Traduction par J.-Wladimir Bienstock.
Stock (Œuvres complètes, volume 26p. 442-457).

XL

Comme il est dit dans la bible : la loi du travail est donnée à l’homme, celle de la production d’enfants à la femme.

Selon notre science, nous avons changé tout cela, mais, cependant, pour l’homme comme pour la femme, la loi est restée immuable, comme le foie à sa place, et l’écart de cette loi est puni par la mort inévitable.

La différence n’est qu’en cela : pour un homme l’écart de la loi est puni de mort en un avenir si prochain qu’on peut l’appeler présent, et pour la femme, l’écart de la loi est puni dans un avenir plus lointain. L’écart de la loi commun à tous les hommes détruit les hommes immédiatement, l’écart de toutes les femmes anéantit les hommes de la génération suivante ; mais l’écart de quelques hommes et de quelques femmes n’anéantit pas le genre humain, mais les prive de la vie raisonnable.

L’écart des hommes envers la loi a commencé depuis longtemps dans les classes qui pouvaient opprimer les autres, et, en se répandant toujours, il s’est continué jusqu’à notre temps, et, actuellement a atteint la folie, l’idéal qui consiste dans l’écart de la loi, l’idéal exprimé par le prince Blokhine et partagé par Renan et par tout le monde instruit : ce seront des machines qui travailleront et les hommes ne seront que des paquets de nerfs qui jouiront. Il n’y eut presque pas d’écart de la part des femmes : Il se produit seulement dans la prostitution et dans le crime assez fréquent de l’avortement.

Les femmes des classes riches remplissent leur loi, tandis que les hommes ne remplissent pas la leur ; c’est pourquoi les femmes sont devenues plus puissantes et continuent de dominer et doivent dominer les hommes qui se sont écartés de la loi et ont ainsi perdu la raison.

On dit ordinairement que la femme (la parisienne est principalement stérile) est devenue si séduisante en jouissant de tous les moyens de la civilisation ; que par son charme elle a subjugué l’homme. Mais ce n’est pas juste. C’est tout le contraire. Ce n’est pas la femme stérile qui domine l’homme, mais la mère qui accomplit son devoir tandis que l’homme ne fait pas le sien. Cette femme qui artificiellement devient stérile et qui charme les hommes par ses épaules et ses frisures, ce n’est pas la femme qui domine l’homme, mais une femme dépravée par l’homme, et rabaissée jusqu’à lui, homme dépravé et qui, comme lui, s’écarte de la loi et perd comme lui le sens raisonnable de la vie.

De cette faute résulte cette sottise étonnante qui s’appelle le droit des femmes.

La formule de ce droit des femmes est la suivante : Ah ! toi, l’homme, dit la femme, tu as abandonné la loi du vrai travail et tu veux que nous supportions le fardeau du nôtre. Non, s’il en est ainsi, nous aussi saurons comme toi faire ce semblant de travail que tu fais dans les banques, les ministères, les universités, les académies, les ateliers d’artistes et nous voulons comme toi, sous l’aspect de la division du travail, jouir du travail des autres et vivre en satisfaisant notre lubricité.

Elles le disent et, en réalité, elles montrent qu’elles savent faire ce semblant de travail, pas plus mal, mais encore mieux que les hommes.

Ce qu’on appelle la question féministe a paru et pouvait paraître seulement parmi les hommes qui se sont écartés de la loi du vrai travail.

Qu’on y retourne seulement, et cette question n’existe plus.

La femme ayant un travail inévitable, indiscutablement propre à elle, ne peut jamais exiger le travail inutile, faux, des hommes des classes riches. Aucune femme d’un ouvrier sérieux ne demande le droit de partager son travail dans les mines, dans les champs. Elle ne peut exiger la participation qu’au travail imaginaire des hommes des classes riches.

La femme de notre milieu était plus puissante que l’homme, elle l’est encore maintenant, non par son charme, non par son habileté à faire le pharisien comme l’homme, mais parce qu’elle ne s’est pas écartée de la loi, qu’elle a supporté le vrai travail, avec le danger de la vie, avec l’attention extrême, tandis que l’homme des classes riches se débarrassait du sien. C’est à ma mémoire que la femme commença à s’écarter de la loi, que commença sa chute, et, à ma mémoire, elle s’en écarte de plus en plus.

La femme, après s’être écartée de la loi, crut que sa force était dans le charme de la beauté ou dans l’habileté à ce semblant hypocrite de travail intellectuel. Or les enfants empêchent l’un et l’autre. Et voilà, avec l’aide de la science, — la science est toujours prête à toute chose vilaine — à ma mémoire, il s’est produit ce fait que, parmi les classes riches parurent une dizaine de moyens d’avortement et que les parties habituelles de la toilette sont devenues des outils pour détruire la capacité d’enfanter. Mais voilà que les femmes-mères des classes riches qui tiennent entre leurs mains le pouvoir, le lâchent pour ne pas en céder aux filles de la rue et rivaliser avec elles. Le mal s’est déjà répandu et chaque jour se répand de plus en plus, et bientôt il embrassera toutes les femmes des classes riches qui alors seront au même rang que les hommes et perdront comme eux le sens raisonnable de la vie. Et alors, pour cette classe, il n’y aura pas de salut. Mais il y a encore du temps.

Malgré tout, il y a encore plus de femmes que d’hommes qui obéissent à leur loi, c’est pourquoi il y a encore parmi elles des êtres raisonnables, aussi entre les mains de quelques femmes de notre milieu y a-t-il encore quelques chances de salut.

Ah ! si les femmes comprenaient leur importance, leur force et l’employaient à l’œuvre du salut de leurs maris, de leurs frères, de leurs enfants, au salut de tous les hommes !

Femmes-mères des classes riches ! le salut des maux dont souffrent les gens de notre monde est exclusivement entre vos mains ! Ce ne sont pas ces femmes qui sont occupées de leur taille, de leur tournure, de leur coiffure, de séductions pour les hommes et qui, malgré leur volonté, par inadvertance, enfantent avec désespoir et mettent leurs enfants en nourrice. Ce ne sont pas non plus ces femmes qui fréquentent divers cours, parlent des centres psycho-moteurs, de différenciation, et tâchent aussi d’éviter la conception pour ne pas nuire à l’étourdissement qu’elles appellent culture intellectuelle, mais ces femmes et ces mères qui, ayant la possibilié de s’affranchir de la conception, tout droit, consciemment, se soumettent à cette loi éternelle, immuable, en sachant que le fardeau et le travail de cette soumission c’est la destinée de leur vie. Ce sont les femmes-mères des classes riches qui tiennent entre leurs mains, plus que personne, le salut des hommes de notre monde des maux qui les oppriment. Vous, femmes-mères qui consciemment vous soumettez à la loi de Dieu, vous seules savez dans notre milieu malheureux, estropié, qui a perdu l’aspect humain, vous seules savez le vrai sens de la vie, selon la loi de Dieu, et vous seules, par votre exemple, pouvez montrer aux hommes ce bonheur de la vie dans la soumission à la volonté de Dieu, dont ils se privent. Vous seules connaissez ces enthousiasmes et ces joies qui emplissent tout votre être de cette béatitude réservée à quiconque ne s’écarte pas de la loi de Dieu. Vous connaissez le bonheur de l’amour pour le mari, bonheur qui ne se termine pas comme tous les autres, mais qui est le commencement du nouveau bonheur : de l’amour pour les enfants. Vous seules savez, quand vous êtes simples et soumises à la volonté de Dieu, faire le travail non de plaisanterie, non de parade, en uniformes dans des salles éclairées, et que les femmes de notre monde appellent le travail, mais ce vrai travail imposé aux hommes par Dieu et vous en connaissez la vraie récompense. Vous connaissez la béatitude qu’il donne.

Vous la connaissez quand, après les joies de l’amour, avec émotion, crainte et espoir, vous êtes en cet état inquiet de la grossesse qui vous tiendra malade neuf mois, qui vous mènera au bord de la tombe, à des souffrances atroces ; vous connaissez la condition du vrai travail, quand, avec joie, vous attendez l’approche et l’augmentation des souffrances les plus terribles après lesquelles se produit la béatitude que vous seules connaissez.

Vous la connaissez quand, aussitôt après des souffrances ininterrompues, vous prenez d’autre travail et d’autres souffrances, l’allaitement, pour quoi vous renoncez d’un coup et soumettez à votre sentiment, le besoin humain le plus fort, le besoin du sommeil (qui, selon le proverbe, est plus cher que père et mère), et des mois et des années entières vous ne dormez pas une seule nuit et parfois, et très souvent, vous ne dormez pas de toute la nuit, et marchez en tenant sur vos bras fatigués, et le berçant, l’enfant malade qui vous déchire le cœur. Quand vous faites tout cela, que personne ne loue, ne voit, sans en attendre de louanges ou de récompenses, quand vous le faites, non comme un acte héroïque, mais comme l’ouvrier de l’évangile qui revient du champ, en considérant que vous n’avez fait que votre devoir, alors vous savez ce qui est le travail faux pour la vie et ce qui est le travail vrai pour l’accomplissement de la volonté de Dieu, dont vous sentez en votre cœur les indications.

Vous savez que si vous êtes la vraie mère c’est peu que personne ne voie votre travail, ne vous en loue, et trouve simplement qu’il le faut ainsi, mais même ceux pour qui vous avez travaillé non seulement ne vous remercient pas mais souvent vous tourmentent, vous font des reproches ; et avec les suivants vous faites la même chose : vous supportez de nouveau le travail invisible, terrible, de nouveau vous n’en attendez de récompense de personne, et vous ressentez toujours la même satisfaction. Si vous êtes telles, le pouvoir sur les hommes doit être entre vos mains, et entre vos mains le salut. Chaque jour votre nombre diminue : les unes s’occupent de leurs séductions contre les hommes, deviennent des filles publiques ; les autres sont occupées de faire concurrence aux hommes, dans leur besogne fausse de plaisanterie.

Les troisièmes, sans trahir encore leur vocation, moralement y renoncent déjà : elles commettent tous les actes des femmes-mères, mais par hasard, avec révolte et envie pour les femmes libres qui ne produisent pas d’enfants, et ainsi se privent de leur seule récompense : la conscience intérieure de l’acceptation de la volonté de Dieu, et, au lieu d’en être satisfaites, elles souffrent de ce qui fait leur bonheur.

Nous sommes si aveuglés par notre vie mensongère, nous tous, les hommes de notre monde, nous avons tant perdu le sens de la vie qu’entre nous il n’y a déjà plus de différence. En mettant tout le fardeau, tout le danger de la vie sur le dos des autres, nous ne savons pas nous appeler des vrais noms : lâches et poltrons, qui conviennent aux hommes qui font peiner les autres pour leur gagner leur propre vie.

Mais parmi les femmes il y a encore une diiîérence. Il y a des femmes, des êtres humains, qui représentent la manifestation supérieure de l’homme, et il y a des garces. Les générations suivantes feront cette différence et nous ne pouvons ne pas la faire.

Chaque femme, malgré toute la toilette qu’elle se met, malgré le nom qu’elle se donne, quelque raffinée qu’elle soit, si elle s’abstient de la production d’enfant, c’est une garce. Et la femme, si bas qu’elle tombe, si elle se donne consciemment à la conception, fait l’œuvre la meilleure, l’œuvre supérieure de la vie, elle accomplit la volonté de Dieu, et personne ne lui est supérieur.

Si vous êtes telles, vous ne direz pas, après deux enfants, même après vingt, que c’est assez avoir d’enfants ; de même qu’un ouvrier de cinquante ans ne dira pas que c’est assez travailler tant qu’il mange et dort et que ses muscles demandent de l’exercice.

Si vous êtes telles, vous ne vous débarrasserez pas du soin de nourrir les enfants, vous ne les ferez pas élever par une mère étrangère — de même qu’un ouvrier ne permettra pas à un étranger d’achever son travail commencé et presque fini, — car dans ce travail vous mettez votre vie et c’est pourquoi votre vie sera d’autant plus complète et heureuse qu’elle contiendra plus de ce travail. Et si vous êtes telles — et pour le bonheur des hommes il y en a de pareilles — alors vous appliquerez à la vie de votre mari, de vos enfants et de vos proches, la même loi de l’accomplissement de la volonté de Dieu qui guide votre vie.

Si vous êtes telles et si vous savez par vous-mêmes que le seul travail de sacrifice obscur, sans récompense, avec risque de la vie, jusqu’aux dernières limites de la tension pour la vie des autres, que ce seul travail c’est la vocation de l’homme qui lui donne la satisfaction et les forces, alors vous demanderez aux autres la même exigence, vous encouragerez votre mari au même travail, par ce travail vous mesurerez et apprécierez la valeur des hommes, et au même travail vous préparerez vos enfants.

Seule cette femme-mère qui regarde la conception comme un hasard désagréable, et les plaisirs de l’amour, les commodités de la vie, l’institution de la vie sociale, comme le sens de la vie, élèvera ses enfants de telle façon qu’ils aient la plus grande somme de plaisir, qu’ils se réjouissent le plus, et les nourrira de plats sucrés, les habillera et les amusera artificiellement. Elle leur apprendra non ce qui les rendra aptes au travail, au sacrifice jusqu’au risque de la vie et jusqu’aux dernières limites de la tension, mais ce qui les débarrassera de ce travail, tout ce qui donne des diplômes et la possibilité de ne pas travailler. Seule la femme qui méconnaît le sens de sa vie sympathise à ce travail trompeur, faux, qui donne à son mari, en s’affranchissant du devoir de l’homme, la possibilité de profiter avec elle du travail des autres. Seule une telle femme choisira un pareil mari pour sa fille, appréciera les hommes non parce qu’ils sont eux-mêmes mais par ce qui est lié avec eux : par la situation, par l’argent, par la science de profiter du travail des autres. Et la vraie mère qui connaît en réalité la volonté de Dieu, préparera aussi ses enfants à son accomplissement. Pour cette mère, voir son enfant trop gras, avachi, vêtu comme une poupée, sera une souffrance, car elle sait que tout cela lui rendra plus difficile l’accomplissement de la volonté de Dieu qu’elle-même connaît.

Telle mère enseignera à son fils ou à sa fille, non ce qui leur donnera la possibilité de la séduction, de l’affrancbissement du travail, mais ce qui les aidera à supporter le travail de la vie. Elle n’aura pas besoin de demander ce qu’il faut apprendre à ses enfants. Elle sait quelle est la vocation de l’homme, aussi sait-elle ce qu’il faut enseigner à ses enfants pour les y préparer. Telle femme non seulement n’encouragera pas son mari à un travail faux, trompeur, qui n’a pour but que jouir du travail des autres, mais, avec horreur et dégoût, elle envisagera cette activité qui serait une double séduction pour ses enfants. Telle femme ne cherchera pas pour sa fille un mari d’après la blancheur de ses mains et l’élégance de ses manières, mais sentant fermement ce que c’est que travailler, ce que c’est que la tromperie, partout et toujours, en commençant par son mari, elle cherchera et appréciera en l’homme et demandera de lui le vrai travail, qui exige de l’énergie et du danger, et méprisera ce travail faux, apparent, dont le but est l’affranchissement du vrai travail.

Et que les femmes ne disent pas : les femmes qui renoncent à leur vocation de femmes veulent jouir des droits que l’opinion de la vie rend impossibles pour la mère, que la mère est trop liée par l’amour pour ses enfants pour leur refuser leurs gourmandises, leurs plaisirs, leurs habits et pour ne pas craindre que l’avenir de l’enfant ne soit pas garanti si son mari n’a pas de fortune ou de situation assurée, pour ne pas craindre que les fils et les filles ne se marient sans avoir reçu d’instruction…

Tout cela n’est pas vrai, et le mensonge est évident.

La vraie mère ne dira jamais : Nous ne pouvons nous retenir de donner des bonbons, des jouets, d’amener au cirque.

Mais vous ne donnez pas de belladone ; vous ne laissez pas les enfants seuls en canot ; vous ne les menez pas au café chantant ? Pourquoi accorder l’un, pourquoi refuser l’autre ? Pourquoi ne dites-vous pas la vérité ?

Vous dites que vous aimez tant les enfants que vous craignez pour leur vie, que vous avez peur pour eux de la faim et du froid et que c’est pourquoi vous désirez la garantie que vous donne la situation de votre mari.

Vous avez si peur du hasard de l’avenir, des maux pour vos enfants, des maux encore plus lointains et plus douteux, que vous encouragez votre mari dans une activité que vous n’approuvez pas. Mais que faites-vous maintenant, pour, dans les conditions actuelles de votre vie, garantir vos enfants des terribles malheurs de la vie actuelle ?

Passez-vous beaucoup de temps avec vos enfants ? Au maximum un dixième de la journée !

Le reste du temps, ils sont entre les mains de personnes étrangères, — prises dans un établissement, souvent même louées dans la rue, — laissés au danger de la contagion physique et morale.

Vos enfants mangent, se nourrissent. Qui prépare les repas et avec quoi ? La plupart du temps vous ne le savez pas. Les idées morales leur sont inspirées par qui ? Vous l’ignorez aussi. Alors ne dites pas que vous souffrez le mal pour le bien de vos enfants ; ce n’est pas vrai. Vous faites le mal parce que vous l’aimez.

La vraie mère, celle qui voit dans la naissance et l’éducation des enfants sa vraie vocation de la vie de sacrifice et de l’accomplissement de la volonté de Dieu, ne le dira pas.

Elle ne le dira pas, parce qu’elle sait que sa tâche n’est pas de faire de ses enfants ce que voudrait elle-même ou l’opinion dirigeante. Elle sait que les enfants, c’est-à-dire les générations qui suivent, c’est ce qu’il est donné aux hommes de voir de plus grand et de plus saint, et que sa vie est de servir, par tout son être, cette chose sacrée.

Elle sait elle-même, en se trouvant perpétuellement entre la vie et la mort et en soignant la vie qui luit à peine, que la vie et la mort ne sont pas son affaire. Son affaire, c’est de servir la vie. C’est pourquoi elle ne cherchera pas de voie lointaine pour ce service, elle veillera seulement à ne pas s’écarter de la voie proche.

Telle mère mettra au monde, allaitera elle-même ses enfants, préparera leurs aliments, coudra le linge, lavera, les instruira, dormira et causera avec eux, parce qu’elle voit en cela toute la tâche de sa vie. Elle sait que la garantie de toute vie est dans le travail et dans l’aptitude au travail ; c’est pourquoi elle ne cherchera pas pour ses enfants, de garanties extérieures dans l’argent de son mari, les diplômes des enfants, mais elle développera en eux cette même capacité du sacrifice, de l’accomplissement de la volonté de Dieu, qu’elle connaît en soi, la capacité de supporter le travail avec défense et danger de la vie. Telle mère ne demandera pas aux autres ce qu’elle était appelée à faire.

Si l’homme ou la femme stérile peuvent douter de la voie où se trouve l’accomplissement de la volonté de Dieu, pour la femme-mère cette voie est clairement indiquée, et si elle l’accepte dans la simplicité de son âme, elle se place au sommet de perfection que peut atteindre l’être humain, elle devient pour tous le modèle de l’accomplissement de la volonté de Dieu, auquel aspirent toujours tous les hommes.

Seule une mère peut, avant la mort, dire tranquillement à Celui qui l’a envoyée dans ce monde, à Celui qu’elle a servi par la conception et l’éducation d’enfants qu’elle aime plus qu’elle-même, elle seule peut dire tranquillement, ayant accompli la tâche imposée : « Maintenant tu affranchis ton esclave », et c’est cette perfection supérieure, à laquelle, comme au bien suprême, aspirent les hommes.

Ce sont des femmes pareilles, qui ont accompli leur vocation, qui dominent les hommes et leur servent d’étoile conductrice. Ces femmes font l’opinion publique et préparent de nouvelles générations, c’est pourquoi entre leurs mains, se trouve le pouvoir supérieur, le pouvoir du salut des hommes, des maux menaçants qui existent de nos jours.

Ô femmes mères, c’est entre vos mains plus que dans n’importe quelles autres qu’est le salut du monde !


14 février 1886.