Poésies nouvelles (Tastu)/Roméo et Juliette, fragment
ROMÉO ET JULIETTE.
Love goes toward love, as schools-boys from their books,
But love from love, toward school with heavy looks.
Ah ! si je ne craignais qu’on ne vînt à m’entendre,
Bientôt ma faible voix fatiguerait l’écho
À redire après moi : Roméo ! Roméo !…
Hélas ! il est parti ! Roméo !…
C’est mon nom que j’entends, c’est la voix de ma belle !
Combien, par cette voix murmuré doucement,
Ce nom à mon oreille arrive promptement !
Oh ! parle, me voici !
Pourquoi t’ai-je appelé ? je m’en souviens à peine.
Et tu pourrais en vain rester là tout ce soir.
Te faire oublier tout et l’oublier moi-même !
Vois, il est presque jour ! je te voudrais parti,
Et pourtant de mes vœux te tenir averti ;
Comme le pauvre oiseau, qu’un enfant plein de joie
Fait voltiger au bout d’une chaîne de soie,
Et qu’un léger effort ramène à son côté,
Tant son jaloux amour lui plaint la liberté !
Mais non, entre mes mains lu pourrais trop souffrir,
À force de t’aimer je te ferais mourir !…
Bonne nuit ! bonne nuit, Roméo ! je te laisse !
De cet adieu si doux, si douce est la tristesse,
Que si j’osais long-temps écouter mon amour,
Je te dirais, je crois, bonne nuit jusqu’au jour.
Le sommeil le plus doux effleurer ta paupière !
De mon guide sacré courons chercher l’appui :
Du moins de mon bonheur je puis m’ouvrir à lui.