Quelque six mille proverbes/Proverbes chinois
Julien, Lanier et Cie, (p. 117-128).
PROVERBES CHINOIS
- Qui n’a rien dans son assiette, regarde au plat.
- Les tuiles qui garantissent de la pluie ont été faites dans le beau temps.
- Avec le temps et la patience, la feuille du mûrier devient satin.
- Les plus jolis oiseaux sont en cage.
- Il n’y a point de rose de cent jours.
- Beau tableau paie son cadre.
- Quand les cuisiniers se battent, tout se refroidit ou se brûle.
- Fruit mûr tombe de lui-même.
- Il n’y a que les fous et les Européens qui voyagent.
- Qui a soif, rêve qu’il boit.
- Qui n’a pas de bonnet, ne craint pas de s’enrhumer.
- Les beaux chemins ne vont pas loin.
- Qui est borgne, plaint les aveugles.
- L’œil le plus juste ne vaut pas une règle.
- Qui est aveugle, entend mal.
- Bride de cheval ne va pas à un âne.
- À chaque coffre sa clé, on les ouvrira tous.
- Prétendre contenter ses désirs par la possession, c’est compter qu’on étouffera le feu avec de la paille.
- On connaît le cheval en chemin, et le cavalier à l’auberge.
- Agneau en peau de tigre, craint encore le loup.
- Qui voit le ciel dans l’eau, voit les poissons sur les arbres.
- Le plus gros brin de chanvre ne saurait faire un câble.
- Ce ne sont pas les puces des chiens qui font miauler les chats.
- Qui ne peut pas dormir, trouve son lit mal fait.
- Lorsque l’on tombe, ce n’est pas le pied qui a tort.
- Qui bat les buissons, fait sortir les couleuvres.
- N’attends pas des autres ce que tu ne veux pas leur promettre.
- Quand le peigne est trop fin, il arrache les cheveux.
- Ce n’est pas faute de voir loin, que l’on tombe.
- Il ne faut pas attendre la soif pour tirer l’eau du puits.
- Qui suit le villageois, ira au village.
- Qui est à cheval sur un tigre, n’en descend pas aisément. (Teneo lupum auribus.)
- Le bœuf mange la paille, et la souris le blé.
- Oiseau qui chante n’a pas soif ; agneau qui bêle veut téter.
- Il n’est si bon miroir que plus belle que soi.
- Tout bois est gris quand il est réduit en cendres.
- Gagner un procès, c’est acquérir une poule en perdant une vache.
- Les nuages passent, mais la pluie reste.
- Qui voit l’orage dans les nuées, ne sera pas mouillé.
- Qui a dix lieues à faire, doit compter neuf pour la moitié.
- Vent arrière et beau temps rapprochent les écueils.
- Arbre renversé par le vent, avait plus de branches que de racines.
- Les plats du premier service sont toujours les plus chauds.
- Fleuve paisible, rives fleuries.
- Chien au chenil aboie à ses puces,
Chien qui chasse ne les sent pas. - Cœur gâté, bouche puante.
- Le pied de la lampe est le moins éclairé.
- Peu de paroles, peu d’affaires.
- Un champ de mille ans, compte plus de huit cents (onze cents ?) maîtres.
- Qui a les mains gelées ne trouve pas l’écuelle trop chaude.
- Qui donne du mauvais vin à ses hôtes, ne boit chez eux que du thé.
- Qui se laisse donner, n’est pas bon à prendre.
- La rose n’a d’épines que pour qui veut la cueillir.
- Quand tout le monde a dîné, il n’y a plus de différence que dans les écots.
- La porte la mieux fermée, est celle qu’on peut laisser ouverte.
- Porte battante se déjette,
Maître indolent est mal servi. - Qui élargit son cœur, rétrécit sa bouche.
- Que de bons jours qui n’ont pas de bons soirs !
- Le plus beau lendemain ne nous rend pas la veille.
- À femme hargneuse, mari brutal.
- La gravité n’est que l’écorce de la sagesse, mais elle la conserve.
- Qui boit sans soif, fera diète malgré son appétit.
- Dès qu’il s’agit d’argent et de comptes, finissez tout, ou vous ne finirez rien.
- Qui ne sait par où il est venu, ne saura par où s’en aller.
- Qui bat le chien, doit songer au maître.
- Chaumière où l’on rit, vaut mieux que palais où l’on pleure.
- Il n’y a point de soleil pour les aveugles ni de tonnerre pour les sourds, s’ils ne veulent pas en croire aux autres.
- Chien qui relève la queue, méprise son ennemi ; tigre qui la baisse, va le dévorer.
- Plus le piédestal est beau, plus la statue doit l’être.
- Un courrier a plus tôt fait une lieue, que le paresseux n’a fini d’ouvrir un œil.
- Qui est ce qu’il paraît, fera ce qu’il a promis.
- Mieux vaut mécontenter par cent refus, que de manquer à une seule promesse.
- Les réflexions qui descendent dans le cœur, mènent plus loin que celles qui vont au bout du monde.
- Quel est l’homme le plus insupportable ? Celui qu’on a offensé, et à qui l’on ne peut rien reprocher.
- Le matin, pluie et boue ; le soir, vent et poussière ; hier froid, demain chaud ; voilà comme on voyage, même sans sortir de chez soi.
- Mieux vaut essuyer une larme du paysan, que d’obtenir cent sourires du ministre.
- Les revenants viendront toujours si les domestiques s’entendent.
- Il n’y a de tache qu’en un endroit, et tout l’habit est gâté.
- Il n’est métal si dur que le feu n’amollisse, ni affaire si mauvaise que l’argent n’accommode.
- C’est dormir toute la vie, que de croire à ses rêves.
- Qui a fermé sa porte, est au fond des déserts.
- La mémoire peut contrefaire l’esprit, mais non le suppléer ; mille souvenirs ne donnent pas une pensée.
- La mère la plus heureuse en filles, est celle qui n’a que des garçons.
- Siècle de luxure : siècle de faussetés, d’erreurs et de chimères.
- Le médecin guérit des maladies, mais non pas de la mort ; il est comme le toit, qui garantit de la pluie, mais non pas du tonnerre.
- La science est toujours utile, on ne perd pas le temps employé à l’acquérir.
- Les siècles où l’on a nié le plus de vérités, sont ceux où l’on a rêvé le plus de fables.
- Si la cuisine n’est pas un art dans les campagnes, la pharmacie n’y est pas une science.
- Nul n’a si peur des revenants que qui ne croit pas aux esprits.
- Plus le méchant est riche, puissant et honoré, plus l’extinction de sa race est assurée.
- Plus les repentirs sont prompts, plus ils en épargnent d’inutiles.
- Il en est du génie, du talent et de la science, comme de la vertu : plus ils attirent les regards, plus ils menacent ruine.
- Qui se craint lui-même, n’a plus rien à craindre.
- L’usage du monde conduit à la défiance,
La défiance mène aux soupçons,
Les soupçons mènent à la finesse,
La finesse à la méchanceté,
Et la méchanceté à tout. - Il faut être bien sage ou bien borné pour ne rien changer à ses pensées.
- La lance la plus émoussée, est celle dont la poignée est rompue.
- Un jour en vaut trois pour qui fait chaque chose en son temps.
- Les âmes peuvent être plus nobles que le sang ; témoin l’esclave qui disait : « J’étoufferais mon fils sur-le-champ, si je soupçonnais qu’il dût ressembler un instant à mon maître. »
- Qui s’endort en médisant, se réveille calomnié.
- Il faut croire ses domestiques, et ne pas les écouter.
- Qui connaît son cœur, se défie de ses yeux.
- Qui médit de moi en secret, me craint ;
Qui me loue en face, me méprise. - Qui est embarrassé de son loisir, est toujours accablé d’affaires.
- Les profits injustes sont comme la fausse monnaie ; plus on en a, plus on risque.
- Qui cède le haut du pavé, s’élargit le chemin.
- Plus on approche de l’ennemi, plus les tigres de cour deviennent agneaux.
- Les fautes les mieux reprises, sont celles dont on fait rougir par ses exemples.
- Les tombeaux s’ouvrent à chaque instant, et se ferment pour toujours.
- Qui emprunte pour bâtir, bâtit pour vendre.
- Qui ment trois fois, n’est pas cru une.
- Le vide d’un jour perdu ne sera jamais rempli.
- Si les princes savaient parler, et les femmes se taire, les courtisans dire ce qu’ils pensent, et les domestiques s’effacer, tout l’univers serait en paix.
- La boue cache un rubis, mais ne le tache pas.
- Le gouvernement doit être doux, et les ordres sévères.
- Nul ne parle si hardiment d’un général qu’un goujat ; ni d’un sage, qu’un étourdi.
- On ne rit jamais si fort, si longtemps et si haut, que lorsqu’on veut cacher sa douleur.
- C’est véritablement s’enrichir, que de s’ôter des besoins.
- Il faut faire vite ce qui ne presse pas, pour pouvoir faire lentement ce qui presse.
- Mieux vaut remplir ses greniers que ses coffres.
- Quand il y a du riz qui se moisit à la cuisine, il y a un pauvre qui meurt de faim à la porte.
- Mieux vaut ne pas tirer un tigre, que de ne faire que le blesser.
- Qu’est-ce qu’un sot qui a fait fortune ?
C’est un pourceau qui ne sait quoi faire de son lard. - Une réponse qui ne résout pas la difficulté, en fait naître mille autres.
- On ne jouit bien de toute sa sensibilité que par un amour innocent.
- C’est s’aimer bien peu, que de haïr quelqu’un ; mais c’est haïr tout le monde, que de n’aimer que soi.
- Ce qui était vrai hier, l’est encore aujourd’hui ; mais ce qui est bien aujourd’hui, pourra ne pas l’être demain.
- Ce n’est pas le puits qui est trop profond, mais c’est la corde qui est trop courte.
- Il en est des poëtes, des peintres et des musiciens, comme des champignons : pour un bon, dix mille mauvais.
- Le mérite de ceux qui louent, fait le prix des louanges.
- C’est se rendre le complice d’une impertinence, que d’en rire.
- Qui peut panser sa plaie, est à moitié guéri.
- Les maladies entrent par la bouche, les malheurs en sortent.
- Le malheur n’entre guère que par la porte qu’on lui a ouverte.
- Le secret le mieux gardé est celui qu’on garde pour soi.
- Il en est de la cour comme de la mer : le vent qu’il fait y décide de tout.
- Mieux vaut sauver un mourant que d’enterrer cent morts.
- Qui a la vue courte, doit regarder de près.
- L’on craint d’autant moins les autres, qu’on se craint plus soi-même.
- Une femme laborieuse arrange sans cesse ses meubles, un homme studieux dérange sans cesse ses livres.
- Qui change de couleur en voyant de l’or, changerait de geste s’il n’était pas vu.
- Ce n’est qu’avec les yeux des autres qu’on peut bien voir ses défauts.
- Il en est des lois comme des digues : la brèche d’un seul endroit y rend tout le reste presque inutile.
- On peut guérir d’un coup d’épée, mais guère d’un coup de langue.
- La singularité n’est un mérite que pour ceux qui n’en ont pas un autre.
- Rien ne manque aux funérailles des riches, que des gens qui les regrettent.
- Les plus bouchés ont de l’esprit pour deviner ce que veut dire un riche, les plus spirituels ne comprennent qu’à demi ce que dit un pauvre.
- Les bijoux sont la dernière chose qu’on achète, et la première chose qu’on vend.
- Le vin n’est jamais si bon que quand on le boit avec un ami ; il en est de même des livres, ceux qu’on lit avec lui redoublent d’agrément et de lumière.
- Ce n’est pas le glaive qui coupe, ni le vin qui enivre.
- Il n’y a pas de bonnes raisons pour les sots.
- On va à la gloire par le palais,
À la fortune par le marché,
Et à la vertu par le désert. - Les vérités qu’on aime le moins à apprendre, sont celles qu’on a le plus d’intérêt à savoir.
- On a beau noyer sa raison dans le vin, on n’y noie pas le sujet de ses peines.
- Ce sont les gens sans affaires qui en suscitent aux autres.
- Le riche exagère encore plus sa bonne volonté, que le pauvre sa misère.
- C’est être bien riche, que de n’avoir rien à perdre.
- On gagne toujours à taire ce qu’on n’est pas obligé de dire.
- Un fils qui fait verser des larmes à sa mère, peut seul les essuyer.
- Les plus bêtes le sont moins que ceux qui abusent de leur esprit.
- Qui a le courage de réparer ses fautes, n’en fait pas longtemps.
- On pardonne tout à qui ne se pardonne rien.
- Qui cache ses fautes, en veut faire encore.
- Qui attend le superflu pour donner aux pauvres, ne leur donnera jamais rien.
- Ce sont les plus riches qui manquent de plus de choses.
- On gagne plus à connaître les bonnes qualités de son ennemi, qu’à être instruit de ses fautes.
- C’est suer à vendre de la glace, que se fâcher en exhortant à la patience.
- Rien ne peut suppléer la joie qu’ont ôtée les remords.
- Pas de plus grand menteur que qui parle beaucoup de soi.
- Qui m’insulte en face, peut être un honnête homme et mon ami ; mais qui me loue à tout propos, est un sot qui me méprise, ou un fourbe qui veut me jouer.
- Quel est le vrai héros ?
Celui qui a le plus de courage contre soi-même. - Il ne faut pas employer ceux qu’on soupçonne, ni soupçonner ceux qu’on emploie.
- Sur cent projets d’un riche, il y en a quatre-vingt-dix-neuf pour le devenir davantage.
- L’économie donne aux pauvres tout ce que la prodigalité ôte aux riches.
- La séparation et le divorce sont des poignards à deux lames, il faut s’en blesser d’un côté pour les enfoncer de l’autre.
- Quand les chansons donnent de la célébrité, la vertu n’en donne guère.
- On n’a jamais tant besoin de son esprit que lorsqu’on a affaire à un sot.
- Rien n’abrége la vie comme les pas perdus, les paroles oiseuses, et les pensées inutiles.
- La vie la plus heureuse finit avant la mort.
- La plus courte vie a des siècles de douleur.
- Laissez au peuple toutes les ignorances qui ne le trompent pas.