Quelques développements nouveaux sur les principes émis dans la brochure intitulée: De la formation des églises/Observations supplémentaires
Observations supplémentaires.
J’ai à ajouter encore quelques remarques à la suite des observations que je viens de faire sur la brochure de notre cher frère.
La chose importante à signaler, pour le bien-être de toute l’Église, c’est, en premier lieu, l’erreur fondamentale et très-grave, qui consiste à nier l’unité de l’Église de Christ, unité telle qu’elle devrait se manifester sur la terre par la présence et la puissance d’un seul Esprit pendant cette économie.
Secondement, c’est la confusion de cette économie avec celle de la plénitude des temps.
Ces deux erreurs suffisent pour obscurcir et fausser le jugement sur tout ce qui concerne l’état actuel de l’économie, et sur le sujet tout entier de l’Église de Dieu ici-bas. Pour moi, ainsi que notre cher frère, je crois voir la main de Dieu en ce qu’il a été poussé à les constater clairement, afin qu’en toute patience et charité elles soient examinées par la Parole, et que les frères, en demandant à Dieu le secours de son Esprit, jugent d’après la Parole, où est la vérité quant à ces points.
À la page 81 l’auteur dit : Choisir, nommer, établir, sont plus scripturaires que reconnaître. Reconnaître aussi est scripturaire (1 Thess. V, 12), avec cette différence toutefois que la Parole de Dieu appelle tous les fidèles à reconnaître et jamais à choisir les dons, ni même les Anciens, comme nous l’avons vu.
Il y a plus, quand on reconnaît quelqu’un, le cœur, la conscience, l’affection, le respect s’y trouvent, c’est un lien, un lien formé par l’exercice du don dans le cœur de celui qui en a profité. Le cœur qui a été béni répond à l’action du Saint-Esprit qui a eu lieu par le moyen du frère qui en est l’instrument, de sorte qu’il s’attache à l’instrument et y reconnaît Dieu ; Dieu veut qu’il en soit ainsi, et il lie les membres du corps par ces secours mutuels. C’est ce qui s’applique tout particulièrement à un pasteur dont la tâche est, selon moi, la plus difficile qui existe. Quel fort lien ne résulte pas de ce qu’on reconnaît ainsi celui qui nous a été en bénédiction, qui nous a conduit, conseillé, qui nous a averti, gardé des dangers, et nous a fait mieux connaître Dieu, notre Dieu. Le fait est que dans mon expérience, je vois qu’il y a plus de danger qu’on estime trop, que trop peu un vrai pasteur. Toutefois je vois que l’Apôtre attache un très-grand prix à ces affections. Peut-on comparer un vote d’Église à des liens ainsi formés ? Je ne nie pas que l’autorité apostolique n’ait pu être utile en certains cas, pour donner une sanction à la charge d’Ancien. C’est ce que ne peut jamais faire le vote d’une Église, où peut-être de nouveaux convertis sont appelés à déterminer une affaire qui exige le plus grand discernement spirituel. Il n’est jamais dit qu’un Apôtre ait nommé un pasteur, attendu qu’un pasteur est un don qui vient directement de Dieu. Ils ont choisi des Anciens. C’était une charge pour laquelle le don de paître le troupeau de Dieu, d’une manière ou d’une autre, était nécessaire ou convenable. Mais ils ne pouvaient pas nommer à un don, distinction très-importante pour nous, parce que nous pouvons jouir du don, sans qu’il y ait quelqu’un pour nommer un Ancien avec autorité. Au reste, je ne mets point de bornes à ce que le Saint-Esprit peut faire à cet égard, par des conseils et une sagesse vraiment spirituelle, quoiqu’il n’y ait point d’Apôtre. Je désire que tout ce que le Saint-Esprit donne soit librement exercé à tous égards. Il ne s’agit pas ici de droit, d’autorité, mais de devoir, de charité, de ces entrailles d’amour qui se dépensent pour le troupeau de Dieu, qui désirent que tout ce que Dieu a donné soit mis en œuvre à sa place. Il n’y a point de règle pour cela. Le Saint-Esprit se légitime toujours dans son œuvre. Si quelqu’un agit contre la Parole, il est évident que ce n’est pas le Saint-Esprit qui l’a fait agir. Quand Saint Paul pria Apollos d’aller à Corinthe, et Tite de rester en Crète, ce n’était pas un règlement de l’Église ; mais la Parole nous a donné de telles choses, non pas pour que chacun puisse les suivre toujours, mais comme les traces précieuses de la marche de l’Esprit de Dieu.
Et ici il faut encore faire remarquer ce principe, c’est que ce qui concerne la conscience individuelle, oblige toujours, et que Dieu donne toujours la force pour accomplir ce qu’il demande de la foi. Nous n’avons qu’à obéir. Mais il n’en est pas ainsi des choses qui tiennent à l’administration de l’Église, parce qu’elles supposent un certain état de choses, une puissance administrative, une force agissante à cet égard, qui n’est pas donnée à tous. Si Dieu me dit de me détourner de certaines gens, de ne pas porter un même joug avec les infidèles, cela ne regarde pas une fonction administrative, mais la fidélité individuelle. Par conséquent il y a des règles qui ne sont pas nécessairement pour tous les temps. Il ne s’ensuit pas, il est vrai, qu’il n’y ait pas d’Églises, mais il s’ensuit que l’Église ou les fidèles peuvent être dans certains cas incapables de suivre toutes les règles, quoique les règles soient là.
Il y a encore une différence à signaler entre cette économie et l’économie judaïque. Dans l’économie judaïque les branches retranchées étaient des branches naturelles, de sorte que, quoique le péché ait été l’occasion du retranchement, ce n’était pas le péché qui les avait placées sur l’olivier franc. Mais dans l’économie actuelle, comme c’est un résidu selon l’Esprit[1] qui est de l’essence de l’économie, il est clair que l’introduction des branches sauvages a été occasionnée par le péché. Pendant que les hommes sommeillaient, l’ennemi vint et sema de l’ivraie. Du moins, si ce ne fut pas absolument le péché qui les introduisit, elles ne furent cependant jamais des branches légitimes, et elles devaient être bientôt manifestées, s’il y avait eu pleine fidélité. Mais il n’en a pas été ainsi, et par conséquent les branches doivent être retranchées à la fin, et les fidèles recueillis pour une dispensation de gloire, afin de régner avec le Seigneur mille ans, l’économie étant ainsi pleinement terminée.
Quant à la présidence, il reste une explication à donner. Je ne trouve pas que le mot présidence soit employé dans la Parole de Dieu pour présider une assemblée. Dans cette phrase : « Que celui qui préside le fasse avec diligence, » c’est le même mot qui est traduit par gouverner dans cet autre passage : « Celui qui ne gouverne pas bien sa maison, comment conduira-t-il l’Église de Dieu. »
Ces passages se trouvent Rom. XII, 2 ; Tim. III, 4, 5, 12.
Le choix des présidents ne se trouve nulle part comme nous l’avons dit. Le maintien de l’ordre convenable dans une grande assemblée, par des frères graves, comme de terminer à un temps convenable, de faire des communications aux frères, et d’autres choses semblables, rompre le pain si l’on prend la Cène, ce sont des choses auxquelles, pour mon compte, je n’ai aucune objection à faire, pourvu que le culte se fasse par l’Esprit de Dieu dans l’assemblée, et non pas par le moyen d’un président. Je ne sens pas le besoin de dire grand’chose là-dessus. Quant aux détails des circonstances, elles sont pour moi à peu près indifférentes, pourvu qu’il y ait de la gravité, de l’ordre et la liberté du Saint-Esprit dans le culte qui se fait. Je n’aurais pas tant parlé, si ce n’eût été la crainte d’être mal compris. C’est Dieu seul qui peut nous faire arriver au but proposé.
- ↑ Ainsi toutes les fois que je peux retrouver un résidu selon l’Esprit, je retrouve ce qui est essentiel à la dispensation, quoique je n’aie pas tout ce que possédaient ceux qui étaient fidèles au commencement de l’économie. C’est la confusion de ces deux choses qui induit nos frères en erreur. Je reconnais ce qui est essentiel à l’existence de l’économie, là où il y a deux ou trois fidèles réunis au nom de Jésus ; mais je ne prétends pas posséder dans cet état ce que je ne possède pas de fait, et je ne veux pas le remplacer par des voies humaines. C’est ce qu’ont fait le nationalisme et la dissidence pour ne pas avoir l’apparence de désordre dans le monde.