Premières poésies (Évanturel)/Le Départ

Augustin Côté et Cie (p. 129-130).



LE DÉPART



VOUS m’avez fait pleurer comme un enfant, madame,
Quand poussant de la main le châssis entr’ouvert,
Vous m’avez dit : — Voyez, le printemps vous réclame ;
Nous devrons nous quitter, si ce n’est plus l’hiver.


Et j’étais accouru pour voir à la fenêtre,
Le cœur navré, craignant d’être dupe à mon tour.
Mais la neige du parc venait de disparaître,
Et le soleil d’avril était à son retour.



Il faisait, ce jour-là, le plus beau temps du monde,
Et quand votre poète eût relevé les yeux,
Il n’entrevit de vous que votre tête blonde,
Qui s’effaçait au loin sous vos rideaux soyeux.


Vous me laissiez partir bien triste et solitaire,
Madame, et n’emportant de vous qu’un souvenir.
C’était donc un adieu que vous veniez de faire ?

L’hiver avait donc fui pour ne plus revenir ?