M. Collin la Herte (p. 62-96).

IX

Nouvelle fusée prussienne

J’ai fait observer, dans la Victime royale, que, par jugement en date du 12 septembre 1859, le tribunal de Villefranche (Rhône) avait reconnu implicitement que Richemont n’était pas Claude Perrin, puisque dans l’arrêt il est dit que le baron de Richemont était un inconnu, et qu’il avait été impossible de constater son identité. Or, quand un tribunal, si complaisant qu’il soit pour une coterie politique quelconque, fait une pareille déclaration, c’est qu’il s’est livré d’abord à des recherches sur l’origine de l’individu : qu’il eût été heureux, dans ce cas-ci, de pouvoir l’appeler Claude Perrin, si rien ne s’y était réellement opposé ! Mais, pour déclarer que Richemont ne s’appelait pas « Louis-Charles de France », il aurait fallu que le tribunal le prouvât, après avoir entendu les parties intéressées, selon l’art. 99 du C. c. C’était la question préalable qu’il fallait résoudre pour baser un jugement équitable, puisque, d’ailleurs, la duchesse d’Angoulême avait reconnu l’évasion de son frère du Temple et son identité en Richemont.

L’abbé Touchatout, lui, veut illuminer ses lecteurs avec une nouvelle fusée prussienne : il prétend avec son aplomb d’acrobate, que le tribunal « n’avait pas à rechercher qui était Richemont » pour biffer du registre des décès les noms et qualités qui lui sont attribués. Vraiment cette forte tête de la Légitimité possède une rectitude de jugement digne d’admiration ! Le grand Touche-à-tout devrait prendre rang parmi la magistrature épurée pour faire chorus avec les jongleurs de la R. athénienne ! Ce que c’est quand on est atteint de la manie du naündorffisme ! Qu’il est heureux, mon adversaire, grâce à sa cécité intellectuelle, de se draper dans l’absurde ! Heureusement aussi pour lui que ses lecteurs sont de rudes gobeurs !

Il tient à confirmer mon opinion à cet égard. Ainsi, pour mieux montrer son jugement faux, il se complaît à approuver l’acte arbitraire d’un ministre de Napoléon III, M. Fialin, duc de Persigny, qui fit disparaître les noms royaux de la pierre tombale de M. de Richemont. M. Fialin n’en avait pas le droit : il abusa de son pouvoir, dans le but de plaire à une certaine coterie qu’il voulait rallier à l’empire. C’était en 1858. Enhardis par cet abus, les magistrats boiteux de Villefranche firent le reste. Ainsi, cinq et six ans après sa mort, M. de Richemont faisait encore trembler ses ennemis !

M. l’abbé Touchatout affirme de nouveau à ses lecteurs que M. de Richemont était un agent de police. Se jouer de la vérité lui est si utile, lui fait tant plaisir ! Qu’il se base sur la parole d’un séminariste ou sur toute autre, je lui prouverai qu’il s’est complètement fourvoyé. Il n’aura qu’à lire mon opuscule sur les Falsificateurs de la vérité historique contre Louis XVII. La question, je ne la suppose pas, quoique le veuille M. Touchatout, puisqu’elle est bien résolue ci-dessus et ailleurs à la confusion des menteurs naündorffistes.

Eh ! eh ! monsieur le licencié, puisque vous êtes si fort en droit et en logique, demandez à vos supérieurs d’Orléans si, après l’arrêté de vos décisions, il n’y a pas lieu de « tirer l’échelle » et même de vous tirer les oreilles comme à un stupide gamin ? Cependant veuillez vous consoler avec cette pensée de Barbey-d’Aurevilly : « Quand les hommes supérieurs se trompent, ils sont supérieurs en cela comme en tout le reste : ils voient plus faux que les petits ou les médiocres esprits. »

Bien que ma plume tombe de dégoût devant des énormités capables de faire mourir de honte même un sot touche-à-tout s’il n’en vivait, je vais continuer ma tâche jusqu’au bout, afin d’édifier plus amplement les amis de la vérité sur le savoir-faire du premier coryphée naündorffiste.


X

Un faussaire pétri d’orgueil

J’ai dû parler – toujours dans la Victime royale – des enfants naturels de M. de Richemont, pour dévoiler un mensonge diabolique. Or, il plaît à l’articlier Touchatout de citer à ce sujet un passage tiré de ma petite étude sur la Vraie prophétie de Belley. Mais ce qu’il ne dit pas, c’est qu’il tronque sa citation et fausse le texte, en supprimant six lignes pour rendre mon langage inintelligible et me faire dire le contraire de ce que j’ai écrit. C’est le système déloyal signalé ci-dessus, au paragraphe III. Un tel procédé révèle dans son auteur une insigne légèreté ou un homme de si mauvaise foi qu’il mérite d’être stigmatisé par la qualification de faussaire.

J’ai déclaré que je me gardais bien de partager l’opinion de ceux qui croyaient à l’apparition d’un petit-fils de Richemont et que le mieux était de rester dans les limites du vraisemblable tant que les faits n’auraient pas parlé.

Des recherches minutieuses, faites en Lorraine, ayant prouvé manifestement l’action diabolique à Gouy-l’Hôpital[1] relativement à M. A. L., j’ai déclaré purement et simplement, comme je devais le faire, que le jeune Lorrain qui s’était dit ou cru petit-fils de Richemont, s’était trompé : je puis en faire la preuve par sa généalogie. N’ayant accepté les récits de cette affaire que sous les plus expresses réserves, ce n’est pas moi qui suis mystifié, bien que M. l’abbé Touchatout, sans crainte de faire une entorse à la vérité, prétende que j’« avoue avoir été mystifié. » C’est plutôt lui qui l’est. On en jugera par les lignes suivantes qu’il m’a écrites à la date du 29 octobre 1884 :

« J’ai lu avec intérêt et curiosité votre brochurette sur Belley. Voulez-vous me permettre une question ? Le mariage morganatique de Richemont a-t-il été valide devant l’Église ? Si oui, il est valable au point de vue de l’élection de 987, au point de vue dynastique, et je m’étonne que les catholiques partisans de Richemont n’opposent pas son petit-fils aux enfants de Naundorff. »

J’ai répondu à M. l’abbé Touchatout que j’ignorais si ce mariage était valide devant l’Église ; que je ne voulais pas m’occuper davantage de cette affaire, et que les amis du jeune Lorrain, s’ils n’étaient armés de toutes les preuves voulues, feraient bien de faire le mort. Est-ce clair ? Est-ce là le langage d’un homme mystifié ?

Quant à l’humilité que mon agresseur s’étonne de trouver en moi, – s’il y en a, Dieu le sait : cela me suffit. Je n’ai pas besoin des éloges d’un adversaire qui m’a prouvé que l’amour-propre ou l’orgueil est vivace en lui, puisqu’après lui avoir démontré, dans ma brochure sur la Mauvaise foi de la Légitimité naündorffienne, ses torts envers moi, il s’est bien gardé de les reconnaître là où il avait péché, là où sa loyauté – s’il en a – devait faire un acte de réparation, un acte d’humilité qui est si facile aux saints prêtres !


XI

Licencié en pornographie

Maintenant j’arrive à une réflexion des plus édifiantes du pauvre plumitif Touchatout.

J’ai dit, dans la Victime royale, p. 12 : « Le fils de Louis XVI n’a eu que deux filles, mais hélas ! deux filles naturelles, car il n’a jamais contracté aucun mariage légitime ou de conscience : il ne pouvait se mésallier. » Et là-dessus, M. Touchatout, vraiment inspiré de l’esprit ténébreux, s’écrie : « C’est cela, la fornication était bien plus morale, n’est-ce pas ? »

Le laconisme de mon langage ne permet à personne de dénaturer ma pensée. Le mot hélas suffit pour déplorer une conduite répréhensible... Non, M. de Richemont ne pouvait se mésallier, parce qu’il comptait toujours sur la reconnaissance solennelle de sa sœur, pour faire ensuite un mariage selon sa naissance royale ; mais en attendant il devait vivre en honnête chrétien et fidèle observateur de la loi de Dieu : la grâce d’en haut, s’il avait voulu la demander et y correspondre, lui aurait suffi pour vivre chastement, du moment qu’il se reconnaissait tenu au célibat. La réflexion trop subtile, trop insidieuse, trop malpropre, trop cynique du licencié Touchatout ne semble-t-elle pas prouver qu’il serait digne de serrer la main à l’auteur pornographe de l’Abbesse de Jouarre ? Mes condoléances à Monsieur le Curé !

Oui, il est très édifiant l’abbé Touchatout ! Par son article, il m’apprend, en outre, qu’il a des rapports avec un agent en jupons de la police secrète, puisqu’il déclare avoir vu à Paris, chez Mme Elurguet susnommée, une Dame A... qui est très habile à « saisir les mots de passe et les chiffres mystérieux, » pour obtenir ce qu’elle veut. Patience ! elle procurera, sans doute, à ce remuant Touche-à-tout, une place de choix dans la police parisienne pour hâter l’avènement de son bien-aimé Charles XI ! Après cela, il pourra être nommé ministre de la justice royale, en même temps qu’archevêque de Reims. Ce n’est pas trop d’honneur pour un curé si méritant ! Qui sait s’il n’espère arriver au cardinalat, puis à la Papauté ! Ô le grand homme ! À la France, au monde entier de se jeter aux genoux de ce repu des munificences royales !

Voilà réfutée suffisamment et réduite à néant l’attaque maladroite et même malhonnête qui se rattache au premier paragraphe de mon opuscule.


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Le second paragraphe concerne le futur sauveur de la France : le rejeton de la race capétienne. J’ai dû m’étendre assez longuement sur cet intéressant sujet, qui est déjà palpitant d’actualité. Mais l’abbé Touchatout a si peur de la vérité, qu’il ne voit rien de mieux à faire que de glisser légèrement sur la question : il se contente de cinq lignes renfermant une grosse erreur, qui peut bien paraître un mensonge calculé pour tâcher de dénigrer mon modeste travail.

En effet, il prétend que je laisse de côté plus de trente Bourbons pour m’arrêter au dernier dans l’ordre salique : le comte de Bardi. J’oppose à cette assertion le démenti le plus formel. Je parle des trois branches d’Espagne, de Naples et de Parme, comme il est permis d’en parler en ce moment avec les données de l’ordre surnaturel que je possède.

Je dis (p. 28) qu’à l’heure de Dieu, le chef de la branche aînée des Bourbons revendiquera ses droits et ceux de la Maison d’Anjou[2]. Je ne manque pas de poser cette question (p. 25) : « Le legs (de la terre de Frohsdorff) fait à don Jaime, (fils de don Carlos, par la comtesse de Chambord,) est-il un indice que ce jeune Prince est le rejeton de la Cape, qui doit venir de l’Orient pour sauver la France ? » Et j’ajoute : « Un prochain avenir répondra, soit pour don Jaime, soit pour un autre Bourbon de la Maison d’Anjou[3]. »

Cependant j’exprime un desideratum bien permis, en disant (p. 21) que si le Pape est appelé à terminer les différends des partis monarchiques en France, suivant une révélation de Rome que je rapporte, il daigne choisir le roi des fidèles royalistes parmi les Bourbons de Parme : les neveux propres du comte de Chambord, soit le duc Robert, soit son frère Henri, comte de Bardi. Et, pour émettre ce vœu, je me base sur certaines indications qui méritent l’attention des esprits sérieux.

Malgré la grave maladie dont le jeune Prince don Jaime fut atteint à Munich, on peut encore porter des regards d’espérance sur lui, puisqu’il est entré en pleine convalescence à l’heure où j’écris ces lignes. Car il pourrait être le rejeton de la Cape, comme étant le préféré d’Henri V, attendu que la comtesse de Chambord, qui s’est inspirée des sentiments de son auguste époux pour rédiger son testament, a légué à son petit-neveu don Jaime le château de Frohsdorff, le mobilier, les objets d’art et tous les papiers qui s’y trouvent[4].

Patience donc, monsieur Touchatout ! Et une autre fois, avant de parler ou d’écrire, n’ayez plus la berlue ou sachez un peu mieux lire pour ne plus défigurer la vérité, car tout honnête homme se plaît à la respecter.

XIII

Foin des Prussiens !

Comme l’abbé Touchatout a vu dans mon opuscule que les Naündorff sont repoussés de par le Ciel, et que le comte de Paris, en tuant le second-né du Dragon de 93, ne sera que le marchepied du Grand Monarque fleurdelysé de la Maison d’Anjou, le coryphée Naündorffiste s’est défendu naturellement de communiquer mes textes et mes interprétations à ses lecteurs, afin de ne pas décourager les honnêtes fourvoyés de sa microscopique coterie ; ce qui ne les empêchera pas de s’écrier bientôt, selon la parole de La Fontaine :

Foin du loup et de sa race !

car le loup, pour eux, sera le Prussien Naündorff, s’il ne l’est déjà.


XIV

Grotesque plaisantin

J’ai écrit, en 300 pages, une thèse irréfutable qui met à néant le Naündorffisme par la base ; or, un mien ami fit à ce sujet une note qui est au dernier feuillet de la Victime royale.

Il paraît que cette annonce a passablement chiffonné M. l’abbé Touchatout, puisqu’il fait tous ses efforts pour la tourner en ridicule vis-à-vis de ses dupes. À lui, ne pourrait-on pas appliquer avec justice cette parole de Chamfort : « Il sécrète le venin comme le crapaud et le darde comme la vipère ? »

Je ne doute pas du succès de mon livre devant le tribunal de l’histoire, comme devant les esprits compétents, chrétiens et de bonne foi : il est aussi certain qu’est certain le triomphe de la vérité historique qu’il démontre contre Naündorff et ses souteneurs. Mais l’intrigue Naündorffiste étant méprisée par les éditeurs parisiens et le public en général, je ne prétends obliger personne à publier ou à lire un ouvrage qui confirme lumineusement leur croyance à l’endroit de l’imposteur Naündorff. C’est pourquoi il appartient aux honnêtes fourvoyés de bonne foi – il y en a environ quatre cents parmi les lecteurs de la Légitimité, – de s’entendre entre eux, afin que soit mise au jour pour eux-mêmes, pour leur honneur, pour celui de la France et de la vérité, une étude qui seule peut les éclairer à fond.

Je n’ai pas à offrir mon travail à la Légitimité de Toulouse. Je la connais assez par expérience pour savoir ce qu’elle vaut en pareil cas, comme je l’ai prouvé dans la Mauvaise foi de la Légitimité naündorffienne dévoilée.

Voulant paralyser la bonne volonté de ses honnêtes dupes, l’abbé Touchatout ne leur montre dans l’annonce en question qu’une affaire scabreuse d’argent. Aussi, pour mieux accentuer son dénigrement intéressé, ne parle-t-il que d’hypothèque, de garanties, comme les plus vulgaires trafiqueurs ou actionnaires qui font un dieu de l’argent. Il n’a donc pu s’empêcher, ce grotesque plaisantin, de manifester sa prédilection prononcée pour cette maxime de son héros prussien : « Avec de l’argent on peut tout avoir dans ce monde ; avec de l’argent on fait du meilleur des rois un coquin et d’un coquin un roi[5]. »

Est-on maintenant assez édifié sur l’honnêteté, le savoir-faire et les insanités de M. l’abbé Touchatout ?


XV

Le grand allumeur de fusées prussiennes

Un mot de conclusion générale.

Dans l’intérêt de l’histoire et de la justice, j’ai rétabli le plus brièvement possible, la vérité odieusement dénaturée ou travestie par la plume de M. l’abbé Touchatout. Sa conduite me rappelle la fable du Singe et la lanterne magique. M. Touchatout représente bien le singe Jacqueau. Comme lui, il n’a pas éclairé la lanterne, mais ce n’est point une étourderie de sa part, c’est un calcul bien réfléchi. Ne m’ayant rien opposé de sérieux, il voulait être plus malin que le singe du fabuliste. Eh bien, on a vu clairement que mon adversaire s’est enferré avec ses propres armes de combat : en voulant se jouer de la vérité, il s’est frappé lui-même, puisque, dans sa prétendue réfutation, il se montre falsificateur de texte, hâbleur, zoïle fantaisiste, menteur effronté, histrion habile ou niais, faussaire sans vergogne, homme déloyal, absurde, ignorant ou de mauvaise foi. Voilà les rôles multiples et les péchés mignons de ce Naündorffiste à tout crin, qui aime particulièrement à jeter de la poudre aux yeux de ses lecteurs, identifiés qu’ils sont au gros public acceptant d’emblée tout ce que lui enseigne son journal. En vérité, il faut que le grand Touche-à-tout compte bien sur leur ignorance, leur aveuglement, leur incapacité ou impossibilité à contrôler le pour et le contre ! Pauvres lecteurs de la Légitimité, comme on se moque de vous ! Vous êtes averties, bonnes gens ! Il est temps de vous redresser fièrement contre vos exploiteurs et de reconquérir votre indépendance !

Serviteur de la vérité, je ne pouvais laisser la lampe sous le boisseau. C’est donc un honneur pour moi d’éclairer charitablement les dupes, borgnes ou aveugles du clan Naündorffiste[6]. « La vérité est libre et forte, » écrivait Fénelon à Louis XIV.

Sans l’avoir cherché, me voilà devenu, selon la parole de mon agresseur, « l’allumeur du grand phare » ... de la vérité historique. Ainsi M. Touchatout n’est plus qu’un mirmidon : un artificier-allumeur de fusées prussiennes pour amuser les jobards, les gens superficiels qui acceptent les tactiques habiles ou saugrenues, ou une apparente bonne foi sans rien savoir de la vérité. M. l’abbé Touchatout est donc tout à fait à la hauteur de notre époque aplatie. Du clinquant ! du faux ! du fracas ! de la fumée ! voilà ce qu’il sert à de dociles esclaves qui ne savent rien approfondir ou qui ont plus d’imagination que de jugement. – Comprendra-t-il jamais cette pensée de son confrère Joseph Roux : « Les esprits faux faussent tout ; les esprits droits redressent tout ? »

Pauvre Touchatout ! Oublierait-il la haute mission de son état ? Ne ferait-il pas mieux de déployer son zèle en faveur des pécheurs du monde entier ou de cultiver son jardin, que de perdre son temps à vouloir traiter une question d’histoire profane en émaillant la Légitimité de mille erreurs, mensonges ou sottises ?...

Ne voulant que du bien à M. le curé A+B, je me permettrai de formuler ici une question à son endroit, car elle a sa raison d’être, sans qu’elle soit le clou de ma polémique :

On a souvent besoin d’un plus petit que soi.

N’est-il pas utile et opportun que Mgr l’évêque d’Orléans considère de près son entêté Touche-à-tout, afin de lui donner un solide coup de crosse sur les doigts et même sur la tête ? Ainsi Sa Grandeur le rappellerait à l’ordre, le remettrait dans une situation plus correcte et pourrait peut-être le guérir de sa monomanie. En cela Monseigneur Coullié marcherait sur les traces de son vénérable collègue de Périgueux à l’égard d’un autre Naündorffiste enragé, plus ou moins prestolet, mis en disgrâce, selon une juste demande formulée dans la Mauvaise foi de la Légitimité Naündorffienne, p. 16.

On sait que de vicaire à Notre-Dame de Bergerac, M. l’abbé D... passa petit aumônier des Frères de la même ville ; puis ses pouvoirs lui furent retirés : on lui permet simplement de dire la messe basse à l’hôpital. Acte de sagesse et de justice que tout le diocèse de Périgueux a ratifié.

Sur ce, meilleure chance à M. l’abbé Touchatout ! et qu’il sache profiter de la leçon un peu verte que vient de lui donner un ami de la vérité, pour l’honneur de la vérité elle-même !


XVI

Les points sur les i

Cette réplique ne paraîtra peut-être que tardivement ; mais mon antagoniste ne perdra rien pour attendre.

Si par hasard quelqu’un de mes lecteurs, ami ou ennemi, était tenté de m’accuser d’avoir manqué de courtoisie à l’égard de M. Touchatout, je n’aurais qu’à répondre ceci : C’est mon adversaire qui l’a voulu par le jeu de ses cascades, et le ton narquois et la forme discourtoise de son agression. S’étant complu à me prendre à partie de toutes façons devant le public, j’ai dû nécessairement lui rendre la monnaie de sa pièce, mais sans dépasser la mesure de la modération. Je suis donc resté dans les limites de mon droit de légitime défense. – Pour l’amour de la vérité et par charité pour mon contradicteur, je devais stigmatiser ses jongleries, ses excès, et l’aplatir selon son mérite. Est-ce que lorsqu’on est en possession de la vérité, il n’est pas permis d’user loyalement des armes du ridicule qui rappellent l’adversaire à l’ordre, découvrent ses procédés et finissent par le tuer autant et mieux que tous les raisonnements ? Dans ce cas, la note gaie : ironique, railleuse ou mordante, s’allie parfaitement avec la note grave de l’histoire : elle parachève la discussion en amusant le lecteur ou en l’obligeant à réfléchir davantage. Il n’y avait pas lieu ici de m’astreindre aux exigences de la courtoisie académique ou parlementaire ! Est-ce que l’Homme-Dieu manquait de charité ou de politesse à l’égard des scribes et des pharisiens qu’il appelait hypocrites, sépulcres blanchis, pourriture, serpents, race de vipères ; ou à l’égard des trafiqueurs qu’il chassait à coups de fouet du Temple de Jérusalem, en les qualifiant de voleurs ?

Je crois donc être resté dans les limites de la politesse, de la charité, telle qu’on la doit à un jongleur émérite. Il fallait en finir une bonne fois avec cet empoisonneur de la vérité !

Reste au lecteur, s’il le veut, à m’appliquer, au moins pour rire, ce vers burlesque de La Harpe :

Gille a cela de bon, quand il frappe, il assomme.

Cependant les amis de la vérité pourront me reprocher de n’avoir pas usé de mon droit légal de réponse, en forçant la Légitimité à insérer ma défense dans ses colonnes. Si je ne connaissais pas les procédés déloyaux de l’organe Naündorffiste à mon endroit, je lui aurais certainement adressé mes légitimes rectifications et protestations[7]. Mais je devais d’abord me souvenir qu’en 1884 j’avais dû dévoiler, dans une brochure spéciale, sa mauvaise foi à mon sujet, et qu’en outre j’avais dû lui envoyer du papier timbré. La Légitimité s’est exécutée forcément en ce qui concerne la sommation, tout en se défendant de la reproduire in extenso. En outre, elle a voulu se venger dans la partie qu’elle donne dans son numéro du 26 octobre 1884, p. 727, en la présentant amalgamée à peu près en une seule phrase, sans alinéa et criblée de fautes plus ou moins grossières de tous genres : j’en ai compté soixante-dix qu’on pourrait appeler typographiques, – honneur au correcteur de l’imprimerie H... flanqué d’un sagouin, dit de Vileboue ! – encore que la plupart proviennent probablement du chef de l’ignare copiste de l’huissier Valade, de Toulouse ; car l’original transcrit, par son confrère de Montargis, sur la minute que j’avais moi-même préparée, est soigné, irréprochable et parfaitement ponctué : il est entre mes mains.

La Légitimité eût certainement refusé d’insérer ma réponse à l’abbé Touchatout : elle aurait prétexté sa longueur, son inutilité pour ses lecteurs, etc. Comme elle eût été heureuse de confisquer mon manuscrit de 60 pages, si je le lui avais envoyé ! Vu sa petite guerre déloyale contre ma sommation, je n’ai pas même dû songer à lui montrer les dents d’un nouvel huissier. Je me suis contenté de mépriser l’article et le journal comme ils le méritent, tout en répétant joyeusement ce quatrain du grand Louis Veuillot :

Ceux qui font de viles morsures
À mon nom, sont-ils attachés ?
Laissez-les faire ; ces blessures,
Peut-être, couvrent mes péchés.

La Légitimité se targue d’honnêteté, de loyauté, de bonne foi ; elle répète sur tous les tons qu’elle « inscrit loyalement les rectifications demandées ; qu’elle agit honnêtement en tous points et qu’elle est un journal historique, indépendant, qui ne craint pas de relever ses inexactitudes[8]. » Bast ! un tel langage n’est qu’une tartuferie consciente ou inconsciente, une vantardise, une mystification pour éblouir les lecteurs de la Légitimité !

L’amour-propre de ses rédacteurs les oblige habituellement à ne pas se déjuger. – Molière l’a dit :

Non :... On est aisément dupé par ce qu’on aime,
Et l’amour-propre engage à se tromper soi-même.

« L’amour-propre, ajoute le baron de Gérando, est le plus mauvais des conseillers ; il se tend des pièges à lui-même et se prépare de continuelles humiliations. »

L’amour-propre ! s’écrie le singe du piquant La Fontaine

Amour-propre ; car... c’est le père,
C’est l’auteur de tous les défauts
Que l’on remarque... !aux animaux.

Monsieur Touchatout et ses collaborateurs compléteront facilement ce dernier vers, s’il leur plaît : ils connaissent sans doute la fable intitulée Le Lion, le Singe et les deux Ânes.

En vous répondant, ô savantasse contradicteur, vous voyez que j’ai voulu mettre non seulement les points sur les i, mais encore à profit cet aphorisme de votre illustre compatriote, « resté un demi-siècle le marteau des impies, » comme l’a écrit le cardinal Lavigerie : « Nul mensonge ne doit être dit impunément, et nulle vérité n’est défendue inutilement. »

Quand on est chrétien, homme d’honneur, de conscience, on comprend que Fénelon ait tenu à laisser à la postérité cette parole aussi profonde que juste : « Quiconque est capable de mentir est indigne d’être compté au nombre des hommes. » Hélas ! il faut le reconnaître, les rédacteurs de la Légitimité ne l’admettent guères en pratique cette grande maxime. Ils préfèrent entasser mensonges sur mensonges et se payer de mots comme ceux-ci : « Nous avons répondu victorieusement à toutes les objections de nos adversaires ; ... nous ne redoutons pas la lumière[9]. » C’est pourquoi ils ont montré au grand jour de l’histoire qu’ils n’ont pas osé accepter une discussion loyale dans leur journal, ainsi que je la leur proposais en 1884 : ils ont trouvé sage de fuir le combat... Quel courage ! quelle confiance en leur cause ! Ces honnêtes journalistes crurent se tirer d’embarras en me disant : Publiez en volume votre travail et nous le réfuterons. – Vraiment, ils sont aussi poltrons que présomptueux ! Pouvaient-ils croire que je me mettrais en frais, comme on dit vulgairement, pour leurs beaux yeux ? Qu’ils me permettent ici de leur apprendre sans ambages dans quel sens des éditeurs parisiens, hommes sérieux, ne demandant pas mieux que de gagner de l’argent, ont répondu à mes offres du manuscrit : la Vérité sur les Naündorff, alors pourtant que le Naündorffisme faisait une sorte de fracas dans les journaux. Écoutez bien : « Il n’y a rien à publier, disaient-ils, pour éreinter la clique des Naündorff, elle n’en vaut pas la peine : elle s’éreintera d’elle-même dans la honte et le mépris publics. Quant à leurs dupes, laissons-les patauger : leur nombre est insignifiant. Ce sont des illusionnées, des fanatiques, des toqués ou des intrigants, des exploiteurs, des ambitieux plus b... qu’intelligents !... » Est-ce clair[10] ?

Dernièrement, à la date du 8 octobre 1886, un vaillant et sympathique journaliste du midi m’écrivait :

« ... Quant au Naündorffisme, que soutiennent toujours les quatre p... et le t... de la Légitimité, il est aujourd’hui, malgré MM. D..., B... et D..., bien tombé, bien usé, bien démodé dans nos régions. Sans une folle visionnaire de Lyon[11], qui est, dit-on, assez riche et qui soutient le journal de ses deniers, il ne paraîtrait plus. Nous avons eu jadis quelques polémiques avec les Naündorffistes : ils nous répondaient généralement par des injures. Mais, depuis que M. Le Chartier nous a pleinement édifiés sur ces personnages, nous ne nous en occupons pas plus que s’ils n’existaient pas. »

Enfin, je puis avoir un tort aux yeux des gens sérieux, c’est de leur laisser croire ou supposer que je donne trop d’importance au Naündorffisme. Mais qu’on le sache bien : je n’ai réellement en vue que la question historique proprement dite : la Vérité sur Louis XVII.

En prouvant, par Naündorff et ses partisans, que l’horloger de Crossen n’était pas Louis XVII, la question est résolue contre le Naündorffisme politique. Du coup, il reste confondu et meurt dans la honte. Ainsi les honnêtes fourvoyés seront rendus à leur liberté politique, pour se rallier au drapeau blanc fleurdelysé des princes de la Maison de France, la vraie légitimité, représentée par les Bourbons descendants du duc d’Anjou, petit-fils de Louis XIV. – Fiat !

Et... L’on sert toujours bien ceux que l’on sait aimer.

(Collin d’Harleville.)
Ce 23 novembre 1886.


XVII

Le coup de grâce

Post-Scriptum. ─ Il paraît que la fameuse bienfaitrice lyonnaise, dont parle mon correspondant méridional, a retiré ses subventions à La Légitimité de Toulouse, comme déjà les abonnés avaient tenu à honneur en grand nombre – et ce nombre ne fait que s’accroître – de cesser leur abonnement, car chacun a compris que c’est dix francs de perdus. – La caisse étant à sec et les recettes n’arrivant plus que maigrement, M. l’abbé D... a dû aviser à transformer l’organe Naündorffiste, à partir de 1887, en un journal politique contre-révolutionnaire et anti-maçonnique, paraissant tous les dimanches à Bordeaux, en une petite feuille de 4 pages, dont l’impression est en assez gros caractères très interlignés, afin de tâcher de vivoter à petits frais. Mais, malgré force réclames de souscription, la nouvelle Légitimité vivra, sans doute, ce que vivent les roses...

Elle veut toujours prêcher... dans le désert, pour Naündorff et sa progéniture. Ainsi elle sert à ses dupes cette audacieuse hâblerie, dans son numéro du 6 mars 1887 : « La Maison de France, c’est la branche aînée des Bourbons. Elle compte actuellement huit princes issus de Louis XVII et trente princes de la tige d’Anjou. – À ces derniers seuls revient le droit de réclamer, si l’auguste nom de Bourbon est porté par des imposteurs. Ils ne protestent pas ; donc, ils reconnaissent implicitement que les fils et petits-fils de Louis XVII (lisez Naündorff) sont les chefs de la Maison de France. » Ouf !

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Au moment même de cette transformation, M. l’abbé Touchatout avait reçu, dit-on, en cadeau d’étrennes de son amie « la princesse Amélie » une presse autographique, à condition qu’il en ferait l’essai par une Note indiquant que l’heure était venue de transformer leurs idées à l’endroit de l’héritier Naündorff qui doit ceindre le premier la couronne de France ; car, à notre époque, tout se transforme comme par enchantement ! Ce qui fut dit, fut fait. L’illustre Touchatout lança sa Note aux quatre vents du ciel, le 15 janvier. Ainsi, il tient à affirmer, de par Son Altesse Amélie, dont il est le porte-voix, qu’il faut abandonner Louis-Charles, dit Charles XI, – ô ingratitude ! ô forfaiture ! – pour proclamer l’espèce de bâtard prénommé, âgé de quatorze ans, fils aîné de feu Charles-Edmond Naündorff, élevé en France avec son frère, par les soins de Madame Laprade-Naündorff et d’un prêtre Naündorffiste. Ils l’appellent déjà Jean III. Donc, vive le roi Naündorff V[12] !

Vraiment, il est amusant comme Polichinelle ce grand Touche-à-tout ! Il a tant de cœur pour soutenir son rôle de saltimbanque Naündorffiste, qu’il ne s’aperçoit pas de l’étalage qu’il fait une fois de plus de son jugement faux et de sa versatilité vraiment puérile.

L’Univers du 18 janvier 1887 ne manque pas de s’en moquer à cœur joie, en montrant bien entendu que M. l’abbé Touchatout est doué d’un « esprit très logique. » L’Univers cependant semble donner du relief aux pauvres Naündorff : il a tort de leur faire trop d’honneur en mettant sa critique en première page[13].

En attendant que paraisse la thèse : Naündorff démasqué par lui-même et ses amis, la nouvelle farce du grand allumeur des fusées prussiennes pourrait servir de coup de grâce au Naündorffisme.


XVIII

Prière aux clowns de la Légitimité

N’ayant plus l’occasion de parcourir les mensongères colonnes de la Légitimité, vu son insignifiance s’accentuant de plus en plus, – si par hasard il prenait fantaisie à M. l’abbé Touchatout ou à ses compères de vouloir m’écarteler, ils auraient l’obligeance de m’en avertir en me mettant sous les yeux l’instrument de leurs comédies et de leurs hautes œuvres.

Sur ce, bonne chance aux clowns de la Légitimité bordelaise !

P.-S. 30 avril 1888. ─ En outre, je suis heureux de les inviter à lire et à étudier sérieusement le précieux travail que M. Ed. Burton publie en ce moment dans le National, depuis le n° du 22 avril 1888, et dans le Petit National depuis le n° du 24, sous ce titre : Histoire de Louis XVII, d’après des documents officiels et privés. ─ Cette œuvre capitale qui a coûté des années de recherches à son infatigable, consciencieux et savant auteur, sera ensuite publiée en volume avec des tables et des renvois qui procureront aux travailleurs, amis de la vérité historique, l’avantage de recourir facilement aux sources et aux six cents documents qui sont la propriété du vengeur de la grande victime des temps modernes.

Pour souscrire à cet ouvrage ou le publier en librairie, il faut s’adresser à l’auteur, M. Ed. Burton, à La Roseraie, par Saint-Jean-de-Braye (Loiret).

V. de S.


Fin d’une Leçon à M. l’abbé Touchatout.



Avis aux Naündorffistes de bonne foi




Les esprits sérieux, droits et impartiaux qui veulent rechercher la vérité historique sur Naündorff, qui s’est dit publiquement Louis XVII pendant quinze ans, tiennent à s’entourer des livres qui traitent cette question, soit pour, soit contre : ils lisent les uns et les autres sans parti pris.

Après avoir examiné tous les plis et replis de la question Louis XVII, un homme consciencieux, indépendant, dont la sincérité est la règle, et l’amour de la vérité sa noble passion, M. Victor de Stenay, vient d’écrire en 300 pages, une étude critique, substantielle, corsée, approfondie, formant une thèse irréfutable, sous ce titre : Naündorff démasqué par lui-même et ses amisRéfutation de la thèse de ses partisans sur sa prétendue identité physique, psychologique et morale avec Louis XVII. L’auteur a eu l’heureuse idée de choisir pour épigraphe cette parole de l’avocat des Naündorff, le trop célèbre Jules Favre : « Si, comme on l’a tant répété, Naündorff n’était qu’un imposteur, la lumière le confondra. » Au-dessous, on lit ce vers de Gresset :

Par eux-mêmes souvent les méchants sont trahis.

Ayant lu et relu cet important travail avec toute l’attention qu’il mérite, je puis affirmer sans flatterie qu’il est d’un piquant intérêt, d’une dialectique serrée et fort lumineuse : la vérité y est palpable, elle déborde d’évidence. L’analyse des documents, la discussion des faits, l’argumentation et les conclusions sont inattaquables. Avec la sagacité d’un érudit, l’auteur se pose carrément sur le terrain de ses adversaires, et c’est avec leurs propres armes qu’il renverse leur thèse de fond en comble et annihile contradictoirement leurs prétendues preuves. Naündorff lui-même, ses amis et ses champions démontrent ensemble l’imposture de l’horloger prussien, par ses pensées et ses paroles, par ses actions et ses omissions, par sa personne et son cadavre. On ne peut mieux ni plus loyalement démasquer Naündorff : c’est son réel coup de grâce devant l’opinion publique et devant l’histoire.

Voici la division de l’ouvrage :

Après l’avant-propos et un préambule de la thèse, viennent trois chapitres : le premier, partagé en quinze paragraphes, examine les signes corporels de Naündorff et de Louis XVII enfant ; le deuxième, comprenant quinze paragraphes aussi, concerne la mémoire de Naündorff, ses rapports avec le démon et sa clairvoyance surnaturelle sur l’enfance du Dauphin ; le troisième démontre, par plus de quatre-vingts preuves, la mauvaise foi dudit Naündorff. Chaque chapitre se termine par une conclusion particulière, ce qui n’empêche pas qu’après le dernier il y a une conclusion générale. Enfin, l’ouvrage se complète par un Appendice de huit paragraphes servant d’éclaircissements et intitulés : Bref de Grégoire XVI contre Vintras, Naündorff et leurs adhérents, (texte latin, traduction et observations). ─ Mme de Mélient et les Naündorff. ─ M. de Richemont et Mme de Rambaud. ─ M. de Joly et M. Desgenettes. ─ Mort impénitente de Naündorff. ─ Le nom de Naündorff ou Nauendorff et les familles qui le portent. ─ Un Louis XVII autrichien, divulgué en 1887. ─ La bâtardise de Naündorff.

Très savamment étudiée, cette réfutation est confirmée par la parole même de Sa Sainteté Léon XIII, qui, dans une audience privée du mois de décembre 1886, faisait connaître à un chef d’Ordre religieux son opinion contre les Naündorff et leurs souteneurs, d’accord avec un document Pontifical, ainsi que M. de Stenay le révèle en terminant sa curieuse et impartiale étude sur la Portraiture de la famille Naündorff. Là sont citées les graves paroles de l’illustre Pontife heureusement régnant. Le Pape est même disposé à se prononcer solennellement, si on lui en fait la demande dans la forme qu’il a indiquée.

Aucun travail de ce genre n’avait jamais été tenté contre l’imposteur Naündorff et ses champions. Il répond à un besoin de l’heure présente pour éclairer les honnêtes gens fourvoyés dans le Naündorffisme, et couvrir de confusion les défenseurs de l’horloger prussien, ainsi que la descendance de ce fameux aventurier.

Il réalise, dans un cadre spécial, un vœu de Sa Sainteté disant dans sa mémorable Lettre sur les études historiques, en date du 18 août 1883 : « Il est hautement important d’empêcher à tout prix qu’on ne transforme le très noble métier d’historien en fléau public et domestique. Il faut que les hommes de cœur se dévouent à écrire l’histoire de telle sorte qu’elle soit le miroir de la vérité et de la sincérité. Il faut énergiquement s’efforcer de réfuter les mensonges et les faussetés, en recourant aux sources, ayant surtout présent à l’esprit que la première loi de l’histoire est de ne pas oser mentir ; la seconde de ne pas craindre de dire vrai ; en outre que l’historien ne prête aucun soupçon ni de flatterie ni d’animosité. »

Le manuscrit de cet ouvrage sera livré à l’impression dès qu’un éditeur ou un ami de la vérité voudra s’en charger.

Les partisans de Naündorff, s’ils ont à cœur de connaître la vérité vraie sur leur idole, sauront se cotiser entre eux pour faciliter la mise au jour du livre qui, seul, peut les éclairer à fond. C’est pourquoi je fais appel à la loyauté des Naündorffistes de bonne foi, eux qui sont au nombre de quatre cents environ, et non pas à la Légitimité de Toulouse, passée, agonisante à Bordeaux et dont la mauvaise foi a été démontrée. À eux donc de prouver, par leur adhésion à ces propositions, qu’ils aiment la vérité autant que l’aime l’auteur de Naündorff démasqué.

Trois cents souscriptions, à deux francs cinquante centimes chacune, suffiraient pour commencer l’impression. Une seule personne pourrait se charger de les centraliser. Est-ce trop demander aux honorables naündorffistes qui, depuis 1883, donnent dix francs tous les ans pour gober les mensonges de la Légitimité ?

Si cet appel n’était pas agréé par les honnêtes serviteurs de l’erreur, il faudrait conclure forcément qu’ils ont peur de la lumière et partant de la vérité : ils cesseraient d’être des honnêtes gens !

Comte d’Hurtubise.

S..., 20 février 1887.


Nota. ─ Pour traiter, s’adresser à M. Collin la Herte, à Montargis (Loiret).

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N. B. ─ Au mois de septembre 1887, une copie manuscrite d’une partie de cet Avis ayant été communiquée à un prêtre naündorffiste pur sang, M. Roubaud, de Saint-Tropez, celui-ci l’envoya à la Légitimité avec prière de l’insérer ; mais il paraît que la pauvrette a trouvé plus prudent pour elle et la cécité de ses abonnés de ne rien divulguer. Elle aime tant la vérité ! Sa droiture ne pouvait mieux agir : c’est la conspiration du silence. Félicitations à qui de droit.

C. la H.



Avis aux honnêtes gens




Après l’expulsion des religieux, la guerre aux couvents et aux prêtres, l’épuration de la magistrature, l’abolition de la loi du dimanche, l’enseignement universitaire sans Dieu, la laïcisation des écoles publiques et des hôpitaux, la dilapidation des finances, l’athéisme de l’État libre-penseur, les scandales du monde officiel enfoncé dans un ignoble bourbier de trafics et de décorations, on sent qu’on est à la fin d’un régime qui meurt de décomposition.

Dès lors les honnêtes gens se préoccupent avec raison de l’avenir de la patrie. Or, c’est un devoir de bon Français de rappeler que cet avenir est tracé d’une manière surnaturelle, dans un livre fort curieux, qui porte le titre de Soleil prophétique d’un Français du XVIIIe siècle.

Là se déroulent lumineusement les grands événements de l’histoire, depuis la grande Révolution française jusques et y compris non seulement le temps présent, mais aussi la future contre-révolution, qui, après d’immenses expiations prédites, produira la restauration royaliste de la France.

Le comte de P... y aura une part glorieuse, car son rôle politique est parfaitement indiqué, ou plutôt sa mission providentielle devant « le second-né du Dragon » de 93, qui lève si audacieusement la tête.

Mais, qu’on le sache bien, le petit-fils de L.-P. ne peut être que le précurseur ou marchepied du roi légitime, appelé le rejeton de la Cape, le Grand Monarque, le sauveur de la France. Principal instrument de Dieu, le roi achèvera d’écraser les fils de Brutus, fera victorieusement la guerre aux puissances ennemies et étendra les frontières de son royaume jusqu’à la rive gauche du Rhin.

Ainsi, ayons confiance dans l’avenir : la Providence porte des regards de complaisance sur la fille aînée de l’Église, malgré ses prévarications, et sur ce royal rejeton de la race capétienne, descendant du duc d’Anjou, petit-fils de Louis XIV.

À lui, homme vertueux et valeureux, l’honneur de reconstituer l’ordre civil, politique, judiciaire et social sur des bases chrétiennes ; à lui la gloire de rétablir la paix en Europe, de ramener le bonheur et la prospérité au sein du peuple français avec le retour de nos grandeurs nationales.

Après les horreurs d’un quadruple cataclysme : politique, religieux, social et physique qui fondra sur diverses nations, ainsi que sur la Ville sainte où éclatera un schisme dans l’Église romaine, c’est le roi de France qui, de concert avec un nouveau Pape, hâtera le triomphe de la religion dans le monde entier.

L’ouvrage dont il s’agit forme un volume in-12 de 328 pages compactes. Le lecteur y remarquera quelques interprétations défectueuses, qu’il rectifiera à première vue, et dont il ne saurait s’étonner en raison de la délicatesse du sujet, surtout s’il consulte deux opuscules du même auteur, intitulés, l’un : Excellence de nos prophéties à propos de la mort d’Henri V et de l’avènement de ses successeurs, et l’autre : les Bourbons d’Anjou.

V. Le Noirral.




Nota. ─ Pour faciliter la propagande du Soleil prophétique, son prix de 2 fr. 60 est réduit à 1 fr. 50, franco.

Les personnes qui demanderont cet ouvrage avec l’Excellence de nos prophéties et les Bourbons d’Anjou, ne paieront les trois brochures que 2 francs.


Adresser les demandes et les envois à Monsieur Collin la Herte, à Montargis (Loiret).



  1. Après une étude approfondie des apparitions et révélations de Gouy-l’Hôpital, autant que des faits et gestes du bon Restaux, nous sommes porté à croire que partie au moins de ce surnaturel est d’origine diabolique, et que le démon use de diverses tactiques aux apparences divines pour mieux mystifier l’acteur et les auditeurs trop crédules, ainsi que nous l’avons déjà dit dans la troisième partie des Faits extraordinaires de Gouy, éditée par M. Boisleux, de Tourcoing, en juin 1888. ─ Dans cet opuscule, il est reparlé de M. A. Lal... La question Louis XVII, au point de vue surnaturel, y est discutée et résolue en faveur de Richemont, par l’autorité de Mgr l’évêque de Strasbourg et de ses doctes théologiens. ─ Voir les pages 16, 18, 19, 25 et 63 à 72.
  2. Don Juan de Bourbon, c’est-à-dire Jean III, chef de la Maison d’Anjou, est mort le 18 novembre 1887, à Brighton (Angleterre) dans sa soixante-sixième année. Son fils don Carlos, duc de Madrid, Charles VII d’Espagne et Charles XI de France est maintenant l’aîné des descendants de Louis XIV et de Philippe V d’Espagne. Le 14 décembre 1887, il a fait, à Venise, devant le général de Cathelineau, M. Joseph du Bourg et le comte Maurice d’Andigné, une importante déclaration publiée dans l’Univers s.-q. du 31 décembre, page 1, par laquelle il dit formellement que « devenu, par la mort de son bien-aimé père, le chef de la Maison de Bourbon, il a le devoir de réserver tous les droits qui appartiennent à sa famille. »
  3. Qui sait si ce ne sera pas le frère de don Carlos, le prince Alphonse de Bourbon, dit le bon chrétien chevaleresque, dont le blason joint « le lion à la fleur blanche », selon la célèbre prophétie d’Orval ?
  4. P.-S. ─ Grâce à Dieu, la santé de don Jaime est complètement rétablie. À preuve cette note tirée de la Difesa, de Venise, du 27 janvier 1888, et publiée par l’Univers s.-q. du 1er février suivant :
    « Mardi (24 janvier), le Souverain Pontife a reçu en audience privée le prince don Jaime, porteur d’une croix pectorale très riche et de la lettre du duc de Madrid, son père.
    « Cette audience a été très cordiale. Sa Sainteté s’est entretenue quelques minutes seule avec le jeune prince ; puis elle a admis à l’audience les deux personnes qui l’accompagnaient, M. l’abbé Galarza et le colonel Hortigosa.
    « Le Saint-Père s’est principalement enquis avec une paternelle bonté et sollicitude des études et de l’éducation du jeune prince, demandant, entre autres choses, dans quels auteurs il étudiait l’histoire et le droit naturel. Ayant appris que c’étaient des jésuites, il en prit occasion de faire le plus grand éloge de la Compagnie de Jésus, qui aujourd’hui, en raison même de la doctrine et des vertus de ses membres, est persécutée par les gouvernements d’Italie et des autres pays.
    « Puis le Saint-Père, ayant témoigné sa souveraine gratitude pour le présent et pour la belle lettre envoyée par le duc de Madrid, a béni toute sa famille et la catholique Espagne. »
  5. La Légitimité du 5 septembre 1886, p. 560.
  6. Ils ne pourront l’être complètement que par mon Naündorff démasqué par lui-même et ses amis.
  7. L’attaque renferme 4 pages in-8° assez compactes ; la loi n’accordant à la réponse que le double de la longueur de l’article, je n’aurais droit qu’à 8 pages in-8° en mêmes caractères, ce qui ferait environ la moitié de ma réponse écrite. Or, aux termes de la loi, le reste serait inséré à mes frais au prix d’insertion des annonces judiciaires. Pouvais-je ainsi jeter mon or aux Prussiens de Toulouse ?
  8. La Légitimité des 14 et 21 septembre 1884, p. 593 et 612.
  9. La Légitimité du 21 novembre 1886, p. 721.
  10. Le 5 octobre 1887, j’ai eu occasion d’envoyer copie de ce passage à M. l’abbé Roubaud, de Saint-Tropez (Var), aveugle Naündorffiste pur sang.
  11. Mme B..., dont il est parlé ci-dessus, p. 17.
  12. Nous nous étendrons sur cette question dans le volume sur les Héritiers Naündorff, s’il est nécessaire de le publier.
  13. L’Univers du 25 avril 1887 parle – encore en première page – de la lutte héroï-burlesque des Naündorff et des Naündorffistes, en commentant un nouveau message fort ridicule de Charles XI, qui revendique ses droits contre son neveu Jean III et prouve que la zizanie ne fait que croître et embellir dans sa famille et parmi ses partisans.