Principes de philosophie zoologique/Sur les os hyoïdes : première réplique à l’argumentation dernière

SUR LES OS HYOÏDES.

Première réplique à l’argumentation dernière.
(Séance de 29 mars.)

Je crois de la dignité des sciences de conserver à l’égard des personnes, un ton de décence et des manières d’estime et de bienveillance. Exposé, en étendant aussi loin mes recherches, au danger d’errer, je suis indulgent pour toute erreur conçue et produite de bonne foi : car des efforts, bien qu’infructueux demeurent toujours estimables, et comme un hommage indirect à la vérité et comme un témoignage de zèle et de dévouement. Je crois encore qu’il faut éviter de transformer une réunion des disciples du Portique en un parterre battant des mains aux comédies outrageuses d’Aristophane. Devant le public sérieux qui m’écoute, et ayant à traiter de choses sérieuses, je serai grave et jamais habile. Je vise plus haut qu’à un succès du moment ; désirant faire entrer dans le domaine de la pensée publique une vérité d’un ordre élevé, toute fondamentale. Je me garderai bien, en conséquence, de presser le moment où cette vérité pourra se faire jour et apparaître dans tout son éclat ; ce qui n’adviendra que quand elle sera incontestablement établie.

J’ai rencontré quelques prétendus conciliateurs se vantant d’avoir pénétré le secret de nos dissentimens : à les entendre, ils vont nous apprendre ce point de nous ignoré, et nous accorder ; « car enfin, disent-ils, chacun suit une route particulière : celui-ci, quand il poursuit les faits dans le caractère de leurs différences, et celui-là, dans le caractère de leurs rapports ; c’est, des deux côtés, agir pour le mieux, si, des deux côtés, on reste également fidèle à son point de départ. »

Malheureusement, je ne puis admettre ni cette conciliation, ni ce raisonnement : je n’ai de foi à une exploration des faits, je ne prends confiance dans une connaissance profonde des choses, qu’autant que les recherches se sont épuisées simultanément, et à égalité d’efforts, aussi-bien sur les différences que sur les rapports. Négliger une face de son sujet pour porter toute son attention sur l’autre, c’est le moyen de ne le connaître qu’imparfaitement. Si donc l’on ne peut séparer l’étude des rapports de celle des différences, et réciproquement, tout le problème de la détermination des organes tient au choix d’une méthode qui disposera et coordonnera les faits, tout aussi-bien pour un point de vue que pour l’autre.

On me demande de donner davantage à mon repos : où je crois être utile, l’on me trouve. Entraîné par un mouvement européen, je le seconde de mon mieux ; les anciennes voies de la zootomie sont, autant que possible, abandonnées : les anatomistes cherchent à s’en ouvrir de nouvelles ; faisons qu’en France nous ne restions point en arrière.

Mais je brise sur ce hors-d’œuvre pour en venir décidément aux faits de l’argumentation du 22 mars. Tant de détails sur les hyoïdes sont imposans : le public s’y doit laisser prendre comme à la preuve d’un vaste savoir ; aussi nombreux qu’ils sont, je ne les redoute pas, et je les tiendrais même volontiers pour très exacts, si ce n’était cependant ce merveilleux fil d’archal, capable d’exécuter, dans un squelette, une si savante manœuvre. On ne commente pas une plaisanterie ; je passe outre.

C’est bien, c’est d’une discussion loyale que d’en être venu à étudier la question générale dans une application particulière ; et le choix de l’hyoïde surtout est heureux pour le faire avec quelque profondeur. À cet égard, les faits comme observation sont si évidens, qu’il ne faut, a-t-on remarqué, et je suis du même avis, qu’il ne faut que des yeux communs pour les voir, qu’un bon sens ordinaire pour les saisir ; par conséquent ils sont, du moins le plus grand nombre, pour mes yeux et les facultés de mon esprit, tels que l’argumentation les a disposés et présentés. Cela dit et accordé, on se demandera s’il reste encore après cet aveu un dissentiment entre nous sur le caractère des hyoïdes ; oui, sans le moindre doute. Car c’est d’une appréciation scientifique de ces mêmes faits qu’il s’agit. C’est une question de philosophie qui nous divise, non pas toutefois dans un aussi haut degré qu’on paraît le croire et qu’on l’a dit. Il n’est, pour nous tenir à distance, que l’intervalle qui sépare les idées de la doctrine aristotélique de celles de la théorie des analogues. Voilà ce qu’il faut expliquer.

Ce n’est pas sans y avoir mûrement réfléchi que j’ai tout à l’heure rejeté la voie de conciliation offerte. La proposition eût été également offensante pour tous deux ; car, ni l’un de nous n’exclut pas les rapports pour ne s’attacher qu’à la considération des différences, ni l’autre n’entend non plus négliger les différences pour ne s’occuper que des rapports. Faudrait-il n’étudier que les différences ? y a-t-il un grand mérite à arriver avec ses sens sur quelques matériaux, qu’il ne s’agit que de compter ou sur des organes dont on désire prendre le poids ou la longueur. Nous connaissons quelques naturalistes, on les qualifiera comme on le voudra, qui s’en tiennent à ces légers travaux, utiles encore, et qu’il ne faut pas dédaigner. Et, dans le nombre de ces travaux, je ne puis ni n’entends comprendre les Leçons de l’anatomie comparée. Certes, j’ai trop à cœur l’observation des convenances, le désir d’être juste, pour me le permettre, même par une allusion détournée.

Cependant nos vues diffèrent. En quoi donc consiste cette différence ou de méthode, ou de philosophie ? Si c’est, ce cas arrivant, que l’attention se porte avec prédilection sur le caractère des différences, on admet les rapports malheureusement avant, et non après une étude ex professo. On pressent ces rapports, on les tient du moins pour acquis instinctivement. Dans quelques cas, mais non toujours, on a l’évidence pour soi. L’on est en effet autorisé à dire, et tout-à-fait dispensé de prouver que, par exemple, l’œil du bœuf est à tous égards un organe identique de composition avec l’œil de l’homme ; de même que, dans la science des nombres, l’on déclare et l’on ne prouve pas que deux et deux font quatre. Mais, je le répète, ce n’est pas toujours dans ce caractère d’isolement, non toujours avec une révélation aussi évidente de leurs communs rapports, que se présentent les appareils comparables de l’organisation animale. Il est tout simple, si une conception instinctive vous persuade que les yeux de l’homme et du bœuf sont au fond un seul et même organe, que vous puissiez passer de suite à la comparaison de tous les détails, que vous en examiniez toutes les différences. Chaque partie peut être plus ou moins amaigrie, plus ou moins volumineuse, et la somme de toutes ces différences partielles donne l’expression différentielle et caractéristique de chaque œil en particulier.

Mais pour un cas aussi simple, combien d’autres qui offrent une très grande complication, et qui constituent de curieux problèmes à démêler ? Puisque j’ai écrit sur l’hyoïde ex professo, c’est que j’ai pensé qu’il était placé dans cette seconde condition.

L’argumentation à laquelle je réponds me paraît reposer sur une continuelle contradiction. Elle dit l’hyoïde de l’homme différent de celui du singe, celui du singe autre que l’hyoïde du maki, autre celui du lion, etc. Mais quel écolier de zoologie ignore cela ? Que l’on passe d’une classe à une autre, l’hyoïde, dans la même raison que les animaux sont descendus de quelques degrés, est modifié plus profondément. Que conclure de cet exposé ? rien autre chose sans doute, si ce n’est que ces faits sont parfaitement connus. L’on insiste beaucoup sur l’hyoïde de l’alouatte, sur cet énorme tambour en forme de cucurbite. Je m’étais attendu qu’on allait nous apprendre quelque chose de nouveau à ce sujet ; si c’est là un os excavé comme la boîte crânienne ? L’a-t-on examiné dans un premier âge, pour connaître s’il est également formé de parties ? Ce qu’on a voulu dire, c’est que c’est là une difficulté pour tout le monde. Je ne conviens point de cela, et je renvoie à ce que j’ai écrit, dans ma seizième leçon sur les mammifères[1], touchant l’hyoïde caverneux de l’alouatte,

Cependant, en grandissant ces différences pour les faire sortir des cas des altérations proportionnelles au degré d’organisation de chaque famille, l’argumentation aurait-elle voulu dire que les différences sont si fortes, que, seules, elles dominent et que les rapports ne sont nulle part ? N’est-ce pas ce qu’il faudrait conclure de la phrase. Amenez sur ces faits des yeux communs, ils ne peuvent que s’en tenir à l’apparence ; ils voient que cela ne ressemble pas. Mais je dis à mon tour : « Amenez sur ces faits l’esprit de combinaison et de recherches, arrivez sur eux avec une sagacité capable de saisir les points communs, cachés sous le masque de quelques excès dans le volume des parties, dissimulées par des formes qu’auraient profondément altérées des cas d’hypertrophie ou d’atrophie, vous apercevrez bientôt l’analogie de ces faits ; vous en donnerez aussi sûrement que facilement les rapports. »

Je ne ferai point sans doute l’injure à l’argumentation de dire qu’elle méconnaît de fait les propositions générales qui résultent de ces rapports ; car elle me répondrait : Est-ce que je ne donne pas partout le même nom générique aux hyoïdes, tant à l’appareil ainsi nommé chez l’homme, qu’à celui de toutes les familles des quatre classes d’animaux vertébrés ; et donner un même nom à une chose, n’est-ce pas déclarer implicitement que l’on croit à son caractère d’une même chose au fond ?

Ainsi il faut que ce soit moi qui prenne le soin d’aller découvrir dans les raisonnemens de l’argumentation qu’elle s’est définitivement rangée de mon avis, et que par conséquent elle et moi croyons tous deux à un hyoïde, le même sous le rapport philosophique. Mais alors puis-je répliquer : Pourquoi s’être donné tant de peine pour cacher en quelque sorte cette vérité, pour l’avoir ensevelie sous un amas si considérable de cas différentiels, tous fort bons à rappeler, si on les restreint à leur portée de faits particuliers.

Il y a du moins contradiction dans les raisonnemens de l’argumentation, si elle soutient qu’il n’est pas d’hyoïde essentiellement le même eu égard à son intime composition, quand elle se sert du même mot pour le désigner. Car je pense bien que l’argumentation aura voulu s’épargner le soin de m’apprendre, à moi qui ai écrit ex professo sur les hyoïdes, qu’en les examinant dans leurs modifications secondaires, il y a véritablement diversité d’hyoïde d’une famille à l’autre, plus grande diversité d’une classe à une autre classe. Autrement, j’entrerais aussi dans les détails, et je montrerais qu’ayant étudié cet appareil d’abord dans ses rapports, je suis arrivé à une connaissance plus approfondie des différences : je montrerais surtout que je ne me suis pas tenu à dire le poids et la longueur de chaque partie, ce qui forme la portion la plus considérable de toute description des formes, mais que j’explique pourquoi et comment interviennent les différences. Car qu’un élément soit absent, le principe du balancement des organes donne l’explication de ce fait ; c’est-à-dire que cette absence se montre aussitôt compensée et révélée par un accroissement que prend un autre organe du voisinage : c’est enfin qu’il n’y a, comme on l’a déjà vu, de différences bien appréciées, que les différences constatées par une exploration complète des faits, qui aurait auparavant donné leurs communs rapports.

Nous ne pouvons le taire ; il y a une confusion manifeste dans les raisonnemens de l’argumentation ; et cette confusion me paraît même portée à son dernier terme, quand, ne s’appliquant point à discerner les divers degrés de l’organisation, l’argumentation demande qu’on lui fournisse ipso facto les rapports immédiats de la Méduse et de la Girafe, de l’Éléphant et de l’Étoile de mer. Un tel a fortiori n’arrive sans doute point là en désespoir de cause. Je regrette véritablement de rappeler cette expression. Cet a fortiori n’est probablement qu’une négligence échappée à la plume de mon savant confrère. La phrase a fait, je crois, sourire quelqu’un dans l’assemblée ; mais, je le suppose du moins, elle n’aura porté de conviction dans aucun esprit.

J’attribue la confusion que je viens de signaler à la différence de nos deux méthodes. La doctrine aristotélique, même comme elle était tout récemment perfectionnée, abandonne encore à beaucoup trop d’arbitraire les données de son point de départ dans la recherche des organes analogues. Il lui suffit qu’entre des organes quelle tient pour comparables il y ait quelque rapport de forme ou de fonction qui frappe les sens ; elle saisit ce rapport sans autre justification. Ainsi son sort, et je pourrais dire plus, son tort est d’admettre le fait analogique avant étude, pour passer immédiatement aux considérations des modifications accessoires, au caractère des cas différentiels. Et dans l’usage, j’y ai donné tant de fois attention pour en étudier les ressources, j’ai toujours vu qu’on est entraîné par cette doctrine au delà du but même qu’elle se propose. Effectivement, que l’on chemine dans les rangs des diverses familles, et qu’en descendant quelques degrés de l’échelle, les différences augmentent en intensité, l’on néglige de vérifier, s’il ne serait pas survenu des changemens graves et proportionnels dans les conditions primitives du fait analogique.

La théorie des analogues se défend au contraire de ce vague, elle prévient toute confusion par sa sévérité au point de départ. Qu’un appareil soit composé de plusieurs matériaux, elle n’est satisfaite que si elle connaît chacun dans son essence ; en se portant sur les différences, elle ne perd jamais de vue les faits du point de départ ; elle s’informe si des matériaux disparaissent ou par soudure, parce qu’il y aurait fusion d’une pièce avec une autre, ou par une atrophie portée à son dernier terme. Car la théorie des analogues ne préjuge pas la conservation invariable des matériaux, mais elle intervient pour en faire l’appel et pour en régler le compte. Ainsi, c’est après une étude ex professo des matériaux que, sortie des rapports préalablement étudiés, elle laisse toute faculté à la considération des différences.

Ce ne sont, ni ces principes ni aucun des corollaires de mon travail ex professo sur les hyoïdes que rappelle l’argumentation ; mais elle a conçu des préventions qu’ensuite, elle combat tout à son aise. « Votre principale règle, m’oppose-t-elle, ne reconnaît que le nombre des parties. » Cependant il n’en est rien. On va en juger par les deux corollaires suivans, de mon mémoire imprimé en 1818 :

1o L’appareil hyoïdien est au fond le même dans tous les animaux vertébrés.

2o L’hyoïde, généralement parlant, est composé de neuf pièces dans les poissons, de huit dans les oiseaux, et de sept dans les mammifères, non compris les os styloïdes.

Cependant l’argumentation ajoute que de quelques phrases de mes derniers mémoires, elle peut encore conclure que je m’appuie aussi sur l’ordre des connexions : car ces phrases prononcent nettement l’exclusion de la considération de la forme et des fonctions. Je lui réponds également par un autre corollaire de mon ouvrage de 1818, où le fait de ces rapports de connexion est posé comme un principal caractère ; en toute occasion, ai-je écrit, l’hyoïde forme la charpente solide d’une cloison qui sépare l’arrière-bouche du vestibule de l’organe respiratoire.

Et continuant par le reproche du défaut de proposition claire, du défaut de règle générale intelligible, l’argumentation prétend prouver par les faits,

1o Que l’os hyoïde change en nombre de parties d’un genre à un autre genre : j’ai dit, j’ai établi, j’avais déjà prouvé cela autrefois. Chaque classe, non comprise celle des reptiles qui est artificiellement formée, voit pour elle revenir un nombre donné de matériaux, neuf, huit et sept : si cela n’est pas toujours à l’égard de quelques familles, l’exception vient confirmer la règle. Car la cause perturbatrice se montre alors avec évidence, et rend raison du désordre apparent.

2o Que l’hyoïde change de connexions. Voilà ce qu’annonce l’argumentation ; et ce terrain, je l’engage moi-même à ne pas l’abandonner : je m’expliquerai tout à l’heure plus clairement.

3o Que de quelque manière (je transcris), que de quelque manière que l’on entende les termes vagues employés jusqu’à présent d’analogie, d’unité de composition, d’unité de plan, on ne peut pas les appliquer d’une manière générale à l’hyoïde.

J’ai répondu plus haut à cette assertion, et j’ai, je crois, suffisamment démontré que, combinée avec l’emploi du mot hyoïde, cette objection renferme un non-sens. Et en effet, on se refuse à l’idée de la généralité d’un appareil hyoïdien, étant au fond le même pour tous les animaux vertébrés, précisément dans une dissertation où l’on nomme cette chose en général. Quoiqu’on en puisse dire, c’est un organe sui generis, et certes, l’hyoïde préexiste aux facultés qui lui seront ultérieurement reconnues, à cette disposition des parties dont on voudrait faire l’unique sujet des considérations à lui appliquer.

4o Et enfin, qu’il y a des animaux, une foule d’animaux qui n’ont pas la moindre apparence d’os hyoïde, que, par conséquent, il n’y a pas même d’analogie dans son existence.

Je ne puis croire que ce soit pour moi, que ce soit pour les savans versés dans les études zootomiques, que cette objection est écrite. Il faut heure, âge convenable pour que, dans un embryon quelconque, d’homme, de mammifère, d’oiseau, etc., l’hyoïde apparaisse ; auparavant il n’est pas compatible avec le degré d’organisation de cette époque. De même chez les animaux qui appartiennent à ce même degré des développemens organiques, il n’y a, il ne peut y avoir d’hyoïde ; quoi de surprenant à cet égard ?

Viendrai-je ajouter quelques réflexions sur la formation de tous les tissus osseux ? Je ne m’exposerai pas au ridicule de paraître apprendre quelque chose sur ce point de théorie à mon savant confrère. Et, en effet, à qui est-il besoin de persuader que l’hyoïde, aussi-bien que toutes les autres parties osseuses, que l’hyoïde, dis-je, avant d’avoir pris consistance et caractère d’os, a passé par l’état cartilagineux ; qu’avant cela, il était à l’état fibreux, et que, plus anciennement encore, il était représenté par une membrane aponévrotique.

J’avais refusé de croire que l’on m’eût apporté, comme une objection et comme une proposition nouvelle, que les matériaux de l’hyoïde disparaissent, qu’il n’y a point d’hyoïde dans les animaux du degré de développement, qui caractérise les organes de la vie embryonnaire. N’ai-je point écrit, au sujet même des hyoïdes : Un organe est plutôt détruit, entièrement disparu que transposé.

Maintenant, l’argumentation continue : J’ai anéanti, j’ai totalement anéanti les principes que l’on donne à la fois comme nouveaux et comme universels ; il ne me reste plus qu’à faire application d’autres principes, sur lesquels la zoologie a reposé jusqu’à présent, et sur lesquels elle reposera encore long-temps.

Cette base ancienne de la zoologie, c’est la considération des formes et des fonctions ; voilà ce que l’argumentation va essayer de reprendre, mais en faisant un grand pas rétrograde. Il y a une adresse extrême dans le choix d’un mot dont on se sert pour la première fois ; car, avec son double sens, on trouve à se placer tout au milieu de la distance, qui sépare les deux doctrines, celle d’Aristote et la théorie des analogues, c’est le mot disposition, qui est certes d’habile invention ; car il se prêtera, selon l’occurrence, à signifier position des parties, dans l’étude anatomique, et relation des fonctions, pour les études physiologiques.

Tout à l’heure c’étaient quatre objections qui ont anéanti, qui ont totalement anéanti mes principes. Voici venir quatre propositions numériquement correspondantes, qui contiendront des principes vrais en remplacement de principes faux. Les voici textuellement ; les réflexions viendront après.

« 1. L’os hyoïde, dans une même classe, bien que variable pour le nombre de ses élémens, est cependant disposé de même, par rapport aux parties environnantes.

« 2. D’une classe à l’autre, il varie, non plus seulement en composition, mais en dispositions relatives.

« 3. De ses deux ordres de variations et de ses variations de formes combinées, résultent les variations de ses fonctions.

« 4. Et enfin, si l’on passe de l’embranchement des vertébrés aux autres embranchemens, il disparaît de manière à ne pas même laisser de traces. »

Pour moi, qui comprends le sens de ces paroles, je vois avec plaisir que je n’ai plus d’adversaire en ce qui concerne les hyoïdes, sous le rapport des généralités ; peut-être toujours encore sur un seul point, le chapitre des connexions.

J’ai dit plus haut que le choix des hyoïdes dans la présente discussion était heureux, parce que je pressentais déjà l’actuel résultat. Le nombre des pièces est borné ; et aussi bien connues qu’elles le sont de nous deux, elles devaient parler avec autorité également à l’un de nous comme à l’autre ; enfin, un autre motif devait amener la conciliation des deux opinions ; c’est que sous l’action de l’une comme de l’autre inspiration, puisant des motifs à chaque point de départ, considérant enfin les pièces, soit anatomiquement, soit physiologiquement, on ne pouvait qu’arriver à en juger de la même façon.

Que contiennent les quatre objections ou les nouveaux principes à substituer à ceux par moi émis ?

1o. On admet que l’hyoïde est composé d’un nombre quelconque d’élémens, et qu’il est disposé de la même manière par rapport aux parties environnantes. Sauf l’emploi nouveau du mot disposé, mais qui dans cette phrase est certainement synonyme des adjectifs situé, posé, c’est là un de mes corollaires. Avant moi, qui avait pensé qu’il y eût condition d’appareil en l’os hyoïde, et que cet appareil fut composé d’élémens, chacun à part déterminable ?

2o. Comment entend-on que d’une classe à l’autre, la variation ne porte plus seulement sur la composition, mais sur les dispositions relatives ? Si je cherche à saisir le sens un peu obscur de cette phrase, je crois que disposition relative est là pour tenir lieu de l’expression fonction relative. Or, ce n’est pas moi qui réclamerais contre le soin d’une recherche concernant la fonction ; je demande seulement qu’elle ait lieu consécutivement à la détermination du corps hyoïdien, ou mieux, des divers élémens hyoïdiens.

3o Les variations des fonctions sont des résultantes des autres causes de variation. J’adopte, sans la moindre difficulté, cette proposition générale, qui s’accorde avec l’enchaînement de mes idées. Il y a long-temps que, me refusant aux enseignemens des causes finales, j’ai dit : tel est l’organe, telle sera sa fonction.

4o Enfin, si l’on passe de l’embranchement des vertébrés aux autres embranchemens, l’hyoïde disparaît. Je crois avoir remarqué qu’il persistait encore dans les crustacés ; mais passons sur cela : il n’est rien là à quoi je n’aie, plus haut, répondu entièrement, catégoriquement.

On a donc refait le thème que j’avais produit dans mon mémoire, ex professo, sur les hyoïdes. On a adroitement, sans trop le laisser paraître, reculé de quelques pas en venant sur moi ; mais, il faut être vrai, ce n’est point encore de toute la distance qui nous avait séparés.

La faute faite, suivant moi, c’est de prendre l’hyoïde comme un être abstrait, avant l’étude de ses rapports, pour en développer ensuite toutes les faces différentielles, quand, au contraire, je ne vais sur ces cas de différences, qu’après avoir ramené tous les élémens de l’appareil hyoïdien à leurs véritables analogues. Dès que ces élémens varient en nombre suivant les familles ou les espèces, je veux, avant de comparer, savoir ce que je dois comparer : je demande combien de matériaux sont employés dans la fonction et la composition de l’hyoïde ? combien et quels en particulier, sont conservés pour faire partie de l’appareil ?

Maintenant, à d’autres égards, ce n’est plus d’habileté que je louerai l’argumentation. Elle aurait pu trouver où me prendre, si elle eut discuté les applications que j’avais faites du principe des connexions ; l’argumentation ne l’a pas fait avec bonheur : elle a produit des allégations en général, mais point d’explication positive basée sur une démonstration. C’est que, pour mieux faire, il eût fallu qu’elle attachât au caractère des connexions autant d’importance que moi : ce qui n’est pas.

J’aurai à revoir quelques anciens travaux : des erreurs étaient inévitables dans une entreprise continuée durant tant d’années. Ces fautes sont réparables et presque toutes effacées, sur les indications même du principe des connexions ; c’est-à-dire, qu’il faut que je ne m’en écarte en aucune manière.

Quand j’ai pris la courageuse résolution d’arriver ex professo, sur la détermination de chaque système d’organe, tout était à rechercher, à créer, principes et voie d’expérimentation ; mais surtout il fallait se défendre d’habitudes vicieuses qui ne permettaient plus de marcher en avant. Devais-je faire arriver à la fois tous les inconnus du problème pour m’aider des uns au profit des autres. C’est cela qu’on aurait fait, et sans de grands avantages. Je pris, au contraire, le parti de ne m’occuper que d’un seul système, d’essayer de le comparer isolément et partie par partie dans toute la série des êtres. Je fis choix du système osseux. Cet inconnu d’abord dégagé, les autres inconnus, je l’espérais du moins ainsi, c’est-à-dire, les autres systèmes organiques, systèmes nerveux, circulatoire, musculaire, etc., ne pouvaient manquer d’être éclairés d’une vive lumière, par les faits étudiés de l’inconnu dégagé, ou de l’organe déterminé.

Cependant, pour donner toutes les généralités désirables, se prononcer avec une égale sécurité sur toutes les difficultés du sujet, la science de l’organisation n’avait point encore à sa disposition d’autres ressources, dont celle de la détermination des organes a depuis trouvé à s’appuyer. Oh ! si ce secours nous fût venu de l’étranger, de l’Allemagne, par exemple, que tant de travaux dans cette direction rendent si recommandable aux amis des sciences, que nous eussions mis d’empressement et d’enthousiasme dans le témoignage de notre gratitude ! Que de satisfaction nous éprouverions à célébrer d’aussi grands succès ! Mais cette obligation, nous l’avons à un des nôtres, à un anatomiste placé dans nos rangs[2] ; et un autre sentiment, qui est aussi l’accomplissement d’un devoir, nous impose de parler avec réserve du secours tout puissant que, dans ces derniers temps, la doctrine de l’unité de composition a reçu de la théorie du développement excentrique.

Un autre secours inespéré, qui est aussi venu également assurer ma marche, m’a été fourni par mes études sur les monstruosités. Tous les faits de variation que la série des êtres m’avait offerts, la monstruosité me les a aussi donnés dans une correspondance suivie et en quelque sorte régulière, au moyen de ses anomalies qui se répètent sous tant de formes diverses dans le cercle des développemens d’une seule espèce.

Voilà pourquoi et comment je trouve à faire quelques rectifications, relativement à mes anciennes déterminations des matériaux de l’hyoïde. Les annoncer ces rectifications, c’est promettre un travail nouveau : je le réserve pour une autre séance.

Je n’ai pas eu le temps de suivre l’argumentation du 22 mars sur les os hyoïdes dans toute son extension, c’est-à-dire de reprendre tous les détails qu’elle a accumulés. Il m’a semblé qu’il fallait d’abord traiter les faits généraux : les détails ne sont plus, dans un second plan, que des faits conséquens, qu’il devient ensuite très facile de ranger chacun à sa place et d’apprécier exactement dans sa spécialité.

Réflexions diverses et dernières.

Mais il y a mieux : c’est que je me serais trompé sur tous ces faits de détails, que l’argumentation ne serait point encore en droit de conclure contre le principe de mes doctrines philosophiques. Car ce ne serait pas la première fois qu’une généralité serait considérée comme légitimement entrée dans le trésor des conceptions de l’esprit humain, bien que d’abord elle eût été basée sur quelques considérations particulières inexactes, sur des preuves tenues actuellement pour inadmissibles.

Ainsi Buffon érige en loi zoologique la proposition que les animaux des contrées équatoriales habitent l’un des continens à l’exclusion de l’autre ; Lavoisier donne sa théorie de la fermentation vineuse ; et de Lamarck, avec la même sûreté d’esprit et de jugement, avance qu’il est dans le monde extérieur des causes d’influence et d’excitation suffisantes pour modifier en raison de leurs actions l’organisation des animaux ; suffisantes pour en altérer les formes, pour en faire varier les fonctions. Mais ces propositions conçues avec une toute puissance d’intelligence et d’avenir aujourd’hui universellement avérées, n’avaient cependant été recommandées à leur première apparition que par des démonstrations, fondées sur des faits, dont l’expérience des dernières années a révélé l’inexactitude. Cependant, dira-t-on, comment seraient vraies ces propositions générales, puis faux les faits, d’où elles auraient été déduites ? C’est qu’il existait par delà les faits observés encore quelqu’autre chose pour la pensée de ces hommes de génie. Tels étaient effectivement le droit et le propre de leur supériorité d’intelligence, qu’ils tenaient comme existant véritablement, ce que, dans leur force de conception, ils avaient jugé devoir être. Ainsi, pour ces hautes capacités, que les faits fussent nécessaires, ils étaient pressentis, pré-aperçus, conclus[3].

L’argumentation a passé sous silence ces hauts motifs de philosophie. Je lui sais gré néanmoins de ce que, se proposant de renverser ma doctrine, elle ait songé à la remplacer par un autre ordre d’enchaînement de causes et d’effets. « Tel est son principe des conditions d’existence, de la convenance des parties, de leur coordination pour le rôle que l’animal doit jouer dans la nature. »

Cependant c’est à la doctrine des considérations du fait substituer celle des besoins. C’est, de quelque manière qu’on veuille dissimuler cette intention toutefois manifeste, se résoudre à s’en tenir aux faciles et décevantes explications des causes finales. Je ne reviens point sur ce que j’ai dit plus haut (voyez page 66), touchant cette philosophie, je ne puis que la croire généralement abandonnée, en lisant ces paroles, qui me paraissent d’une profondeur et d’une force de vérité à être aussitôt saisies par tous les esprits réfléchis : « Les causes finales ne sont, en dépit de leur nom, que les effets évidens, ou les conditions même de l’existence de chaque objet ; et sous ce rapport, on aurait peut-être mieux fait de les nommer des causes nécessaires. Il est toujours certain qu’on n’a jamais rien prouvé par elles, sinon leur impuissance même de rien prouver. » Revue Encyclopédique, tome V, page 231.

Ces dernières réflexions sur la liaison des faits, sur leurs causes nécessaires, paraissent ne se rattacher qu’indirectement aux questions agitées dans la présente controverse : mais leur commune connexité ne saurait échapper à la sagacité du lecteur.

Qu’effectivement le lecteur ait confiance dans les progrès de la pensée publique ; qu’il soit l’homme de son temps, qu’il use de sa faculté de jugement, et qu’il ne se laisse point prévenir par ce principe à dessein souvent reproduit, que l’histoire naturelle est la science des faits particuliers, par le développement, qu’il n’est de philosophie qu’avec des faits nombreux, savamment disposés, que par eux et avec eux, qualifiés et recommandés sous le nom des faits positifs[4].

Car, est-ce qu’on connaîtrait des faits auxquels cette qualification ne peut point s’appliquer ? voudrait-on insinuer que des naturalistes en méconnaissent la nécessité ? Il ne faut pas trop presser ce point de l’argumentation : ce serait aussi par trop l’embarrasser. L’insinuation tombe où commence l’œuvre d’une accusation aussi grave.

Mais cependant il est une certaine école qui abuse de la méthode à priori, que l’imagination entraîne jusqu’au degré de la poésie, et qui, principalement formée des philosophes de la nature, se fait de sa confiance en ses pressentimens un moyen d’explication pour la solution des plus hautes et des plus difficiles questions de la physique. Mais, dirons-nous à notre tour, pensons aussi à cette autre école, qui veut trop que l’on s’en tienne au seul enregistrement des faits. Ou plutôt, faisons mieux : évitons l’un ou l’autre de ces écueils, en songeant à ce que nous devons de confiance au sens de cet adage : in medio stat virtus.

Qui se rappelle aujourd’hui que dans les premières années de la révolution, des classificateurs selon la méthode linnéenne, naturalistes occupés seulement d’espèces, vinrent au Jardin du Roi, placer sous le plus ancien de nos cèdres du Liban, un buste de Linnéus ? Ils voulaient beaucoup moins honorer le plus grand naturaliste des temps modernes, que protester contre le développement de l’école de Buffon, à laquelle ils reprochaient de trop s’abandonner aux séductions de l’imagination et de la poésie ; efforts malheureux, dont la postérité n’a tenu aucun compte ! C’est que le Public, où aboutissent tous les sentimens divers, où se concentrent tous les besoins des classes, et qui jouit ainsi d’une vue instinctive aussi sûre qu’étendue, rejette comme erronées toutes ces condamnations de l’esprit de parti. La force et l’élévation de la pensée s’empreignent nécessairement d’imagination et de poésie : les écrits de Buffon sont des faits développés qui le prouvent incontestablement. On le sait maintenant, aujourd’hui que tant d’éditions de l’Histoire naturelle se succèdent aussi rapidement ; sorte de monumens, qui répètent à leur manière et qui sanctionnent ce jugement de ses contemporains, ce cri d’admiration que Buffon entendit de son vivant, qu’il vit tracé au bas de sa statue ; majestati naturæ par ingenium.

  1. Telle fut ma première réponse, alors faite d’après mes souvenirs : elle est telle ici que je l’ai communiquée à l’Académie. Cependant, en remplissant le devoir d’un correcteur d’épreuves quant au précédent article, j’ai pu reprendre ce même sujet, le revoir en interrogeant de nouveau les faits, et en finir par une discussion étendue sur ce point particulier de notre controverse. Voilà comment la question relative à l’hyoïde de l’alouatte se trouve reproduite pour la seconde fois dans cet ouvrage, et même déjà employée plus haut ; voyez page 149.
  2. M. le docteur Serres.
  3. Voulez-vous un autre exemple de cette toute puissance du génie ? Écoutez Montaigne, après qu’il a décrit un enfant monstrueux, du genre hétéradelphe. Montaigne, se portant toujours sur la raison des choses, connaît, mais rejette les explications des anciens sur la monstruosité. Aristote n’y voyait qu’un sujet de condamnation de la nature dérogeant à ses lois ; et Pline, rajeunissant cette pensée par un abus de l’esprit, avait dit : elle veut nous étonner et se divertir ; miracula nobis, ludibria sibi fecit natura. Du seul fait qu’il a sous les yeux, Montaigne s’élève à toutes les hauteurs de la question ; il juge des phénomènes de la monstruosité d’après leurs causes et conditions nécessaires, et il conclut ainsi : ce que nous appelons monstres ne le sont pas à Dieu, qui voit dans l’immensité de son ouvrage l’infinité des formes qu’il y a comprises.

    Cette pensée de Montaigne sera développée. Déjà Hérholdt, célèbre médecin de Copenhague, considère la monstruosité comme des cas permanens d’anatomie pathologique, comme une source féconde d’enseignemens montrant possibles divers autres arrangemens, quant à la circulation des fluides.

    Il n’y a pas de doute que les faits réunis et raisonnés de la monstruosité, ne deviennent pour les études de l’organisation animale une sorte de science à part, de la plus grande utilité. Des Élémens, où les faits connus soient convenablement rassemblés, sont un livre aujourd’hui nécessaire : mon fils (Isid. G. S. H.) s’occupe de rédiger cet ouvrage : il y a préludé par une thèse qui a fixé sur lui l’attention des physiologistes, par sa thèse inaugurale comme médecin, intitulée : propositions sur la monstruosité, considérée chez l’homme et les animaux.

  4. M. Cuvier compte beaucoup sur le pouvoir d’influence de cette expression, et il l’oppose à une tendance de quelques esprits, fâcheuse dans son opinion. Ainsi quand il donna, le 12 octobre 1829, à l’Académie royale des sciences, l’histoire naturelle d’un nouveau genre de ver parasite, hectocotylus octopedis (mémoire qui fut depuis imprimé dans les Annales des sciences naturelles, t. XVIII, p. 149), il ne manqua pas d’insister sur la remarque qu’un autre à sa place se serait empressé, pour expliquer cette nouveauté, de bâtir un système : telles furent ses paroles que l’élévation de la voix et l’indication d’un regard apportèrent de mon côté : Pour nous, qui dès long-temps faisons profession de nous en tenir à l’exposé des faits positifs, nous nous bornerons à décrire.

    Je répondis, dans la séance suivante, le 19 du même mois, à cette insinuation ; ce fut dans mon écrit sur deux frères siamois, attachés ventre à ventre depuis leur naissance. Ayant présenté dans ce mémoire mes vues sur la loi de formation des organes, je poursuivis dans ces termes :

    « Or, ceci n’est point un vain produit de l’imagination, mais un point accompli des destinées et des devoirs scientifiques, un de ces corollaires qu’appellent les besoins de l’époque, qui arrivent à leurs momens, enfantés qu’ils sont par les progrès de l’esprit humain ; pour qu’on ne se méprenne point sur le sens de ces paroles, nous ajouterons qu’après l’établissement des faits positifs, il faut bien qu’adviennent leurs conséquences scientifiques ; tout comme après l’achèvement de la taille des pierres, il faut bien qu’arrive leur mise en œuvre. Autrement, quel fruit retirer de ces matériaux ? vraie déception s’ils sont inutiles, si on ne les assemble et ne les utilise dans un édifice.

    « La vie des sciences a ses périodes comme la vie humaine ; elles se sont d’abord traînées dans une pénible enfance, elles brillent maintenant des jours de la jeunesse ; qui voudrait leur interdire ceux de la virilité ? L’anatomie fut long-temps descriptive et particulière : rien ne l’arrêtera dans sa tendance pour devenir générale et philosophique. » Voyez Rapport à l’Académie, etc. Ce Rapport est imprimé dans le Moniteur du 29 octobre 1829.