Qu’est-ce que l’Évangile ?/Préambule

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PRÉAMBULE

QU’ANNONCE L’ÉVANGILE ?


Traduction adoptée par l’Église.

Évangile selon saint Mathieu, saint Marc, saint Luc, saint Jean.

Marc, I, 1 — Le commencement de l’Évangile de Jésus-Christ, fils de Dieu.

Traduction de Tolstoï.

Message (ou annonciation) du bien selon Mathieu, Marc, Luc, Jean.

Le commencement du message du bien de Jésus-Christ, fils de Dieu.

On ne traduit pas d’ordinaire le mot « évangile ». On comprend sous ce terme les livres du Nouveau Testament sur Jésus-Christ, et on ne lui attribue point d’autre sens. Cependant il a une signification précise répondant au contenu des livres.

Évangile est un mot composé : ev signifie « bien », « le bien », « le bonheur », « juste » ; angile veut dire « annonce » (ou annonciation), « message ». Donc le mot « évangile » doit être traduit : « l’annonce du bien ».

Christ signifie « l’oint ».

Ce sens est attribué au mot Christ par les traditions des Juifs. Il n’a pas de rapport avec le sens du contenu de « l’Annonce du bien » et les mots « oint » et « Christ » peuvent être indifféremment employés. Je préfère le mot Christ, car l’oint a reçu aujourd’hui une autre signification.

L’expression « fils de Dieu » est acceptée par l’Église comme se rapportant exclusivement à Jésus-Christ ; mais, d’après l’Évangile, elle n’a pas cette acception exclusive ; elle se rapporte, au même titre, à tous les hommes. Ceci ressort nettement, entre bien d’autres, des passages suivants :

En s’adressant au peuple en général, Jésus-Christ dit :


Matth., V, 16, — Que la lumière vous éclaire devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes œuvres et qu’ils glorifient votre Père céleste.

Matth., V, 45. — Soyez enfants de votre Père céleste ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes.

Luc, VI, 36. — Soyez donc miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux.

Matth., VI, 1. — Prenez garde de ne pas faire votre aumône devant les hommes, afin d’en être vus ; autrement vous n’en aurez point de récompense de votre Père céleste.

Matth., VI, 4. — C’est afin que ton aumône se fasse en secret ; et ton Père qui te voit dans le secret te le rendra publiquement.

Matth., V, 48. — Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste.

Matth., VI, 56. — Mais toi, quand tu pries, entre dans ta chambre, et, ayant fermé ta porte, prie ton Père qui est dans ce lieu secret ; et ton Père qui voit dans le secret te le rendra publiquement.

Matth., VI, 8. — Ne leur ressemblez pas ; car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez.

Matth., VI, 14. — Car si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous pardonnera aussi les vôtres.


Et bien d’autres passages des Évangiles où tous les hommes sont nommés fils de Dieu. Bien mieux : un passage de l’Évangile de Luc dit expressément qu’on doit comprendre sous la dénomination de fils de Dieu tout homme et que Jésus est appelé fils de Dieu, non dans un sens restrictif, mais comme ayant une origine divine au même titre que tous les autres hommes.

En établissant la généalogie de Jésus, et en remontant de la mère au grand-père, à l’aïeul et plus loin, Luc dit : Jésus était fils d’Enos, de Seth, d’Adam, de Dieu. (Luc, III, 38.)

Ainsi, les mots : Jésus-Christ fils de Dieu désignent la personne qui a « annoncé le bien »…

Ce titre précise le contenu du livre. Il est dit que ce livre annonce aux hommes le bien, le bonheur. Ce titre doit être présent ai l’esprit afin de savoir distinguer dans le livre les passages essentiels de ceux qui le sont moins. Son contenu étant l’annonce du bien aux hommes, tout ce que définit ce bien est l’essentiel, et tout ce qui ne l’indique pas importe moins.

Le titre complet de l’Évangile est donc :

L’Annonce du véritable bonheur faite par Jésus-Christ, fils de Dieu.