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Traduction par Jacques Porchat.
Théâtre de GoetheLibrairie de L. Hachette et Cietome I (p. 87-98).

Prométhée


FRAGMENT[1]


PROMÉTHÉE, MERCURE.


PROMÉTHÉE.

Je ne veux pas, vous dis-je ! Bref, je ne veux pas ! Votre volonté contre la mienne ; un contre un : il me semble que cela se balance.

MERCURE.

Porter cela à Jupiter, ton père ?… à ta mère ?…

PROMÉTHÉE.

Quoi donc, père !… mère !… Sait-on d’où l’on vient ?… Je me tins debout, quand je m’aperçus, pour la première fais, que mes pieds étaient fermes, et je tendis les mains, quand je les sentis s’étendre, et je trouvai, observant mes pas, ceux que tu nommes père et mère.

MERCURE.

Et portant à ton enfance les secours nécessaires.

PROMÉTHÉE.

Et ils eurent en retour la soumission de mon enfance, pour former, par-ci par-là, le pauvre nourrisson selon le vent de leurs caprices.

MERCURE.

Et ils te préservèrent.

PROMÉTHÉE.

De quoi ? Des dangers qu’eux-mêmes ils redoutaient. Ont-ils préservé mon cœur des serpents qui le rongeaient en secret ? Ont-ils trempé cette poitrine pour braver les Titans ? Celui qui m’a forgé un cœur d’homme, n’est-ce pas le temps tout-puissant, mon maître et le vôtre ?

MERCURE.

Misérable ! Parler ainsi à tes dieux, aux dieux infinis.

PROMÉTHÉE.

Aux dieux ? Je ne suis pas un dieu, et je me crois autant que l’un de vous. Infinis ?… Tout-puissants ?… Que pouvez-vous ! Pouvez-vous resserrer en balle dans ma main le vaste espace du ciel et de la terre ? Pouvez-vous me séparer de moi-même ? Pouvez-vous m’étendre, me déployer en un monde ?

MERCURE.

Le destin !…

PROMÉTHÉE.

Reconnais-tu sa puissance ? Moi aussi !… Va, je ne sers pas des vassaux. (Mercure s’en va.)

PROMÉTHÉE, retournant à ses statues éparses dans tout le bois
.

Moment irréparable ! Être arraché par ce fou à votre compagnie, ô mes enfants !… Quoi que ce soit qui anime votre sein (il s’approche d’une jeune fille), ce sein devrait battre en ma présence ! L’œil parle déjà ! Parle, parle-moi, lèvre chérie !… Oh ! si je pouvais vous donner de sentir ce que vous êtes ! (Épiméthée paraît.)

ÉPIMÉTHÉE.

Mercure s’est plaint amèrement.

PROMÉTHÉE.

Si tu ne prêtais l’oreille à ses plaintes, il s’en serait aussi allé sans se plaindre.

ÉPIMÉTHÉE.

Mon frère… tout ce qui est juste ! La proposition des dieux était cette fois équitable. Ils veulent t’ouvrir les sommets de l’Olympe ; là tu habiteras ; tu régneras sur la terre.

PROMÉTHÉE.

Être leur burgrave et garder leur ciel ?… Ma proposition est bien plus équitable : ils veulent partager avec moi, et j’estime que je n’ai rien à partager avec eux. Ce que j’ai, ils ne peuvent le ravir : et, ce qu’ils ont, je consens qu’ils le gardent. Ici le mien, là le tien, et, de la sorte, nous sommes séparés.

ÉPIMÉTHÉE.

Le tien, que comprend-il ?

PROMÉTHÉE.

Le cercle que remplit mon activité ! Rien au-dessous et rien au-dessus !… Ces étoiles là-haut, quel droit ont-elles sur moi, pour m’envisager ainsi ?

ÉPIMÉTHÉE.

Tu es seul ! Ton obstination méconnaît la félicité qui règnerait, si les dieux et toi, les tiens et le monde et le ciel, se sentaient unis en un tout harmonieux.

PROMÉTHÉE.

Je sais cela. Je t’en prie, cher frère, fais comme tu voudras, et laisse-moi. (Épiméthée s’en va.) Ici mon univers, mon tout ! Ici je me sens vivre ; ici tous mes vœux, dans des figures corporelles ; mon esprit, réparti de mille manières, et tout entier dans mes chers enfants ! (Minerve paraît. ) Oses-tu bien, ma déesse ? Oses-tu visiter l’ennemi de ton père ?

MINERVE.

J’honore mon père et je t’aime, Prométhée.

PROMÉTHÉE.

Et tu es à mon esprit ce qu’il est à lui-même ; dès le commencement, tes paroles furent pour moi la lumière du ciel. Il me semblait toujours que mon âme se parlait, se révélait à elle-même ; qu’en elle résonnaient des harmonies natives, sorties de son sein ; et une divinité parlait, quand je croyais parler, et, si je croyais entendre parler une divinité, je parlais moi-même. Et, de la sorte, avec toi et avec moi, confondu en un seul être !… Pour jamais, à toi mon amour !

MINERVE.

Et à toi, pour jamais, ma présence !

PROMÉTHÉE.

Comme la douce lueur du soleil disparu nage aux sommets du sombre Caucase et remplit mon âme d’une paix ravissante, tout absent qu’il est, toujours présent pour moi : ainsi mes forces se sont développées, à chaque aspiration de ton souffle céleste. Et quel droit les fiers habitants de l’Olympe se réservent-ils sur mes forces ? Elles sont miennes, et l’usage en est mien. Je ne ferai plus un pas pour le souverain des dieux.

MINERVE.

Ainsi rêve la force !

PROMÉTHÉE.

Je rêve aussi, déesse, et je suis fort aussi. Eh quoi ?… Ne m’as-tu pas vu souvent, dans une servitude volontaire, porter le fardeau qu’avec une solennelle gravité ils plaçaient sur mes épaules ? N’ai-je pas accompli, sur leur ordre, l’œuvre de chaque jour, parce que j’imaginais qu’ils voyaient le passé, l’avenir, dans le présent, et que leur direction, leurs commandements, étaient la sagesse primordiale, désintéressée ?

MINERVE.

Tu servais pour être digne de la liberté.

PROMÉTHÉE.

Et je ne voudrais pour rien au monde changer avec l’oiseau du tonnerre, et saisir fièrement de mes griffes d’esclave les foudres de mon maître. Que sont-ils ? Que suis-je ?

MINERVE.

Ta haine est injuste ! Les dieux ont reçu en partage la durée et la puissance et la sagesse et l’amour.

PROMÉTHÉE.

Mais ils n’ont pas seuls tout cela. J’ai comme eux la durée ! Nous sommes tous éternels !… Je ne me souviens pas d’avoir commencé ; je ne me sens point destiné à finir, et je ne vois pas la fin. Je suis donc éternel, car je suis !… Et la sagesse… (Il conduit Minerve auprès des statues.) Considère ce front ! N’est-ce pas ma main qui l’a modelé ? Et cette forte poitrine se porte au-devant du péril, qui l’assiége de tous côtés. (Il s’arrête auprès d’une statue de femme.) Et toi, Pandore, vase sacré, où reposent tous les dons qui charment sous le vaste ciel, sur la terre immense ; tous les sentiments de joie qui m’ont jamais vivifié ; ce qui m’a versé le soulagement sous les frais ombrages ; ce que le soleil amoureux fit jamais éclore en mon sein de joies printanières ; ce que les tièdes ondes de la mer y répandirent jamais de tendresse, et toute pure clarté céleste, toute paisible volupté de l’âme que je goûtai jamais… tout cela, tout… ma Pandore !

MINERVE.

Jupiter t’a proposé de leur donner à tous la vie, si tu prêtais l’oreille à ses offres.

PROMÉTHÉE.

Ce fut la seule chose qui me fit balancer. Mais… il me fallait être esclave… et… comme vous tous… reconnaître là-haut la puissance du dieu foudroyant !… Non, tout enchaînés qu’ils sont ici par l’absence de vie, ils sont libres pourtant, et je sens leur liberté.

MINERVE.

Ils vivront ! C’est au destin, ce n’est pas aux dieux de donner la vie et de l’ôter : viens, je te conduirai à la source de toute vie. Jupiter ne nous la ferme pas. Ils vivront, et par toi !

PROMÉTHÉE.

C’est par toi, ma déesse, qu’ils vivront, qu’ils se sentiront, qu’ils vivront libres ! Leur joie sera ta récompense.

ACTE DEUXIÈME


L’Olympe.


JUPITER, MERCURE.
MERCURE.

Horreur !… Ô Jupiter, mon père !… Trahison ! Minerve, ta fille, assiste le rebelle ; elle lui a ouvert la source de la vie ; elle a animé, autour de lui, sa cour d’argile, son monde de limon. Pareils à nous, ils se meuvent tous et agissent, et se livrent à la joie autour de lui, comme nous autour de toi. Oh ! ta foudre, Jupiter !

JUPITER.

Ils sont et ils seront et ils doivent être ! Tout ce qui existe sous le vaste ciel, sur la terre infinie, est soumis à mon empire. Cette race de vermisseaux accroît le nombre de mes sujets. Heureux, s’ils obéissent à ma direction paternelle ; malheureux, s’ils résistent à mon bras souverain !

MERCURE.

Père universel, bonté suprême, qui pardonnes leurs crimes aux malfaiteurs ; à toi l’amour et la louange de toute la terre et du ciel ! Ô mon père, daigne m’envoyer, afin que je t’annonce à ce malheureux peuple né de la terre, que je lui annonce ta bonté, ta puissance.

JUPITER.

Pas encore ! Dans les jeunes transports de sa vie naissante, leur âme se croit égale aux dieux. Ils ne t’écouteront pas avant qu’ils aient besoin de toi. Abandonne-les à leur vie.

MERCURE.

Aussi sage que bon !


Une vallée au pied de l’Olympe.
PROMÉTHÉE.

Ô Jupiter, abaisse ton regard sur ma création : elle vit ! Je l’ai formée à mon image ; je voulais une race semblable à moi pour souffrir, pour pleurer, pour sentir et jouir et te dédaigner, comme je fais. (On voit la race des hommes répandue dans toute la vallée ; ils ont grimpé aux arbres pour cueillir des fruits ; ils se baignent dans les eaux ; ils courent à l’envi dans les prairies ; les jeunes filles cueillent des fleurs et tressent des couronnes.)

UN HOMME., Il s’approche de Prométhée, en apportant de jeunes arbres coupés.
)

Voici les arbres, comme tu les as demandés.

PROMÉTHÉE.

Comment les as-tu séparés du sol ?

L’HOMME.

Avec cette pierre tranchante, je les ai détachés juste à la racine.

PROMÉTHÉE.

Enlève d’abord les branches… Ensuite enfonce celui-ci dans la terre en l’inclinant, et celui-là vis-à-vis, et attache-les par le haut… Puis, deux encore ici, en arrière, et un autre en travers par-dessus. Maintenant les rameaux, du haut en bas, jusqu’à terre, liés et entrelacés, et du gazon alentour, et d’autres rameaux encore par-dessus, jusqu’à ce que ni rayon de soleil, ni pluie, ni vent ne pénètrent. Voilà, mon cher fils, un abri et une cabane !

L’HOMME.

Merci, bon père, merci mille fois ! Dis-moi, tous mes frères auront-ils le droit d’habiter dans ma cabane ?

PROMÉTHÉE.

Non, tu l’as bâtie pour toi : elle est tienne. Tu peux la partager avec qui tu voudras. Qui veut en avoir une se la bâtisse lui-même. (Prométhée s’en va.)

DEUX HOMMES.
LE PREMIER.

Tu ne prendras pas une seule de mes chèvres ! Elles sont à moi !

LE SECOND.

Comment cela !

LE PREMIER.

Hier j’ai couru jour et nuit la montagne ; à la sueur de mon corps, je les ai prises vivantes ; je les ai gardées cette nuit, enfermées ici avec des pierres et des branches.

LE SECOND.

Eh bien, donne-m’en une ! Hier, moi aussi j’en ai tué une ; je l’ai rôtie au feu, et mangée avec mes frères. Une seule te suffit aujourd’hui : nous en prendrons d’autres demain.

LE PREMIER.

N’approche pas de mes chèvres !

LE SECOND.

Allons donc !… (le premier veut repousser le second, qui le frappe et le renverse, prend une chèvre et s’en va.)

LE PREMIER.

Violence ! Malheur ! malheur !

PROMÉTHÉE, accourant
.

Qu’y a-t-il ?

L’HOMME.

Il me vole ma chèvre !… Le sang coule de ma tête… Il m’a blessé contre cette pierre.

PROMÉTHÉE.

Prends à l’arbre ce champignon, et l’applique sur ta blessure.

L’HOMME.

Vraiment !… Bon père, je souffre déjà moins.

PROMÉTHÉE.

Va te laver le visage.

L’HOMME.

Et ma chèvre ?

PROMÉTHÉE.

Laisse cet homme. Si sa main se lève contre chacun, la main de chacun se lèvera contre lui. (L’homme s’en va.) Vous n’êtes pas dégénérés, mes enfants ; vous êtes laborieux et paresseux, cruels et doux, généreux et avares : vous ressemblez à tous les êtres vos frères ; vous ressemblez aux bêtes et aux dieux. (Pandore survient.) Qu’as-tu, ma fille ? Pourquoi si émue ?

PANDORE.

Mon père !… Ah ! ce que j’ai vu, mon père, ce que j’ai senti !

PROMÉTHÉE.

Eh bien ?

PANDORE.

Oh ! ma pauvre Mira !…

PROMÉTHÉE.

Que lui est-il arrivé ?…

PANDORE.

Sentiments inexprimables !… Je l’ai vue aller au bocage, où si souvent nous cueillons des fleurs pour nos couronnes. Je la suivais, hélas ! et, comme je descendais de la colline, je l’ai vue, dans la vallée, étendue sur le gazon. Heureusement, Arbar s’est trouvé dans le bois. Il l’a tenue ferme dans ses bras ; il ne voulait pas la laisser tomber, hélas ! et il est tombé avec elle. Sa belle tête s’est renversée ; il l’a baisée mille fois et s’est attaché à ses lèvres, pour lui souffler son haleine. J’étais alarmée, je suis accourue et j’ai crié. Mes cris ont ranimé ses sens. Arbar l’a quittée ; elle s’est levée soudain, hélas ! et, avec des yeux presque éteints, elle s’est jetée à mon cou. Son cœur battait, comme prêt à se briser ; ses joues brûlaient, sa bouche était de feu ; elle fondait en larmes. J’ai senti de nouveau ses genoux chanceler, et je l’ai soutenue, mon cher père, et ses baisers, son ardeur, ont répandu dans mes veines un sentiment si nouveau, si inconnu, que, troublée, émue, éplorée, j’ai quitté enfin Mira et le bois et la campagne… Je viens à toi, mon père ! Dis-moi ce que c’est qui l’a troublée et moi avec elle ?

PROMÉTHÉE.

La mort !

PANDORE.

Qu’est-ce que cela ?

PROMÉTHÉE.

Ma fille, tu as goûté bien des plaisirs ?

PANDORE.

Mille plaisirs divers ! je te les dois tous.

PROMÉTHÉE.

Pandore, ton cœur battait à l’approche du soleil levant, de la lune au ciel errante, et dans les baisers de tes compagnes tu goûtais la plus pure félicité.

PANDORE.

Inexprimable.

PROMÉTHÉE.

À la danse, qu’est-ce qui faisait bondir ton corps léger sur la terre ?

PANDORE.

La joie. Lorsque mes membres, animés par le chant et la musique, se mouvaient, se balançaient, je me noyais tout entière dans la mélodie.

PROMÉTHÉE.

Et tout cesse enfin dans le sommeil, le plaisir aussi bien que la douleur. Tu as senti la flamme du soleil, l’ardeur de la soif, la fatigue de tes genoux ; tu as pleuré sur ta brebis perdue, et lorsque, dans le bois, une épine te blessa le talon, comme tu gémis et tremblas avant que je te guérisse !

PANDORE.

Mon père, il y a dans la vie bien des joies et des douleurs !

PROMÉTHÉE.

Et tu sens, dans ton cœur, qu’il est encore beaucoup de plaisirs, beaucoup de souffrances, que tu ne connais pas.

PANDORE.

Oui ! oui !… Souvent, hélas ! mon cœur se sent attiré partout… et nulle part.

PROMÉTHÉE.

Pandore, il est un moment qui accomplit tout ce que nous avons désiré, rêvé, espéré, redouté… C’est la mort !

PANDORE.

La mort ?

PROMÉTHÉE.

Lorsque, tout ébranlée dans la dernière profondeur de ton être, tu sens tout ce que la joie et la douleur t’ont jamais fait éprouver, ton cœur se gonfle dans l’orage, il ve ut se soulager par les larmes, et il accroît son ardeur, et en toi tout résonne, tout tremble et frémit et tous tes sens défaillissent ; et il te semble défaillir toi-même et tu succombes ; et autour de toi tout se plonge dans la nuit, et toi, dans le sentiment toujours plus vif de toi-même, tu embrasses un monde et tu meurs.

PANDORE, se jetant au cou de Prométhée.

Ô mon père, mourons !

PROMÉTHÉE.

Pas encore.

PANDORE.

Et après la mort ?

PROMÉTHÉE.

Quand toutes choses… le désir et la joie et la douleur… se sont abîmées dans une orageuse jouissance, puis se sont apaisées et endormies dans la volupté… alors tu renais à la vie, tu renais avec toute la fraîcheur de la jeunesse, pour craindre, pour espérer, pour désirer encore.

ACTE TROISIÈME


PROMÉTHÉE, dans son atelier.

Ô Jupiter ! couvre ton ciel de nuages, et, comme l’enfant qui abat les têtes des chardons, exerce-toi sur les chênes et sur les cimes des montagnes, mais laisse subsister ma terre et mes cabanes, que tu n’as point bâties, et mon foyer, dont tu m’envies la flamme.

Je ne connais rien sous le soleil de plus pauvre que vous autres dieux ! Vous nourrissez misérablement votre majesté d’offrandes et d’encens, et vous seriez réduits à mourir de faim, n’étaient les enfants et les mendiants, pauvres fous, qui se repaissent d’espérances.

Quand j’étais enfant, je ne savais nulle chose ; je tournais vers le soleil mon œil égaré, comme s’il y avait eu par delà une oreille pour entendre ma plainte, un cœur comme le mien pour compatir à l’affligé.

Qui me vint en aide contre l’orgueil des Titans ? Qui me sauva de la mort, de l’esclavage ?… N’as-tu pas tout accompli toi-même, ô cœur saintement enflammé, et, jeune et bon, tu rendais, dans ton erreur, de ferventes actions de grâces au dormeur de là-haut !

Moi, t’honorer !… Pourquoi ?… As-tu jamais apaisé les douleurs de l’opprimé ? As-tu jamais essuyé les larmes de l’affligé ? Qui m’a forgé un cœur d’homme ? N’est-ce pas le temps tout puissant et le destin éternel, mes maîtres et les tiens ? Croyais-tu peut-être que je dusse haïr la vie, fuir dans les déserts, parce que toutes les fleurs de mes rêves n’ont pas fructifié ?

Ici je réside, je crée des hommes à mon image, une race qui me soit semblable, pour souffrir, pour pleurer, pour vivre et se réjouir et te dédaigner, comme je fais. (Mercure paraît pour proposer encore un accommodement.)

  1. oethe a écrit Prométhée en vers rhytmiques de diverse mesure.