Quelques développements nouveaux sur les principes émis dans la brochure intitulée: De la formation des églises/Introduction


Introduction.

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L’édition du petit Traité sur la Formation des Églises se trouvant maintenant épuisée, je viens, au lieu d’en publier une seconde, donner quelques explications qu’exigent également les circonstances dont cette question est actuellement entourée, et les difficultés qui se présentent à plusieurs esprits. Mon intention n’est pas de faire de la controverse. Je sais qu’au lieu de produire du bien, elle ne tend qu’à diviser les cœurs. Je ne crois pas y entrer en donnant ces quelques éclaircissements, suivis de plusieurs remarques sur certains passages de la Parole. Pour ce qui me concerne personnellement, je n’ai qu’à me taire, c’est pour moi peu de chose d’être jugé de jugement d’homme ; je désire être comme un sourd qui n’entend point (Psaume xxxviii, 13, 14). Étranger, il est vrai, selon la chair, ici comme ailleurs, j’ai appris que le St. Esprit forme, entre ceux qui sans cela ne se seraient jamais connus les uns les autres, des liens doux et puissants que le monde ne saurait comprendre. J’ai appris aussi que les enfants de Dieu « savent ce que c’est que d’être étranger » (Exode, xxiii, 9 ; Lév. xix, 34), en ce que Dieu les a rendus étrangers et pélerins eux-mêmes sur la terre. Les liens qui les unissent ne sont pas de ce monde, et ils subsisteront quand tout ce qui les a distingués ici-bas aura cessé d’exister.

Je ne me propose pas de répondre à la brochure de M. Rochat. Je veux seulement prendre occasion des principaux points de cet écrit, pour traiter l’important sujet qui occupe maintenant les esprits. On croira peut-être que si je ne réponds pas, c’est parce que je ne le peux pas. Soit. J’aime mieux qu’on me tienne pour vaincu que de sortir du chemin dans lequel je crois être conduit par l’Esprit de Dieu, ou de m’éloigner de ce qui peut être profitable à toutes les âmes que Jésus a aimées, en agissant d’une manière contraire à la charité. Je n’aurais pas même publié ce petit écrit, si quelques personnes ne m’avaient pas demandé des éclaircissements sur des passages cités de part et d’autre.

On me permettra quelques réflexions en passant. Si le nom de Rolle a fait de la peine au bien-aimé frère qui a pris à tâche de me répondre, j’en ai vraiment du regret, car j’aurais pu choisir pour exemple tout autre troupeau ; et si le nom de Rolle s’est présenté à mon esprit, c’est probablement parce que chacun sait que le troupeau de cette ville a été formé sur les principes qui sont en discussion. Toutefois, je crois y voir aussi maintenant la main de Dieu.

On me dira peut-être : Si vous désirez éviter la controverse, pourquoi entamez-vous un tel sujet ? Je réponds que tout en désirant sincèrement la paix, on ne doit pas pour cela s’empêcher de faire connaître des principes importants. Si l’on se soumet à être jugé par les hommes, et si l’on s’en remet entièrement à Dieu, je crois qu’on peut toujours éviter la controverse. Ceux qui désirent connaître la vérité sonderont la Parole et seront éclairés sur les sujets en question.

Il me semble que notre bien-aimé frère Rochat aurait mieux fait d’apporter plus de calme dans la discussion. Le petit traité présente, selon lui, « des vues vraiment toutes nouvelles » « sur un point singulièrement important. » Puisque l’importance du sujet est si généralement reconnue, on peut du moins m’excuser d’en avoir parlé. Si l’on garde soigneusement la charité, j’espère que l’on finira par trouver bon que je l’aie fait, et je crois que Dieu lui-même m’en approuvera.

Quoique le frère qui m’a répondu me blâme, je le respecte et je l’aime toujours beaucoup. Je le regarde, si ce n’est comme un doyen d’âge selon la chair, du moins comme un doyen dans la grâce de Christ. Je l’aime, quoiqu’il soit en désaccord avec moi ; je l’aime à cause de la grâce que Dieu lui a faite, et parce que je le crois beaucoup plus fidèle que moi à bien des égards. Béni soit Dieu, il y a dans les effets de la grâce quelque chose de plus fort que la main quelquefois un peu rude de l’esprit de l’homme. J’espère ne pas manquer à la charité en faisant sur l’écrit de mon frère quelques remarques qui me feront rapidement arriver à l’essentiel de la question.