Imprimerie l’Union (p. 87-92).


VISITEURS


Puisque nous devons faire tant de visites, voyons un peu ce que « Madame l’étiquette » exige de nous, en ces diverses circonstances.

Si la personne que vous devez visiter a son jour de réception, il va sans dire, qu’il est plus convenable de vous présenter chez elle ce jour-là : vous serez certain de la trouver à la maison. Mais si vous êtes de passage seulement dans la localité, un autre jour, cette personne amie vous en voudrait, sans doute, de passer sans la voir : n’ayant pas d’autre raison justifiable. Il est à présumer que les visites font toujours plaisir.

Si vous avez à faire une visite sur la recommandation d’une autre personne, il vaudra mieux annoncer votre présence soit par écrit ou par téléphone, vous réclamant du nom de celle qui vous a recommandé ; puis vous assurer quand on pourra vous recevoir.

On fait beaucoup de visites dans l’après-midi du dimanche. Entre quatre et cinq heures serait le temps convenable pour une première visite. Il vaudra mieux ne pas s’attarder jusqu’à l’heure du thé, à moins d’invitation très pressante ; mais pour une première fois, il serait plus délicat de se retirer discrètement, avant cette invitation !

Dans l’incertitude où l’on serait de devoir faire la première visite à une personne supérieure, il vaudra mieux s’abstenir, s’il s’agit d’une personne plus fortunée ou de plus haute condition : si elle désire faire connaissance, elle fera les premières démarches. Si cette personne vous était supérieure par l’âge, elle appréciera certainement que vous vous dérangiez la première pour aller la voir.

Allant en visite, il convient de sonner de manière à être entendu, sans agiter violemment la sonnette. Après avoir sonné deux ou trois fois, si personne ne vient répondre, déposez à la porte, votre carte pliée au coin droit ; cela indiquera que vous êtes venu vous-même.

Un homme enlève son chapeau dès qu’il franchit le seuil de la maison. Pour une visite de cérémonie, il conservera son chapeau à la main.

Les femmes entrent au salon avec l’ombrelle et les fourrures.

Il est indiscret et impoli de pénétrer dans un salon sans se faire annoncer ; à défaut de domestique, frappez vous-même à la porte et attendez que l’on ouvre.

En entrant dans la pièce où l’on reçoit, on doit s’approcher de la maîtresse de maison, la saluer, saluer ensuite son mari, puis ayant adressé un salut collectif à toutes les personnes présentes, on s’approche de celles que l’on connaît plus particulièrement.

Un homme garde son chapeau sur ses genoux et ne s’en débarrasse que si on l’y invite ; il le pose sur un meuble ; mais jamais sur le lit, s’il est reçu dans une chambre à coucher.

Si la maîtresse de maison est occupée avec quelqu’un, après l’avoir saluée, il faut vous retirer discrètement jusqu’à ce qu’elle ait terminé l’entretien commencé.

Il faut éviter de prendre les premières places : celles qui se trouvent auprès de la maîtresse de maison sont les places d’honneur.

Si une personne se trouvant près de la maîtresse de maison, à votre arrivée, allait vous céder sa place, n’acceptez cette politesse que si vous êtes beaucoup plus âgée qu’elle ; au contraire, vous insisterez pour que cette visiteuse garde sa place.

La maîtresse de maison étant seule pour recevoir, il serait très convenable, pour un monsieur. de l’aider, en ouvrant la porte à toutes les dames qui quittent le salon.

Il faut agir avec tact vis-à-vis des autres visiteurs. On peut être tenu à une certaine réserve, mais jamais un manque d’égards ne saurait être toléré.

Les enfants ne doivent être emmenés en visite, que chez des parents ou intimes, sur invitation spéciale. Ils ne se tiendront pas au salon, mais iront jouer ensemble, au jardin ou dans une autre pièce de la maison.

En visite on ne doit pas offrir sa chaise à une personne de sa connaissance ; on n’a pas à faire les honneurs du logis. Cependant, s’il n’y en avait pas d’autre de libre dans l’appartement, un monsieur se montrerait bien gentil un mettant la sienne à la disposition de la maîtresse de la maison.

Il est convenable de se retirer peu après que d’autres visiteurs sont entrés au salon, afin de leur laisser la liberté de causer avec la maîtresse de maison.

Si vous accompagnez en visite une personne qui vous est supérieure, laissez-la entrer la première. Ce sera elle aussi qui donnera le signal du départ.

Une légère accalmie dans la conversation est le moment propice pour prendre congé. Saluez rapidement la maîtresse de maison ; une inclination circulaire, puis disparaissez immédiatement. N’entamez pas un nouveau sujet de conversation après vous être levé pour sortir.

Si vous voyez en entrant que les maîtres de la maison se disposent à sortir, ne restez qu’un instant ; quoique l’on puisse faire pour vous retenir. Ne souffrez jamais que la maîtresse de maison quitte ses visiteurs pour vous reconduire.

De même que pour se rendre en visite, une femme met toujours sa toilette la plus fraîche, avec sa plus belle toilette chacun doit prendre aussi sa plus belle figure pour visiter ses amis.

« Qui veut faire la grimace
Ne doit pas montrer sa face. »

Montrez-vous aimables, gracieux, charmants ! polis, toujours ! Soyez gais ! C’est un rayon de soleil qui doit éclairer tous les jours de fête !

Étant dans l’obligation de rompre avec des amis, on agira avec discrétion. Les visites étant de plus en plus distantes, les relations viennent à prendre fin.

Il faut éviter d’aller relancer ailleurs les amis qu’on ne trouverait pas chez eux.

Si vous sentez que vos visites ne sont pas appréciées, ne vous imposez pas, surtout si vous êtes de position inférieure ; retirez-vous discrètement.

Bien que toute visite doive être rendue, il ne faudrait pas compter avec celles des parents et amis ; le plaisir de se voir étant réciproque.

Les chiens ne doivent jamais être emmenés en visite, à moins qu’il soit entendu qu’on se dispose à aller à la chasse.