UNE LEÇON
à Monsieur l’abbé Touchatout
Premier artificier Naündorffiste, grand allumeur de
fusées prussiennes, etc.







Malgré lui quelquefois un méchant fait du bien.
(Chénier.)


I

Brin de biographie

Il y a au pays Orléanais un prêtre plongé dans l’écritoire Naündorffienne. Ses confrères en rient beaucoup, car ils le voient inséparablement accolé au Prussien Naündorff III, comme les frères Siamois l’étaient à leur façon. J’ai nommé M. A+B, licencié en théologie, ci-devant curé de * et aujourd’hui de **[1], sans espoir, dit-on, d’accrocher le moindre d oyenné.

Bonhomme dans le fond ou au moins avec ses amis, mais manquant de jugement, de logique et même de bon sens ou de bonne foi, M. A+B semble excusable, car il est affligé d’une monomanie qui l’a fait surnommer « le sot touche-à-tout ». Elle lui empêche de comprendre cette maxime de Pascal : « La raison nous commande bien plus impérieusement qu’un maître, car, en désobéissant à un maître on est malheureux, et en désobéissant à la raison on est un sot. »

Ainsi, entre autres premières sottises, disent ses confrères, on l’a vu divulguer les hontes d’un de ses prédécesseurs et insulter une estimable famille de sa paroisse, parce que ses ancêtres n’avaient pas acquis leur fortune d’une manière irréprochable.

Entraîné par son amour de sot touche-à-tout, M. A+B a donné le branle au Naündorffisme, en fondant avec la bourse de gens naïfs ou intrigants la Légitimité de Toulouse, en 1883 ; depuis lors, il y étale son indigeste, servile et mensongère compilation sur Naündorff 1er : il est devenu le deus ex machina de la famille Naündorff, – son âme damnée. Quel honneur pour un prêtre français !

Entre-temps, il va au Logis-de-Mazerolles se courber en plat valet devant sa « princesse Amélie », pour lui jurer qu’il défendra à la vie, à la mort, l’honneur (hum !) de son « royal » père, et surtout pour mieux lui vendre ses manuscrits, car l’abbé Touchatout tient, en échange, à palper des espèces sonnantes :

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{{taille|...

Il est vrai qu’aujourd’hui,
Passât-on en vertu les vieux héros de Rome,
Si l’on n’a de l’argent, on n’est pas honnête homme.|90}}

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Au mois de mars 1884, Naündorff III se plaçait sous son patronage pour aller s’agenouiller à Montmartre et y consacrer la France, que dis-je ? son royaume, au Sacré Cœur de Jésus, en attendant qu’il élève son digne acolyte sur le siège de saint Remi ; car sa reconnaissance, à Charles XI, lui fait un devoir de recevoir l’onction royale des mains de son ami Touchatout, qui déjà se voit, mitre en tête et crosse en main, bombardé archevêque de Reims de par la grâce de Naündorff III.

Mais... Un roi doit toujours récompenser en roi.

Hein ? la perspective est assez jolie pour un petit curé de campagne !

Bien qu’elle ne soit qu’un château en Espagne,

C’est quelque chose encor que de faire un beau rêve,

selon la parole de Collin d’Harleville.

Hélas ! M. Touchatout n’est pas encore son maître : il se trouve bridé par un saint évêque qui lui a défendu expressément d’écrire dans la Légitimité prussienne. Mais, bast ! un touche-à-tout n’y regarde pas de si près, il tourne facilement la difficulté : tantôt il signe « Osmond » ou « le docteur Leroux » ou « Un Orléanais » ou « Tanneguy du Chastel » ou tout autre pseudonyme, tantôt il ne signe pas du tout. Et son bon évêque n’y voit rien, n’en sait rien !! Ainsi, M. Touchatout pense comme Tartuffe :

Le ciel défend, ... de vrai, certains contentements ;
Mais on trouve avec lui des accommodements.

On le dit aimable causeur, mais sans être enjôleur autant qu’il le voudrait pour faire des prosélytes naündorffistes...

Ceci n’est qu’un brin de biographie très véridique, car, obligé que je suis pour l’amour de la vérité de donner une leçon à M. A+B, il fallait d’abord le faire connaître un tantinet à mes lecteurs.

Voulant lui rendre les honneurs qu’il mérite, je n’en vois pas de plus grand pour lui que de le placer en compagnie de sa chère famille prussienne. Ainsi le veut une occasion providentielle sans aucune combinaison de ma part. Si M. l’abbé Touchatout n’est pas content de moi, le sera-t-il davantage de la Providence ?

La Providence est grande ; et j’admire en effet
Comme le bien succède à tout le mal qu’on fait.

(Fabre d’Églantine.)


II

Anonyme dévoilé

Voici ce dont il s’agit.

Au mois d’août 1886, je publiais un in-16 de 32 pages compactes, sous ce double titre : La Victime royale et les Bourbons d’Anjou. ─ Un mot de vérité sur le passé et l’avenir.

La brochure n’a pas été annoncée au public. Quelques amis de la vérité se sont chargés de la répandre, et si bien qu’au bout de quinze jours il ne restait plus que 150 exemplaires de l’édition tirée à 500.

Le succès était suffisant pour un modeste serviteur de la vérité.

Mais cette petite étude ne pouvait être du goût de M. l’abbé Touchatout ; il le prouve en quatre grandes pages dans sa Légitimité du 31 octobre 1886.

Cependant l’estafier de plume est si poltron qu’il n’a pas le courage de donner le titre de l’opuscule qu’il attaque, tant il a peur de son contenu ; il manifeste encore sa couardise en ne signant pas son article : on sent qu’il a conscience d’avoir fait une mauvaise action ; il craint d’assumer la responsabilité des jongleries, mensonges, absurdités, etc., dont est saupoudré son verbiage :

Nous l’allons montrer tout à l’heure.

En ne signant pas, M. Touchatout voudrait peut-être laisser croire qu’il parle au nom de toute la rédaction, qui se compose en gros et en détail : 1° du directeur M. l’abbé Henri Dupuy, de Bergerac, 2° de M. l’abbé A+B, fondateur, 3° et de leurs inusables ciseaux.

Mais, me dira-t-on, si l’article n’est pas signé, comment savez-vous que l’abbé Touchatout en est l’auteur ?

Ma réponse est facile. Outre son style, ses divagations et ses procédés bien connus de moi, il y a trois indices suffisants à eux seuls pour fixer ma certitude sur lui-même, sans qu’il me soit besoin d’ajouter :

Si ce n’est toi, c’est donc ton frère.

Les voici brièvement :

a) Substitution de plusieurs points au nom de Le Chartier, ancien rédacteur à la Légitimité, nom contigu à celui de B., dit O., dans une de mes notes que cite M. Touchatout, car l’ancien collaborateur et ami de cet abbé Touchatout est devenu sa bête noire depuis qu’il a découvert le pot aux roses du naündorffisme. Le fabricant d’histoire ne peut se sentir côte à côte avec son ancien Chartier devenu son ennemi.

b) Les mots : « Avis à notre ami Otto Friedrichs. » Cet Otto est un Allemand, un luthérien, un fanatique Naündorffiste, qui n’a, à cette heure, d’autre ami et correspondant parmi les rédacteurs de la Légitimité que M. l’abbé Touchatout. Tous les deux me l’ont prouvé par leur correspondance particulière avec moi.

c) Cette phrase : « Il nous a été donné en mars 1884, de voir le portrait du jeune sire, (M. A. L.) à Paris, chez Mme E... » En effet, l’abbé Touchatout était à Paris à cette époque, pour faire son {{Corr| pélerinage|pèlerinage}}, le 14 mars, à Montmartre, avec Charles XI ; et le 15 avril suivant, il écrivait à l’un de mes amis ces lignes explicatives : « Il y a à Paris, en ce moment, un jeune homme (M. A. L.) qui se dit fils légitime de Richemont... ; une dame de mes amies, Mme Elurguet, (41, rue Saint-Placide), possède sa photographie et pourra vous donner des renseignements. » La discrétion de M. l’abbé Touchatout, que je ne suis pas tenu d’observer, ne lui permet de désigner sa chère amie naündorffiste, dans la Légitimité, que par l’initiale E...

Au reste, si mon adversaire est honnête homme, je lui défie de me contredire et de jurer la main sur la conscience, – s’il en a une, – qu’il n’est pas l’abbé A+B qui m’a écrit le 16 octobre 1886, pour me demander un exemplaire de la Victime royale et les Bourbons d’Anjou ; exemplaire que je me suis empressé de lui envoyer gratis, sinon pour lui faire plaisir, du moins pour satisfaire sa curiosité.

Si Madame Elurguet n’est pas contente de voir son nom et son adresse jetés en pâture au public, à qui s’en prendra-t-elle, si ce n’est à son ami l’abbé Touchatout ? – D’ailleurs son adresse pourra être utile aux naündorffistes de province peu favorisés de la fortune ; car, lorsqu’ils iront à Paris, ils seront heureux de trouver, sans bourse délier, une cordiale et généreuse hospitalité de jour et de nuit chez une fidèle sujette de Charles XI, les frais de réception étant couverts par des traites à vue sur la cassette du Roi...

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{{taille|Bon !...

Il est bien permis
De chercher à brouiller entre eux ses ennemis.

(Collin d’Harleville.)
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}}


III

Bonne foi naündorffienne

Dans un premier paragraphe, je rappelle que les romanciers de la Légitimité ont fait de trois hommes distincts un seul et même faux Dauphin, mais qu’ils ont eu le bon esprit de revenir ensuite de leur « erreur, qui, depuis longtemps, était reconnue pour un grossier mensonge », car vouloir faire croire, sans preuve à l’appui et en foulant aux pieds les preuves contradictoires, que trois individus forment un même personnage, n’était-ce pas là commettre un mensonge des plus lourds, des plus grossiers[2] ?

En second lieu, je prouve que « Louis-Charles de France, natif de Versailles », portant le pseudonyme de baron de Richemont, ne peut être confondu avec un escroc nommé Claude Perrin, natif de Lagnieu (Ain), malgré les dires opposés de la Légitimité et du Journal des Débats, malgré « l’ignorance et la mauvaise foi » des grands journaux qui « ont réédité de divers côtés de ces bourdes-là qui m’ont fait sourire de pitié ou hausser les épaules de dégoût, » alors que l’Univers de 1885 condamnait implicitement sur ce point la fable de M. de Mirville propagée par l’Univers de 1850.

M. l’abbé Touchatout n’étant pas scrupuleux, use de manœuvres déloyales, insidieuses, en découpant mes phrases pour agencer des mots isolés du contexte, puisqu’il dit de moi avec un sans-gêne tout naündorffien : « Il relève nos grossiers mensonges, notre ignorance, notre mauvaise foi, nos bourdes qui lui font hausser les épaules de dégoût, etc., etc. Tout ce venin est renfermé dans une minuscule brochurette in-32... »

Mon adversaire veut imiter Pascal quand celui-ci écrivait ses Provinciales contre les Jésuites, œuvre de passion dont M. l’abbé Maynard a montré, preuves en main, les falsifications ; car Pascal détourne les phrases de leur sens véritable, les coupe au milieu pour éviter la restriction de la fin, ou rapproche deux passages éloignés de manière à leur donner une signification différente, etc.

M. Touchatout s’est donc étudié à dénaturer mon langage et à travestir ma pensée, heureux qu’il est 1° de lancer contre moi son venin de vieille rancune, parce que je l’ai fustigé antérieurement comme il le méritait[3], sans préjudice de ce que je lui dois encore[4] ; 2° et de donner le change à ses lecteurs sur ce que j’ai réellement écrit. Affaire de bonne foi, de droiture, de sincérité naündorffiennes, mais non sacerdotales !!!


IV

Note précieuse d’un menteur

M. l’abbé Touchatout prétend que je « gourmande la Légitimité, parce qu’elle croit à l’identité de Richemont avec Perrein[5], » contrairement à la croyance de son maître Gruau, dit comte de la Barre, ami de Naündorff Ier. De là on pourrait conclure que la croyance personnelle de M. Touchatout est celle de son journal ; détrompez-vous : il m’a écrit qu’elle n’était pour lui qu’une « opinion révisable. » J’ai rapporté sa parole textuelle dans la Victime royale. Ainsi le rôle de girouette plaît à M. l’abbé Touchatout : il ne s’en cache pas depuis que l’or pur s’est changé en un plomb vil !

Mon contradicteur voudrait user de petites roueries pour faire échec à mes preuves.

Ainsi, j’ai démontré que la prétendue identité de Richemont avec Claude Perrin ne reposait que sur une fable inventée par un certain Stanislas Clerc, de Loyes (Ain), et que celui-ci avait hautement reconnu son mensonge devant plusieurs amis du baron de Richemont, qui en firent la déclaration dans l’Inflexible du 3 novembre 1850, n° 26, d’accord avec celle d’un ecclésiastique auquel Clerc avait avoué aussi son procédé mensonger, ainsi que le relate le même numéro, p. 4, col. 2.

La parole suffit entre les gens d’honneur,

puisque, pour eux, une parole donnée est une parole sacrée.

Mais le grand Touche-à-tout répond sans sourciller : « Stanislas Clerc envoya une lettre de protestation à l’Inflexible, qui, naturellement, en refusa l’insertion. M. Clerc fut obligé de frapper à une autre porte. Il s’adressa au Courrier de Lyon, et le lundi, 11 novembre 1850, ce journal publia la note que voici :

« Nous recevons de M. Stanislas Clerc, de Loyes (Ain), une nouvelle communication relative au baron Perrein de Richemont. Cette lettre étant à l’adresse du journal l’Inflexible, auquel elle répond, nous ne croyons pas devoir lui ouvrir nos colonnes déjà trop souvent remplies de cette polémique, qui y a reçu assez de développements pour que la vérité ne soit plus douteuse aux yeux des gens sensés. Nous nous bornons à dire que M. Stanislas Clerc persiste dans son opinion relative à l’identité de Claude Perrein et du baron de Richemont. »

J’ai cité, maintenant je réplique.

Ah ! Monsieur Touchatout, laissez-moi vous le dire : vous vous inspirez de l’esprit d’en bas pour avoir le toupet de déclarer que « Stanislas Clerc envoya une lettre de protestation à l’Inflexible qui, naturellement, ajoutez-vous, en refusa l’insertion. » Oui, là je vous prends la main dans le sac ; j’en suis fâché pour votre honneur : vous allez reconnaître que vous êtes bel et bien pris en flagrant délit de mensonge calculé.

Clerc n’envoya aucune protestation à l’Inflexible : ce journal n’a donc pu en refuser l’insertion. En effet, l’Inflexible ne paraissant que deux fois par mois, le n° 27 ne parut que le 17 novembre (le n° 26 avait paru le 3), et cependant, le Courrier de Lyon du 11 avait déjà publié la susdite note. Or, Clerc n’a pu prendre connaissance de l’Inflexible du 3 que le 5 au plus tôt, et il a écrit sans tarder sa lettre au Courrier, puisque celui-ci la mentionne, dit-on, dans son numéro du 11, ce qui prouve qu’elle était arrivée à Lyon le 7 au plus tôt. Entre le 5 et le 7 ou le 8, il ne pouvait avoir reçu un refus de l’Inflexible, ni par lettre particulière ni autrement. Clerc ne s’est donc pas adressé à l’Inflexible, comme le Courrier de Lyon le montre lui-même, en disant que la lettre est « à l’adresse » du journal l’Inflexible. Si Clerc s’était adressé au Rédacteur de cet organe et en avait reçu un refus, le Courrier n’aurait pas manqué de le dire. Or il ne s’y est pas adressé pour une bonne raison, c’est qu’il savait la verte leçon qui lui en serait advenue. De même, le Courrier n’a pas osé divulguer le texte de la lettre de son correspondant de Loyes, car ayant été battu à plates coutures par M. Suvigny, dans l’Inflexible du 3 novembre, le rédacteur du Courrier ne pouvait se mettre de nouveau dans un mauvais cas, sans se faire fustiger une fois de plus. Le Courrier basa sans doute son refus sur ce que la réponse de Clerc ne réfutait pas sa déclaration précédente. Aussi sut-il user forcément de prudence en se bornant à dire : « M. Stanislas Clerc persiste dans son opinion relative à l’identité de Claude Perrein et du baron de Richemont. » Les mots « persiste » et « opinion » sont impropres et faux : il fallait dire « revient à sa fable de 1836 », puisque Clerc avait avoué à plusieurs personnes l’avoir fabriquée.

Clerc suivait toujours son caprice ou son intérêt personnel, selon ce vers de Chénier :

L’intérêt fait lui seul les amis et les traîtres.

D’ailleurs, Clerc était un pauvre homme : affilié à une société secrète, il était plus ou moins malhonnête, il ne pouvait pratiquer ni même comprendre cette noble parole de Spartacus :

De tous les intérêts, le premier c’est l’honneur !

La conduite déloyale du menteur de Loyes ne m’étonne pas et n’étonnera pas les lecteurs de la Victime royale, car ils ont été déjà à même de l’apprécier par des preuves irrécusables. Aujourd’hui je dois encore les éclairer en leur apportant un nouveau témoignage de l’honorable M. Jules Valond, que je tire de sa correspondance avec moi. « Vous m’avez demandé, dit-il, quelle est mon opinion sur le caractère de Stanislas Clerc, de Loyes, que j’ai connu très particulièrement. La voici en trois lignes : Clerc était un carbonaro sur lequel il ne fallait jamais compter pour défendre la vérité ; il s’ouvrait très difficilement ; jamais il n’a été pour moi un homme franc... »

M. Touchatout a l’air de se frotter joyeusement les mains en disant que la note du Courrier de Lyon est précieuse pour lui et ses amis Naündorffistes ; eh bien, on voit ici clairement qu’elle est encore plus précieuse pour moi et la vérité, puisqu’elle vient confirmer le langage primitif de mauvais aloi d’un carbonaro usant d’un stratagème de sot amour-propre, et qu’elle me permet de mieux stigmatiser son malheureux défenseur orléanais.

Je ne me donnerai pas la peine de chercher à contrôler l’existence et la teneur de cette note. Des amis, s’ils le jugent à propos, le feront pour moi à Lyon. Je me contente de les supposer vraies. Pourquoi M. Touchatout ne donne-t-il pas la source de sa trouvaille ? car, enfin, rien ne prouve qu’il a lu le Courrier de Lyon du 11 novembre 1850. Il aura probablement copié Gruau, dont certains de ses livres sont remplis d’erreurs ou de mensonges à l’endroit du baron de Richemont.


V

Artifices grossiers

Bien que j’aie prouvé dans la Victime royale, contrairement aux affirmations de la Légitimité de Toulouse, que Stanislas Clerc n’était pas le cousin de Perrin, le pauvre abbé Touchatout, en rusé Naündorffiste, revient à la charge – sans souffler mot de mes preuves, bien entendu, – pour rééditer un mensonge, en répétant que « Clerc avait dit reconnaître en Richemont son cousin Perrein. » Eh bien, là encore la correspondance de mon vénérable ami, M. Jules Valond, me fournit un nouveau témoignage contre la jonglerie de l’écrivassier Naündorffiste.

Le voici : « Pendant les vacances d’une année, dit-il, j’ai passé une saison de chasse à Loyes, chez mon ami Berthet, licencié en droit, dont je vous ai déjà parlé[6]. Clerc était son voisin et venait tous les jours chez lui. Je le voyais donc à mon aise. C’était à l’époque où le baron de Richemont allait quelquefois en visite et dîner chez M. de la Verpillière au château de Lagnieu, situé au centre de la ville. Or, jamais je n’ai entendu Clerc parler de sa prétendue parenté avec Perrin, alors même qu’entre nous trois, nous nous entretenions beaucoup du baron de Richemont. Je vous ferai encore observer que Clerc était une connaissance d’enfance de M. Berthet : ils se tutoyaient. Mon ami Berthet, qui était célibataire, ne m’aurait rien caché, pas plus que sa sœur qui demeurait avec lui. »

Avant que M. l’abbé Touchatout réédite ses artifices plus ou moins grossiers sur la parenté de Clerc avec Perrin, il fera bien de rechercher dans les registres de l’état civil du département de l’Ain, la généalogie de ces deux individus et d’en livrer les pièces authentiques à l’examen du public sérieux. Pour cela, il faut être de bonne foi et ne pas redouter de s’humilier coram populo. – Je n’attends pas ce double miracle de la part d’un fanatique Naündorffiste plongé dans l’opposition systématique.

VI

Ignorance d’un chicaneur

Suivons toujours pas à pas les réflexions de mon contradicteur, pour en faire toujours bonne justice.

M. l’abbé Touchatout voudrait me chicaner, parce que je rapporte avec Suvigny, l’auteur de la Restauration convaincue d’hypocrisie, etc., que Charles X, en 1825, n’a pas voulu reconnaître le prisonnier de Milan comme étant Français, par la raison justement que ce prisonnier n’était pas Claude Perrin, de Lagnieu. Or nous parlons tous deux d’après le récit des Mémoires d’un contemporain, dont il n’est pas permis de suspecter la véracité sur ce point, quand on sait : 1° par le procès Richemont de 1834, que M. de Caraman, ambassadeur du gouvernement français à Vienne, avait fait incarcérer le duc de Normandie dans la prison Sainte-Marguerite à Milan, et ce par ordre secret de Louis XVIII, et qu’Alexandre Andryane, ancien prisonnier d’État dans la même geôle, a déclaré que le comte Bolza en le conduisant au Spielberg, lui révéla que ce duc de Normandie, lors de son arrestation, était porteur de papiers qui justifiaient son origine royale[7] ; 2° que le Dauphin, une fois en prison, en se déclarant parent de l’empereur d’Autriche, se mettait dans une situation terrible s’il n’avait pas été réellement le fils de Louis XVI et reconnu comme tel ; car il existe en Autriche une loi aussi ancienne que la monarchie, d’après laquelle est puni de mort tout individu qui se qualifie faussement d’être parent du souverain[8] ; 3° que le duc de Normandie resta sous les verrous plusieurs années au secret, sans subir jamais aucun jugement, et qu’il fut, par suite de ses réclamations, mis en liberté par ordre de l’empereur d’Autriche, lequel ne prit cette décision que parce que le gouvernement de Charles X lui fit déclarer que celui-ci ne reconnaissait pas le prisonnier de Milan pour Français.

Si cela ne vous suffit pas, M. Touchatout, allez consulter ou lever l’écrou du duc de Normandie à Milan, sans oublier les archives de la police et du gouvernement autrichien. Faites mieux que la boiteuse Thémis de 1834, qui, après avoir tout connu, a tout caché. Si par hasard cette détention n’avait plus actuellement laissé de traces écrites faciles à aborder, alors je compléterais ma réponse. Mais en attendant, laissez-moi vous communiquer un témoignage inédit qui, je l’espère, saura vous faire réfléchir davantage et vous éclairer amplement. Il émane d’un vieux gentilhomme de l’Auvergne, dont j’ai donné le nom dans Louis XVII vengé et, récemment, dans la Victime royale, p. 13, parce qu’il appartient à l’histoire. La droiture de son esprit ne peut qu’applaudir à cette divulgation.

« Après la révolution de 1830, dit-il dans son manuscrit, M. l’abbé Perrault, ancien vicaire-général de la Grande-Aumônerie<ref> M. l’abbé Perrault fut vicaire-général de Paris et secrétaire de la Grande-Aumônerie de France. Il a publié l’ouvrage intitulé : Le Passé et l’avenir expliqués par les événements extraordinaires arrivés à Thomas Martin, etc. Paris, Bricon, éditeur, 1832, in-8° de 300 pages. – Un fait historique des plus graves se rattache à ce livre. Nous devons le mentionner ici tel que nous l’avons recueilli : Louis XVIII ayant appris, en 1817, que ce digne prêtre avait réuni des documents pour prouver l’existence de Louis XVII, le pria de les lui communiquer pour en joindre, disait-il, la copie aux preuves écrites dont, lui le roi, était en possession. Après avoir examiné le manuscrit quelque temps dans son cabinet, en présence de l’auteur et en disant et répétant sur tous les tons : « C’est bien cela ! » le roi, visiblement impressionné, ajouta : « Croyez-moi, l’abbé, ne publiez rien, vous troubleriez la France et l’Europe. » Puis, faisant un pas brusquement vers le foyer de la cheminée où le feu était ardent, il y jeta le manuscrit qui fut bientôt consumé. Ce trait, qui démontre la croyance de Louis XVIII à l’évasion de son neveu de la tour du Temple, a été raconté par M. l’abbé Perrault lui-même à son ami intime, M. Grand, de Paris, et c’est le fils de celui-ci qui nous l’a narré verbalement à Paris, le 10 juin 1884.
M. l’abbé Perrault ne se découragea pas devant cette froide colère de l’usurpateur. Il recommença son travail, mais il ne se pressa pas de le publier. C’est celui qui parut en 1832. Ce digne ecclésiastique était un croyant à Richemont.</ref>, avait fait un séjour de six mois à Milan, et était parvenu à se lier avec le comte Bolza, alors intendant général de la police de la Lombardie, et précédemment Directeur des prisons. Il en avait obtenu l’aveu confidentiel que le gouvernement impérial admettait l’identité de son mystérieux prisonnier avec le fils de Louis XVI, et qu’il avait été relâché sans aucune forme de procès et sans bruit, et conduit aux frontières de la Suisse sur un ordre secret de Metternich ; même récit a été fait au marquis de Nicolaï par le même personnage ; et une troisième personne, le marquis Pacca, m’en a donné l’assurance, sa haute position, en Italie, lui avait ouvert la voie de la découverte de cet important secret...

« Vers 1820, l’Autriche était travaillée dans ses possessions italiennes, par des conspirations auxquelles se mêlèrent des étrangers et notamment des Français ; elle arrêta le fugitif du Mont-Saint-Michel[9], qui lui était signalé par la police française, et elle le fit écrouer dans l’une des prisons de Milan. Là il déclara qu’il était le fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette d’Autriche, mais la France refusa de le reprendre et s’opposa à son entrée sur le territoire. Cette arrestation fit un certain bruit en France, et le gouvernement fit publier dans quelques journaux que ce prisonnier était un vagabond nommé Bourlon, par une falsification facile de son passeport. Mais on ne se méprendra pas sur l’importance de cette arrestation quand on réfléchira sur la détention mystérieuse qui en a été la suite, pendant la durée de cinq années consécutives, et qui s’est terminée par une libération secrète et sans avoir donné lieu à aucune procédure.

« Ce n’est qu’en 1825 que le prisonnier est enfin parvenu à intéresser à son sort la personne de l’empereur d’Autriche. Ici commence le récit du comte Bolza. François II examina lui-même cette affaire et dressa un interrogatoire que devait subir le prisonnier ; il remit cette pièce à Metternich, de qui relevait la haute police de l’empire, avec la recommandation, pour le cas de réponses catégoriques, de faire conduire le personnage à Vienne avec les honneurs usités pour les archiducs. Ces honneurs, assez sommaires, consistent en Autriche, à être conduit en poste à quatre chevaux montés par des postillons en grande tenue.

« Mais Metternich qui se souciait peu de susciter des embarras au gouvernement de l’Autriche en donnant à la Maison de France matière à un grief dont on ne pouvait calculer les conséquences, avait ajouté à la dépêche un ordre secret pour le Directeur des prisons, Bolza, lui prescrivant, pour le cas où les réponses seraient exactes et ne laisseraient aucun doute sur la qualité du prisonnier, de le conduire aux frontières de la Suisse en lui remettant une certaine somme d’argent et de répondre au messager de l’empereur que l’homme s’était évadé.

« Les réponses aux questions de l’interrogatoire furent précises et ne laissèrent aucun doute, en sorte que le fonctionnaire Bolza, dont l’existence était entre les mains de Metternich, se conforma à ses ordres secrets et fit conduire le prisonnier à la frontière par la route du Saint-Gothard. Mes amis ont appris qu’en traversant le Saint-Gothard, le duc de Normandie avait failli être victime d’une tentative d’assassinat[10]. »

Et maintenant, savantissime maître Touchatout, reconnaîtrez-vous que tout cela « est encore insuffisant » pour prouver l’exactitude des faits que j’ai rapportés succinctement ?


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J’ai mentionné, dans la Victime royale, que « si Richemont était Claude Perrin, on n’aurait pas manqué de le lui dire et prouver à son procès de 1834. » Or, il faut se rappeler que ce procès avait été suscité par un guet-apens de la police secrète du château des Tuileries, attendu que Louis-Philippe chancelait alors sur son trône et savait, dès le mois de février 1833, que le fils de Louis XVI avait choisi pour avocat Me Leroy, de Paris, et Me de Béthéder, avoué, afin de saisir régulièrement les tribunaux de sa demande en reconnaissance d’état civil. Le roi-bourgeois fit donc lancer ses émissaires dans une odieuse intrigue contre M. de Richemont. Ils provoquèrent le Prince par une quarantaine de lettres et lui extorquèrent cinq mille francs. Et comme il eut l’imprudence de répondre à ces lettres en maltraitant Louis-Philippe et sa famille, le parquet en fut informé, et le Dauphin fut arrêté le 29 août 1833, puis écroué à Sainte-Pélagie, comme prévenu de complot contre la vie du roi. On reculait devant un procès. Le directeur de la prison fut chargé, durant le mois d’octobre suivant, d’offrir à M. de Richemont la main d’une des filles de Louis-Philippe, la princesse Clémentine[11], avec une pension conforme à son rang, s’il voulait renoncer à ses droits royaux. Mais Louis XVII refusa noblement, et avec d’autant plus de raison qu’il n’y avait pas de transaction possible en faveur d’un d’Orléans.

Enfin, après quatorze mois de captivité préventive, – dame Thémis avait eu le temps de lui trouver une origine, – il comparut devant la Cour d’assises de la Seine et fut condamné, le 4 novembre 1834, à douze années de détention, pour avoir formé un complot avec des personnes restées inconnues (!), ayant pour but la destruction du gouvernement et l’excitation à la guerre civile. Ainsi, Louis-Philippe respirait, jubilait.

Et voilà que l’abbé Touchatout, coiffé de son bonnet de docteur Naündorffiste, ose dire à ce propos : « Admettez, pour un instant, que Richemont ne fût pas le fils de Louis XVI, mais, au contraire, Claude Perrein, faux Dauphin et agent de police destiné à ridiculiser le vrai Dauphin (Naündorff !) : vous croyez que le gouvernement aurait commis l’impair d’envoyer l’acte de naissance de son agent... ? » Vraiment, il me faut avoir du courage pour m’arrêter devant un pareil subterfuge ! M. Touchatout veut donc réfuter une preuve par une supposition. C’est fort ! Vouloir mettre ainsi la fantaisie et l’hypothèse à la place de la vérité, n’est-ce pas le comble de l’impudence grotesque ? N’est-ce pas se proclamer sot touche-à-tout, premier artificier Naündorffiste, grand allumeur de fusées prussiennes !? Qu’il y a des roueries qui sont... bêtes ! Convenez-en mon bon curé !

Ici, veuillez vous rappeler qu’à l’ouverture de la deuxième audience du procès Richemont de 1834, M. Morel de Saint-Didier, alors l’âme damnée de Naündorff, remit au président une lettre de son horloger prussien se proclamant « véritable fils de Louis XVI, » et que la cour s’empressa de faire rédiger un procès-verbal de cet incident. Or ceci prouve que Naündorff en voulant faire échec au vrai Louis XVII, était une bonne fortune pour Louis-Philippe et ses serviteurs contre M. de Richemont. Pour comprendre cette vérité, il ne faut qu’un peu de jugement. Mais vos réflexions, ô cher adversaire ! me prouvent que ce peu-là vous manque. Agréez donc mes sincères condoléances, ô très-illustre... ergoteur !


VIII

Jongleries de Polichinelle

Mon contradicteur tenant à son rôle de sot Touche-à-tout, prétend 1° que l’agent Wedembach, attaché à la police secrète des Tuileries, n’était pas dans le secret des dieux quand il conduisit M. de Richemont, le 14 juin 1842, au Dépôt de la préfecture de police, en affectant de le confondre avec Claude Perrin alors en rupture de ban ; 2° que le but de cet agent était d’obtenir de l’avancement en récompense de sa capture ; 3° que le Préfet de police dût prouver à Wedembach qu’il avait fait fausse route en arrêtant un confrère, ce dont l’agent fut convaincu.

Voilà, monsieur le curé, ce qui s’appelle jaser comme une pie, sans savoir ce que l’on dit, à moins plutôt qu’il faille voir dans ce langage une hardie jonglerie de Polichinelle se rattrapant à des échappatoires dignes d’une plume vénale ou de mauvaise foi.

En effet, l’officier de paix Wedembach était tellement dans le secret des dieux du château des Tuileries, qu’ayant rencontré sur les boulevards M. de Richemont, en juillet 1841, il l’accosta en lui disant : « M. le baron, le château est toujours dans de bonnes dispositions à votre égard... Que n’acceptez-vous d’abord un hôtel avec tous ses accessoires, vous seriez au moins tranquille, et nul ne songerait à vous inquiéter[12]. »

Ce langage était le pendant de celui qu’entendit le Dauphin à Sainte-Pélagie. Aussi répondit-il par ces paroles : « C’est la seconde proposition de ce genre qui m’est faite ; quoique dans une position bien différente, par suite de l’amnistie de 1840, je n’en persiste pas moins dans mes refus, et rien au monde ne saurait m’engager à contracter des obligations de la nature de celles dont vous osez me parler. Les tribunaux seront bientôt appelés à apprécier la valeur de ma réclamation d’état... »

Péniblement affecté de ces derniers mots, l’émissaire du château fila son chemin, assez mécontent de son échec.

Au printemps de l’année suivante, Wedembach revint à la charge en s’adressant à M. Morin de Guérivière père, chez lequel demeurait alors M. de Richemont, quai Valmy, 45[13]. « Mon maître, dit-il en parlant de Louis-Philippe, a des propositions sérieuses à faire à M. le baron ; je désirerais le voir et l’entretenir de ses affaires de famille. » Le Dauphin ne fit rien répondre. Mais Wedembach vint de temps en temps revoir M. Morin et finit par lui adresser plusieurs billets ainsi conçus :

« 1er mai 1842. ─ Ayant une communication à vous faire, je vous prie de venir me trouver avec M. le baron, lundi 2 mai, à midi, sur la place du Carrousel, devant l’arc de triomphe. »

« 15 mai 1842. ─ Votre silence m’inquiète beaucoup ; donnez-moi, je vous prie, promptement, des nouvelles de l’état de santé de M. le baron. »

« 26 mai 1842. ─ Votre petite lettre m’a satisfait ; je vous attends place du Carrousel, comme la dernière fois, samedi 28, à midi précis ; je serais charmé d’y trouver M. le baron. »

M. Morin de Guérivière alla toujours seul au rendez-vous. Après chaque entretien avec lui, Wedembach entrait aux Tuileries. Il allait, sans aucun doute, rendre compte de sa mission à ses chefs. M. de Richemont voulut y mettre une fin en faisant savoir à cet émissaire qu’il le recevrait le 14 juin.

Fidèle au rendez-vous, Wedembach dit au Prince :

« Le roi veut bien vous reconnaître pour le fils de Louis XVI, votre père, mais secrètement et à condition que vous lui remettrez tous les titres et papiers qu’il sait être en votre possession. »

M. de Richemont fit observer à son interlocuteur qu’il commettrait une imprudence grave s’il se dessaisissait de ses papiers, etc. ; qu’au surplus il ne consentirait jamais à une reconnaissance irrégulière ou secrète ; et que Louis-Philippe ne pouvant pas la faire publique, ses offres n’étaient qu’un leurre pour s’emparer de ses papiers et captiver sa bonne foi.

Wedembach se trouvant assez battu, sortit après cette réponse ; mais il reparut bientôt, accompagné de deux agents. Il s’annonça comme officier de paix et déclara au Prince qu’il était chargé de le conduire devant le Préfet de police. C’était une vengeance : une mesquine tracasserie de reptile philippiste, un complément aux manœuvres de la police de 1833. Les lecteurs de la Victime royale savent le reste.

Cependant Wedembach continua à tourmenter M. de Richemont jusqu’en mars 1845. Il eut l’audace de se présenter dans son domicile. Indigné de ces manœuvres, le Prince écrivit au Préfet de police pour le prévenir que si l’agent du château osait pénétrer de nouveau chez lui, sans être porteur des marques distinctives de sa qualité ou d’ordres écrits, émanés d’autorités constituées, il saurait aviser... Cette menace produisit son effet, car Wedembach ne reparut plus. « Je sais néanmoins, ajoute M. de Richemont dans ses Mémoires de 1846, qu’il est toujours en fonctions, ce qui semblerait prouver que l’on a approuvé (en haut lieu) tout ce qu’il a dit et fait... S’il en eût été différemment, Wedembach aurait été renvoyé et puni. » Wedembach était donc bien l’instrument de Louis-Philippe. Donc, Louis-Philippe reconnaissait le fils de Louis XVI dans la personne du baron de Richemont. Wedembach n’a rien contredit : il a cru sage de faire le mort.

Il paraît que cet homme était un précieux limier de police : je vois, dans la Police parisienne, Service de la sûreté, par son ancien chef, G. Macé[14], qu’en 1857 l’officier de paix Wedembach avait sous sa direction la police de la Politique et des Mœurs.

Tout cela est de l’histoire vraie, n’en déplaise à l’illustre abbé Touchatout ! Ô savantissime professeur d’histoire ! vous voyez que vos leçons font sourire et hausser les épaules !! À vous donc la honte de jeter de la poudre aux yeux des badauds de la Légitimité, en suivant les divagations de la folle du logis – du vôtre, pas de celui de Mazerolles, – doublée d’une bonne dose d’ignorance ou de mauvaise foi.

  1. À cette heure de persécution religieuse, il est convenable de voiler le nom et la demeure d’un curé fourvoyé. Chrétien, je suis heureux de lui témoigner de la charité en guise de courtoisie, quoiqu’un artisan d’erreur ne mérite aucun égard.
  2. Cependant il peut se faire que, sur cette question, le dernier mot de l’histoire n’ait pas encore été dit, d’après ce que m’assure un infatigable chercheur, qui, en ce moment, prépare un important travail sur ce sujet, par suite des documents inédits qu’il a découverts aux archives nationales. – Je me rangerai sans tergiverser du côté de la vérité si elle m’est réellement démontrée. Il faudra donc d’abord que les contradictions, qu’elles soient réelles ou apparentes entre les trois personnages, soient expliquées ou conciliées d’une manière satisfaisante. Dans ce cas, je serai heureux de montrer une fois de plus que j’aime la vérité avant tout, et que je me fais honneur d’abandonner une opinion ou une thèse quand il m’est prouvé d’une manière péremptoire qu’elle est fausse ou erronée. – Il est admissible qu’Hervagault et Bruneau aient pu être substitués dans différentes circonstances aux lieu et place du vrai fils de Louis XVI, pour condamner celui-ci comme faux Dauphin et lui faire perdre son état civil.
  3. Voir la Mauvaise foi de la Légitimité naündorffienne dévoilée.
  4. À lui et à certains de ses amis, comme on le verra dans les Falsificateurs de la vérité historique contre Louis XVII, quand l’heure sera venue de publier cette étude.
  5. C’est Perrin qu’il faut écrire.
  6. Voir la Victime royale, p. 7.
  7. Cf. les Mémoires d’Andryane, t. I, p. 104, que je cite dans Louis XVII vengé, p. 94.
  8. Après de longs mois de recherches laborieuses dans les Archives de Paris et de la province, l’un de mes amis a découvert des documents tels qu’il faudra, bon gré mal gré, se rendre à l’évidence, lorsqu’il les aura mis au jour dans un ouvrage important, qui résoudra définitivement la question Louis XVII tant controversée depuis bientôt un siècle. – À la date du 6 janvier 1888, cet ami m’écrivait entre autres choses, ces lignes : « ... Malgré la pression de Louis XVIII sur l’empereur d’Autriche, celui-ci bien édifié sur la véritable identité de son prisonnier, tenta à plusieurs reprises de s’exonérer d’une telle complicité ; mais, la question d’État dominant, Louis XVIII lui faisait savoir que rendre la liberté à Louis-Charles c’était, par son retour en France, faire éclater le plus scandaleux des procès, qui porterait la déconsidération sur le gouvernement français... »
  9. M. Ed. Burton prouvera, dans l’Histoire de Louis XVII, d’après des documents officiels et privés, que ce fugitif était Richemont lui-même.
  10. Il reçut, sur la cuisse droite, un coup de poignard qui forma une grande cicatrice, laquelle fut constatée sur le cadavre du prince, le lendemain de son décès, par le docteur Guyot, de Villefranche (Rhône). – Voir une note spéciale dans mon Naündorff démasqué par lui-même et ses amis, chap. I, paragr. X, où sont mentionnées les cicatrices trouvées sur le corps du baron de Richemont, après sa mort.
  11. Aujourd’hui duchesse de Saxe-Cobourg-Gotha.
  12. Mémoires d’un contemporain. Paris, 1846.
  13. Mémoires d’un contemporain. Paris, 1846.
  14. Paris, Charpentier et Cie, 1885, p. 198.