont je viens de parler, un membre de l’assemblée qui était présent fit à son voisin la remarque suivante : « Cela est faux, car M. Newton était assidûment occupé à me persuader de la vérité de sa doctrine l’autre soir pendant que je prenais le thé avec lui. »

On a communiqué à l’assemblée de Béthesda un papier signé par MM. Craik et Müller et huit autres frères, dans lequel ils ont soigneusement cherché à atténuer et pallier la doctrine de M. Newton, tout en se refusant à l’examiner, blâmant autant qu’ils ont pu le faire tous ceux qui se sont opposés à cette doctrine.

Je n’accuse pas M. Müller d’avoir les erreurs de M. Newton. On le pressa de dire en public ce qu’il avait dit en particulier des traités de M. Newton ; d’abord il s’y refusa ; plus tard il avoua avoir dit qu’il y avait des erreurs graves, et qu’il ne savait pas où cela conduisait.

Je laisse à chacun le soin de déterminer pour lui-même quels sont les motifs pour admettre ceux qui ont la doctrine, quand on refuse d’examiner les erreurs. Je demande seulement : est-ce de la fidélité envers les brebis de Christ ? De plus, quoique M. Craik ne soit nullement disposé à affirmer que toutes les doctrines de M. Newton sont conformes à la vérité de Dieu, et quoique je ne sois nullement autorisé à dire qu’il n’est pas sain dans la foi, ce pendant il est avéré qu’il est disposé à voir d’un vil favorable les vues de M. Newton, que même il y participe en quelques points, de sorte qu’il est impossible qu’il puisse agir avec énergie contre elles.

Le résultat en est que des membres d’Ebrington Street, des agents de M. Newton, toujours actifs, croyant ses doctrines et les justifiant, sont reçus à Béthesda, et le système qui renie la gloire du Seigneur Jésus et connu comme tel à un grand nombre de frères, ce système qui renie cette gloire de Jésus de la manière la plus grossière, quand on l’expose ouvertement, ce système qui corrompt la droiture de toute âme qui tombe sous son influence, ce système, dis-je, est pleinement admis et en opération à Béthesda, quoique on ne le professe pas.

Cela a eu lieu, bien qu’un assez grand nombre de frères généralement estimés pour leur piété aient dû se retirer de l’assemblée, leurs protestations énergiques ayant été méconnues.

Cela a eu lieu malgré les confessions bien connues de plusieurs frères, qui étaient autrefois des adhérents du système enseignant la doctrine de M. Newton, et qui sont maintenant délivrés de ces choses par la grâce du Seigneur.

Cela a eu lieu malgré les protestations si fortes et si urgentes de M. Chapman, de Barnstaple, qui, plus que tout autre frère, jouissait de la confiance des frères de Béthesda.

Cela a eu lieu enfin malgré tout ce qui s’est passé quant à la manifestation de tant de mensonges, chez ceux qui soutiennent le système.

Au commencement des débats, je n’avais absolument rien à faire avec les protestations des frères de Bristol, et pendant longtemps je fus dans l’ignorance complète de ce qui s’était passé à cet égard. Mais ayant dit à M. Müller que j’irais volontiers à Béthesda, je fus obligé, en apprenant l’état des choses, de lui écrire, déclinant l’invitation. Ce fut le commencement d’une longue correspondance, et enfin je dus avoir une conférence avec les frères Müller et Craik, de sorte que, pour ce qui me concerne, le tout a été placé devant eux, et cela d’une manière complète et entière. Bien des choses pénibles et peu satisfaisantes se sont passées entre eux et moi, mais je me place sur le terrain de la fidélité que je dois à toute l’Église de Dieu, et à chaque brebis individuellement aimée de Christ, afin que pour ce qui nous concerne, nous puissions être gardés à l’égard de choses que tant de frères reconnaissent être diamétralement opposées à la gloire de Christ (horribly subversive of His glory) en même temps qu’elles détruisent toute droiture chez les enfants de Dieu. Maintenant, bien-aimés frères, je vois dans les Écritures qu’un des effets de la foi, c’est de nous pousser à respecter ce que Dieu respecte, quelles que soient les difficultés que cela nous suscite, en mettant obstacle à ce que ces difficultés soient ôtées et nous obligeant ainsi de nous attendre à Dieu.

Je ne désire donc nullement diminuer le respect et l’estime que tout frère pourrait éprouver personnellement pour les frères Craik et Müller dans les choses où ils ont honoré Dieu par la foi. Au contraire, qu’on maintienne ces sentiments de respect et d’estime pour eux, je l’ai fait moi-même dans ce qui s’est passé entre moi et eux ; et je désire encore le faire. Mais je supplie les frères, par leur fidélité à Christ et par amour pour les âmes qui lui sont chères, d’accomplir leur devoir en opposant une digue à ce mal.

Malheur à eux s’ils aiment les frères Müller et Craik, ainsi que leurs propres aises, mieux que les saints chers à Christ, et je place sur la conscience de tout frère, que si on recevait quelqu’un de Béthesda (à moins que ce ne soit un cas exceptionnel, où le frère ignorerait ce qui vient de se passer), ce serait ouvrir la porte à la contagion de ce mal abominable, dont nous avons été délivrés à tant de prix. Ce mal a été formellement admis à Béthesda, et cela le sachant et le voulant, avec l’excuse qu’on ne doit pas l’examiner ; principe qui se refuse à la vigilance contre toute racine d’amertume. De même ils ont atténué ce mal autant que possible à Béthesda. Si cela est admis par la réception de personnes venant de Béthesda, ceux qui le feront s’identifieront moralement avec le mal, car l’assemblée qui agit ainsi est responsable, comme corps, du mal qu’elle tolère. Si les frères croient pouvoir admettre ceux qui attaquent (subvert) la personne et la gloire de Christ, s’ils peuvent admettre des principes qui ont conduit à tant de mensonges, ils font bien de le dire, afin que ceux qui ne peuvent suivre une telle marche sachent ce qu’ils ont à faire.

Je me borne à placer cela sur les consciences des frères, en faisant appel à leur fidélité envers Christ, et je suis net de toute responsabilité à leur égard. Pour ce qui me concerne, je n’irai ni à Béthesda dans son état actuel, ni ailleurs où on recevrait des membres de Béthesda sciemment, pendant que Béthesda demeure ce qu’elle est. Je ne veux pas raisonner là-dessus en ce moment, mais je place la chose devant les frères, les pressant par leur fidélité à Christ et par les soins qu’ils doivent à ses saints bien-aimés, de faire leur devoir. »

Toujours à vous dans sa grâce,
J. N. D.


P. S. — Tout en me plaçant sur le terrain si simple de notre devoir solennel de garder les brebis de Christ de l’introduction secrète de ce qui renie sa gloire (horribly denies) et qui détruit l’intégrité morale de ses saints : tout en plaçant cela, dis-je, sur la conscience des frères, je demande si ce n’est pas une chose monstrueuse que les frères à Béthesda, refusant d’examiner le mal, obligent de cette manière des centaines de frères, et des assemblées nombreuses, à recevoir des personnes professant des doc trines qui renient le Seigneur, et dont la conduite sans repentance est telle qu’elle oblige d’autres chrétiens à se séparer d’eux. Je demande si ce n’est pas une chose monstrueuse que Béthesda nous force de cette manière à recevoir ces personnes dont nous nous sommes séparés après des enquêtes si pénibles et si douloureuses. Ils ont fait plus que de ne pas examiner le mal, ils ont permis qu’on approuvât, de la manière la plus complète, M. Newton devant l’assemblée, tandis qu’ils ont refusé la permission de toucher la question de la doctrine et de l’exposer. »