Promenade dans la Grande Bretagne - 2e/Mer d’Allemagne


MER D’ALLEMAGNE.


SAWNEY À ROME conte. LA LANGUE GAELLIQUE.


Je partis avec un jeune chirurgien, du régiment alors à Édimbourg, qui connaissait fort bien le pays misérable que je devais parcourir, et qui même y avait des parens ; il était accompagné d’un soldat du même régiment. Nous passames d’abord par un pays...... quel pays, bon Dieu ! et par des montagnes que l’on appelle avec juste raison, l’escalier du Diable ; nous traversames un bras de mer que l’on appelle Loch Leven ; de hautes montagnes couvertes de verdure ou de bois, l’entourent de toutes parts, l’œil se perd au loin sur les eaux, et se repose agréablement sur quelques endroits de ses bords, que la culture a rendus profitables.

Après avoir été obligés de traverser plusieurs ruisseaux ayant de l’eau jusqu’à la ceinture, et de plus une pluie perpétuelle ; nous fumes nous présenter au fond de la vallée, chez Mr. Macdonald of Achtrieton, dont l’hospitalité nous dédommagea de notre peine. J’ai peu vu de situation aussi extraordinaire que celle de cette maison, qui est au fond d’une vallée assez étroite, entourée de rochers perpendiculaires et très-élevés ; elle semble être comme un hospice pour passer dans un autre monde, car l’on croit réellement être à la fin de celui-ci.

Notre hôte nous conduisit, près d’un quart de mille, par un sentier étroit, le long d’un torrent ; il nous montra de loin un pont tremblant, formé de quelques pièces de bois, qui le traversent et nous souhaita un bon voyage. Mettant avec précaution, un pied l’un devant l’autre, nous parvinmes à l’autre bord, puis gravissant un autre devil’s stair-case (escalier du diable), nous arrivames au devil’s turn-pike (barrière ou tournebride du diable) : en vérité les gens de ce pays ont des noms bien adaptés à la chose, car c’est en effet le pays du diable.

Nous avançames dans le pays, traversant des rochers, des montagnes et des précipices ; nous apercevions à de grandes distances quelques huttes, et bientôt nous vimes quelques paysans sur la route ; ce qui m’étonnait, c’était de les voir s’enfuir à toutes jambes dans les bruyères, du plus loin qu’ils apercevaient les habits rouges de mon chirurgien et du soldat qui l’accompagnait. Je leur en demandai la raison, et ils me répondirent que les paysans craignaient d’être faits soldats par force ; là-dessus ils prirent l’air de vouloir courir après eux, cela fit redoubler la vîtesse des autres, et fit rire de tout leur cœur mes compagnons de voyage. Le soldat même fit une plaisanterie que je trouvai déplacée. Un jeune paysan ne s’étant point écarté de la route, passa au milieu de nous ; le soldat nous laissant aller devant, l’arrêta, et tirant un grand poignard, ou couteau des montagnes, menaça (en riant) de le tuer, s’il ne s’engageait. Le pauvre diable se mit à pleurer, et à crier. Entendant du bruit, je me retournai, et voyant de quoi il s’agissait, je m’en approchai et avec un ton de commandement qu’on sait retrouver au besoin, je le fis relâcher ; sur quoi le soldat me dit que je ne connaissais pas leurs usages, et que c’était la coutume de faire peur aux paysans.

Jamais l’habit blanc ne produisit plus d’effet en France, que le rouge dans ces montagnes. C’était un dimanche, et du plus loin que les filles revenant de l’église, nous apercevaient, elles s’enfuyaient, mais je crois, afin qu’on courût après : car on les atteignait toujours dans leurs maisons. Les pères, ou les frères, loin d’en être offensés, offraient du bainn (du lait) à messieurs les saighaidair (soldats). Étant de leur compagnie, il fallait bien prendre part à la fête, et en me retirant donner un gros baiser à la fille de la maison, au grand contentement de toute la famille. Dans le fait c’était une occasion unique, et je suis bien sûr que dans cinquante ans, elle n’en trouverait pas un autre d’être embrassée par un Français.

Quoique dans un pays si misérable, j’étais cependant étonné, de voir à ces paysans, au milieu de la fumée des tourbes, un air d’aisance que leur premier aspect était loin d’annoncer ; ils ne paraissaient pas le moins du monde surpris de me voir, quoique vraisemblablement je fusse le premier étranger qu’ils eussent jamais rencontré. On me dit au sujet de la fumée qui les étouffe, qu’ils sont intimement persuadés que c’est ce qui les tient chauds. On demandait à un bon paysan comment il trouvait Édimbourg ? il répondit qu’il ne concevait pas comment on pouvait vivre tout un hiver dans des maisons, où la fumée s’échappait par en haut. Telle est la force de l’habitude, que ces bonnes gens accoutumées au désagrément de la fumée, ne pensent qu’à la chaleur qu’elle leur procure ; en effet, elle est si épaisse, qu’ils en sont enveloppés comme d’un manteau.

L’aspect du Black-Mount (Mont-Noir), que je traversai ce jour-là, est un des plus horribles que j’aye vus ; dans un espace de près de trente milles, on ne trouve d’autres maisons que celles que le roi a fait bâtir pour servir d’auberges ; on voit un très-petit nombre de huttes, au milieu de la tourbe qui couvre presque tout le pays ; les pauvres habitans ne vivent que de laitage et de pommes de terre ; depuis quelques années cependant, on y élève des milliers de moutons qui paissent à l’aventure. Le chasseur y rencontre quelques daims et beaucoup d’oiseaux, comme les moor-fowls, ptarmegan, etc. On prétend que ce pays était autrefois couvert de bois, mais que pour en chasser les voleurs qui les habitaient, on y a mis le feu ; dans les ouvertures que l’eau s’est pratiquées dans la tourbe, on aperçoit encore des racines et de gros morceaux de bouleau ou birchtree, couverts de leur peau. Cet arbre est très-commun en Écosse, et croît par-tout dans les endroits protégés du vent de mer.

Dans quelques parties de l’Écosse j’ai vu faire de cet arbre un usage bien singulier ; on fait au printemps une incision à différentes branches, auxquelles on suspend une bouteille, pour recevoir la sève qui coule en grande abondance. On la fait ensuite fermenter, et en y mêlant du sucre et de l’eau-de-vie, on fait un petit vin mousseux qui n’est pas mauvais.

Les chemins sont bien entretenus, et ne manquent pas de ponts. J’ai cependant été obligé de traverser plusieurs rivières dans lesquelles il y avait deux ou trois pieds d’eau, parce qu’ils étaient en réparation. Ces petits inconvéniens joints à la pluie continuelle, nous retardèrent tellement que nous ne pumes arriver avant dix heures du soir à la maison de Mr. Campbell of Ach. Mon chirurgien et son soldat étaient si fatigués, que sans attendre le souper, ils furent se coucher. Un peu plus fait à la fatigue, je soutins le choc, et ne quittai pas la table avant deux heures du matin, pour répondre à la politesse de notre hôte. Le lendemain c’était une autre affaire ; j’acceptai avec grand plaisir l’offre qu’il nous fit de rester un jour, pour nous reposer.

Nous partimes de grand matin et nous traversames un pays à-peu-près semblable à celui de la surveille ; nous joignimes Tyndrum, qui est le premier village un peu considérable que nous ayons rencontré depuis le Fort William. Comme ce pays est à la jonction du chemin d’Invereray, il est un peu plus fréquenté ; il est aussi un peu moins sauvage et plus habité ; il y a même des endroits assez bien cultivés, et qui paraissent agréables. On me montra un lac à quelque distance, où la tradition rapporte que l’on plongeait les fous ; s’ils devaient guérir, ils guérissaient ; si non, ils mouraient sur-le-champ, ce qui, j’imagine, arrivait souvent. Nous trouvames dans une petite auberge, plusieurs habitans des montagnes, qui firent un mélange de whisky, de lait, de sucre, et de jaunes d’œufs cruds, qu’on appelle old man’s milk (lait des vieillards), qui me parut assez extraordinaire, et qui cependant n’était pas mauvais.

Ayant vu l’annonce d’une fameuse relique en la possession d’un paysan des environs, nous demandames à la voir. Elle ressemble assez au haut bout d’une crosse d’évêque, et est d’argent doré. Le bon homme qui la montre, gagne quelque argent à ce métier ; il nous dit très-sérieusement, vraisemblablement pour augmenter l’intérêt que nous y prenions, que quand les bestiaux étaient enragés, il suffisait, pour les guérir, de leur faire boire de l’eau passée par l’intérieur de sa relique. Lorsque l’eau passe sans effort, c’est une preuve, nous dit-il, que le remède aura un effet salutaire ; mais lorsqu’elle bouillonne, elle n’en fait aucun. On pourrait conclure de ceci, que le remède opère souvent. Il nous assura que l’on venait d’une grande distance faire passer de l’eau dans la relique, et qu’on la portait ensuite aux animaux incommodés. L’époque cruelle à laquelle je faisais ce voyage (en 1793), me fit penser sur-le-champ à nos gens en France ; je regrettai fort de n’avoir pas d’occasion pour eux : mais au moins ils doivent me savoir gré de mon souvenir.

Le propriétaire a un certificat de 1773, signé par les magistrats d’Édimbourg, en attestation d’un autre de Jacques I.er, roi d’Écosse.

Le soir, mouillé et horriblement fatigué, il nous fallut encore gîter à Loch Earn head (tête du lac Earn), une de ces auberges appelées King’s-House (maison du roi), bâtie par le gouvernement. Mes compagnons trouvant dans cet endroit une occasion pour aller à Stirling, en profitèrent et me laissèrent achever ma route tout seul.

Loch Earn est une belle pièce d’eau, de huit à neuf milles de long ; le pays semble cultivé sur ses bords ; on y voit quelques belles maisons et des sites agréables. Je fus me présenter à l’autre bout du lac, à Dalhowgny, chez le colonel Erskine of Mar, aux recommandations de qui je dois en grande partie le bon accueil que j’ai reçu en Irlande.

Dalhowgny est située dans le centre de ce pays, (dont j’ai parlé plus haut) où les tremblemens de terre se font sentir ; ou en avait eu un quelques jours avant mon arrivée. Ce phénomène devrait bien exciter l’attention des savans de ce pays, et les engager à s’occuper d’en découvrir la cause. J’en ai moi-même ressenti la secousse dans les montagnes du voisinage. L’eau des lacs est visiblement agitée pendant qu’elle a lieu ; il est aussi plusieurs fois arrivé qu’elle a baissé ou haussé de plusieurs pieds dans le même temps. J’ai souvent souhaité pour le pays, qu’un beau volcan vint tout-à-coup à paraître au milieu de ces montagnes désertes ; c’en serait assez pour les enrichir, car il y attirerait les curieux de toute la terre.

Rien n’est plus romanesque, que les hautes montagnes qui entourent la belle vallée, dans laquelle est située la petite ville de Comry. Les habitans quoique si près de Stirling et même de Crief où l’on parle anglais, semblent n’avoir pas plus de rapport avec ceux de ces villes, qu’avec les Chinois : leurs habits, leur langage, leurs mœurs, leurs usages, tout diffère. Ils ne parlent que le gaelic, et ne portent que le philibeg et le plaid ; habillement distinctif des montagnards Écossais.

Je vis dans ce voisinage, le sujet de cette caricature anglaise, dans laquelle des femmes écossaises sont représentées pilant avec les pieds, le linge dans un baquet, pour le blanchir ; assurément ce trépignement des jambes, avec le cottillon retroussé, et attaché sur les hanches, paraît assez original.

À quelque distance, au milieu des rochers, est la maison de M. Henri Dundas, un des ministres du roi. C’est par cette raison que dans les caricatures, on le représente toujours avec le philibeg et le plaid, comme un montagnard Écossais.

Il y avait dans ces environs un camp romain assez considérable ; il était parfaitement situé, pour tenir en respect les habitans de ces montagnes. Il était au débouché des vallées, dans une large plaine, à deux cents pas de Comry. Ce devait être un poste avancé de celui d’Air-doch, qui en est peu éloigné et dont j’ai déjà fait mention. On achevait alors d’en niveler les parapets pour cultiver le terrain.

Je fus visiter, sur un rocher escarpé et isolé, au bord du lac, l’endroit où était la fontaine de St. Filnan. On prétend qu’il a demeuré long-temps auprès ; on n’y voit plus à présent ni fontaine, ni apparence de demeure. Ainsi tout passe. Peut-être aussi le Saint n’a pas voulu laisser des marques de sa faveur à des hérétiques aussi endurcis que sont les presbytériens d’Écosse. Les bonnes gens cependant, par une vieille habitude y viennent encore dire des prières, le jour de sa fête.

J’aurais bien désiré aller voir le lac Tay, que l’on dit le plus beau de l’Écosse ; mais ses approches de ce côté, sont bien difficiles à travers les montagnes. J’étais si fatigué et si ennuyé de la pluie continuelle : mes habits aussi, étaient dans un tel état de délabrement, que je crus plus à propos de retourner sur-le-champ, dans les pays habités ; mais voulant achever de parcourir les montagnes qui s’approchent de Stirling, je quittai cette belle vallée de Strath-Earn, dont j’avais déjà vu une partie en allant à Crief ; je me dirigeai du côté de Callender, à travers ce Sherry-Muir si fameux dans nombre de chansons écossaises, qui célèbrent maintes batailles qui s’y sont données.

Je quittai donc tout-à-fait les mosses éternelles du Black-Mount. Sur les bords d’un joli lac, qui forme un coude au milieu des montagnes, qui le couronnent, je rencontrai une noce, précédée d’une musette et d’un violon. Aussitôt je me crus transporté dans mon pays : c’est ainsi que nos bons paysans de Bretagne, conduisaient la mariée à l’église et la ramenaient chez ses parens. Poussé par un instinct de curiosité et de plaisir, je me mêlai à la bande joyeuse, un paysan me présenta un ruban, et je tâchai de faire connaître, que je prenais part à leur joie, en regardant leurs danses, et mêlant ma voix à leurs chansons d’allégresse. Dans les pays peu fréquentés, on trouve généralement l’homme bon, humain et hospitalier, lorsque des motifs de haine ou de vengeance ne l’animent pas. Mon habillement ici, n’était plus extraordinaire ; nombre de paysans n’avaient pas de philibeg, et parlaient anglais, c’est-à-dire patois écossais.

L’écossais diffère essentiellement de l’anglais moderne : il est nombre de phrases et d’élocution[sic] qui ne semblent pas y avoir le moindre rapport. On en retrouve beaucoup dans les anciens auteurs : Shakespear en est plein, et la connaissance de cette langue facilite beaucoup l’intelligence de ses ouvrages.

Un Anglais qui avait demeuré long-temps en Écosse, prétendait entendre parfaitement l’écossais. Une jeune personne assez gentille, pour qui il avait de l’affection, ayant parié qu’elle lui dirait quelque chose qu’il ne pourrait comprendre, lui dit : Ye’re a eanty callen w’ll ye prec mee mou ? Il ne put jamais en venir à bout, et lorsqu’il sut ce que cela voulait dire, ce lui fut double peine de perdre son pari et cette bonne occasion. Mais quand j’y pense, les Anglais et encore moins les étrangers, ne sauraient comprendre cette courte phrase. Je ne prendrai pourtant pas la peine de l’expliquer ; s’ils veulent en connaître le sens, qu’ils disent à la première Écossaise, qu’ils rencontreront : bonnie lassie, j’ll pree your mou, et ils verront, qu’elle comprendra fort bien ce que cela veut dire.

Les habitans des montagnes sont réputés avoir une petite maladie, que par politesse on appelle violon écossais, (Scotch Fiddle). Un roi du pays, qui vraisemblablement en savait jouer, l’appréciait à tel point, qu’il prétendait que c’était une jouissance trop grande pour un sujet de se frotter le dos contre une pierre : je dois dire que je n’ai pas vu beaucoup plus de ces instrumens de musique, en Écosse qu’ailleurs, et que malgré le long espace de temps, que j’y ai passé et même dans les montagnes, j’ai quitté le pays sans en savoir jouer.

Il n’y a guères que quarante ans, que le thé fut introduit en Écosse ; une personne à Londres qui revenait de la Chine, en envoya quatre ou cinq livres à une dame de ses amies, comme une rareté : celle-ci, à ce qu’on m’a dit, le fit bouillir une grande heure, puis jeta l’eau et présenta les feuilles sur la table avec une sauce au beurre.

On fait par toute la Grande Bretagne, fort peu d’usage des légumes, en hiver sur-tout : on m’a conté cependant, qu’un certain homme près de Montrose qui ne pouvait s’en passer, en demandait tous les jours à sa femme : celle-ci lui répondait qu’il n’y en avait point. « Give me something green, (donne-moi quelque chose de vert), répliquait toujours le mari d’un air d’humeur, quoi que ce soit ». La bonne dame à la fin, se trouvant piquée, prit une vieille paire de culottes de velours vert, et la plaça sur la table autour du bœuf.

Mais je crois à propos pour moi, de ne pas plaisanter davantage, car la bile des honnêtes gens dont je parle, est fort aisée à émouvoir, un d’eux qui s’entendait appeler a true Scot[1], par un perroquet dans Hollborn à Londres, lui dit qu’il était bien heureux de n’être qu’une oie verte, car autrement il lui apprendrait à vivre. Un des chefs de la ligue américaine, ayant dit en riant à un Écossais qui dînait chez lui, « J’espère, monsieur, que vous ne vous offenserez pas de m’entendre dire du mal des Écossais quand je serai gris, car c’est ma coutume et je ne saurais m’en empêcher ». — « J’espère aussi, monsieur, lui dit l’autre, que vous voudrez bien excuser une mauvaise coutume que j’ai prise, et dont je ne puis absolument me défaire : c’est d’assommer toute personne, à qui j’entends dire du mal des Écossais ». La mauvaise coutume de l’Écossais, fit que l’Américain sut trouver le moyen de perdre l’habitude de la sienne.

Le langage des montagnards, le gaelic, dont j’ai déjà eu souvent occasion de parler, n’a de rapport bien apparent qu’avec les différens idiômes celtiques, épars tant dans les îles Britanniques que sur le continent. Voici un petit nombre de mots, qui pourront faire voir le rapport que ces langues ont entre elles.


Français.       Cornouaillois[2]. Gallois.       Gaelic d’Irlande   
et d’Écosse.
Bas Breton.  
Mère mam mam mathair et mam mam
Fils mab mab mac map
Frère bredar braud brathair breur
Un baiser impog impok pog pok
Aimer kara kari caram karet
Ame ens eneid anam ene
Agneau ôan oen ûan ôan
Eau dour dur uisge et dûr dur


En voilà assez pour faire connaître que ces langues ont la même origine. Les habitans du pays de Galles et de la Basse-Bretagne peuvent s’entendre, m’a-t-on dit, avec assez de peine ; mais ceux de l’Irlande et des montagnes d’Écosse ne peuvent pas les comprendre.

Ayant prié dans une maison aisée des montagnes, que l’on voulût bien chanter une chanson gaellique afin de pouvoir m’en faire une idée, la dame de la maison engagea un jeune homme à me satisfaire, et sur un ton des plus mélancoliques, il chanta une chanson assez longue, dont voici le dernier couplet.


Ge do leibhin dhuibh gach cruaigh-chas,
Fhuair mi on a bha mi ’m phaiste ;
Air leam fhein nach ’eil ni’s truaighe,
Na gaol a thoirt is fuadh ga phaigh.


__________

J’ai bravé les dangers, j’ai vu de près la mort,
J’ai connu tous les maux, que peut donner le sort ;
Mais rien ne m’a jamais causé si grande peine,
Que de voir mon amour repayé par la haine.


Les montagnes de l’Écosse quoique très-agrestes, et très-misérables, sont l’asile d’un peuple fidèle, brave, intelligent et industrieux ; accoutumé au besoin dès son enfance, le montagnard sait le supporter sans se plaindre. Il a pour son pays un amour sans bornes, ou plutôt pour les parens qu’il y a laissés, et qu’il trouve moyen de soulager, souvent même, sur les épargnes qu’il peut faire sur sa paye de soldat, qu’un Anglais trouve à peine suffisante pour son existence. Cet attachement pour leur pays natal, se retrouve souvent quand ils en sont dehors ; la moindre marque de mépris les irrite à un point singulier.

Comme la moisson se fait plus tard dans la montagne que dans la plaine, les habitans en descendent en foule à cette époque, pour la faire : ils s’en retournent après, dans leurs familles avec le mince produit de leur travail. J’avoue qu’après avoir vécu quelque temps parmi ce peuple, il m’a paru extraordinaire d’apprendre que leurs voisins plus riches, et plus instruits, avaient fait des dépenses énormes, pour établir la religion chez lui. Je l’y ai trouvée toute établie, et peut-être mieux observée qu’au sud.

Après la défaite du Prétendant, le gouvernement, pour détruire entièrement les restes de cet amour, qu’ils conservaient pour la famille de leur roi, imaginant, avec quelque raison, qu’il changerait leurs mœurs en changeant leurs habits, défendit sous des peines sévères de porter le philibeg ; mais à présent toutes craintes étant évanouies, on en permet l’usage.

Les Montagnards étaient autrefois gouvernés par les chefs des clans, ou familles ; tous les individus étaient tenus à la plus grande soumission envers eux, et obligés d’embrasser leurs querelles. Pour les assembler, un homme allait de portes en portes avec une croix de bois, dont le bout était brûlé, et criait à haute voix Craig-Elachy dans un clan, Tulloch-dar dans un autre, car tous avaient un cri de guerre différent. C’était communément leurs endroits ordinaires de rassemblement, et fameux pour maints hauts faits : quelquefois aussi, c’était le nom de leur chef, comme a Douglas, a Douglas. À ce signal, tout le monde s’armait et se rendait à son poste.

Il y a tel canton en Écosse, où presque tous les habitans ont le même nom ; ils croient tous venir de la même famille, et les plus pauvres comme les plus riches, portent le plus grand respect au chef de leur clan. Quelques pauvres diables ont à ma connaissance, refusé seize guinées d’un colonel qui voulait les engager, et en ont accepté trois de leur chef, qui levait un régiment. Ces idées cependant, commencent à tomber, et j’ose dire que c’est dommage, car quoiqu’elles tendent à séparer une famille du reste de la société, cependant elles en unissent les membres si étroitement, qu’on ne peut s’empêcher d’y trouver quelque chose de respectable et d’intéressant.

Les différens comtés sont gouvernés à présent de la même manière que ceux du reste de l’Écosse, et l’autorité qu’y peuvent encore conserver les chefs de famille, n’est que volontaire, et en raison du respect, et de l’intérêt qu’ils inspirent, mais dans aucuns cas ils ne peuvent jamais en abuser.

Un ami, qui dans les circonstances désastreuses de cette révolution, ne m’a jamais abandonné et j’ai lieu de le croire, me conservera toujours la même affection, m’a donné cette pièce sur les mœurs des montagnards d’Écosse. Il y a fait entrer quelques-unes des expressions dont ils se servent communément, et comme je craindrais que même en sachant bien l’anglais, on ne pût les entendre, j’en ai fait la traduction dans cette langue et l’ai placée en note à la fin.

__________


SAWNEY AT ROME.


To follow his Laird, Sawney, ’gainst his will,
Found himself oblig’d to leave the Grampian hill.
« But now, weel a weel, dear maister he said,
Sine to gang thro’ the werld a skame you ’ve led,
J am quite resolved for your ain deer sake
To leave for a wee, the sweet land of cake ;
But wi’ ye, j maun a fair bargain make.
First, half the siller, wi’ ye that j earn,
Shall to Katty be paid, to feed my bairn,
Mair of meals per day j shall have three,
Porridge meat and cake, a glass of whisky,
And ty penny worth of Sneeshin. J ’ll be free
As mickle, as j please to wear my plaidy ;
Mair still : in case of need, j maun be sure
To ’ve licence to play at my full pleasure
On the scotch fidle, t’amuse my leasure.
Sine qua non, j won’t move as to see
The steeple and smoke, of wondrous auld-rickie ».
« Well, » quoth his laird. And crossing mont and vole

Sawney thougt, he vas guided by the deil.
He found nœthing so gud, as his ein hame,
Nœthing so fair, as his ain bonny dame.
He wonder’d mickle, and hardly could conceive,
How fowks, that seem’d not daft, could all th’year live
In huss’s, where the smoke went all by the top.
Passing at Rome, he gaid to see the pope :
And thought, that sure, he maun have lost his vist,
For that he was not, a seven horned beast.
One day, he waunner’d mickle, and stroll’d alone,
Seeking the houss of the whore of Babylone ;
But could na find it ; and asking his way,
He saw that the signors led him a stray,
And leugh’d. He thought them wondrous incivil
So in good terms, he pack’d them to the dil.
And as of ’s philibeg they made a farce
He took it up, and with a, pree mee a...e
You d...d popish, he saluted their ears.
Night came, and Sawney without nay fears,
Wander’d still, and missing the way he made,
Slept on a stone, cover’d with his plaid.
On the morn, he rose, and by chance was led.
Towards St. Peter’s noble, and proud structure ;
Though no connaisseur in architecture,
The place struck him : he thought ’t, mickle and bonny,
A great honor to the land of mac’rony.
As he mus’d and look’d, he saw his master
Admiring an urne of alabaster.
He was hardly sure ’t was he, that he ran,
Took hold of him, and « J ’m a happy man,
Cried he, » now, j care not the signor’s fun :
« The may liogh if they chuse, at my smatter. »
« Sawney, said his laird, what is the matter ?
Won’t you leave my coat, why friend you look wan,

How is it with you ? » « Troth ! the best j can,
Replied Sawney, but faith na weel at a :
Yester-mern, ye ken, j went awa,
Lost my track, waner’d mickle and mickle,
Till at last on a stane in a fine pickle
J pass’d the night : — ’t d’oes no gud to repine. »
« Poor fellow, quoth his laird ; where did you dine
Yesterday ? » « faith maister, j ’ve na dined a bet. »
« Why so, you fool, said the laird in a pet,
You had money for j paid you before ? »
« Troth, deer laird, quoth Sawney, troth j had more
Than einiok to dine ; but in our bargain,
Did not ye agree, to feed me ’sides my gain. »
« True friend, in laughing said his good master,
Well go home, and at your ease feed you there »
« Nay, nay, quoth Sawney, j’ll leave ye nay mair[3]. »


Tant bien que mal en voici la traduction ou plutôt imitation :


SAWNEY À ROME.


Ainsi que l’avaient fait son père et son grand-père,
Dans le sein des Grampians, Sawney tranquillement

Laissait couler sa vie. Il croyait que la terre,
Ne pouvait pas offrir un pays plus charmant ;
De chez lui, le travail éloignait la misère,
Et sa femme, et son fils, le rendaient très-content.
Sawney dans son jeune âge, avait appris à lire ;
Il savait le plein chant, passablement écrire,
Et même, assure-t-on, il avait le bonheur,
De pouvoir réciter tous les pseaumes par cœur.
Pour son instruction, le seigneur du village
Songeant en Italie à faire un grand voyage,
Crut ne pouvoir jamais faire un choix plus prudent,
Et lui fit proposer une somme assez ronde
Pour le suivre par-tout, comme son confident.
« Mon cher laird, dit Sawney, puisque à courir le monde
Vous v’là ben résolu, je suis aussi d’avis,
Par l’amour seulement qu’à votre nom je porte,
De quitter pour un peu la terre des biscuits ;
Avant tout cependant, nous devons faire en sorte
Sur les conditions d’être de bon accord.
À not’ femme Cateau, je voulons tout d’abord,
Que moitié de l’argent, soit escompté d’avance :
Afin d’être certain, que pendant not’ absence,
Not’ dame et not’ garçon, fassent bonne pitance :
Plus, j’entendons par jour faire nos trois repas.
Des godres au matin, à dîner de la viande
Et la galette au soir : quoiq’ je n’en parle pas,
J’espérons que not’ laird dans son amitié grande
Nous donnera par fois, et tabac, et whisky.
Je ne voulons jamais dépouiller le plaidy.
Plus ; en cas de besoin, j’entends tout à mon aise
Jouer, pour m’amuser, de la violle écossaise.
Sine qua non, je reste, et ne veux jamais voir
La fumée et le roc d’Auld-Riky l’admirable ».

« Volontiers, » dit le laird, et partant dès le soir,
Sawney s’imagina, comme il faisait très-noir,
Que son cher maître avait fait pacte avec le diable.
En quelques lieux qu’il fût, rien lui sembla si bon,
Si joli, que sa femme, et sa propre maison.
Il s’étonnait beaucoup et ne pouvait comprendre
Comment des gens, sachant bien compter sur leurs doigts ;
Dans leurs étroits foyers ne gardaient que la cendre,
Et laissaient la fumée échapper par les toits.
Quand il eût gagné Rome, il crut, avoir perdu la tête
Car de l’apocalypse, il n’y vit pas la bête.
Il sortit seul un jour, et fut de grand matin
Courir par-tout, cherchant, l’hôtel de la p....n
Dite de Babylone. Il perdit son chemin
En courant, et croyant, qu’on entendait à Rome,
Le langage d’Écosse, il s’en enquit aux gens.
Mais hélas ! les signors, se rirent du pauvre homme
Et près de lui bientôt vinrent tous les passans.
Chacun le regardait des pieds jusqu’à la tête,
Riait sur son jargon et sur ses vêtemens.
Sawney leur remontra que c’était malhonnête ;
Mais ils n’en tinrent compte. Alors bientôt piqué
Sawney les envoya de bien bon cœur au diable :
Et de son philibeg, comme on s’était moqué,
Il le prit des deux mains, et d’un ton effroyable,
Montrant aux yeux de tous, ce qu’il devrait cacher,
Baisez mon c..l, dit-il, damnés chiens de papistes.
La nuit vint, et Sawney bientôt las de marcher,
Se couvrant de son plaid, alla droit se coucher
Sur une borne, près de certains Jansénistes.
Le hasard au matin, le fit se diriger,
De vers saint Pierre, noble et brillante structure.
Quoique peu connaisseur en belle architecture,

Celle-ci le frappa : la hauteur du clocher
Sur-tout l’étonna fort ; celui de son village,
Qu’il avait jusqu’alors en admiration
N’était rien près cetui. Sans sa religion,
Sans doute il en aurait vu la construction ;
Mais tout considéré, mon homme crut plus sage
De ne pas s’exposer à la damnation.
Il n’osa donc entrer, et seul sous le portique,
Il regardait… sifflant pour apaiser sa faim,
Quand tout-à-coup son maître, admirant une attique
Vint s’offrir à sa vue. À peine est-il certain
Que c’est bien vraiment lui, qu’il court transporté d’aise,
Le saisit par le bras, et le serre, et le baise.
« Ah ! par Jésus, dit-il, c’est bien là du bonheur,
Des signors maintenant, peu m’importe l’humeur ;
Qu’ils rient si ça leur plaît, nous en ferons de même ».
« Sawney, lui dit le laird, quelles sont ces façons ?
Mais laisse donc mon bras oh ! comme il a l’air blême !
Qu’as-tu ? comment t’en va ? » « Le mieux que je pouvons,
Mais pas trop bien pourtant, répliqua le bon homme ;
Hier, comme savez, je sortis pour voir Rome,
Je me suis égaré, n’ai pu me retrouver ;
Sur une pierre enfin, il m’a fallu coucher.
Mais de nos maux hélas ! à quoi sert de se plaindre ? »
« Pauvre garçon, dit l’autre, où donc as-tu dîné ? »
« Sur mon ame cher laird, je n’ai dîné, ni déjeûné ; »
« Mais vous sot, repartit le maître chagriné,
» Vous aviez de l’argent, je vous en ai donné
» La veille, et le jour même ». « Ah ! ma foi sans rien feindre
Mon cher laird, j’en avais plus qu’il ne m’en fallait
Pour bien dîner, c’est vrai : mais ne vous en déplaise,
Dans notre accord commun, ne m’avez-vous pas dit,
Qu’à vos frais je vivrais, sans mon petit profit ? »

« J’en conviens, dit le laird en se pâmant d’aise,
Cours donc vîte au logis, pour manger à ton aise. »
« Pas de ça, dit Sawney, il est par trop mal-sain
D’être deux nuits de suite, à gober le serein[4] ».


Je ne me flatte pas d’avoir bien rendu l’originalité des expressions de la pièce écossaise ; elle m’a semblé contenir une peinture assez exacte des manières des montagnards : c’est ce qui m’a engagé à l’offrir au public.

Le bon sens des paysans écossais, paraît souvent dans les conversations les plus ordinaires. Pendant que la révolte des matelots était dans sa force, je me rappelle avoir entendu des bateliers, avoir entre eux ce dialogue assez original. « Weel man, dit l’un, j’se warrand ye mony a ane’ll swing for this. » — « But deer man, it’s no that, they want, they’re only seeking bread and drinck. » — « Well a weel, Hangy will gie them that »[5], repartit le premier. Dans le fait, il raisonnait fort juste, et Hangy a effectivement été le dernier acteur de la scène. Cela doit être ainsi, dans tout gouvernement qui veut absolument maintenir l’ordre établi. Les révolutions n’arrivent jamais que parce que le gouvernement se croit plus fort qu’il n’est, et est bien aise de profiter de l’effervescence du peuple, pour renverser les gens qui s’opposent à ses desseins. Dans ce moment, l’exemple de la France était trop récent pour qu’on pût s’y fier, et les chefs de l’insurrection ont été pendus. Si le gouvernement avait voulu machiavéliser avec eux, comme on a fait en France, ils l’eussent vraisemblablement traité comme celui de ce pays l’a été.

Ce n’est qu’à Callender, que l’on retrouve la terre constamment cultivée : le vieux château de la ville de Down, entouré de grands arbres et de belles promenades, offre un point de vue agréable. Au milieu de la rue, (comme à Linth-ligow), on voit une fontaine avec cette inscription, St. Michæl kind to strangers (St. Michel bon aux étrangers). Il est en effet very kind (très-bon), quoique la denrée dont il fait part au voyageur, ne soit pas d’un grand usage dans le pays ; mais au moins il l’offre généreusement et la donne à tout venant pour rien, ce qui est une chose assez rare par tout pays, et pas très-commune en Écosse.

En arrivant sur la colline, qui domine la riche vallée du Forth, la tête encore pleine de bruyères, de mosses et de tourbes, je me crus transporté dans un pays de fées. Quoique ce fût le huit octobre, les moissonneurs étaient encore occupés de la récolte. Le souvenir d’avoir vu récemment ce pays, la vue des maisons des différentes personnes qui m’y avaient accueilli, et que j’allais rejoindre, tout dans ce moment contribua à me faire oublier mes fatigues, et à rendre mes sensations plus vives et plus agréables.


  1. A true Scot that sells his king for a groat, un véritable Scot, qui vend son roi pour un groat (6 sous). L’origine de cette insulte, qu’effectivement les marchands d’oiseaux dans Hollborn à Londres, apprennent à répéter aux perroquets, vient de longue date. Le malheureux Charles premier, poursuivi et chassé par ses ennemis, (espérant plus de compassion parmi les Écossais, sur qui sa maison avait régné si long-temps), se livra de lui-même entre leurs mains ; il fut d’abord traité avec quelques égards ; mais il avait à faire à des fanatiques enragés, qui avaient résolu sa ruine. Le parlement anglais le réclama et offrit aux chefs de l’armée écossaise, une gratification de..... (je ne me rappelle pas bien exactement la somme), afin de le lui livrer. Ce marché honteux fut accepté, et ce qui revint à chaque soldat, ne monta qu’à trois pences (six sous), qu’on appelait alors un groat.
  2. Le cornouaillois est tout-à-fait perdu depuis quarante et quelques années.
  3. Sawney, Alexander ; laird, master ; weel a weel, very well ; to gang, to go ; werld, world ; wee, little ; j maun, j must ; siller, money ; bairn, child ; mair, more ; ty-penny, two pences ; plaid, scotch mantel ; scotch fiddle, well known ; instrument ; Auld-Rickie, Édimbourg ; the deil, devil ; gud, good ; bonny, amiable, pretty ; fowks, folk ; daft, mad ; he gaid, he went ; vist, sight ; mickle, much ; philibeg, scotch dress ; pree me, kiss me ; the land of cake, scotland ; the land of Macarony, Italy ; einiok, enough ; Snesshin, Snuf ; hame, home.
  4. Voici l’explication de quelques mots écossais que j’ai cru devoir employer, et que l’on pourrait peut-être ne pas comprendre.
    Sawney, diminutif d’Alexandre, nom très-commun en Écosse ; les grampians, chaîne de montagnes ; laird, répond à-peu-près à seigneur ou maître ; la terre des biscuits, the land of cakes, l’Écosse ; des godres, sorte de gruau usité en Franche-Comté, par allusion au porridge, à la bouillie d’avoine, dont les Écossais font usage ; whisky, eau-de-vie de grain ; auld-ricky, (la vieille enfumée) Édimbourg, c’est son nom d’amitié ; le plaid et le philibeg, habillemens des montagnards écossais. Voyez la note p. 145.
  5. « Fort bien l’homme, je parirais que plus d’un, seront balancés pour cela. » — « Mais cher homme, ce n’est pas cela qu’ils veulent ; ils cherchent seulement à avoir du pain et à boire. » — « Bon, bon, Hangy leur donnera cela. » Hangy, c’est un nom de bourreau, comme qui dirait le pendeur.