Quand les violons sont partis/Chanson pour la trop tard venue
Quand les violons sont partis, Librairie Léon Vanier ; A. Messein, Succr, , Poésies complètes d’Édouard Dubus (p. 56).
CHANSON POUR LA TROP TARD VENUE
La Belle, qui voulez au bois cueillir la fraise,
Savez-vous pas que la cueillette est déjà faite ?
On est venu : ce fut un jour de folle fête,
Les mains ivres, la bouche en feu, les yeux de braise ;
Allez, la Belle, en d’autres bois cueillir la fraise.
On dansa tant après avoir cueilli la fraise,
Que la terre naguère en fleurs est nue et dure ;
Le soir, un vent d’orage a brûlé la verdure,
Le feuillage sur vous bruit couleur de braise ;
Allez, la Belle, en d’autres bois cueillir la fraise,
Telle ne revint plus, qui fut cueillir la fraise :
Entendez-vous donc pas comme le fourré bouge ?
C’est par ici que le Petit-Chaperon-Rouge
A rencontré le méchant loup aux yeux de braise.
Allez, la Belle, en d’autres bois cueillir la fraise.