Imprimerie l’Union (p. 55-56).


LA TIMIDITÉ


La timidité est à la fois un grand embarras et une gêne apparente très difficile à surmonter ; elle est mélangée d’un sentiment de crainte exagérée et d’une grande défiance de soi-même.

La timidité rend malheureux et fait bien souffrir !… Les timides sont, d’ordinaire, très délicats !… ils souffrent… et ils sont méconnus, incompris… presque toujours !

L’excessive timidité est due aussi parfois, au genre d’éducation infligé à certains enfants, qu’on humilie sans cesse ; à qui on ne fait ressentir que leur infériorité vis-à-vis de leurs compagnons ; ce qui fait que n’ayant conscience que de leurs faiblesses et de leurs incapacités, ils se tiennent à l’écart et n’osent prendre aucune initiative : tandis que l’enfant a besoin, pour développer ses aptitudes et ses facultés, d’être encouragé.

Un peu plus de confiance en soi, une plus grande habitude du monde corrigent ce qu’on appelle le défaut de la timidité.

Il y a des timidités d’amour-propre, comme il y en a d’autres qui sont basées sur un grand fond d’humilité.

La timidité fait faire bien des sottises. Cependant l’on constate que le sans-gêne et la désinvolture en ont une postérité beaucoup plus nombreuse encore, et dont le blason n’est pas tout doré.

S’il fallait à une jeune personne, pécher en quelque manière, sur ce point, que ce soit plutôt par un excès de réserve ; ses regrets seront moins amers. En certains cas la timidité peut être une sauvegarde. Il vaut mieux que l’on dise d’une jeune fille : « Elle est un peu timide », que de dire : « Elle n’est pas assez gênée. » Cette dernière phrase en donnerait une opinion peu favorable. Ne dit-on pas que la timidité est souvent l’indice d’une vertu soigneusement conservée !