M. Collin la Herte (p. 3-32).
Chacun fait ici bas la figure qu’il peut.
(Molière.)


Depuis un demi-siècle, les presses de l’Europe font entendre leurs gémissements à l’endroit d’un obscur horloger prussien, nommé Charles-Guillaume Naündorff[1], devenu fameux comme imposteur ; car il ne voulait rien moins qu’usurper le nom royal de Louis XVII pour s’asseoir sur le trône de saint Louis, grâce 1° à son nez aquilin et à l’ensemble de sa lourde personne rappelant de ci, de là, quelque chose du roi Louis XVIII ; 2° à sa clairvoyance d’illuminé par la démonomancie ; 3° et à certains légitimistes, qui, croyant ou ne croyant pas à l’évasion de l’Orphelin du Temple et à sa conservation, devinrent les dupes ou les compères de cet audacieux aventurier.

Naündorff joua publiquement son rôle de faux Dauphin de France pendant quinze ans, et mourut à Delft, en Hollande, le 10 août 1845.

Sa progéniture, après avoir fait le plus de bruit possible, a tenu, dans ces dernières années, à poser et à être exposée à Paris, chez le photographe Penabert, passage du Havre, en même temps qu’elle faisait reproduire l’image du chef de la famille, pour présider à la galerie Naündorffienne.

Or, à l’heure actuelle, les coryphées Naündorffistes cherchant à recruter des partisans au fils aîné de Naündorff, leur roi de contrebande, dit Charles XI, pour lequel ses souteneurs ont lancé des manifestes ultra-catholiques, il n’est peut-être pas inutile, dans l’intérêt de la vérité, d’émettre simplement notre opinion sur la portraiture de la famille Naündorff, que nous avons pris soin d’examiner minutieusement, et d’y joindre quelques réflexions et faits historiques qui intéresseront les esprits sérieux, français, amis de la vérité.


I

Naündorff père, vu de face

L’organe des Naündorff, qui s’imprime à Toulouse depuis quatre ans, sous ce titre fallacieux : La Légitimité, prétend que cette photographie est la reproduction du portrait de Naündorff Ier à l’âge de cinquante ans, d’après Lecourt, dit-on ; portrait peint à la fin de 1835 et lithographié au commencement de 1836, et dont accuse réception à son père, Melle Amélie Naündorff, par sa lettre en date à Dresde du 13 mars 1836[2]. C’est celui probablement que M. Amédée Nicolas, avocat à Marseille, nous signalait en 1884, en disant : « J’ai le vieux portrait du papa Naündorff, qui doit être de 1834 ou 35. Il est en lithographie. Ce portrait, qui ressemble à la photographie faite à Toulouse en 1879, lui donne une figure ronde, un air fin et distingué, un peu féminin ; les cheveux sont crépus. » On retrouve en effet ces détails dans la reproduction photographiée de Penabert. Le front est découvert. Les cheveux crépus se distinguent parfaitement, ce qui serait suffisant pour prouver la non-identité de Naündorff avec Louis XVII.

Le peintre a tenu à flatter son personnage dans tout l’ensemble, en le rajeunissant, l’embellissant, l’idéalisant. Il a dû supprimer les traces de sa variole, sa peau graveleuse et son teint cuivré ou blafard. Il lui a fait un nez idéal, un nez long en signe de mérite, de génie, comme celui de César ou de Napoléon. Il n’a même pas su observer l’effet de perspective qu’on appelle raccourci, en terme de peinture : effet par lequel les objets vus de face semblent plus courts qu’ils ne sont réellement. Ce nez est aplati et tant, que la ligne paraît rentrante ; il ne ressemble pas du tout à celui vrai de la gravure de Naündorff publiée par le Monde illustré du 13 septembre 1873. Là il est aquilin accentué, c’est-à-dire courbé en bec d’aigle, ce qui dénote, d’après la nazographie, une propension aux aventures, comme l’avait certainement cet impudent horloger prussien. – La bouche petite et en cœur, dont l’artiste a voulu faire un bijou... pour Mme de Générès, (premier ministre de Naündorff,) est surmontée d’une demi-moustache à la mode des cordonniers meusiens, il y a quarante à cinquante ans ; tandis que tous les portraits du Dauphin enfant représentent celui-ci avec une bouche moyenne.

Cependant le peintre n’a pas manqué d’être véridique envers son modèle, quand il a reproduit ses yeux d’illuminé ou hagards qui, du reste, s’harmonisaient avec son trop habituel plumet de champagne : un petit gris d’officier plaît aux artistes, comme il plaisait à Naündorff pour jouer son rôle de pseudo-Louis XVII avec plus d’audace, car, du champagne mousseux, il faisait son vin d’ordinaire !

Les personnes qui ont connu cet imposteur, ont prétendu qu’en 1835 il ne paraissait pas avoir cinquante ans. Or, cela ne prouve point qu’il n’en avait réellement soixante, comme étant né en 1775[3]. Nombre de personnes ne semblent-elles pas avoir dix et douze ans de moins que leur âge réel ? En voici un récent exemple assez connu. M. Joseph Zi, l’interprète chinois, qui, en 1885, a suivi en France la dépouille mortelle de l’amiral Courbet, avait « trente-sept ans, mais il avait l’air d’en avoir vingt-cinq tout au plus », rapporte un rédacteur du Constitutionnel, cité par l’Univers s.-q. du 5 septembre 1885, p. 3, col. 2.

Du reste, sans sortir de la famille Naündorff, nous savons, par le Figaro du 18 mars 1884, que l’un de ses rédacteurs, M. Jehan Valter, après avoir causé une heure avec la fille aînée de Naündorff, (Mme Laprade, dite princesse Amélie), ne lui donna que « quarante-cinq ans environ, » soit vingt ans de moins que le veut la vérité. C’était être trop galant homme !

Madame Marie-Anne Forest, dame d’honneur de la reine de Saxe et ardente croyante à Naündorff, ainsi qu’à sa Doctrine céleste[4], écrivait à l’abbé Appert, ancien curé de Saint-Arnoult à Dourdan (Seine-et-Oise), le 9 décembre 1842 : « ... Hier, le duc de Bordeaux est arrivé ici (à Dresde) pour faire visite à la famille royale. Je l’ai vu au théâtre. Il est devenu bien fort. Sa tête est très belle et agréable. Il ressemble beaucoup à la gravure de notre duc de Normandie. Aussi je me fais un plaisir de le faire voir à tous nos incrédules. On en est frappé[5]. »

Or, si le duc de Bordeaux ressemblait à vingt-deux ans à la gravure de Naündorff faite vers 1836, c’est sans doute que le dessinateur de ce dernier s’était inspiré de la tête du fils du duc de Berry, d’après un de ses portraits d’avant l’âge de seize ans, car il n’y a jamais eu de ressemblance entre Monseigneur le duc de Bordeaux et l’horloger de Crossen.

Vraiment, l’on dit bien vrai, que toujours les flatteurs
Sont plus crus mille fois que les bons serviteurs.

(Scarron.)

Passons au portrait de la femme de Naündorff : une Prussienne de Havelberg, née Jeanne-Frédérique Einert, fille d’un fabricant de pipes.

II

Madame veuve Naündorff-Einert, vue de face

Elle est prise au naturel à l’âge d’environ quatre-vingts ans. L’effet qu’elle produit n’est pas à son avantage. On croit voir une bonne bouchère retirée du commerce, ou une marchande de pommes de terre frites endimanchée. Point de cou, bouffissure des joues, petits yeux enfoncés rappelant la ruse prussienne, front haut sans ride. Quoique la pose soit de face, le nez semble aquilin ou plutôt arqué à la juive : il a pu être beau jadis. Il n’est pas étonnant que Naündorff ayant eu un nez du genre de celui de sa femme, le nez de leurs enfants ressemble aux leurs et, partant, quelque peu à celui des Bourbons. Quant à la bouche de Mme Naündorff, elle conserve un tantinet de finesse... au moins pour savourer la fine cuisine, quand on lui en donne à Bréda !

Devenue douairière sans douaire, la bonne femme doit penser avec le poète Demoustier, que

La fleur de la beauté n’est qu’une illusion.

Et encore avec Molière :

Quand l’hiver a glacé nos guérets,
Le printemps vient reprendre sa place,
Et ramène à nos champs leurs attraits ;
Mais hélas ! quand l’âge nous glace,
Nos beaux jours ne reviennent jamais.

Cependant elle peut se consoler, car la vieillesse, selon Collin d’Harleville,

C’est l’âge du repos, celui des souvenirs.

Elle doit assurément en avoir de drôles, cette bonne duchesse de Normandie qui n’a jamais pu apprendre le français !

Puisse-t-elle trouver sa consolation à goûter toute la profondeur de cette pensée des Mémoires d’outre-tombe de Châteaubriand : « La vieillesse est une voyageuse de nuit ; la terre lui est cachée ; elle ne découvre plus que le Ciel brillant au-dessus de sa tête[6] ! »

Après le père et la mère, arrivons aux enfants. Il y en eut neuf en tout, dont cinq garçons ; trois de ceux-ci et une fille sont morts. Nous n’avons à nous occuper ici que des poseurs survivants.


III

Madame Laprade-Naündorff, vue de trois-quarts

C’est la fille aînée, Jeanne-Amélie, née à Spandau le 31 août 1819. Elle a pu être une belle de nuit, mais elle n’a rien de la belle de jour ; elle pose comme une actrice prétentieuse et avec le sourire de la coquette contente d’elle : yeux petits et clignotants ; bouche grande, vilaine, à lèvre supérieure épaisse ; nez aquilin comme celui de son père, mais d’un calibre trop fort. En somme, rien de royal dans cette tête trop souvent surfaite par des flatteurs intéressés ou vendus. Tant pis pour la prétendue « grande princesse » point grande en taille !

Si je hais les tyrans, je hais plus les flatteurs.

(Voltaire.)

Sont bien mauvais physionomistes ceux qui ont cru lui trouver une ressemblance frappante avec la reine Marie-Antoinette : ils se sont arrêtés sans doute à sa coiffure historiée plus ou moins historiquement. S’ils avaient vu la comtesse de Goritz, l’une des filles du vrai Louis XVII, dit baron de Richemont, ils lui eussent trouvé infailliblement une ressemblance vivante avec la reine-martyre[7]. Et qu’en auraient-ils conclu[8] ?

Après son procès en appel, perdu, en 1874, malgré le talent déployé par son ami le républicain Jules Favre, Melle Jeanne-Amélie Naündorff comprit comme le Mercure galant que

Tant qu’on demeure fille on n’est point en repos.

Puis, elle rumina à son aise ces deux vers de Regnard :

Et... Rester vieille fille est un mal plus affreux
Que tout ce que l’hymen a de plus dangereux.

Enfin, retrouvant des sympathies en Poitou, dans ses anciennes connaissances fourvoyées, elle se décida, en 1876, à donner sa main... pseudo-royale à un veuf bourgeois, le plus jeune frère de M. l’abbé Jean-Baptiste Laprade, curé de Mazerolles (Vienne), c’est-à-dire M. Xavier-Abel Martin-Laprade, possesseur du petit manoir du Logis-de-Mazerolles[9]. Il fut heureux d’exalter les cinquante-sept printemps d’une « princesse » délaissée ; d’une Prussienne il fit une Française. Ô noble cœur ! Était-ce l’amour de don Quichotte pour Dulcinée ?

Nous ignorons si alors il reconnut avec l’Ésope de Boursault,

Qu’une fille a de l’esprit quand elle est amoureuse.

En 1879, certains chevaliers d’industrie de France et de Rome mystifièrent de la plus pitoyable façon l’Éminentissime cardinal Nina, ancien secrétaire d’État du Pape : il devint Naündorffiste à la grande joie de la coterie. Alors Mme Laprade, dite princesse Amélie, prit sa meilleure plume et lui adressa, le 14 juillet, une de ces lettres habiles comme elle sait les faire ou du moins comme elle sait les faire fabriquer. Sept jours après, elle avait une réponse. Le prince de l’Église se plaisait à exprimer les sentiments de respect et d’estime qu’il professait pour l’auguste famille des Bourbons et d’abord pour « Son Altesse » Amélie ; il se disait heureux de pouvoir lui être agréable, surtout au moment où elle viendrait visiter les tombeaux des saints apôtres Pierre et Paul. Aussi « Son Altesse » redisait-elle avec le poète :

L’amitié d’un grand homme est un bienfait des cieux.

Après un tel témoignage de bienveillance, les grandes chaleurs de l’été passées, la commère partit pour la Ville sainte ; là s’étant abouchée à ses aimables dupes et compères, elle trouva moyen de faire passer une supplique laconique à Sa Sainteté Léon XIII et de lui extorquer sa bénédiction écrite, sous la date du 1er septembre. On ne manqua pas d’en abuser en la mettant en vedette sous le titre du journal naündorffiste, pour mieux gober les naïfs catholiques. C’est l’œuvre de M. l’abbé Touchatout.

Pour être prince de l’Église, on ne cesse pas d’être homme et, par conséquent, faillible, sujet à l’erreur. Le cardinal Nina pouvait donc, comme le commun des mortels, s’embourber de bonne foi dans le néo-naündorffisme. Cependant il reconnut les ficelles de la marionnette et brûla ce qu’il avait adoré... Au mois de juillet 1885, il rendait saintement son âme à Dieu, mais la Légitimité de Toulouse,

Honteuse comme un renard qu’une poule aurait pris,

n’osa point en parler, contrairement à ses habitudes envers ses chers amis défunts : elle ne pouvait pleurer la perte d’un ex-protecteur, qui, revenu loyalement de sa bévue, avait abandonné l’astucieuse Amélie et ses deux frères à leur misérable imposture.

Jouant la petite châtelaine, avec sa « malicieuse tête, qui ne ménage rien, » comme disait son frère Édouard, Mme Laprade-Naündorff sait faire les honneurs de sa case, « où l’on mène, paraît-il, large vie. On n’a pas de revenus, mais on a des partisans qui en ont, et qui en font. Cette existence confortable est assombrie, toutefois, par quelques légers désagréments : on n’est point reçu dans la bonne société, ni dans le monde ecclésiastique, l’illustre et si regretté cardinal Pie ayant, à vingt reprises, manifesté son profond mépris pour ces intrigants de bas étage[10]. »


IV

M. Louis-Charles Naündorff, vu de profil

Il est né à Crossen le 11 mars 1831.

C’est en souriant que nous abordons cette figure, quoiqu’en la regardant on éprouve une répulsion d’antipathie. En effet, ce profil montre un œil éteint, une expression d’homme blasé, inintelligent. Son nez[11] et ses oreilles, par leurs dimensions démesurées, se détachent comme des gargouilles aériennes. Sa maigre moustache de caporal parachève une figure commune. On comprend qu’une visionnaire-spirite de Lyon, Mme B., appelle sérieusement cet homme, « le roi Pataud, » pour mieux caractériser sa lourdeur allemande.

En somme, la tête du « roi » des naündorffistes est comme celle de sa sœur et de sa mère, elle n’a rien de distingué ni de remarquable. Ces trois figures sont réellement vulgaires, elles ne reflètent aucune élévation de pensée, aucune noblesse de sentiments : elles n’ont rien de réellement Bourbonien. On ressentirait une bonne dose de dégoût s’il fallait les regarder longtemps. Quelle différence avec la photographie du comte de Chambord ! celle du jour et de la nuit !

Louis-Charles Naündorff, il faut le dire, ne sait guère que monter à cheval et caresser la dive bouteille, en qualité d’ex-maréchal de logis des dragons hollandais. Ses prénoms véritables, il les ignore, puisqu’il consent à se laisser appeler Charles XI, au lieu de Louis XVIII, car feu son frère aîné, Charles-Édouard (Naündorff II), est désigné sous le nom de Charles X par l’organe naündorffiste de Toulouse.

Quel abus de quitter le vrai nom de ses pères,
Pour en vouloir prendre un bâti sur des chimères !

(Molière.)

Cependant, arrivé à la cinquantaine, le bon sens lui révéla qu’il fallait s’assurer un avenir plus solide que celui de la perspective du trône de France. Il songea à faire un mariage de raison, car

On doit la consulter en fait de mariage.

(Boissy.)

Mais aussi un mariage d’intérêt :

Secrétaire, greffier, procureur ni sergent
N’ont jamais pu, dit-on, tenir contre l’argent.

(Campistron.)

Or, il eut l’heur de découvrir la veuve catholique d’un officier de la marine néerlandaise, Mme Snœrs, née Hermina-Dorothée-Gisbertine van Kruijff. C’est à la sourdine, le 9 octobre 1880, qu’il l’épousa et posa ses pénates à Téteringen-les-Bréda, alors qu’il était encore protestant ou peut-être païen, puisqu’il fut baptisé sub conditione le 27 février 1884 et qu’il n’abjura l’hérésie de son père que ce jour-là, pour faire sa première communion le lendemain et recevoir le sacrement de confirmation le 4 mars suivant.

« Charles XI », en se faisant catholique, a suivi le moyen soufflé par sa sœur Amélie, pour recruter des partisans ou plutôt des souteneurs enrobés de noir. Néanmoins ce n’est pas lui qui s’écriera comme le Philosophe marié de Destouches :

... Qu’on est sot quand on est marié !

Seulement, pour n’avoir pas de déception, il n’a pas encore fait annoncer, par la Légitimité, que sa précieuse moitié mérite de porter avec lui la couronne de France. Comprend-on qu’aucun Naündorffiste n’ait le cœur de parler des qualités de la « reine Hermina ? » Ne serait-elle pas dans la catégorie de toutes les honnêtes femmes qui en ont plus ou moins ? Et sa photographie, pourquoi ne la lance-t-on pas dans le commerce comme celle des Naündorff ?

Entraîné par ses fidèles abusés et ses audacieux patrons, Naündorff III, dit Charles XI, se remue le plus possible. Le 14 mars 1884, entouré de ses féaux, il renouvelait dans la chapelle provisoire du Sacré-Cœur à Montmartre, le vœu de Louis XVI et se consacrait au Cœur de Jésus pour augmenter le nombre de ses honnêtes dupes. Ensuite, durant l’été, il allait à Rome avec M. le comte de Beaumont, ancien intendant du bataillon des zouaves pontificaux, et M. le marquis de Meckenheim, son secrétaire, chevalier de la Légion d’honneur, qui ayant perdu sa fortune, compte sur l’avènement de Naündorff III pour la refaire, (ainsi qu’il appert de la lettre que M. de Meckenheim nous écrivit de Téteringen, le 23 novembre 1884.) Tous trois furent reçus en audience privée par le Saint-Père, qui leur donna sa bénédiction comme aux plus vulgaires bourgeois ; mais on ne sait rien de plus sur cette entrevue, parce que ces messieurs se sont promis de garder le silence. Toutefois, ils auraient déclaré à l’un de leurs amis qui nous l’a répété, que leur prince fut dispensé, « comme chef de race souveraine, de baiser la mule du Pape (?). »

À notre avis, cette réception n’a rien d’extraordinaire, car, entre gens bien élevés, la politesse n’oblige à rien. M. de Beaumont en présentant Naündorff III comme fils de Louis XVII, ne pouvait être démenti à son nez. Le Pape a voulu être courtois. Voilà tout. Et pourquoi ne pas divulguer le sujet de l’entretien et les paroles du Pape ? C’est, vraisemblablement, que celles-ci ne sont pas favorables au prétendant, puisque la Légitimité elle-même n’a soufflé mot de cette visite, pas plus que la déclaration du cardinal Pitra affirmant que « la Bibliothèque vaticane ne contient rien, absolument rien qui puisse favoriser les prétentions des Naündorff[12]. »

Quant à la dispense du baisement de la mule, ce n’est pas étonnant, attendu que Léon XIII ne tient guère à l’observance de cette étiquette, nombre de laïques en ayant été exemptés. Pie IX, lui, tenait à cet antique usage, mais il en dispensa le baron de Richemont, lorsqu’il le reçut à Gaëte, en audience privée, le 20 février 1849, vu sa haute qualité de chef de la Maison de France, comme fils de Louis XVI.

Des Naündorffistes voudraient insinuer modestement que la visite de leur « Roi » à Léon XIII est une sorte de prélude au suprême arbitrage qu’ils se proposent de demander au Pape, pour qu’il résolve la question historique relative à Louis XVII, comme naguère il réglait, sur la demande de la Prusse et de l’Espagne, le différend survenu entre ces deux puissances, à propos des îles Carolines[13].

M. l’abbé Rigaud, de Limoges, dans ses Lettres d’Un ami du malheur au général de Cathelineau, etc., p. 14 et 51, mentionne que M. l’abbé Pennachi, de Rome, lui a écrit que « le Vatican aura un jour quelque chose à dire sur la question Louis XVII : aliquid dicturus est. » On sait que M. Pennachi est une sorte d’autorité officielle, puisqu’il est : Rédacteur des Acta Sanctœ Sedis, Membre de l’Académie catholique de Rome, Consulteur de la Congrégation de l’Index, Professeur d’histoire ecclésiastique au Collège Saint-Apollinaire et à la Propagande, Supérieur du Séminaire des Missions à Rome, etc., etc.

De son côté, la Légitimité du 12 juillet 1885 disait : « Un prélat anglais, Mgr de Sussex, a assuré dernièrement à plusieurs de nos amis avoir vu, dans les Archives de Pie IX, des documents relatifs à l’évasion de Louis XVII. »

De plus, le Messager de Toulouse du 22 août 1884, a inséré une lettre, en date à Leigneux, par Boën (Loire), de notre vénérable ami M. Noyer, médecin du vrai Louis XVII, dans laquelle on lit : « Le Souverain-Pontife est le dépositaire des pièces qui établissent l’évasion du Dauphin et son identité avec Richemont ; la vérité est entre ses mains ; il est temps de la faire connaître : il le peut, il le doit, il le voudra quand l’opportunité en sera démontrée. »

Or nous croyons d’autant plus volontiers que Léon XIII ou l’un de ses successeurs parlera sur cette question, que saint Bernard, dans son fameux traité De consideratione dédié à son ancien disciple de Clairvaux devenu pape sous le nom d’Eugène III, a écrit ces mémorables paroles : « Le Chef de l’Église romaine doit être une règle vivante de justice, le gardien de la vérité, le refuge des opprimés, l’avocat des pauvres, l’espérance des malheureux, le tuteur des orphelins, le vengeur des crimes, la terreur des méchants, la gloire des justes, la verge des puissants, le fléau des tyrans, la lumière du monde. »

Veuille Sa Sainteté émettre au moins son opinion personnelle, si Elle ne juge à propos de trancher actuellement la double question relative à l’évasion de l’enfant royal du Temple et à son identité avec tel ou tel personnage[14] !

Enfin, nous devons faire observer que Louis-Charles Naündorff, dit Charles XI, n’a pas d’enfant et n’en aura probablement point. – Son frère puîné, Charles-Edmond, est mort à Maëstricht, en hérétique, le 29 octobre 1883. Là il avait épousé une pauvre catholique de Bréda, sa maîtresse, Christine Schoonlau, le 22 mai 1872, après avoir fait des sommations respectueuses à la maman Naündorff, qui lui avait refusé son consentement. Leur concubinage est publiquement prouvé par la naissance de leur premier enfant, Auguste-Jean-Charles-Emmanuel, arrivée à Maëstricht le 6 novembre 1872, c’est-à-dire cinq mois et demi après le mariage.

Or, voilà l’héritier présomptif du roi Pataud ! Les Naündorffistes doivent être fiers d’un tel rejeton ! Faut-il le dire ? Ils le considèrent comme le futur Grand Monarque de France : demandez plutôt à M. Berton, le grrrand apôtre des Naündorff.

V

M. Adelbert Naündorff

Son père a voulu que le prénom Adelbert fût écrit avec une h finale, encore qu’il n’y en ait point dans le mot latin Adelbertus. Et les scribes à la dévotion de Naündorff ont écrit et écrivent toujours « Adelberth. » Pourquoi cette h ? Fantaisie d’un Prussien grotesque, qui se plaisait à crier sur les toits que son Adelberth serait un jour « le libérateur de la France !! »

C’est le plus jeune des deux fils survivants des époux Naündorff-Einert. Né en Angleterre le 26 avril 1840, il fut naturalisé citoyen hollandais, par les États-Généraux, le 22 décembre 1863, pour passer officier dans l’armée néerlandaise. Ensuite il épousa, dit-on, une arrière-petite-fille du calviniste Abraham, marquis Duquesne, vice-amiral sous Louis XIV. Actuellement capitaine d’infanterie, il demeure à Bergen-op-Zoom, depuis le mois de juillet 1883.

Nous n’avons pas sous les yeux sa photographie faite par Penabert, mais on nous a assuré qu’elle est une sorte de caricature pleine d’exactitude, quoique monstrueuse, tant le sujet a pris d’embonpoint pléthorique.

Nous connaissons son portrait publié par le Monde illustré du 13 septembre 1873, p. 165, d’après une photographie de Severin, photographe du roi de Hollande, à La Haye. Là M. Adelbert a bien le même type de nez que celui de son père représenté, dans la même page, sur son lit de mort. L’impartialité nous oblige à déclarer que ces deux portraits sont deux types de vrais Prussiens. Quels méchants petits yeux il a, le Hollandais ! On pourrait même dire : quels yeux méchants ! Ce n’est pas étonnant puisqu’il est encore païen, comme l’a prouvé la Légitimité, par la plume furibonde de son Chartier[15].

Dans l’Illustration du 15 septembre 1873, p. 180, on voit aussi la gravure de M. Adelbert. C’est la figure bouffie d’un bourgeois bien nourri, maussade et à l’œil prussien, comme dans sa photographie de profil faite par Pierre Petit vers la même époque. Il y a loin de là aux prétendues ressemblances phénoménales avec le roi Louis XVI et la reine Marie-Antoinette.

Quant aux Naündorffistes qui prétendent que M. Adelbert est actuellement le portrait vivant de Louis XVIII, nous n’avons qu’un mot à leur répondre. Une pareille ressemblance, si elle existe, serait un jeu de la nature facile à expliquer ; car, avant et pendant sa gestation d’Adelbert, Mme Naündorff a dû regarder souvent les portraits de la famille royale qui ornaient l’appartement de son trop fameux époux à Camberwel, près Londres ; elle a dû aussi entendre souvent parler de Louis XVIII et considérer particulièrement son image. Ainsi, par suite des impressions de l’imagination et de l’âme, la physionomie plus ou moins bourbonienne pouvait se photographier dans le sein maternel. C’est ainsi, pouvons-nous affirmer, que la sainte femme d’un notaire reproduisit dans une de ses filles le portrait de son digne curé, parce que celui-ci, en bon pasteur, venait presque tous les jours causer amicalement dans cette excellente famille qui le vénérait. Le notaire, en homme d’esprit, riait beaucoup de cette ressemblance bizarre, car il connaissait la haute vertu de sa femme, qui, de fait, était le parfait modèle des épouses et des mères chrétiennes. Au reste, tout le monde connaît le pouvoir de l’imagination maternelle dans la grossesse.

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Les ressemblances physiques, parfois, tiennent donc leurs causes de fort peu de chose : c’est connu et expliqué depuis longtemps comme Barabbas à la Passion du Christ.

Croyons Clarice, – dans le Menteur de Pierre Corneille, – quand elle dit :

Les visages souvent sont de doux imposteurs.

Témoin le pseudo-Louis XVII Marassin, qui – s’il a jamais existé[16] – « avait une remarquable ressemblance de traits » avec Naudorff Ier, ainsi que le prétend la Légitimité du 1er août 1886, p. 467.

À preuve encore ce jeune homme dont parle le Journal de Paris du 31 décembre 1885, cité par la Légitimité du 10 janvier suivant, p. 20 ; sa ressemblance est si frappante avec le fils de Napoléon III, tué par les Zoulous le 31 mai 1879, qu’il ose prétendre être le prince impérial échappé par miracle à la mort. Ainsi pourrait commencer un roman de survivance !

On sait aussi que le fameux acteur Gobert, du théâtre de la Porte-Saint-Martin, qui, en 1831, remplissait le rôle de Napoléon Ier dans la pièce intitulée Schœnbrunn et Sainte-Hélène, ressemblait tellement à l’empereur que cette « ressemblance produisait un effet d’illusion véritablement saisissant, » comme le rappelle M. Edmond Biré dans sa judicieuse Causerie littéraire donnée par l’Univers s.-q. du 14 juillet 1886.

Antérieurement, nous lisions dans le même journal du 22 septembre 1884, un autre fait de ressemblance remarquable, sous ce titre : Une erreur judiciaire. Or, cette erreur, fatale pour la victime, fut commise par la Cour d’assises du Nord, dans sa deuxième session de 1884, uniquement parce qu’un sieur Meurillon ressemble étrangement à un sieur Derechef.

Montfleury a raison :

Il ne faut pas toujours se régler sur la mine.

Et la Chaussée n’a pas tort de s’écrier :

Ma foi, sur l’apparence est bien fou qui se fonde !

P.-S. ─ Environ un an après que ces pages furent écrites, M. le comte d’Hérisson publiait le Cabinet noir, où, à propos des Naündorff qu’il n’a pas eu le courage d’étudier sérieusement, il fait l’observation suivante, qui a sa place naturelle ici : « Avoir dans sa famille le type bourbonien, ressembler à Louis XVI, cela ne veut pas dire grand’chose. Qui n’a remarqué, faisant son service il y a quelques années autour du lac du Bois de Boulogne, un gardien qui ressemblait d’une façon surprenante à Napoléon III ? Ce souverain avait également un sosie parmi les habitués de la Bourse. Aucun des deux, que je sache, n’avait la prétention d’appartenir à la famille impériale : les ressemblances les plus frappantes sont souvent un effet du hasard. »

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En terminant, remarquons qu’en fait d’enfants Naündorff-Einert, il n’y a plus ici-bas, outre les trois susnommés[17], que deux filles mariées à des Hollandais. Nous n’en parlerons pas, car elles ont eu, dit-on, le bon esprit de ne pas poser pour la galerie Naündorffienne et de se tenir en dehors des menées de leur intrigante sœur Amélie.

Quant aux enfants d’Edmond et d’Adelbert, bien qu’ils soient l’espoir du naündorffisme et de sa perpétuité (!?), il est fort inutile d’examiner leur minois, n’en déplaise aux Naündorff et à leurs thuriféraires, les fanatiques rédacteurs de la Légitimité de Toulouse.

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C’est la main sur la conscience que nous avons tracé ces lignes : notre critique s’est renfermée dans la simplicité de la vérité qui dédaigne les visées littéraires, sauf la clarté du style. Notre but, on le sait, est de servir la vérité, rien que la vérité pour l’amour de la vérité elle-même, super omnia veritas !

Si notre langage déplaît à un vaillant évêque français, fourvoyé dans le Naündorffisme au point de recevoir à sa table la pseudo-princesse Amélie, Sa Grandeur saura pourtant nous approuver un jour, nous n’en doutons pas, – soit dit sans présomption, – quand elle aura lu notre étude intitulée : Naündorff démasqué par lui-même et ses amis. – Réfutation de la thèse de ses partisans sur sa prétendue identité physique, psychologique et morale avec Louis XVII.

Encore qu’un illustre prélat se soit laissé aveugler et mourir sans songer à écrire un livre indispensable pour donner à son épiscopat la gloire qui lui manque : le livre de ses Rétractations, quand cependant il avait le haut exemple de saint Augustin et de saint Alphonse de Liguori[18], vous, Monseigneur, vous ne pouvez mourir victime de l’illusion ni de l’amour-propre ni de l’esprit de parti, comme un libéral fougueux, entêté ; non, vous ne mourrez pas, j’aime à le croire pour votre honneur et pour celui de la vérité, sans brûler l’idole prussienne qui semble vous séduire ; non, vous ne mourrez point, plaise à Dieu ! sans reconnaître l’imposture des Naündorff ; non, vous ne mourrez point, je l’espère, Monseigneur, sans la combattre à ciel ouvert comme une invention diabolique digne du mépris des honnêtes gens !

Ce 20 juillet 1886.

Post-Scriptum. ─ Que Sa Grandeur veuille bien méditer une parole Pontificale que nous allons divulguer : elle nous paraît aussi opportune que providentielle.

Six mois après la rédaction de cet écrit, à la fin de l’année 1886, un solide croyant au vrai Louis XVII, dit baron de Richemont, M. Frédeault, docteur-médecin à Paris, décoré par Pie IX, chargeait le Supérieur d’une Congrégation religieuse de faire présenter à Sa Sainteté Léon XIII une supplique relative au fils de Louis XVI et rapportant quelques-unes des insultes prodiguées à sa mémoire par la Légitimité de Toulouse.

Or, après avoir lu cette supplique, le Souverain Pontife répondit en ces termes :

« La charge qui m’est confiée, est de conduire les hommes dans la voie du salut ; en dehors de cela, je ne m’occupe de politique qu’autant qu’elle touche au salut des âmes, et toujours en rendant à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. C’est pourquoi je suis à la disposition des monarques et des peuples qui m’appellent pour trancher une question dans ce sens seulement. ─ Ceux qui veulent faire revivre la question du fils de Louis XVI, en faveur d’un prétendant, perdent leur peine : la conduite de sa famille le dit assez. »

Devant ces graves paroles, il est évident que le Pape est tout disposé à se prononcer solennellement si quelques suppliques sont déposées sous ses yeux, dans la forme qu’il indique. En outre, Léon XIII repousse carrément le prétendant Naündorff III, dit Charles XI, et condamne ses souteneurs : la conduite de la famille Naündorff, père et enfants, ayant assez prouvé qu’ils sont des imposteurs, et ce conformément à la parole expresse du pape Grégoire XVI consignée dans son Bref à l’évêque de Bayeux, en date du 8 novembre 1843, dont nous donnons le texte in extenso et la traduction à l’Appendice de Naündorff démasqué.

Voilà donc exaucé le vœu que nous émettions de connaître l’opinion du Pape, comme on l’a vu plus haut.

Si quelque esprit trop subtil voulait trouver de l’amphibologie dans la dernière phrase de Léon XIII, en prétextant qu’il s’agit de la famille royale et non de la famille Naündorff, nous répondrions simplement ceci : Puisque le Saint-Père parle d’un prétendant qu’il repousse, il ne peut être question que d’un Naündorff ; et il reste sous-entendu que c’est à l’égard des Naündorff et contre eux qu’il faut interpréter la conduite de la famille royale, comme justement celle-ci l’a prouvé en maintes circonstances.

Espérons que cette information sera un jour confirmée publiquement par l’illustre Léon XIII, que l’Europe a reconnu arbitre de justice et de paix, attendu que le Pape personnifie la plus grande puissance morale de ce monde.




Note sur le libéralisme

En omettant de réparer ses torts, l’illustre personnage dont nous avons parlé (p. 30), est cause que la secte du libéralisme religieux n’est pas encore éteinte en France. On entend dans divers diocèses des hommes se dire hautement libéraux, gallicans, plutôt que romains. Il paraît qu’il existe, dans certains coins de France et d’Italie, de fanatiques adeptes de ce trop célèbre chef de file. On dit qu’ils semblent quasi-prêts à passer aux « vieux catholiques » du Prussien Reinkens, ou du moins qu’ils en sont les pendants par leur aveuglement.

Attendons encore un peu et l’on verra publiquement à l’œuvre, des esclaves de cette funeste école condamnée plus de quarante fois par Pie IX, – dirigés qu’ils seront par « un antipape à tête ardente », annoncé par l’incomparable prophétie Delphinienne, dite de Prémol. Aussi crions-nous aux catholiques : Gare aux faux frères !

Dieu merci, le jour approche où, après un déluge de maux, les fourvoyés seront confondus. Alors sera inaugurée l’ère nouvelle de la vraie liberté politique et religieuse, par la résurrection de la France royaliste et le triomphe de l’Église romaine. Alors le monde religieux tout entier comprendra que « le libéralisme est un péché », comme vient de le prouver magistralement M. l’abbé Félix Sarda y Salvany, docteur en théologie, prêtre du diocèse de Barcelone et directeur du journal la Rivesta popular, dans son ouvrage intitulé Il liberalismo es peccado, qui a mérité à l’auteur les éloges de la S. Congrégation de l’Index, ainsi que le témoigne une lettre latine de son secrétaire adressée, le 10 janvier 1887, à Mgr l’évêque de Barcelone, et dont la traduction a été publiée dans l’Univers du 9 février suivant. Ce livre vient d’être traduit avec l’autorisation spéciale de l’auteur, par Mme la marquise de Tristany en un volume in-18 jésus, publié chez Retaux et Bray, éditeurs à Paris, rue Bonaparte, 82, sous ce titre : Le libéralisme est un péché. Questions brûlantes. ─ Prix : 2 fr. 50 c.

Ô opportunité providentielle !

Avis donc aux libéraux corsés ou clinquants, fanfarons ou aveugles, entêtés ou fanatiques !

P.-S. ─ Et que vont dire messieurs les libéraux, pr....s et laïques, de l’encyclique Libertas prœstantissimum du 20 juin 1888 ? – Par cet important document sur la liberté humaine, Sa Sainteté Léon XIII fait la lumière complète et définitive sur toutes les écoles ou sectes libérales. Néanmoins il ne faut pas se faire illusion sur les fruits qu’il portera dans les âmes ; car, parmi les catholiques qui croient à l’Église, beaucoup, hélas ! ne veulent pas toujours obéir à l’autorité infaillible du Pontife romain parlant ex Cathedra.


Fin de la Portraiture
  1. On prononce ce nom comme s’il était écrit Neunn-dorf, en faisant sentir deux n. – En écrivant Nauendorff, il faut prononcer Na-ou-ènn-dorf. – Cet individu a toujours écrit son nom avec le tréma sur l’u et sans e.
  2. Voir la Légitimité du 21 mars 1886, p. 181.
  3. Voir Naündorff démasqué par lui-même et ses amis.
  4. Livre hérétique composé par Naündorff et ses anges de Satan ; – condamné en vertu de la deuxième règle du Concile de Trente et, dans ses éditeurs, par la Cour d’assises de Lyon, le 28 décembre 1839, pour outrage à la religion catholique.
  5. Voir la Légitimité du 25 octobre 1885, p. 677. – M. Thomas dit dans son Naündorff, p. 140, qu’étant allé voir, en 1835, le soi-disant Louis XVII, il ne lui trouva point cette ressemblance avec les princes de la Maison de Bourbon dont on lui avait parlé. De son côté, M. Amédée Nicolas, avocat à Marseille, écrivait sous la date du 2 novembre 1882, qu’il avait vu et connu Naündorff, lui avait parlé, mais que celui-ci n’avait rien de ressemblant avec les Bourbons.
  6. P.-S. À la date du 20 juin 1888, c’est-à-dire deux ans après avoir écrit ce paragraphe, un ami nous apprenait que Mme veuve Naündorff, pseudo-duchesse de Normandie, venait de rendre son âme à Dieu. Elle avait environ quatre-vingt-six ans. R. I. P.
  7. Voir notre opuscule intitulé La Victime royale et les Bourbons d’Anjou, p. 12. – Dans sa lettre précitée, M. Amédée Nicolas parle de la comtesse de Goritz qu’il a bien connue ; elle était, dit-il, le vrai portrait de Marie-Antoinette. Et il ajoute : « J’ai connu intimement le baron de Richemont. Ses traits étaient un mélange de ceux de Louis XVI et de Marie-Antoinette ; son accent, le son de sa voix et son parler étaient en entier ceux de la branche aînée des Bourbons, dont j’ai connu plusieurs membres. Le comte d’Artois m’a tenu sur ses bras lorsque j’avais trois ans. » – Melle Eugénie de Guérin, qui conversa souvent avec le baron de Richemont, écrit dans ses Lettres des 23 février et 29 avril 1841, qu’il avait le type bourbonien et ressemblait de profil à Louis XVI.
  8. La « princesse Amélie » ignore-t-elle que la femme d’un officier supérieur, Mme de Boulancy, ressemble aussi à Marie-Antoinette ?
  9. Il nous a écrit deux fois en signant Xavier Martin. Par son langage, le prince-époux montre assez qu’il n’est pas ce qu’il croit ou voudrait être.
  10. Voir l’Univers s.-q. du 8 mai 1885.
  11. C’est le nez de son père et de sa mère fusionnés monumentalement. Que ne le met-on comme couronnement de la tour Eiffel !
  12. Voir le Droit Monarchique du 12 octobre 1884.
  13. Voir notre opuscule les Bourbons d’Anjou, p. 21.
  14. Dans un post-scriptum final, on verra que Léon XIII a manifesté son opinion contre les Naündorff : ainsi le Pape a effacé sa réponse à la supplique de la princesse Amélie.
  15. Nous écrivions ces lignes au mois de juillet 1886. Or, au mois d’octobre 1887, les journaux annonçaient la mort « d’Adelberth de Bourbon, prince de France, capitaine d’infanterie de l’armée néerlandaise, » arrivée à Bergen-op-Zoom, le 18 octobre 1887. – Pauvre « libérateur de la France ! » il a préféré étouffer de gras-fondu, probablement... – Il laisse trois fils, protestants comme lui, dont l’aîné, Louis-Charles-Jean-Philippe, né le 8 décembre 1866, a obtenu le n° 1, au mois de juillet 1883, pour entrer au mois de septembre suivant, à l’école des Cadets de l’Académie royale militaire de La Haye, d’où il a dû sortir officier, deux ans après, en 1885, pour servir dans l’infanterie néerlandaise. – Quel relief pour le clan Naündorffiste !
  16. Cf. Naündorff démasqué par lui-même et ses amis, ch. III, n° 12.
  17. P.-S. ─ Adelbert étant mort, le nombre est réduit à deux.
  18. Voir, ci-après, la note sur le libéralisme.