Traduction par A.L.M. Nicolas.
Ernest Leroux (Bibliothèque orientale elzévirienne, LXXIIIp. 23-25).
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V


Ô échanson ! lève-toi ! remplis la coupe ! jette une poignée de terre[1] sur les chagrins de l’avenir.


Mets-moi à la main une coupe de vin pour que je puisse rejeter loin de moi ce froc fait d’hypocrisie.


Bien que, auprès des hommes intelligents[2] ce soit un déshonneur ; mais nous, nous nous soucions fort peu de la bonne renommée.


Va, verse le vin ! jusques à quand soufflera donc le vent de l’orgueil ? Jette une poignée de poussière sur cette concupiscence aux suites funestes.


Je ne vois personne, personne, parmi les grands ou les petits qui soit digne de partager le secret que renferme mon cœur exaspéré.


C’est auprès d’une de ces belles qui calment les cœurs que le mien se trouve tout réjoui ; car, par sa présence, elle met à néant le calme de mon cœur[3].


Ô Hafiz, prends patience, supporte ton mal jour et nuit, à la fin le moment viendra où tu atteindras le but de tes désirs.


  1. Idiotisme persan pour : N’aie aucun chagrin, méprise les vicissitudes de ce monde.
  2. Intelligents aux yeux du monde, mais non pas aux yeux de l’intelligence. Ce mot doit être compris ici dans le sens que donnent quelques personnes aux mots « les gens bien pensants ».
  3. Ici quelques manuscrits donnent le vers suivant : « Oh ! quiconque a jeté les yeux sur cette belle au corps argenté, à la taille de cyprès, détournera désormais ses regards du cyprès de la prairie. »