Premières poésies (Évanturel)/À vingt ans

Augustin Côté et Cie (p. 133-134).



À VINGT ANS



L’AVOIR connue au bal, et s’être assis près d’elle,
Dans un coin, et l’avoir trouvée enfin bien belle,
Sans oser cependant regarder dans ses yeux ;
Avoir longtemps senti l’odeur de ses cheveux
Qui, tombés sur son cou, flottaient à l’aventure ;
L’avoir, après le bal, reconduite en voiture,
Sans parler, pour ne pas tomber à ses genoux ;



Et puis, le lendemain, aller au rendez-vous
Qu’elle a promis, le cœur tout palpitant de joie ;
La distinguer de loin, à sa robe de soie,
À ses cheveux châtains qui brillent au soleil :

On est au paradis dans un moment pareil !