Quelques épis d'une gerbe/Plaines brulantes
PLAINES BRÛLANTES.
Tout s’enflamme aux ardeurs que l’air en feu promène.
— « Pour ton front ruisselant ne veux-tu pas d’abri ?
« Le bois n’a-t-il plus d’ombre et le val plus d’haleine ?
« Tes traits vont, mon ami, se brûler dans la plaine ;…
« La brise des bons jours ne t’a donc pas souri ? »
Tout s’enflamme aux ardeurs que l’air en feu promène.
— « Pour mon front, pour mes traits je ne veux pas d’abri.
« Que fait l’ombre au visage ?… Ô toi, jadis ma reine,
« C’est mon cœur qu’il faudrait abriter… de ta haine ;
« Car ce n’est pas d’amour que ta lèvre a souri ! »
Tout s’enflamme aux ardeurs que l’air en feu promène.
— « Ah ! c’est ton cœur qui veut dans mon cœur un abri ?..
« Je trouve, mon seigneur, la demande un peu vaine.
— « Tu ris, et fais bouillir mon sang dans chaque veine !…
— « Tu sauras cette fois de quoi j’aurai souri. »
Tout s’enflamme aux ardeurs que l’air en feu promène.
— « Oh ! peux-tu plus longtemps me refuser l’abri
« Qui doit me reposer de mon immense peine !… »
Mais l’aile s’est rouverte, et la fausse inhumaine
Rend amour pour amour après avoir souri.
Tout s’enflamme aux ardeurs que l’air en feu promène.