Poésies nouvelles (1836-1852)/À Madame O.


À MADAME O.


QUI AVAIT FAIT DES DESSINS POUR LES NOUVELLES DE L’AUTEUR




Dieu défend d’oublier les petits ici-bas.
La fleur qui, dans l’herbier, doucement se dessèche,
Rend grâces à celui qui la vit sous ses pas,
La cueillit au passage, et la mit dans l’eau fraîche.

Ma brunette Margot, que Balzac n’aime pas,
Est là, le cœur battant, prête à mordre à sa pêche.
(Dites-moi son idée, et ce qui l’en empêche.)
Puis voici Béatrix qui montre ses beaux bras.

Pauvre et pâle bouquet, ô mes chères pensées !
Dans ce bruyant torrent où vous devez mourir,
Heureuse soit la main qui vous a ramassées !

Puisses-tu désormais modestement t’ouvrir,
Petit livre, et songer qu’il te faut soutenir
Dans ton sein tout ému ces perles enchâssées !