Imprimerie l’Union (p. 165-168).


LE JOUR DE L’AN


Le premier jour de l’année est la fête par excellence de la famille canadienne !

Debout bien avant l’aube, les enfants se sont éveillés, l’un l’autre, ont fait rapidement leur plus belle toilette : puis, discrètement, se réunissent au salon, pour y attendre, avec une douce anxiété, et dans le plus imposant silence, la venue des parents.

Ceux-ci ne se font pas longtemps attendre. Dès qu’ils apparaissent au seuil de l’appartement, c’est l’instant solennel !… la famille entière s’agenouille, la mère avec les enfants ; puis la voix émue, parlant au nom de tous, le cadet, timide encore, dit avec un accent respectueux et fervent : « Père, daignerez-vous nous bénir, s’il vous plaît ?… » Et, le père, l’âme attendrie, plus ému lui-même, qu’il ne veut le laisser voir, embrasse du regard ces êtres chers que Dieu lui a confiés ; ses yeux humides de larmes se lèvent vers le ciel, sa main droite forme lentement le signe de la rédemption au-dessus des fronts inclinés, et la voix grave, il dit, d’un ton où l’on sent que son âme et son cœur passent sur ses lèvres : « Je vous bénis, au nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit ! »

N’y a-t-il pas quelque chose de sublime dans cette scène si courte, divinement belle, qui vient de se passer dans le sanctuaire de la famille, où aucun profane n’a encore pénétré !… Et c’est encore une des belles coutumes de « chez nous, » tradition ancestrale, à conserver, à garder !


Tant qu’il a le bonheur d’avoir son père et sa mère, l’enfant se fait un devoir de se rendre auprès d’eux, il parcourt de longues distances, pour aller recevoir cette bénédiction du jour de l’an ! Retenu au loin, il la demandera par écrit — et cela, à n’importe quel âge de la vie. — Ne reste-t-on pas toujours l’enfant de son père et de sa mère ? et leur bénédiction porte bonheur.

C’est le père qui donne la bénédiction ; mais quand celui-ci a été rappelé à Dieu, il est d’usage, que les enfants demandent à leur mère, la bénédiction du jour de l’an. Quand les grands-parents demeurent dans la même localité, c’est une marque de respectueuse déférence de demander aussi leur bénédiction.

Bon nombre de familles ont la pieuse et louable coutume d’aller, au premier de l’an, s’agenouiller aux pieds de leur Pasteur, en sollicitant sa bénédiction.


Parents et enfants, frères et sœurs, se donnent l’affectueux baiser du jour de l’an en échangeant leurs vœux et souhaits de bonheur pour la nouvelle année.

Le jour de l’an est aussi le jour des étrennes ! Les enfants, qui sont toujours privilégiés, après avoir reçu à Noël « les présents du Petit Jésus, » reçoivent le premier janvier, les cadeaux de leurs parents. La coutume canadienne veut que les cadeaux et souhaits de la saison soient offerts au jour de l’an et non à Noël.

Les visites du jour de l’an sont d’une obligation rigoureuse ; on ne peut s’en dispenser sous aucun autre prétexte, que celui de la maladie. Ces visites sont très courtes, parce que chacun en a beaucoup à faire.

Une femme n’a pas à exprimer ses souhaits de bonne année à un homme : elle se contente de remercier simplement quand celui-ci lui offre les siens.

Une femme peut toujours offrir des vœux de bonne année à un prêtre parce que celui-ci lui est supérieur.